Quand la nuit tombe ○ Keter

« Quand la nuit tombe...

« Geb & Keter.

Geb était épuisé. Il faisait de son mieux pour apporter à manger à Korra et veiller à tous ses besoins. Sa belle amie mettrait bas de leurs enfants d'ici peu de temps... Quelques jours, quelques heures peut-être. C'était donc son dernier tour de chasse aussi loin d'elle. Dès que les petits seraient nés, le guerrier s’évertuerait à être toujours présent pour la douce louve beige et les louveteaux à naître. D'ailleurs, il n’allait pas tarder à rentrer au Grand Castel. Il tenait à être là au moment où ils pointeraient leur petites truffes hors du ventre de la mère tout autant qu'il voulait que Korra puisse se reposer sur lui. Il avait cru comprendre au travers de regards mauvais et de sous-entendus mesquins que cette grossesse accidentelle était dangereuse pour la santé de sa compagne de jeux et d'aventures. Le disciple du Grizzli soupira en repensant aux mauvaises langues. Oui il était jeune, oui il était à peine adulte... Et pourtant il serait responsable et offrirait à sa famille une stabilité exemplaire ! Geb aboya pour lui-même, sûr de lui et fier de cette volonté de réussite. Il attrapa la patte molle de sa dernière prise du jour, un veau frais et juteux car encore allaité le matin même. Il ne lui restait que le chemin retour avec cette prise quand même assez lourde et comme il avait besoin de souffler quelques instants, il avait bifurqué vers la plage alors que le soleil déclinait tranquillement. L'automne était bien avancé et déjà le fond de l'air se rafraîchissait. La brise iodée vint lui chatouiller les narines et le détendit. Geb avait toujours été attiré par l'océan et il avait passé tant d'heures à jouer sur les falaises littorales des terres Etelkrus. Le mer l'appelait. Un sourire doux étira les babines du jeune guerrier alors qu'il s’asseyait face à l'immensité de l'horizon. Le ciel se parait des milles reflets flamboyants offerts par le soleil couchant. De l'or comme ses prunelles aux diverses teintes d'oranges et de carmin pour s'étirer en de belles volutes violacées, le paysage était à couper le souffle. Geb s’émerveillait toujours autant de ces spectacles grandioses que leur offrait mère nature. Assis à observer le ciel, sa longue queue reptilienne posé en travers de sa proie encore tiède, le jaune mâle hybride au pelage clair inspirait profondément l'air chargé de sel pour se détendre et dissiper un peu ses craintes. Devenir père était une épreuve, et quand bien même on lui reprochait son erreur de s'être laissé avoir par les chaleurs, il aimait déjà énormément ses petits. Mâle ou femelle, il allait les couvrir de tendresse et d'amour. Il serait un aussi bon père que Darius l'était pour lui. Malgré tout, l'Etelkrus aux grandes oreilles avait peur d'échouer... Qui pouvait l'en blâmer ? Alors qu'il s'apprêtait à repartir, il remarqua les scintillements fantastiques des coquillages nichés dans le sable qui renvoyait au soleil ses derniers rayons de lumières, baignant la rive d'un arc en ciel de couleurs chatoyantes. Il était ravi d'assister à cela et décida de ramener un de ces beaux coquillages à sa copine quand une nouvelle odeur inconnue l'interpella.

« Quand la nuit tombe...

« Geb & Keter.

A peine la truffe de Geb eut-elle déceler cette nouvelle odeur qu'elle disparue. Le vent iodé était plus aléatoire au bord de la plage et changeait souvent de direction, aussi le guerrier Etelkrus ne pu pas déterminer s'il y avait une présence ou non autour de lui. Peut-être était-ce une trace olfactive persistante que la brise marine trimbalait ? Un jappement enfantin le fit sursauter. Non il y avait bien un louveteau dans les parages. Les prunelles d'or de l'Hybride s'accrochèrent à une petite forme blanche et noire. Dans la pénombre de la fin du jour, il avait bien faillit rater la silhouette minuscule. Curieux et ne voyant aucun adulte suivre l'enfant, le mâle beige se redressa pour s'en approcher. Il allait très bientôt être père et déjà les réflexes d’inquiétude et de sécurité lui tiraillaient l'estomac. C'était dangereux de laisser un louveteau batifoler tout seul prêt de la mer. Les lames d'écume pouvait se révéler brusques et puissantes lorsque la marée descendait. Il se rappelait fort bien le regard bienveillant mais alerte de sa mère aux cheveux de neige qui n'était jamais loin de lui ou de ses sœurs lorsqu'ils jouaient aux pirates et aux explorateurs. Il se souvenait aussi qu'elle gardait souvent un œil sur Korra alors qu'ils s'aventuraient prêt des rochers. Un parent surveillait toujours les petits présents dans le giron des leurs. Était-ce une évidence tacite ? Tout parent protégeait la progéniture de tous ? Geb se promit de demander à son géniteur. Il ne voulait rien laisser au hasard et se préparer un maximum à l'arrivée de ses loupiots. Il avait encore du mal à y croire, dans quelques heures ou quelques jours, il serait papa. Le disciple d'Aka, à peine adulte, allait devenir un exemple de droiture et de courage pour de petites boules de poils qu'il espérait au moins aussi téméraire que lui et que leur magnifique mère. Un sourire heureux se peignit sur les babines de l'hybride crêté alors qu'il ralentissait ses pas pour ne pas effrayer la gamine dont l'odeur lui parvenait à nouveau, maintenant qu'il n'était plus qu'à quelques longueurs de queue. Elle ne portait pas les marques odorante d'une meute. Une solitaire ? Cela pouvait expliquer pourquoi elle était seule...

« Salut ! »

Aboya gentiment le guerrier à la queue de reptile pour prévenir la petite louvette blanche et noire de sa présence. Il s'assit à une distance respectable afin qu'elle comprenne qu'il n'était pas une menace. Il força son attitude à la détente pour montrer un discours corporel en adéquation avec sa voix. Il n'était pas ignorant des craintes que pouvaient ressentir les louves, surtout aussi jeune et fragile, en présence d'un inconnu. Surtout qu'elle était vraiment toute toute petite. Au vu de sa réaction au contact du sable tiède, Geb imagina qu'elle n'avait jamais mis les pattes sur une plage avant. Il supposa lire la curiosité et l’émerveillement dans le regard étonné, très pâle, de la louvette.

« Tu découvres le monde ? »

Tenta de plaisanter le guerrier Etelkrus pour ne pas l’inquiéter. Il se rappelait comment lui, mioche, avait regardé les grands loups trois fois plus grands que son maigre corps de louveteau avec méfiance et effronterie. Curieux, il essaya de déterminer si le pelage de la petite pouvait lui indiquer une quelconque affiliation avec quelqu'un qu'il connaîtrait, mais c'était peine perdue. La seule chose qui retenait son attention c'était ses yeux bleu si claire. Semblable aux deux perles de sa copine. Il se demanda si leurs enfants auraient les yeux de leur mère, ou si ses propres gènes prendraient le dessus... La génétique pouvait se révéler tellement amusante !

« Quand la nuit tombe...

« Geb & Keter.

La gamine doubla de volume, visiblement inquiétée par son approche. Bon, elle ne faisait pas partie des courageux. Pas de problème, le jeune mâle recula du même nombre de pas en riant doucement. Comme il avait le popotin au sol, il se fit un siège avec dossier avec le sable ramassé par sa queue.

« M’appelle pas msieur, jsuis pas si vieux quand même ! Mon nom est Geb ! »

Même si je vais être très très bientôt l'heureux papa de boule de poil dans ton genre ! Remarquant, au delà de la peur de la louvette noir et blanche, qu'elle tremblait comme une feuille, le disciple du Grizzli pencha la tête sur le côté. En effet le vent de la côté n'était pas des plus accueillant et vu sa jeunesse elle ne devait pas avoir bien chaud. Ou alors il la traumatisait vraiment avec sa tête d'hybride, ce qui était loin d'être impossible... Il avait oublié que hormis les Etelkrus, peut-être que les autres meutes ne connaissait pas forcément de loup-crocodile comme ceux de sa lignée. Il se demanda d'ailleurs si l'un de ses petits aurait une queue reptilienne comme la sienne tout en décrochant la fourrure brune qui était sous son collier de cuir. L'enlever lui donna un frisson, son cou n'avait pas l'habitude d'être à l'air libre, mais il s'habitua tout de même assez vite et il pu tendre le morceau de pelisse d'ours à l'enfant.

« Tiens, ça te tiendra chaud ! C'est quoi ton nom ? T'es toute seule ? »

Demanda t-il tranquillement alors que ses prunelles d'or dérivait autour d'eux pour chercher une quelconque trace d'une maman loup qui n'apprécierait pas de voir son bébé parler avec un inconnu. Ce qu'il comprenait parfaitement parce qu'il s'imaginait déjà à la place du parent angoissé à l'idée de laisser ses petits découvrir le monde comme lui l'avant fait un an plus tôt. Il sortait à peine de l'adolescence et comprenait pourtant déjà les états d'âme de ses géniteurs. Il voyait qu'il faisait peur à la petite louve panda mais il ne voyait pas quoi faire d'autres pour la rassurer. Enfin si, il pourrait partir en sens inverse, mais il ne voyait aucun adulte pour prendre soin d'elle alors il n'allait pas la laisser seule face aux dangers de la marée ! Quand même, il était plus responsable que ça.