At world's end | Epreuve de Glow

En musique ~

Angelica

La silhouette brune passa entre les piliers du temple, ses longs cheveux de neige à moitié détachés voletant dans la nouvelle brise, qui avait un peu rafraichi l’air. Quelques jours à peine après la naissance de ses petits, et l’attaque du cerf, la brune rentrait de nouveau dans le temple de Yurai. Sa figure était revenue à celle précédente d’une jeune louve célibataire, comme si les trois petits bouts de chou qui trottaient à ses chevilles n’avaient jamais été dans son ventre. De ce côté-là, Angelica était une louve chanceuse.

La mère brune souffla à ses petites filles au pelage sombre et aux cheveux en grande partie clairs de rester jouer avec leur frère aux yeux des autres membres de la meute, hors du temple où l’odeur âcre du sang du cerf persistait encore, bien que le cadavre ait été déplacé. Les petites têtes brunes restèrent un instant là, ressortant autour d’un pilier pour regarder leur maman s’avancer, avant qu’elle ne se retourne d’un saut pour les surprendre, provoquant des rires et une escapade soudaine vers l’endroit où se trouvait leur frère.

Angelica leva son museau vers la statue de pierre en respira profondément par la truffe, avant d’expirer par la gueule. Elle était prête, après des lunes d’hésitation, ça en venait à ça. Pour rester avec sa famille, pour que ses enfants aient une chance dans la vie, pour être aux côtés de Murmure, elle devait être plus qu’une pirate, plus qu’une louve forte.

Elle devait être une compagne, une mère, une figure dans la vie des autres. Elle devait être sage.

« Déesse Yurai, je me présente à vous pour passer votre épreuve, et rejoindre vos disciples. » dit-elle, assise en plein milieu du temple, ses longues ailes de plume posées de chaque côté de son corps  fin.

Son âge se rapprochait dangereusement des 4 ans, durées fatale, limite, ou elle décéderait sur n’importe quelle terre autre que l’île de morne œil. C’était un âge qu’elle avait redouté toute sa jeune vie. Le jour ou elle ne serait plus libre, et c’était pour cela que cette visite chez la déesse pressait tant. Dans quelques temps, si elle ne réussissait pas à trouver en elle la sagesse nécessaire, ses enfants deviendrait orphelins de mère.
Et cela, elle ne pouvait pas le laisser arriver.

Alors la brune attendit la corneille, ses yeux de lavande tournés vers sa statue, son sang de pirate bouillant dans ses veines. Ce qu’elle faisait là allait contre tous les principes pirates qu’avait instauré son frère sous le regard blessé de ses parents. Mais elle était quand même allée voir l'Oracle blanc aux ailes de cristal pour lui demander une chance, au nom de ses enfants et son compagnon, et il lui avait accordé celle-ci, au regard de son dévouement contre le cerf, et de sa relation sérieuse avec un Nkahu. Et c’était maintenant qu’elle devait se révéler comme elle l’était vraiment, plus qu’une simple pirate renégate.

Angelica

La louve brune cligna des paupières, et en l’hémi-seconde que ça lui prit pour les rouvrir, la forme pourpre de la déesse de la sagesse avait apparu, comme si elle avait toujours été là. Ses yeux de blanc scintillaient et une brise inexistante faisait onduler ses poils divins. La lumière blanche et pourpre serpentait autour de la forme de la déesse, lui donnant une apparence hors de ce monde, quelque chose de vraiment spécial. Et Angelica comprit pourquoi son frère leur était aussi hostiles. Ils pouvaient tout, ils étaient puissants, et son frère, lui, était né aveugle, en sachant qu’il ne pourrait jamais même faire tout ce que pouvaient faire les loups normaux.

La louve brune se redressa puis s’inclina légèrement, respectueusement, face à la déesse. Elle avait bien compris ce en quoi consistait l’épreuve de la déesse de la sagesse, et elle avait pensé à s’entraîner auparavant avec Murmure, à trouver les phrases bateau de la sagesse qui l’aideraient à passer cette redoutable épreuve. Mais au fond, elle savait que ce n’était pas une solution. Elle n’avait pas affaire à un loup, là, mais à une déesse.

Alors Angelica prit sa respiration. Elle savait que cette sagesse devait venir du fond de son cœur, de ce qu’elle avait trouvé en aimant Murmure, et en ayant des enfants. De la responsabilité, de ne plus avoir que soi à faire survivre, de devoir vivre pour ceux qu’elle aimait. Elle ne pouvait plus être cette pirate indépendante qui n’en avait rien à faire de ce qui arrivait à ceux qui croisaient son chemin.

Mais jusque-là, elle avait été cette personne.

« Je ne crois pas avoir mérrité votre couleur.... Je n’ai fait que vivre comme je le voulais, êtrre librre comme le vent, fièrre comme l’océan, dangereuse comme la marée. J’ai été pirate. Et j’étais heureuse et fière d’être pirrate, de faire ce que je voulais. J’ai toujours fait comme ça, et c’était dur pour moi d’imaginer vivre avec des contraintes, carr je voulais toujours être libre. »

Oui, Angelica avait été, et était toujours pirate jusqu’au fond de sa moelle, et elle avait fièrement abordé les couleurs des Raeders, face à l’effroi, la peur, la douleur. Mais le coup de Pontos l’avait brisée, et elle s’était rendu compte que ce n’était plus possible de vivre ainsi. Alors, elle avait été partagée entre douleur, peur et fureur... Jusqu’à rencontrer Murmure. Murmure n’était pas un loup comme ça, Murmure avait quelque chose qu’elle n’avait pas vu chez les siens. Et elle, dans sa nature égoïste et possessive, avait voulu cette chose nouvelle pour elle, sans vraiment réaliser que pour accéder à cette chose, il allait falloir abandonner tout le reste.

« Mais je ne suis plus comme ça. » affirma la louve brune aux longues ailes en relevant son museau vers la déesse. Elle l’avait baissé en parlant, en sentant ses pensées lui revenir.

« J’ai rencontré quelqu’un, l’un des vôtrres, il se nomme Murmurre. Je l’aime. On a eu des enfants. Et maintenant je ne peux plus être un pirate, car mes enfants ont besoin de moi, et je ne peux pas parrtir et les laisser se débrouiller seuls avec leur père. Je ne peux pas rrentrer chez moi, parmi les miens, je dois rester ici pour mes enfants. Pour mon compagnon. C’est ma rrresponsabilité. »

Angelica reprit sa respiration, et regarda la déesse avec force. Elle croyait ce qu’elle disait, elle avait fait ce qu’il fallait jusque là pour rendre ses enfants et son compagnon heureux.

« Pour êtrrre maman, et m’occuper de Murmure, j’ai besoin d’être sage et patiente, et je le serais pour eux. » dit-elle, fouettant l’air de ses nombreuses mèches-de-queue, son regard de lavande posé sur la déesse.

Angelica avait beaucoup changé pour sa famille, pour être la louve qu’elle était aujourd’hui, et elle avait beaucoup abandonné pour devenir cette louve. Et elle avait l’intention de changer encore, d’apprendre de ses erreurs de jeunesse, pour sauver ses enfants de ces problèmes, et surtout pour les sauver de la malédiction de sa famille. Ses frères et sœurs, sa famille lui manquait, et elle ne les oublierait jamais, et ferait toujours un grand bout de chemin pour eux si le besoin était, mais ses enfants et Murmure étaient sa priorité à présent. Et elle donnait tout son cœur dans cette tâche.

Mais pour réussir, elle devait être comme sa propre maman. Elle devait être plus qu’une pirate. Elle devait être sage.

Angelica

La déesse l'avait écoutée, et la louve brune garda ses yeux de lavande sur elle. Elle avait quelque chose qui sortait de ce monde, et le fait qu'elle l'écoutait lui donnait une petite chaleur dans le coeur, comme si en fait, elle était une louve importante, qui méritait qu'on l'écoute attentivement.


Mais Yurai voyait juste, bien que plus sage, grâce à ses petits gamins, dont elle s'occupait avec attention, et pour qui elle avait abandonné sa vie de pirate, elle pensait encore parfois à sa vie d'antan. Au début, cela avait été dur, Angelica voulait rentrer chez elle... Mais plus le temps passait, plus elle se rendait compte de ce que c'était important qu'elle reste. Obligée de faire autre chose que suivre ses pulsions, la louve brune devait poser un filtre qu'elle n'avait jamais du utiliser auparavant. C'était un filtre efficace, mais son esprit cherchait encore à l'éviter au maximum, à passer à travers pour laisser transparaître ces pulsions piratesques.

Alors, son bandeau changeant de couleur, Angelica comprit que la déesse ne pouvait pas la juger de suite, mais qu'elle lui donner du temps pour se prouver. La louve ailée savait ce qu'elle devait faire. Elle devait apprendre à être Nakhus, elle devait apprendre de la sagesse des autres, pour comprendre qui elle était vraiment, et si elle était vraiment sage.
Ce temps, elle l'avait pour plonger au fond d'elle et voir si elle serait capable d'être sage, de restreindre ces pulsioins qui désiraient tant remonter jusqu'à la surface.

Elle hocha la tête et sourit.
"Très bien, Je ferrrais ainsi. Merci, Déesse Yurrai. Je serrrais de retour dans un an"