« Pris au piège » [Défis rp Korra]

« Pris au piège »

Depuis quelques semaines Korra s'était assignée à un nouveau rang dans la meute, celui de Nourrice. Elle était la seule à occuper ce poste au sein de la hiérarchie et c'était selon elle celui qui s'accordait le mieux avec ses capacités physiques. Elle aurait pu se proposer comme Garde, et cette alternative lui avait causé beaucoup de réflexion depuis la remise de son Glowstick, mais le manque alarmant de nourrices lui avait éclairci sa prise de décision. Mais qui voudrait d'elle comme nourrice alors qu'elle avait perdu son propre enfant ?
La perte de Lünn l'avait tourmenté à tel point qu'elle en pleurait tous les jours, s'isolant pour ne pas paraître faible devant ses proches. Comment avait-elle pu la perdre du vue à ce point là ? Comment son odeur avait-elle pu disparaitre du territoire ? Korra avait fouillé chaque recoin, questionné tous les membres qu'elle avait pu croiser, elle avait même franchie les frontières dans l'espoir de retrouver une infime trace d'elle. Thalion lui avait fait le coup une fois, s'aventurant à plusieurs miles du territoire de la meute, et elle avait réussi à le retrouver. Mais Lünn n'avait laissé aucune trace d'elle qui indiquait le chemin à prendre. Cette perte anéantissait Korra de l'intérieur qui se sentait à la fois honteuse et faible. Le fait qu'elle aie enfanté aussi prématurément lui causait déjà quelques torts vis à vis des autres, avec la mort de Meleth à sa naissance, la santé de Nòtt qui ne présumait rien de bon et en plus la disparition de Lünn.. elle se sentait encore plus humiliée, et elle se détestait elle-même pour ses erreurs. C'était de sa faute. Elle grimaça de dégoût rien qu'en y repensant. Et Geb ? Pendant un instant elle lui en voulut aussi, parce qu'il était souvent absent, trop préoccupé par ses entraînements pour se perfectionner et devenir plus fort.. mais plus fort pour quoi ? Pour protéger qui ? Lünn avait disparu et contre ça, même le plus fort de tous ne pouvait rien y changer. Il en oubliait presque Korra parfois, et elle s'efforçait de tout prendre sur ses épaules. Ce n'était pas facile parce qu'elle était très fragile émotionnellement, mais elle restait forte, souriant devant les autres. Elle était devenue mature et ça, ça se voyait. Mais les autres le verront-ils assez pour laisser leurs enfants sous sa garde ? Elle l'espérait.

Un cri l'alerta et elle se stoppa immédiatement, levant le museau, les oreilles dressées vers l'avant. Son coeur s'arrêta de battre un instant lorsqu'elle reconnut la petite voix d'un enfant... et si c'était Lünn ? ...
Elle courut aussi rapidement que ses pattes le lui permettaient en direction des pleurs et des cris, scrutant partout autour d'elle pour en déterminer l'origine. Enfin, lorsqu'elle leva le museau, elle découvrit un louveteau coincé sur un rocher en hauteur, accroché uniquement avec ses pattes avant. La chute était mortelle et il ne tiendrait pas longtemps dans cette position. Un chamois s'échappait à côté, sautant les rochers aisément pour descendre, une expression terrorisé crispait son visage et il manqua de se briser une patte dans son élan.

Ne bouge pas petit, j'arrive ! Surtout ne bouge pas ! Cria-t-elle en cherchant un chemin pour le rejoindre.

Elle commença à monter quelques rochers en bondissant souplement, son corps élancé et fin la faisant voler de roche en roche. Elle arriva à quelques mètres de lui lorsqu'un grondement sourd résonna de l'autre côté du castel, derrière plusieurs buissons. Elle écarquilla les yeux, apeuré par une telle menace. C'était un grondement rauque, semblable à un feulement de guépard. Pas loupé, sa tête dépassa d'un gigantesque rocher dominant le castel, se léchant les babines. Le félin roula des épaules, descendant quelques rochers avec précautions. Korra resta figée sur place, ne lâchant pas le gros chat de ses yeux ronds. Son coeur tapait violemment dans sa poitrine et elle ne savait plus quoi faire.
Reprends toi Korra ! Sauve le !

C'était risqué, mais c'était son devoir d'agir. Elle fronça les arcades sourcilières et bondit jusqu'au petit, s'équilibrant avec difficulté sur le rocher juste à côté du sien, sur lequel il était encore accroché. Le petit couinait encore, épouvanté, tandis que le félin cracha de sa hauteur sur Korra, les mâchoires entrouvertes. Elle attrapa la patte du gamin et tenta de le tirer lorsque le guépard se mit à rugir et à la faire sursauter. Elle lâcha sa prise et d'une patte, poussa sur le dos du gosse pour l'aider à remonter. La queue basse, elle prit une grande inspiration et d'un coup, la releva à la verticale. Voyant que le petit remontait petit à petit, elle le laissa se débrouiller et se positionna face au félin en position défensive. Elle gronda, babines retroussées et crocs à découverts, protégeant le louveteau. Pendant quelques minutes, ce fut un concert de grondements et Korra en bavait presque tant elle claquait des mâchoires. De temps à autre, elle lançait de vagues regards au louveteau pour voir où il en était, mais il n'y arrivait visiblement pas, s'affolant, pleurant encore plus. Le félin s'apprêtait à bondir lorsque Korra écarta ses pattes, prête à la riposte. Sachant qu'elle n'avait visiblement aucune chance, elle ferma les paupières, lançant un dernier regard attristé au petit.
Puis plus rien.

Lorsqu'elle rouvrit un oeil, elle vit le fauve à quelques pouces d'elle, sur le même rocher, donnant des coups de pattes dans le vide comme si il n'y voyait plus rien. D'un mouvement souple du corps, elle en esquiva un et se positionna sur un rocher plus à droite. La bête semblait totalement perdue, se débattant contre le vent, rugissant encore plus fort. Korra ne savait pas trop ce qui se passait, jusqu'à ce qu'un début de migraine l'assaille, tâchant sa vision de flou. Elle comprit alors que son pouvoir était en action et remercia Dairo au plus profond d'elle même. Elle resta donc immobile, concentrée sur la force et l'énergie qui lui prenait les tripes à ce moment là. Le guépard fini par glisser en arrière, et après un dernier grondement, il disparu dans les bas tréfonds des rochers. Korra souffla et laissa l'énergie qui lui bouillait le sang se dissiper. Elle se sentit fatiguée, comme si elle avait couru toute la journée, mais elle avait suffisamment de force pour rejoindre le petit et le sortir de là.

Je suis là, tu ne risques plus rien, laisse toi faire. Dit-elle après s'être remis sur le rocher de départ, l'attrapant par la peau du cou. Elle sauta les rochers un à un, lentement, prudemment, jusqu'à atterrir sur la terre ferme. Elle posa le petit à terre, soufflant, le corps perclus de courbatures.

Tu n'as rien ? Questionna-t-elle, son regard étant à la fois adouci et fatigué.

Le petit fit signe que non, et il se blottit contre elle, reconnaissant. Elle lui donna une lèche affective et le raccompagna jusqu'au sentier qui menait au campement.

Comment t'es-tu retrouvé là haut ? L'interrogea-t-elle tandis qu'il marchait calmement à côté d'elle.

Il lui fit le récit de sa chasse au chamois et elle lui sourit chaleureusement, lui expliquant les dangers dans lesquels il se mettait et l'inquiétude que pouvaient ressentir ses parents. Elle se revoyait dire ça à ses propres enfants et une vague de nostalgie s'empara de son coeur..
Elle aurait tant voulu que ce soit Lünn.