Une ombre dans le marécage l Libre

Reprenons nous, Capricorne. Tu ne semblais pouvoir blesser plus que tu ne le faisais le Monstre, l'écorchant petit à petit. Certes, tu ne ratais tes attaques, mais on ne les aurait pas non plus trouvé débordantes d'agressivité. Ne pouvais-tu pas faire plus ? Bien sûr que si.
Tu ne savais, tu en étais consciente, de la force qui se concentrait entre les doigts de tes serres, de la hargne présente au bout de ton bec pointu. Ton plumage, qu'on aurait sû dire gris ou mauve sous la lune trop brillante, fut parcouru d'un petit spasme. Prête, à attaquer à nouveau. Prête, à faire de ce soir le soir de votre libération.
C'est un combat que vous mèneriez ensemble.
Toi, elle, lui, eux.
Tribus d'animaux totémiques, prêt à défendre les mortels. Se souviendront-ils de tout cela ? Tu avais un doute. Plaignait ceux qui se réveilleraient écorchés sans savoir ce qui avait bien pu les attaquer : tu espérais tout de même qu'il ne suspecte l'autre clan, et qu'une guerre éclate peut de temps après un évènement d'une telle ampleur...

Pourtant, tu étais la mieux placé pour savoir que le plus grand danger d'un loup était le loup lui-même.

Déviant ta queue en guise de gouvernail, pour te faire décrire un nouvel arc de cercle, tu chercheras une ouverture et fondit à nouveau. Toi qui ne cherchait à marquer ton nom de l'histoire (c'était chose impossible à faire en cette condition), toi qui juste voulait défendre ces malheureux endormis.

Allez, Capricorne.
Battons nous jusqu'au bout.

Encore une fois ?
Encore une fois.
Tu avais fais mouche, pour ne point changer. Petit à petit, la Princesse voyait s'amenuiser ses ressources vitales (du moins, là était ton impression). Et si tes coups n'étaient pas les plus puissants, tu contribuais à sa mort attendue.
Tu étais comme ce petit colibri, qui pour éteindre l'incendie de la forêt portait sur les flammes gouttes d'eau sur gouttes d'eau. Tu faisais ta part, petite aiglette.
Tu brasses l'air, t'envoles toujours un peu plus haut, défie un instant la cime des arbres et le ciel. Rien ne peut t'avoir, rien ne peux t'arrêter. Ta blessure, la griffure sur ton flanc, n'est pour l'instant que d'une moindre gravité : soumise à l'adrénaline, tu ne la ressens même plus, ton corps l'a endormi. Il te faudrait tout de même veiller à ne pas voir s'aggraver ton état, à ne pas prendre trop de coups.
Mais tu as confiance en toi, Capricorne.
Tu espères tenir ce combat, pour ne pas sacrifier le corps de cette noble aigle éveillée pour ton âme, celle qui sera marquée de ton combat mais qui aurait servit la cause lupine.

Un nouveau tour, au centre du cercle de tes déplacements ce monstre à abattre. Ta cible, gardée en viseur par tes deux petites billes noires. Au tour des serres ou du bec, de venir la chercher ? De part et d'autres de ton corps, tes ailes s'étendent.
Va pour les serres...
A nouveau, tu fonces, prête à en découvre.

Tu ne t'arrêteras pas.
Tu poursuivras, jusqu'à ce que tes forces te quittent, jusqu'à ce que ton souffle disparaisse. Car c'est ce qui allait forcément se passer, non ? Tu menais ce combat pour mourir à nouveau, c'était cette fin qui venait doucement à ta rencontre.
Mais la mort ne te faisait pas peur, Capricorne. Tu savais de quoi il s'agissait. Tu la connaissais, oui : elle était une vieille amie, que l'on retrouve en ouvrant grand les bras. Car on finissait par devenir familière, avec elle. On s'habituait à la sensation absente du temps, de faim et de sommeil. On ne cherchait plus rien à ressentir, si ce n'était la satisfaction de voir ces générations perdurer, l'histoire continué.

Et pour maintenir l'ordre des choses, vous deviez retrouver le sommeil.

Car à quoi bon, rester une éternité sur des terres qui plus jamais ne bougerait ? Pour y faire ces rencontres qui ne pourraient répondre aux désirs de famille de certains ? Pour ne plus jamais savoir ce que voulait dire le mot vivre ?
Être immortel ne pouvait vous apporter le bonheur. Et si tu fus ravis d'ainsi retrouver ces terres, d'ainsi mener une nouvelle existence, tu savais que ce jeu finirait par devenir lassant, tant d'imprévus il n'y aurait plus.
On ne savourait la vie qu'en sachant que celle-ci serait courte.

Arc de cercle, piqué, serres qui s'ouvrent.
On connaissait la chanson, à force, cette tactique qui ne te serait peut-être pas toujours favorable. Mais à quoi bon craindre les coups, tu n'espérais plus que paye la danse de tes plumes avec le vent...

Les plaies se tracent sous tes griffes de rapace, encore une fois. Plus tu charges, plus tu sens tes coups monter en puissance. N'est-ce pas le cas ? Doucement, Capricorne : tu savais qu'il ne fallait jamais crier victoire trop vite, toi qui déjà pensait la fin venue lors de l'épreuve des clés divines.
D'ailleurs, tu ne comprenais pas pourquoi les Dieux vous avaient orientés sur la piste de ce monstre, pour ainsi la libérer. A moins que la confrontation eu été impossible, que le réveil des Endormis ne tenait qu'à l'extermination de cette bête inlupine. Et que caché ou non derrière une porte, son obscure mission n'aurait été empêchée...
De toute façon, tu fais confiance aux Dieux.
C'est eux, après tout, qui vous avez offerts à tous cette forme vivante, celle qui vous servait à présent à vous en prendre à la Princesse Sans Regard !

A cette petite réflexion s'ensuivit une nouvelle attaque. J'en venais pour ma part à manquer d'inspiration, à ne plus savoir à quoi te faire penser ou comment te faire agir : on finit par écrire les mêmes choses. Et comme les séries, lorsqu'on en vient à se répéter, c'est qu'il ne fallait trainer à conclure. Ou à trouver de meilleures idées, des innovations qu'on ne retrouvait pas dans le post précédent. Comme cette partie où je m'exprime pleinement, oui, par exemple.
Allons, cessons ce hors-sujet, le moment n'est pas à mon expression mais à la tienne.
Partageons encore ces quelques posts ensemble, prêt à montrer comment nous sommes les plus fortes, comment on joue bien ensemble.
Je te laisse donc attaquer, laisse-moi lancer le dé pour toi.
Allez.

Que la force soit avec nous.
Et avec vous, aussi.