Surprise | Ft. Lucie & Elaine

Il faisait froid, Icare ne connaissait pas cet endroit. Sous ses pattes, il y avait de la pierre froide et c'était pas doux, c'était pas doux comme papa, c'était froid et Icare il n'aimait pas ça. D'ailleurs il était où papa ? Il les avait laissé ici et il était parti. Quand est-ce qu'il revient papa ? Icare commençait à avoir faim et papa il était pas là. En plus il faisait froid, la pierre c'était froid. Icare n'aimait pas la pierre parce qu'elle était dure et froide, heureusement qu'il y avait Lucie à côté de lui. Lucie elle était toute douce comme lui, comme papa, alors il aimait bien se coller à elle. Au moins il n'était pas seul puisqu'il était avec Lucie, mais il aimerait quand même revoir papa vite. Au début il y avait maman et elle était douce maman. Elle avait un ventre tout doux et elle donnait à manger. Mais après maman est partie et papa s'est occupé d'eux. Icare il se demandait souvent où elle était maman, et puis après il s'endormait. Où elle est maman ? Et où il est papa ? Il commençait à en avoir mare de la pierre froide et de cet endroit bizarre.

En ouvrant les yeux, il vit un endroit plutôt sombre. Il faisait nuit en plus alors c'était encore plus noir. Il ne pouvait distinguer que quelques formes et le pelage de sa sœur collé contre lui. Icare avait un peu peur, mais il restait calme parce qu'il y avait Lucie avec lui, il n'était pas seul et puis papa allait bientôt revenir les chercher et ils rentreront à la maison. Mais pourquoi il y a cette chose si étrange à côté d'eux ? C'est plat, on dirait une feuille mais c'est pas vert et il y a des signes bizarres dessus. Est-ce que c'était vivant ? Icare voulait pas que la feuille les mange. Il se rapprocha un peu plus de sa sœur en gémissant doucement. Puis il ferma de nouveau les yeux et il se rendormi.

Quelques minutes plus tard, il les rouvrit. Papa n'était toujours pas là et il faisait de plus en plus froid. La pierre elle était encore plus froide et Icare commençait à trembler. Il rabattait son aile contre lui et remua contre Lucie pour se réchauffer. Il n’aimait pas cet endroit, il avait peur, il voulait rentrer à la maison.

"P... Pa... Papa..." murmura-t-il dans le noir.

Mais sa petite voix était si faible qu'elle se perdit rapidement dans les galeries. Alors il commença à secouer sa soeur d'une patte.

"'Ucie !"

Il regardait atour de lui espérant voir son papa revenir mais rien ni personne ne pointa le bout de son museau. Il secoua un peu plus sa soeur.

"'Ucie ! L'est où papa ?"

Lucie se réveilla enfin. Ouf, Icare se sentait moins seul maintenant ! Peut-être qu'elle avait une idée elle, qu'elle allait le rassurer ou qu'elle allait lui dire où était sûrement parti papa. Mais non, elle n'en savait rien, mais elle suggéra de partir à sa recherche. Cependant ils n'allaient pas aller bien loin avec leur petites pattes courtes de louveteaux d'à peine plus d'une semaine. Mais Icare imita quand même sa sœur, rampant à l'aide de ses pattes courte sur le sol froid. Il y avait un courant d'air ici et Icare n'aimait pas trop ça, il resta près de sa soeur, pas très rassuré l'aspect de l'endroit, puis il la regarda d'un air peu rassuré appeler papa et lâcher un... bruit bizarre...

"T'fais quoi 'Ucie ?" chuchota-t-il.

Il y eut un bruit léger qui résonna un peu plus loin, comme des bruits de fourrure qui se frottaient, puis plus rien. Icare se figea un instant et se tourna vers sa sœur de nouveau. Il était sur le point de pleurer lui aussi, commençant à croire que le lieu était habité de monstres ou de n'importe quoi d'autre susceptible de leurs faire du mal. Le petit Icare s'est aplati au sol, ses micros yeux verts balayant le couloir de pierre avec inquiétude.

"M-Mais... 'Fé quoi si y'a des... Des monst'...?"

Ses yeux se remplissaient peu à peu de larmes. Il n'aimait pas cet endroit, il voulait retourner avec papa ! Pourquoi papa il rentrait pas ! Il voulait que papa revienne les chercher ! Il avait peur, il voulait que papa les protège !
Un hoquet de tristesse commençait à grandir dans sa gorge et les larmes commençait à couler sur ses petites joue de bébé.

Élaine

Élaine est crevée, littéralement fatiguée, elle n'en peut plus. Elle a couru pendant plusieurs temps, s'est entraîné à se battre contre un arbre bien plus fort qu'elle. Elle revient alors vers sa tanière dans un pas lourd et usé, elle espère ne croiser personne, il fait presque nuit, les tanières sont plus ou moins plongées dans le noir. La sienne a l'honneur de recevoir un rayon de lune qui éclaire un peu l'intérieur de la grotte. Elle rentre et une odeur lui prend le nez. Une odeur qu'elle ne connaît pas, mêlée à une plus familière. Elle se fige, essaie de se concentrer pour écouter si des intrus l'attendent. Mais aucun bruit, ne serait-ce que le vent qui siffle dans les galeries du grand château de pierre. Elle s'avance, s'étire avec douleur et baille à s'en décrocher la mâchoire. Elle se couche dans son lit improvisé de feuilles, de plumes et de poils, ferme les yeux quand l'odeur lui prend une fois de plus à la gueule. Elle gronde pour elle-même. Quelqu'un a peut-être cherché après elle dans sa tanière ? Elle l'ignore, mais elle se redresse et elle sent que quelque chose colle à sa patte arrière. Elle se retourne, arrache la feuille et voit que quelque chose est écrit dessus. Elle plisse les yeux mais il fait trop noir pour lire quoique ce soit. Elle sort et étend la feuille devant les rais de lune quand une drôle d'appréhension se forme en elle.

« Élaine, voici Lucie et Icare, mes enfants. Prends soin d'eux, je t'en prie.
Agravain, ton oncle.»

Elle fronce les sourcils. Mais qu'est-ce que c'est que ce manège ? s'entend-elle murmurer. Elle revient dans la tanière et ne voit aucun louveteau, elle plisse les yeux et au bout d'un moment, elle remarque que deux touffes de poils dépassent de sous une épaisse feuille tropicale. Elle s'approche, quelque peu gênée, et soulève la feuille doucement. Elle a un mouvement de recul, sous l'effet de la surprise, elle observe les deux petits corps lovés l'un contre l'autre, leurs respirations paraîssent saccadées. Elle relit le mot, et pleins de questions se bousculent. Depuis quand Agravain avait-il des petits ? Pourquoi les a-t-il confié à elle et pas à leur mère ? Et qui est leur mère ? Elle fronce les sourcils, décidément perdue et interloquée, elle voit un frisson parcourir les petits. Elle s'approche et soupire, ne s'étant jamais occupée de louveteaux seule.

"Hey, vous deux, n'ayez pas peur."

Elle les attrape maladroitement, retourne se coucher dans son tapis puis les pose contre son ventre. Ils ont l'air maigres, leurs truffes sont glacées. Ils ont l'air jeunes et affamés, car aussitôt les petits lovés contre elle, elle sent un pincement au niveau de ses mamelles. Elle les regarde d'un air désolée, murmure un pardon, je n'ai aucun lait et réfléchit à une solution. Elle reste couchée un instant, observant le mot de son oncle. Où est-il ? Elle ne l'a pas vu depuis tant de temps, une inquiétude pointe dans son ventre. Et s'il lui était arrivé du mal ? Elle regarde les enfants, ils ont chacun une aile unique, une verte et l'autre rouge, ils ont les couleurs de son oncle, et un air, sans doute hérité de leur mère, qu'elle ne reconnaît pas. Elle ne sait pas quoi faire, ni quoi dire. Elle ignore l'âge des petits, elle ne peut pas les adopter, elle n'a aucun lait, elle n'a aucune expérience maternelle et puis elle a une meute à gérer. L'idée d'être mère ne l'a jamais effleuré. Elle pense soudain à une jeune femelle parmi les siens qui a, malheureusement, perdu ses petits il y a peu. Peut-être que son corps de jeune mère pourrait aider les jeunes. Elle ira la chercher plus tard, elle se concentre à réchauffer les petits êtres. Son regard vert d'eau se pose sur eux, inquiète.

"Icare, Lucie. Qu'est-ce qui est arrivé à votre père ? Où est votre mère ?"

Elle soupire, ils ne leur répondront pas, ils sont trop jeunes. Elle regarde au loin, et l'inquiétude de ne pas savoir où est son oncle l'assaille à nouveau. Elle a envie de partir chercher son père, peut-être que lui saura la vérité. La lune paraît si ronde dans le ciel, si haute qu'elle étend ses longs cheveux d'argent dans le ciel étoilé. Élaine sent gigoter les petits, d'une patte, elle les recouvre et la sensation de leurs plumes contre sa patte la chatouille. Il faut qu'elle trouve la jeune mère pour que les petits puissent se nourrir et survivre. Peut-être savent-ils quelque chose ? Quoi qu'il en soit, ils trouveront chez les Etelkrus une sécurité et une famille en attendant que leurs parents viennent les rechercher.

Mais où es-tu, Agravain ?

Il fut un peu surprit de la façon dont Lucie tentait d'appeler Papa, mais il lui faisait aveuglément confiance, pensant naïvement que ça pouvait peut-être marché. Puis elle suggéra de se cacher sous la grosse feuille bizarre si les monstres essayait de les attraper, idée qui était plutôt maline mais qui ne rassura que peu le petit louveteau à la mèche dorée. Il continuait à observer le couloir, peu rassuré, jusqu'à ce qu'une silhouette fasse son apparition. Paniqué, il se faufila sous la feuille avec sa sœur, le cœur battant fort dans sa poitrine et sa respiration plus forte que la normale. Il posa ses pattes sur son museau pour faire moins de bruit, priant pour que le monstre passe rapidement son chemin.

Il a faillit hurler lorsque la feuille s'est soulevée, mais ce n'était pas un monstre qui s'est présenté en face d'eux, juste grande louve avec des cheveux noir. Icare se calma un peu lorsqu'elle les rassura de ses paroles. En deux en trois mouvements, ils étaient collés au ventre de cette grande louve, bien au chaud comme lorsque papa les tenait contre lui. Mais ce n'était pas comme papa, c'était plus comme maman. Il se souvenait du peu de temps qu'il a pu passer contre le ventre de sa mère et il se souvenait de ces tétines magiques qui donnaient à manger. Affamé, il se précipita contre les tétine de la louve aux cheveux noirs, bien que ces dernières soient plus petites que celles de maman. Mais il n'y avait pas de bon lait, rien du tout. Icare se sentit désespérer. Il était si affamé qu'il avait envie de pleurer. Mais au moins, il avait le ventre chaud de la louve pour se tenir au chaud. Et puis, il avait sa sœur avec lui.

Lorsqu'elle leur demanda des nouvelles de maman et papa, Icare leva les yeux vers elle. Il ne dit rien pendant de longue secondes, les yeux fixés sur la grande louve aux yeux verts, trop intimidé pour tenter de s'exprimer comme il savait peu le faire. Pourtant, après une longue hésitation, il articula comme il put une réponse avec le faible vocabulaire qu'il a put apprendre de papa.

"Maman l'été là pis l-lé partie. P-Papa lé parti aussi."

Il ne put rien ajouter de plus, regardant sa soeur d'un air triste, toujours à se demander si papa allait revenir.
Papa était parti pour toujours, papa avait rejoint maman, mais Icare ne le savait pas encore.

Élaine

Les louveteaux semblent si perdus que le cœur d'Élaine se sert, elle sent leurs toutes petites quenottes pincer ses tétons à la recherche de lait, et elle comprend leur déception en entendant leur geignement plaintif. Ils ont faim. Pour l'instant, elle ne peut leur offrir que de la chaleur et un peu de réconfort. Quand le prénommé Icare lève les yeux vers elle et bredouille quelques mots, elle pose une patte rassurante sur son dos, caressant son aile unique repliée contre lui. Elle lui dépose un doux baiser sur le front, et accorde le même sort à sa sœur. Elle réfléchit à toute allure. Si leur mère était là, puis a disparu, elle espère qu'elle a abandonné les louveteaux, ou alors elle est morte en couche. La jeune alpha fronce les sourcils. Si leur génitrice était décédée, Agravain ne les aurait certainement pas abandonné. Une once de panique s'installe en elle, à sa façon, il ne les a pas abandonné en les déposant ici. Et le mot l'atteste. Elle ferme les yeux et une larme coule le long de son museau. Elle n'avait pas beaucoup de relation avec son oncle, mais elle l'admirait. Quand elle était jeune, lui et son père étaient ses héros, ses modèles. Elle enverra une troupe pour partir à la recherche du mâle roux. Et puis, elle ira voir Boîte à Clou, pour lui demander s'il n'a pas récupéré un corps, ces derniers temps. Cette seule pensée lui donne envie de se blottir contre le pelage maternel, mais elle freine cette envie, consciente de sa responsabilité vis-à-vis des petits. Quand la petite parle à son tour, elle ne peut s'empêcher de sourire tristement. Non, papa et maman ne sont pas là.

"Papa et Maman veillent sur vous, et ils sont là, dans vos cœurs et dans vos têtes."

Elle sourit et pose une griffe douce sur le front et le cœur de chacun des petits, pour symboliser sa parole. Elle les serre contre elle, et soupire, cherchant une solution. Il faut les nourrir. Elle repense alors à la femelle qui a perdu ses petits, Stance. Elle doit être allaitante, et pleine de douleur. La venue de ces deux petits pourrait lui faire du bien. Elle rit à la question de Lucie. Non, elle est tout sauf une monstresse. Elle rit à gorge déployée et la regarde d'un air doux.

"Non, je ne suis pas une monstresse. Je suis Élaine, la fille du frère de votre pè-... votre tante."

Elle les berce doucement, les câline comme elle a câliné ses petits frères et sa petite sœur. Bien qu'elle ne soit pas encore prête à être mère, Élaine ressent ce bien-être que certaines femelles ressentent auprès d'un jeune. Elle sourit encore une fois.

"Je vous promets de veiller sur vous, et de retrouver vos parents."

Ou au moins découvrir la vérité, songe-t-elle. Elle se lève lentement, attrape la petite Lucie et la pose sur son dos, puis attrape Icare par la peau de la nuque pour l'emmener vers la nourrice. Elle déambule dans les couloirs froids, une brise court le long de la pierre, et le Castel est silencieux. Quelques ronflements lui parviennent, elle sourit et prend garde à son petit chargement. Elle arrive devant une tanière, dépose le petit Icare sur le sol et gratte poliment pour s'annoncer. D'un murmure, elle appelle Stance.

"Stance, tu es là ?"

Un ange passe. Puis la silhouette de la femelle s'avance vers eux. Les yeux endormis, ses cheveux violets emmêlés, Élaine s'excuse de la réveiller. Elle lui expose la situation, puis lui demande si elle peut prendre en charge les petits. Ils sont trop jeunes pour se nourrir de chaire, ils ont besoin de lait maternel. D'une voix pleine d'empathie, Élaine la remercie, puis dépose les deux petits paquets devant elle. Stance sourit, ses bois trônent fièrement sur son crâne, et la plume éclaire les petits d'une lumière jaune rassurante.

"Merci, Stance."

Cette dernière hoche la tête et ramène les petits vers son nid douillet. L'alpha s'avance et avant de partir, elle frotte son museau contre ceux des petits, puis se recule. Elle les regarde intensément et fait demi-tour, remerciant une fois de plus Stance, et lui promettant de revenir la voir demain, puis le lendemain et ce, jusqu'à ce que les petits soient en pleine forme. Une fois Élaine partie, Stance papouille la tête des deux enfants. Bien qu'ils ne soient pas les siens, elle ressent un profond besoin de les aimer comme s'ils étaient les siens. Malgré la tristesse de leur début de vie, Stance promet à l'Anaconda de donner à ces enfants une vie somptueuse et pleine d'amour.