« Aidez-moi ... » [Volstein] A ARCHIVER

La pluie ne cessait pas de tomber. Toujours puissante, toujours dangereuse. Vinara était couverte de son sang. L'accouchement avait été éprouvant mais le pire restait le sang qu'elle arborait. Le sang de son fils. Le sang de celui qui a été abattu par son père. La louve errait comme une âme en peine. Cette nuit, elle avait mis bas et fui le meurtrier. Cette nuit, elle avait tant pleuré qu'elle se sentait vide. Seule la petite femelle rose qui pendouillait de sa gueule lui donnait la force d'avancer. La mère devait trouver un refuge. Elle devait donner une vie à cette enfant à défaut d'avoir pu sauver le louveteau crocodile. Ses pattes chancelaient, si bien qu'à chaque pas, elles menaçaient de se dérober sous elle. Elle ne devait pas tomber. Elle devait avancer. Encore et encore. Jusqu'à trouver un abri. Oui il le fallait.
La sorgue commençait à disparaître et avec elle, les nuages chargés d'eau. Bientôt la chaleur deviendrait pesante, dangereuse. Vinara devait faire vite. Elle tenta d'accélérer le pas mais son corps protesta, comme désireux de lui rappeler qu'elle avait accouché cette nuit, qu'elle lui en demandait trop. La fatigue commençait à brouiller sa vision. Elle avait si sommeil ... Morphée l'attendait de pied ferme mais elle ne le pouvait pas. Elle chassa ses pensées de dormir et elle se concentra sur chacun de ses pas. Elle devait continuer, la vie de sa fille en dépendait.

Les Terres Lazulis étaient derrières elle. Elle ne remarqua que trop tard qu'elle avait franchi les frontières d'un autre clan. Les Nakhus. Elle ignorait bien des choses sur eux mais soudain, elle eut une idée. Ils étaient sa seule chance de survie. Les terres inoccupées étaient pleines de ses ennemis. Elle avait tellement volé, emporté par ses hormones qui lui avait fait faire des choses absurdes. Des envies réalisés avec un ventre rond. Les Raeders ? Elle les avait abandonné, trahi après l'Apocalypse de Cronos ... De plus, ce n'était plus Paprika qui dirigeait mais Illidan, un loup qu'elle ne connaissait que trop peu pour lui demander la faveur d'une protection. Les Ethelkrus ? Oh elle les avait rejoint un temps, suivant Grimm. La perte de sa Liberté l'avait conduite à la même trahison que vis à vis des pirates. Sauf que si Paprika avait eu des explications, ce n'était le cas du loup érudit. Elle l'avait laissé en plan ... Elle s'en voulait mais sans doute que sa tête était mise à prix. Elle avait fui en emportant le moindre souvenir du repaire de ce clan. Elle devait être devenue une menace pour eux. Les Lazulis ? Madde y était. Le meurtrier de son fils y était. Elle ne pouvait demander grâce à un clan abritant un tueur d'enfant. Il ne restait que les Nakhus, ces êtres guidés par la sagesse de la déesse corneille. Vinara espérait que cette dite sagesse s'appliquait aux solitaires et que les claniques violets l'aideraient ...

Son regard vide se posa sur la grande vallée qui s'étalait devant elle. Elle vit au loin le temple de la Corneille. Elle devait s'y rendre. Là-bas, elle trouverait l'abri de la chaleur et sans doute une âme bonne qui l'aiderait. Elle devait s'y rendre et elle commença sa longue marche. Ses pattes la faisaient zigzaguer, impossible de prendre une trajectoire droite. Elle était si épuisée. Elle éternua plusieurs fois, son pelage trempé lui pesait. Elle fit de courtes pauses et reprenait à chaque fois quand la fatigue lui intimait de se coucher et de dormir. La petite créature rose qu'elle tenait dans la gueule, pendouillait sagement si bien que parfois, Vinara avait peur que le loup crocodile est réussi à tuer cette enfant. Elle s'arrêtait alors, vérifiant qu'elle bouge en lui donnant des petits coups de truffe. Elle devenait paranoïaque. Elle avait peur de perdre son dernier bébé. Une nouvelle fois, elle se stoppa, vérifia les signes vitaux de sa fille mais cette fois-ci, la louve ne parvint pas à repartir. Elle était si épuisée, si lasse. Elle se laissa tomber près du corps du louveteau qui couinait. Sans doute avait-il faim ? Elle ne pouvait le savoir et n'avait pas la force de le guider jusqu'à ses mamelles. Son regard vairon glissa sur la créature rose décapitée et là, elle découvrit le massacre. Madde lui avait donc brouillé la tête ... Son fils n'avait plus de visage et la solitaire se remit à pleurer à chaudes larmes cette perte. Pourquoi ? Pourquoi avoir fait cela ? Elle l'ignorait et elle continua de pleurer sur la boule inerte tandis que l'autre parvint à ramper et à attraper ses mamelles, dégustant le lait de sa mère bouleversée.

Vinara continuait de pleurer sur le corps de son enfant mort quand une odeur, douce, lui vint. De peur que l'on vienne lui arracher son autre enfant, elle montra les crocs, guettant la personne qui s'approchait. Au départ, elle ne vit qu'une silhouette blanche, trapue. La fatigue transforma cet être en un loup ressemblant à Madde. Il était revenu. Il voulait finir. Finir ce qu'il avait commencé. Se recroquevillant, elle cacha à l'autre canin sa petite dès qu'il fut près d'elle. Elle grogna puis elle se calma, constatant avec soulagement qu'il s'agissait non pas du loup crocodile mais d'un autre mâle. Il était grand, de magnifiques ailes reposaient sur ses larges épaules. Il imposait le respect et un certain quiétude qui apaisa la solitaire. Puis il parla. Elle mit plusieurs minutes avant de comprendre ses mots, avant de les analyser puis elle lui montra le corps de son enfant, décapité.

« Il ... Il l'a tué ...

Son regard était désespéré puis elle devait lui demander. Il portait la couleur de la déesse violette. Il était un Nakhus ... Il pouvait l'aider.

« Leur père ... Il l'a tué, sanglota-t-elle. Elle ne parvenait pas à formuler sa requête. Elle avait pour le moment simplement besoin de parler. De se confier. C'est un Lazulis ... Je pensais qu'on pourrait ... Être une famille. Mais il l'a pris et il lui a ... Ses yeux se rivèrent sur le membre manquant. Madde avait pas tué. Il avait charcuté son enfant, le rendant si informe, si méconnaissable. J'avais tord. Je m'en veux ... Je n'aurai pas du le chercher ... Je n'aurai pas du !

Elle écouta les paroles du loup. Il n'avait rien à voir avec tout ceux qu'elle avait rencontré. Il était différent. Elle avait déjà entendu parler des Nakhus et de leur manière de penser, de voir les choses. Elle avait devant elle un parfait exemple, ignorant qu'il s'agissait de l'Oracle. Elle calma ses larmes, se ressaisissant un peu. Elle hocha la tête. Oui, ce n'était pas de sa faute, elle avait à à en s'en vouloir. Mais si elle n'y était pas allée ... Elle devait arrêter d'y penser. Elle n'avait pas réussi à sauver son petit, ell pouvait le faire pour la boule nue qui tétait ses mamelles.

« Vous ... Vous avez raison ... Ma fille, je dois la protéger.

Elle souffla bruyamment et elle se releva. L'enfant couina un instant, perdant la mamelle de sa gueule dénudée de crocs. Debout, Vinara posa son regard vairon sur le corps inerte. Elle réprima un sanglot. Hors mis le pleurer, elle ne pouvait plus rien pour lui. Elle pouvait l'enterrer. Non elle devait l'enterrer.

« Mon fils ... Je dois l'enterrer.

Elle riva son regard sur le Nakhus qui la protégeait d'une de ses immenses ailes de cristal, de la pluie. Vinara attrapa les deux petits et elle partit dans la direction qu'il lui indiquait. Elle s'arrêtait, lançant des regards au mâle, s'assurant qu'il la suive. Elle qui n'avait jusqu'alors besoin de personne, avait besoin de cet inconnu. Seul réconfort dans cette pluie, dans cette nuit cauchemardesque.

Les premiers pas furent les plus aisés mais dès que l'inconnu blanc la rejoignit, elle sentit ses forces la quitter. Elle chancelait mais à aucun moment elle ne se plaignit. A aucun moment elle s'aida de quoi que ce soit. Elle retrouvait sa fierté malgré cette nuit. Sa dignité revenait gonfler son pelage bien qu'il continuait d'absorber la nuit. Ses yeux recommençaient à briller. Elle avait beaucoup perdu et son regard s'illumina un instant d'une lueur de vengeance. Madde paiera pour son crime ... Mais pas pour l'instant. Sa fille était prioritaire face à ce meurtrier. La solitaire suivit le mâle sans piper mot. Elle le suivit jusque dans l'abri, reculé et caché. Petite crevasse, elle apportait la cachette idéale pour une mère et ses enfants. Elle s'y engagea, remerciant le mâle de tenir le lierre puis elle s'engagea dedans, allant le plus loin possible de l'entrer. Elle se coucha et ne voyant pas le Nakhus, elle commença à craindre un piège. l'avait-il trompé ? Etait-il de mèche avec le loup crocodile ? Sa paranoïa commençait à faire battre son sang dans ses veines. Son pelage se gonfla légèrement mais elle se calma bien vite, le voyant revenir avec du bois. Elle le regarda, suivant son manège pour faire du feu avec attention. Elle ne disait rien, se contentant de l'observer puis quand il se tourna vers elle, elle écouté ses mots.

« Vous avez déjà fais beaucoup ... Merci. Merci pour tout.

Ses paroles étaient sincères puis elle laissa un instant le silence se poser. Il était donc curieux de savoir ce qu'elle venait faire là. Elle posa son regard sur la petite créature rose, vivante, qui avait retrouvé le chemin des mamelles et tirait avec force. Vinara esquiva une grimace puis elle regarda l'inconnu.

« Je ... Je n'ai plus d'amis. Mes connaissances ne sont que des ennemis. Mon passé est quelque peu ... Hmm ... Vilain. Elle cherchait ses mots puis elle soupira. Elle lui devait la vérité. Je ne suis pas aussi gentille que vous. Je suis une voleuse. Je dérobe les loups et j'ai volé des personnes qu'il ne fallait pas. Beaucoup de solitaire désire ma mort. A force de les rouler, on augmente son nombre d'ennemis et non d'ami. Je ... Je ne veux pas que ma fille paye pour mes crimes.

Elle regarda l'enfant puis elle posa ses yeux, un peu mouillé sur son fils. Il avait déjà payé pour ses erreurs. La survivante ne devait pas connaître le même sort. Vinara devait la protéger. Elle soupira et posa son regard sur le rideau de lierre. Elle devait lui expliquer. Tout lui expliquer.

« Avant le retour de Cronos et la refonte des Clans, j'étais une solitaire. Voleuse et peu connue. Je faisais ma vie comme je l'entendais puis un soir, je lorgnais sur les bijoux d'une vieille louve qui se tenait sous un immense arbre. Un saule pleureur je crois. Cette louve était une grande guerrière et une paria. Elle se nommait Paprika et j'ai pu discuté avec elle. Elle m'a éclairée sur le gang de pirates qui avait élu domicile dans les criques. Ils me fascinaient, ils étaient différents des claniques. Ils formaient une famille. Heureuses. Une part de moi voulait connaître ce bonheur, voulait les rejoindre. Paprika m'a proposée de les rejoindre. De la rejoindre même. J'ai hésité puis j'ai accepté. Je suis devenue une mousse parmi eux puis je les ai suivi contre Cronos. Vous savez, ce Dieu voulait tout réécrire, nous offrir une nouvelle vie avec de nouveaux souvenirs. Je pensais qu'il pourrait me donner une famille. Que je pourrais, dans cette fameuse vie retrouver mes parents, et pourquoi pas avoir des frères et soeurs ! Mais je l'ai vu. Grimm. Un Séide. Un monde où je n'aurai pu de souvenir de lui m'était impossible. Je ne pouvais pas. J'aurai aussi oublié Paprika qui m'avait tendue la patte. Alors, j'ai rejoint ce bordel et j'ai combattu. A la fin, j'ai fui. Les Dieux avaient créé de nouveaux clans et je pensais que les Raeders s'étaient dissous, rejoignant les nouvelles meutes qui se formaient. J'allais être de nouveau seule. J'ai donc préféré m'enfuir. Mais j'ai été bien conne de penser ça. Elle lâcha un petit rire puis se remit mieux sur le flanc. C'est Grimm qui m'a retrouvé et il m'a proposée de le rejoindre parmi les Ethelkrus. Cette meute venait de naître, j'avais donc une chance de trouver ma place dans ce monde. Je l'ai suivi. Par Amour. Nouvelle pause de sa part, un petit sourire nostalgique peignant son visage. J'ai rejeté les Raeders. Je les ai trahi et Paprika a bien ri de moi. Je lui faisais pitié à suivre un clanique par amour. A ce moment là, je l'ai insultée et je suis partie. Pour moi, j'avais ma place maintenant. Mais je me suis trompée et elle, elle avait raison. Je me suis retrouvée enfermée et surveillée h24 par son Clan. Je n'étais pas porteuse de glowstick. Ils me revoyaient comme une pauvre solitaire et tant qu'il n'y avait pas de pourparlers avec les alphas, je devais rester dans sa tanière. Je souffrais de ce manque de Liberté. j'avais besoin d'elle. Elle était ma raison de vivre plus que celle d'aimer. Alors j'ai fui. J'ai abandonné Grimm sans un mot. Je ne lui ai rien dis ... Je suis affreuse. Elle posa son regard vairon sur le mâle. Il lui inspirait tant le confidence. Les Ethelkrus ont sans doute cherché à me retrouver ... Après tout, j'ai en tête le plan de leur château de roche. Je me les suis mise à dos. Elle ria puis se calmant, elle reprit sur un ton malheureux. C'est dans cette fuite que j'ai rencontré Madde. Leur père. Il était différent. J'ai joué avec lui, j'ai ri. Il ne me regardait pas comme une gamine boueuse. Il me regardait comme j'étais. Je l'ai revu plusieurs fois et je me suis retrouvée enceinte. A ce moment-là, je ne l'ai plus revu, je ne lui ai jamais dis pour ces enfants. Cette nuit, j'ai franchi ses terres. je désirais fonder une famille avec lui. Non par amour, mais pour offrir une belle vie à mes enfants. je ne voulais pas qu'ils souffrent comme moi et au final, j'ai échoué. L'un d'eux est mort et elle, montrant sa fille, elle ne connaîtra jamais l'amour d'un frère.

Vinara lâcha un profond soupire. Elle venait de révéler son passé. Personne n'avait connu tous ses méfaits, ses trahisons. Elle était une couard, une voleuse qui broyait des sentiments, qui trahissait des meutes pourquoi ? Pour la simple envie d'être libre. Et pour sa fierté. Mais aujourd'hui, elle devait mettre cette dernière de côté, sa fille en avait besoin. Rivant ses yeux vairons et reptiliens sur le mâle blanc, il était tant pour elle de dire la raison de sa venue en ces terres.

« J'ai plus d'ennemis que de raison. Je suis venue jusqu'ici pour demander de l'aide à l'Oracle. Ma fille a besoin de votre aide. J'ai besoin de vous pour l'élever. Je ne veux pas l'entraîner sur les terres libres, à devoir affronter dès son enfance les affrosité d'une vie d'errance. Elle mérite mieux. Je ... J'aimerai demander à votre sage un asile d'un an. Rien que le temps de la voir grandir avec la bénédiction des Nakhus. Lorsqu'une année se sera écoulée, je partirai de vos terres. Et Ahu'ura, ma fille, choisira alors son destin. Je veux qu'elle le puisse. Pas qu'elle se retrouve dans l'impasse comme moi. Elle mérite ce choix, vous comprenez ? Je ne veux pas que mes conneries la traînent dans la boue, la détruisent et la tuent. Elle mérite tant de bonnes choses que je ne peux lui offrir là où je n'ai qu'ennemi.

La louve se remit à pleurer en regardant sa fille qui dormait désormais contre son flan. Qu'elle désirait tant lui offrir une belle vie. Loin de celle des solitaires.

Vinara eut du mal à refouler cette nouvelle vague de pleurs. Elle devait se calmer pour ne pas réveiller l'enfant. Elle le devait. baissant légèrement les oreilles, elle tenta de penser à quelque chose d'heureux ... Un bon souvenir. Fermant un instant les yeux, elle revit les êtres qu'elle aimait. Paprika ... Grimm ... Le loup lui manquait mais pouvait-elle encore se montrer devant lui après sa fuite ? Elle aimait la Liberté mais elle l'aimait toujours. Elle ressentait toujours un poids, un étau sur son coeur lorsqu'elle pensait à lui. Chassant cette pensée de l'Ethelkru, elle se reconcentra sur le mâle blanc qui se coucha, gardant une prestance déconcertante.

La surprise se peigna sur le visage de la louve. L'Oracle ? ICI ?! Elle pensait voir un vieux loup qui demeurait enfermé dans son temple. Un peu comme le vieillard Sarcan qu'elle avait rapidement entendu. Mais cet oracle semblait bien différent. Différent de tout chef de meute. Reprenant de sa contenance, elle écouta tous les mots de Volstein. Ne pas voler pour le bien de sa fille. Vinara ne pouvait qu'accepter. Sa cleptomanie pouvait attendre, Ahu'ura était sa priorité. Elle était son dernier rayon de soleil, son dernier bonheur. Elle ne pouvait la perdre, ne pouvait voler pour la perdre. Hochant lentement la tête, elle acceptait la proposition du loup mais elle le confirma à l'oral.

« Je promets de voler aucun Nakhus.

Elle lança un regard à son enfant, souriant. Elle avait réussi. Elle pouvait offrir la protection d'un clan. Sa fille ne connaîtrait pas la solitude. Elle aurait la chance de se faire des amis, de se faire gronder par des nourrices. Elle aurait le droit de bêtises sans que la Mort soit la punition la plus légère. Oui Ahu'ura connaîtra une belle vie accompagnée.

« Merci ... Merci pour tout.

Elle regarda son fils défunt. Lui aussi allait connaître le bonheur. Il allait être enterré. Il pourrait se reposer pour l'éternité sans que des charognards le dévorent. Il reposerait parmi d'autres loups. D'autres morts qui pourraient lui tenir compagnie. Il ne reposerait pas seul sous un sinistre arbre.

« Ils seront heureux. Jamais seuls ... Elle tourna la tête vers le loup, souriant. Je ne me suis pas présentée. je m'appelle Vinara. Et peut être une future Nakhus avec Ahu'ura. Un léger ton rieur, elle semblait accepter la mort de son fils.

La fierté que Vinara put lire dans le regard du mâle fit gonfler son coeur de joie. Il ne devait pas s'attendre à ce qu'elle abandonne son chapardage pour une enfant. Elle savait en elle que ce serait dur, souffrant quelque peu de cleptomanie mais il le fallait. Pour le bien de sa fille, mais aussi pour elle. La solitaire allait pouvoir se soigner de ce maux qui la dévore depuis des années. Elle avait déjà fait cette promesse à Grimm, mais elle n'avait pu s'empêcher de récolter quelques ... hmm ... Objets chez les Ethelkrus. Des emprunts qu'ils ne reverraient jamais mais ça, elle ne pouvait pas être coupable. La maladie en était la cause, du moins, elle préférait mettre ça sur son compte que sur le sien. Aujourd'hui, c'était différent. Voler signifiait condamner son enfant. Et ça, elle ne le pouvait se permettre. Et puis, ce regard de fierté posé sur elle l'aidait à se sentir prête à affronter cette envie de vol.

La louve baissa légèrement les oreilles lorsqu'elle vit le petit voile de tristesse s'emparer des yeux ambres de l'Oracle. Que lui arrivait-il ? Elle pencha la tête sur le côté et elle regarda Ahu'ura. Elle fronça légèrement les yeux puis bien qu'il l'incita à dormir, elle ne le pouvait. Une peur de cauchemarder cette nuit l'envahit rapidement. Elle déglutit lentement puis elle lança un regard au loup qui leur tournait le dos, prenant poste pour surveiller l'extérieur.

« Avez-vous des enfants ?

Elle avait un peu compris que la tristesse passagère du loup était lié à cela et puis, Vinara était douée pour mettre les pieds dans le plat ... La délicatesse devrait attendre plus tard.

Elle ne s'était donc pas trompée. La tristesse qu'elle avait vu dans son regard était bel et bien intimement lié à la notion d'enfant. Le mâle se mit à dégager cette odeur propre à ce sentiment et l'âme de Vinara se serra contre son coeur. Elle le comprenait. Avant d'avoir Ahu'ura, elle avait rêvé d'avoir un compagnon. Elle l'avait trouvé en Grimm. Elle voulait porter ses enfants mais la gangrène du Clan Ethelkru l'avait prise, la forçant petit à petit à perdre de vue cette vie rêvée ... La Liberté l'avait rappelé à ses services, unique Déesse en laquelle elle croyait. Puis elle avait trouvé Madde. Une nouvelle fois, elle avait songé former une famille heureuse qui s'était soldée par la décapitation pure et simple de son fils.

Elle lâcha un soupire et avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, le loup ailé avait filé dehors, la laissant seule avec la promesse de la laisser se reposer. Vinara aurait voulu, oui, mais impossible. Elle resta donc droite, veillant sur son enfant valide, léchant le mort pour le rendre propre pour son enterrement. C'était tout ce qu'elle pouvait faire. Elle espérait qu'il pourrait rejoindre ses ancêtres inconnus, qu'il trouverait le repos que cette vie n'avait pu lui offrir. Lorsqu'il fut assez propre, elle regarda vers la sortie. Elle discernait vaguement la silhouette de Volstein. Elle baissa les oreilles puis regarda vers ce qui semblait être le ciel. Pour une fois, elle pria.

« Déesse Yurai ... commença-t-elle à murmurer pour pas que l'Oracle entende. Offrez une belle vie à celui qui vous suis. Il serait un bon compagnon et un bon père. Faites qu'il trouve l'Amour et la Paternité. Ne le laissez pas seul ...

Elle ignorait si c'était ainsi qu'il fallait prier une déité mais quoiqu'il en soit, elle espéra que ses mots seraient entendues.