Illidan ▬ Wild [Hauru]

Hasard ou non, Illidan n’était jamais revenu sur ce lieu depuis le désastre déique. Cette zone n’avait plus réellement d’intérêt en même temps, lacérée par le combat magical girlesque plus grand chose n’y poussait ni vivait, hormis des touffes de pelouse sauvage moche et éparse.
Mais le brun ne pouvait nier que les simples frissons de la terre, souvenirs restant de cet affrontement stupide, le mettaient d’une humeur douteuse. Qu’était-il venu faire ici déjà ? Ah oui, chercher une des boules de poils de sa nouvelle fratrie qui s’était échappée de l’attention de leur mère. Cependant il avait dû vaguement se dissiper sur le chemin, puisqu’il était clair qu’aucun d’entre eux n’aurait pu galoper jusqu’ici, beaucoup trop loin pour coïncider avec leur cycle "bouffer-jouer-dormir". Il se retrouvait donc planté là comme un con, seul en plus d’avoir été inutile.

Grommelant quelques obscénités, le loup ailé se perdit un peu plus au sein de cette zone qu’il ne connaissait pas, ou plus, peu importait. Il essaya de remonter sa propre piste, mais les fumeroles attaquaient son odorat dès qu’il s’en approchait par erreur, le ralentissant considérablement dans son chemin. Mais quand il se retrouva au milieu de blocs de pierre supposément peu naturels, à l’abri des vapeurs mais encore plus perdu, et un bout de verre planté dans un coussinet, il désespéra un peu.

Occupé à lécher sa patte blessée, il ne remarqua qu’un autre loup s’était approché de lui beaucoup trop tard à son goût. Ses épaules se crispèrent, la fourrure de sa nuque se hérissant un peu, tandis que le canidé brun cherchait à l’ouïe d’où exactement provenait l’odeur inconnue, avant que sa voix ne l’atteigne et le lui indique clairement.

« Le froid ne vous dérange pas ? »

La queue d’Illidan battit brièvement l’air. Quel était ce bon samaritain sorti du néant ? Le connaissait-il ? Non, personne ne le vouvoyait, et il n’avait aucun souvenir d’avoir déjà effectué cette rencontre dans le passé. Masquant avec habitude la pointe de stress qui se pointait en lui à chaque situation potentiellement dangereuse, il avisa une réaction à prendre.

« Pas plus que le reste, » répondit-il finalement avec réserve.

Il se sentait un peu prisonnier, entre les murs brisés qui l’entouraient, n’ayant pas la moindre idée d’où il devrait aller pour s’enfuir si la situation s’emballait. L’inconnu n’avait pas l’air agressif, mais un Raeder apprenait à n’accorder sa confiance qu’aux plus dévoués, le poussant à rester sur le qui-vive. Longeant l’air de rien le mur le plus proche, il cherchait patiemment une sortie qui ne nécessite pas de faire demi-tour vers l’autre loup.

« Qui êtes-vous ? » ajouta Illidan d’une voix neutre.

Le faire parler l’empêcherait de l’approcher silencieusement.

Il obtint un nom, simplement. Soupirant au fond de sa tête, le brun se maudit d’être tombé dans un endroit clos avec un être peu loquace en plus d’inconnu. Illidan ne put entendre la créature magique qui le frôla puis s’en alla l’air de rien, aussi ne comprit-il pas un seul instant l’étrange engouement de l’autre lupin qui s’était néanmoins légèrement rapproché. Sa vision quasi inexistante lui accordait de reconnaître la nuit du jour, mais cependant même l’important changement de couleur de son pelage lui fut imperceptible.

« .. Comment est-ce possible ... vous .. vous êtes sublime.. »

Interrompant subitement sa recherche de sortie, le brun désormais immaculé avait figé ses oreilles en direction de Hauru, et aurait probablement rougi s’il ne possédait pas un pelage par-dessus sa peau. Ses yeux éternellement perdus dans le vide se posèrent dans la direction approximative de l’autre, et il ne détourna vivement la tête qu’à sa question.

Il recevait rarement de compliments, et encore moins physiques puisque tous ceux le connaissant savaient qu’il ne pouvait y réagir que par un haussement d’épaules un peu las, mais le ton et la stupéfaction presque mystique dans la voix de cet inconnu rendaient la situation un peu gênante.

« …mon nom est Illidan. »

Un peu perdu, il ne savait pas vraiment si donner son véritable nom était une bonne idée, mais au pire des cas ça ne serait pas ça qui devrait lui porter trop préjudice. Hauru le mettait encore plus mal à l’aise que n’importe quel autre random guy rencontré à la supérette du coin, parce que malgré sa propre odeur pirate, ses ailes, ses yeux, son coussinet sanguinolent dont il n’avait pas réussi à retirer le bout de verre, ce n’était pas une insulte ou un grondement qui était sorti en premier quand l’autre l’avait vu. Mais ce qui faisait le plus peur au Raeder était encore un peu plus loin ; n’importe quel brigand pouvait cacher une lame sous une caresse, c’était même plutôt commun dans le milieu. Et étrangement, Illidan tenait à sa vie.

« …hum je vais aller droit au but. Que me voulez-vous ? »

Il était coincé, il ne savait pas comment se sortir calmement de la situation, il avait mal. Il préférait autant que l’autre lui dise immédiatement s’il y avait un moyen qu’il se carapate sans accrocs, tout piège étant de toute façon parfait à refermer à l’endroit où il était actuellement. L’assassinat d’un être ailé et blanc au sein d’un ancien lieu de culte déique, n’était-ce pas même poétique ?