Even a worm will turn ❄ Angelica

Le Dédale. Un lieu apprécié de tous, que ce soit par la cachette utile qu’il peut devenir, le refuge qu’il pouvait accorder à une meute, voir même un jeu des plus plaisant pour les plus jeunes. Oui, le dédale était un lieu apprécié et chéri par les Nakhus. Après tout, son cœur en abritait le camp, leur refuge, mais encore fallait-il s’y retrouver et c’était loin d’être chose aisée. La patte de Dean effleura une gerbe de mousse fluorescente, un court instant elle fut tentée d’en emmener un peu avec elle, mais finit par renoncer à cette idée, ce qui appartenait à la Nature, revenait toujours là où il devait être. De plus en arracher aurait été parfaitement égoïste sachant qu’il y en avait absolument partout dans ces couloirs, non, mieux vaut valait laisser ces petites touffes de lichens là où elles étaient. D’un pas léger et silencieux – mis à part ses grelots qui produisaient constamment de petits tintements -, la jeune louve continua sa progression à travers le labyrinthe. Elle serait bien sortie à l’extérieure, mais se faire rabibocher par Crève-cœur n’était pas dans ses intentions, aussi elle ne s’éloignerait pas du camp plus que l’on lui avait déjà permis. Ces sorties solitaires représentait beaucoup pour la demoiselle, il n’y avait aucun loup à l’horizon, personne qui ne fut tentée de lui adresser la parole, de l’aborder et même de la toucher. Une vague de soulagement envahit l’esprit de la Nakhus qui remerciait silencieusement Yurai de ce modeste présent, mais si cela ne durerait pas longtemps.

Le ventre de la Nakhus poussa alors une plainte sourde. Zut ! Elle avait était tellement contente de pouvoir aller faire un tour qu’elle en avait oublié de grignoter quelque chose. La femelle se maudit intérieurement de son manque de précautions et remua sa queue, qui poussait à une vitesse affolante, d’agacement. Dire que ce n’était pas dans ses habitudes d’être tête en l’air… En poussant un grognement à son attention, la loupiote s’apprêta à rebrousser chemin lorsqu’une voix capta son attention. Elle tendit l’oreille se gardant bien de rester silencieuse, malheureusement ses grelots la trahirent en poussant de nouveaux tintements. Bougre ! Elle s’éloignait le plus possible du camp pour ne rencontrer personne et il fallait qu’un loup croise sa route, ici, dans ce fichu dédale. C’est bien ton jour Deanou, à fuir les autres tu te retrouves au beau milieu d’eux… Ne pouvant plus fuir de peur d’indiquer l’emplacement du camp de sa meute, la louvette resta immobile à son emplacement et attendit le plus immobile possible.

De ce que Dean pouvait percevoir, la jeune louve n’était visiblement pas de sa meute. Grâce au faible éclairage qu’offrait la mousse phosphorescente, la loupiote parvint à discerner grossièrement les traits de l’inconnue. Une inconnue qui était en train de piller… de la mousse… et d’en fourrer sa besace. La loupiote avait toutes les peines du monde à réaliser la scène à laquelle elle assistait, quel était l’intérêt de prendre des touffes de mousses ? Y’en avait partout dans ces tunnels… Pour ceux qui n’habitent pas ici, cela doit être un objet précieux. Intriguée malgré tout, Dean pencha sa tête sur le côté faisant de nouveau tinter ses grelots. Cependant, elle fut rapidement ramenée à la réalité par la question de la jeune louve. N’ayant clairement pas envie de parler, la loupiote prit quelques touffes de mousses pour écrire grossièrement un « Dean » qui lui éviterait sûrement de faire usage de la parole et de devoir participer à une quelconque dialogue par la suite, bien que cela lui semblait compliqué. Les louveteaux avaient souvent cette fâcheuse manie de toujours vouloir causer et poser milles et une question. Heureusement que Crèvecoeur lui avait appris quelques base d’écriture et de lecture, certes elle ne s’en sortirait pas pour écrire des phrases, mais quelques mots c’était tout à fait faisable.

En tout cas, c’était une vraie plaie cette manie qu’avaient les autres à toujours vouloir communiquer. Comme si il n’y avait que ça dans la vie ! Puis Dean n’osait imaginer sa potentielle entrevue avec la déesse, cela allait être un véritable calvaire de parler aussi au fond, la fille de Sarcan espérait que la Corneille avait cette capacité divine de lire dans les pensées, auquel cas la louve à la tignasse mauve n’aurait pas le choix… Pour son plus grand malheur.

L’inconnue continuer de faire ses stocks de mousses. La Nakhus posa son arrière-train au sol, à distance raisonnable et pencha la tête sur le côté en observant la loupiote, elle espérait que la solitaire lui confierait ce qu’elle faisait. Certes, Dean n’aimait pas communiquer, mais il faut dire que piller de la mousse était quelque chose d’assez intriguant...