Ain't no sunshine [PV Kat][/!\ Violence à tous les étages]Fini

Dernière édition par Himi le Sam 23 Mar 2019, 15:29, édité 2 fois

Qu’est-ce qui l’énervait le plus ? Alys qui se foutait bien de son avis ou les deux balafres sur sa joue ? Les deux sûrement, Cassandre ne savait même pas si son irritabilité était justifiée. Dans tous les cas, la louve avait décidé de s’éclipser un moment, personne ne semblait s’inquiéter de sa santé alors à quoi bon rester enfermer ? Le soir, tard, son corps fluet s’était faufilé en dehors du grand Castel, après tous les évènements récents, elle s’autorisa à quitter les blessés des yeux une soirée.

Aucun lieu n’était prévu, juste un endroit où elle serait sûre de ne croiser aucun Etelkru, une terre libre et sans règles. Telle un fantôme, son corps arpentait les sentiers rocailleux, un supplice pour les coussinets mais seul le bruit des pierres qui chutaient pouvaient la perturber. Quelques fois, le vent s’engouffrait entre deux pics, murmurant des phrases que la louve ne pouvait comprendre. Le croissant de lune derrière elle n’éclairait qu’à peine son chemin. La faune locale dormait à point fermé sauf peut-être un intru qu’elle n’avait pas prévu.

La louve chemina une bonne heure, laissant les voies accidentées la guider vers nulle part. L’alpha se préparait, répétant dans ses moustaches ce qu’elle allait dire lors de la prochaine réunion de la meute. Les annonces allaient pleuvoir et le long sommeil, dont ils avaient été victimes, restait un mystère total. La dame violette se rendit à peine compte du monde qui l’entourait. Se laissant guider, elle avait fini par trouver une zone qui semblait avoir été habité. Longtemps auparavant. Les quelques traces de vie alentour dataient, mais restaient intéressante à ses yeux. Sans plus réfléchir, elle s’engouffra dans un renfoncement similaire à celui de sa grotte. De la poussière de partout, rien de plus rien de moins, elle soupira entre ses crocs :

« A quoi je m’attendais ? »

Comme si quelqu’un allait lui répondre. Elle se demandait même si sa propre question n’était pas plus vaste qu’elle ne l’avait pensée au départ.

KAT

Clap.Clap. Clap. Il regarde le liquide rougeâtre tomber à un rythme régulier, apaisant. Son souffle se cale sur cette sombre mélodie qu'il a lui-même provoqué. Les yeux luisants d'un air sadique, les babines rougies par son acte, et plus horripilant encore ce rictus satisfait. Il sent encore ses muscles avoir des soubresauts, stigmates d'une chasse acharnée. Loin des règles bien établies de celles de ses congénères lupoïdes. Non, cet être vil à l'âme perdue se repaissait dans l'anarchie la plus totale, l'absolue destruction de l'ordre. Alors, comment ce jeune cervidé aurait-il pu survivre face à cette force brute ? Décidément ses chances se survies avaient été nulles dès lors que le colosse avait décidé d'en faire son nouveau jouet.
Et maintenant il était là, immobile comme si le temps avait oublié d'embarquer dans son éternelle activité cet être fait de chaire et de sang. L'animal contemple, sent la pointe rieuse du sadisme assombrir son cœur et ravir ses pulsions.

Il fut un temps lointain, où l'innocence avait raison de lui, où la simplicité de sa vie s'instaurait dans l'équilibre fixe de son gang. Sa sœur bien aimée, la boussole de son existence, ce nom qu'il avait désormais proscrit de son esprit. Car au final, tous l'avaient abandonné brisant le pacte qu'il pensait instauré depuis bien des lunes. Dès lors qu'il s'était rendu compte de la traîtrise, le canidé avait oublié ce qu'était l'amour et les liens : la colère et la douleur avaient tout ravagé sur leur chemin. A quoi bon compter sur des âmes qui ne savaient que violenter sa matière grise ?
Alors il avait réfléchi, s'était assagi. L'idiot du groupe avait du renoncer à l'ignorance et à la douceur de la bêtise. Désormais, la bête avait passé bien des levels dans ce jeu mesquin et mortel qu'était la vie sur les terres de Punk Wolf. Aussi triste que cela puisse apparaître aux regards des badauds, le naïf Kat était devenu une entité hargneuse et mauvaise en quête de la profanation des diktats pondus par ces êtres qu'il exécrait tant. Ces soit-disant Dieux tout puissants qui se riaient bien du malheur des loups qui arpentaient leur sol consacré.
Le massif loup au regard de glace avait alors pris la décision bien des mois plus tôt de partir roder sur les terres des meutes, laissant ses foulées le mener au gré du murmure de Mère Nature. Il harcelait, malmenait voire battait ceux qu'il croisait, pissait en ricanant contre des statues ou tout autre élément de culte qui servaient à ces ignares de meutes. Tous si stupides.

En cette soirée sombre et peu chaleureuse, cette masse musclée avait pris la direction de l'entre-deux mondes après s'être délestée de son en-cas. La brise venait se briser contre son poil court et rêche, litanie sifflante et suppliante à laquelle il restait hermétique. Kat avançait, sans objectif précis et pourtant avec un pas assuré sur la roche friable. Il avait appris à aimer ces montagnes qui surplombaient le reste, où les désastres avaient marqué la terre et créé assez de repaires pour qu'il n'ait pas à s'inquiéter de passer la nuit sur un sol gelé. Et alors que ses foulées tranquilles l'amenaient à se faire son propre chemin en direction des ruines d'une ancienne civilisation éteinte, une effluve forte intéressante lui chatouilla les synapses. Quel était l'inconscient qui osait s'aventurer par ici ? L'idée de traquer le propriétaire de cette odeur lui accéléra le rythme cardiaque, réveillant l'instable chasseur en lui.

Il lui fallu du temps que le loup crème ne saurait estimer, pour atteindre sa cible. Ayant pris la peine de se caler dans le sens inverse du vent, il penche désormais la tête en hésitant sur son souhait. Assis dans les gravats, seuls ses yeux brillent, annonce du malheur approchant pour l'âme qui s'était malencontreusement retrouvée sur son chemin. Le molosse se relève, et avance presque discrètement dans la grotte où s'était réfugié le canidé inconnu. Ses griffes cliquetèrent, et un rire de hyène le secoue lorsqu'il entend la phrase de la louve. C'est d'une voix hilare et entrecoupée de hoquets qu'il prend la peine de lui répondre.

« Probablement pas à tomber sur moi ce soir ma jolie. »

L'animal à moitié sauvage reste campé là, à observer sa délicieuse proie. La lueur qui s'échappait de la griffe de cette dernière ravive en lui la certitude qu'il ne peut la laisser rentrer seule chez elle. Non, il allait faire trèèès attention à bien la raccompagner après leur petite discussion forte intéressante sur ce que la damoiselle attendait perdue ici. N'était-ce pas chevaleresque de la part de cette grande brute ? Derrière cette façade se cache pourtant bien des idées qui auraient fait pâlir certains des plus vils gredins de ce bas monde.
Animosité. Brutalité. Acharnement. Voilà ce qu'étaient désormais les principes de sa vie.

Un frisson macabre lui parcourut l’échine quand les gloussements carnassiers résonnèrent à quelques mètres. Les griffes crissaient d’une manière horrible sur la roche gelée par la nuit. La louve blanche faisait tâche dans le décor mais l’inconnu lui se fondait très bien dans l’obscurité. Deux perles brillaient d’un bleu turquoise étrange, vicieux et malsain. Les crocs luisaient à la lueur blafarde de la lune, dessinant un sourire bien sadique. Cassy retint un haut le cœur avec grande peine, ce n’était pas un loup mais un ours. La silhouette restait bien dans l’ombre mais sa voix rauque fit dresser les poils de la dame. Par réflexe, elle se releva et recula. L’idée la plus stupide qui fut à ce moment, c’était d’être seule dans une grotte, loin de la meute. La belle finit par heurter son fessier sur la paroi qui lui semblait être le dernier rempart face à la sauvagerie. Elle se mit à grogner et rétorqua sans cérémonie :

« C’est clair que tomber sur un gros balourd, ce n’était pas ce que j’espérais. »

Elle ne lâchait pas l’animal des yeux. Ses pattes tremblaient de peur, son corps tout entier était régit par ce seul sentiment. Envahissant et déroutant, elle savait que le loup caché ne le resterait pas éternellement. Aucune défense possible, à moins que le dérouter quelques secondes pour fuir soit une idée. Cassandre pesait les pours et les contres, avait-elle seulement le choix ? L’odeur de son sang était bien plus un problème que les possibilités de fuite. Il la retrouverait à l’odeur et elle n’avait pas spécialement pour projet de se laisser tuer de façon aussi sordide.

Ses babines jusqu’alors retroussées se détendirent, puis elle changea radicalement d’attitude. Une étincelle dans le regard, l’alpha s’avança, chaloupant alors qu’elle se rapprochait de l’individu sombre. D’une voix mielleuse, elle lança :

« Mais bon, peut-être qu’un peu de bon temps me fera réviser mes dures paroles ? Qu’en dites-vous ? »

Battant des cils, à quelques pas du loup brun, elle ne lui laissa pas le temps de répondre. De sa longue queue, elle accumula un bon tas de poussière qu’elle lui jeta dans la tronche sans crier gare. Une petite seconde de répit, la chance n’était pas avec elle mais c’était mieux que de ne pas résister. Cass’ en profita pour détaler aussi vite qu’elle le pouvait, passant devant le mâle et commençant à courir sur les maigres chemins rocheux.

KAT

Il frissonne, transi par le spectacle qui s'offre à lui. Une femelle gracieuse, aux traits délicats et finement ciselés, se tenait dans la cavité mal dégrossie. Proie facile. Le traqueur jubile intérieurement, se repaît des tressaillements qui agitent l'entité en face de lui. Il en revient même à regretter que le premier acte de cette scène funèbre se passe dans un lieu où seuls quelques rares filets de l'astre de lumière blanchâtre parviennent à percer. Il aurait aimé profiter de ce faciès perturbé par sa présence, de ce regard que Kat devinait écarquillé, inquiet en prenant conscience de la situation dans laquelle leur propriétaire se trouvait. Et comme si cela ne suffisait pas à faire frétiller ses vils instincts, il la vit reculer. Une explosion d'émotions le traversèrent, primales et violentes. Elle s'offrait à lui, incitant tous ses instincts de bête sauvage à réaliser leurs méfaits.

Alors il fit un pas dans sa direction, envahissant tranquillement cet espace dans lequel elle pensait trouver l'apaisement à des maux psychologiques qui ne pouvaient atteindre son interlocuteur du soir. Sa douce voix résonne sur les parois fatiguées de cette antre de fortune, irritant les tympans de l'agressif canidé. Il tique, laisse un grondement enfler depuis ses entrailles et s'échapper par un coin de babine. Quelle piètre tentative de réponse à son entrée. Mais alors qu'il pense que sa congénère n'est que ce à quoi elle ressemble – autrement dit une faible et fragile chose qu'il serait bien plaisant de briser – cette dernière le surprend. Il la voit changer d'attitude, détendre son corps comme si elle se moulait dans une seconde peau plus adaptée à la situation, plus osée et plus confiante. Le mâle n'est pas sur de comprendre ce revirement, ni de l'apprécier cela va sans dire. Les femelles sont si pitoyables, tellement pathétiques avec leurs système de séduction. Il le sait. Il connaît le mensonge tapi derrière leurs mots susurrés à l'oreille et le mal qu'ils peuvent produire sur les esprits faibles qui en espèrent trop d'elles. Et pourtant, il la laisse approcher de sa personne sans plus de cérémonie. Instabilité de son esprit perdu.

Il s’apprête à prendre les devants, à répondre à son mielleux discours comme il se doit. Mais alors qu'il ouvre légèrement la gueule pour exhaler toute l'anticipation qui lui parcours le corps à l'idée de passer du bon temps à sa manière, le loup crème est interrompu. Ses yeux le brûlent et la piqûre déchire ses iris, transperce sa cornée comme de fines épines avides de répandre la souffrance. Il cligne des paupières, recule en secouant sa large caboche malmenée. Et dans un coin de sa vision périphérique embrumée sur l'instant, Kat voit un éclair de blanc et de prune s'élancer vers la liberté.
Son sang bouillonne, sa rage hurle pour sortir de cet étau qu'est sa carcasse. Alors il rugit, tel un ours dérangé durant son festin, puissant et empli d'une promesse de sang et de douleur. Petite salope, tu souffriras comme jamais tu n'as ressenti la douleur pour cet affront.

Une seule chose compte désormais pour le loup vicié, rattraper l'impudente et répondre à son méfait de la pire et la plus brutale des manières qu'il pourra trouver. Alors il s'élance, tel un taureau largué dans l'arène, bandant les muscles et les propulsant aussi vite et aussi loin qu'il le peut. Sa vision le gêne, des grains de poussière s'attardent et le harcèlent comme si elles voulaient corser le jeu. Mais il a l'avantage du terrain, il connaît ces montagnes, il rôde depuis bien assez longtemps pour anticiper les mouvements de sa petite pute de proie. Sur l'échiquier géant qu'est les Monts Célestes, la partie reprenait de plus belle mais la masse hargneuse qu'était le mâle avait de nombreux avantages. Jamais elle ne pourrait s'échapper, c'était une évidence, tout comme l'était celle du cervidé destiné à trépasser plus tôt dans la journée.

Il saute sur les amas de gravats, prend des risques sur ces cailloux friables qui peuvent lui coûter la victoire. Mais il a confiance, la haine pure et viscérale qu'il laisse aux commandes de son être ne peuvent que le porter sur les sentiers et les appuis les plus solides. Il la voit devant lui, à une centaine de mètres d'avance seulement, rapide et leste malgré la situation. Alors il sait, il comprend qu'il doit anticiper et changer de tactique avant qu'elle ne le sème. Il a déjà emprunté ce chemin, il en connaît la teneur et chaque virage qui le compose. Et aussi les passages dissimulés.
Il vire à gauche sans hésiter, saute au dessus de fougères et de ronces qui lui raclent le poitrail. Son regard se porte au loin, vers un point que seule sa personne trouve au delà des pins amaigris. Il accélère encore, mû par l'urgence de l'instant et ce sentiment que s'il ne donne pas tout il la perdra. Et c'est tout bonnement inenvisageable que celle qui s'est jouée de lui puisse s'en sortir sans stigmate. Impossible.

Dans un ultime élan, propulsé par la vitesse de sa folle course poursuite, il bondit à ras du sol gueule ouverte. Tout s'enchaîne. Il retrouve la trace du chemin initial. La femelle passe, martelant le sol de ses foulées frénétiques. La gueule du mâle enragé claque, trouve la chaire et les os, emprisonne ce membre si frêle entre ses crocs si puissants. La vitesse le fait glisser sur le chemin, mais il ne lâche pas la prise qu'il est parvenu à avoir. Il l'entraîne, la coupe dans son élan en tirant sa patte arrière, son trophéé, dans sa glissade. Le goût du sang explose sur ses papilles, fait luire son regard de la folie qui l'habite et fait frissonner tout son corps. Et si la morsure du sol contre son flanc le brûle, son esprit est trop embrumé par l'avide sentiment de victoire pour s'en inquiéter. Alors il tente de se relever, et dans le même temps ne peut s'empêcher de secouer sa large mâchoire déchirant sur son passage tendons et muscles que ses dents acérées trouvent. Tu ne fuiras plus ma petite salope.

Puis il lâche sa proie malmenée. Les démons de son âme bien réveillés, le massif loup aux babines rougies se met à rire. Pauvre petite chose fragile qui allait désormais être à sa merci. Tant d'idées pour détruire le psychologique de cette bête venait à Kat, des supplices inavouables et des tentations interdites. Une folie meurtrière et dénuée de toute logique, de tout résonnement. Une simple soif d'assouvissement l'assaillait, et pas une once de sa matière grise ne comptait la refréner : cette louve l'avait blessé, elle allait payer c'était aussi simple que ça. Non pas qu'il pensait l'épargner à l'origine, simplement cette stupide canidé se serait probablement simplement prise une bonne raclée. Or, après ce second acte, Kat avait décrété que le scénario allait changer.

Il décrocha un violent coup de patte sur la joue de l'inconnue puis recula pour refermer ses crocs sur le jarret de la dernière patte arrière valide. Le sadique se mit à la traîner, insensible aux actions de sa proie, après tout un roc ne pouvait être ébranlé par un simple petit galet n'est-ce pas ?
N'hésitant pas un instant, il tracta le corps de sa proie vers une caverne pleine d'aspérités. Elle avait voulu s'en enfuir, alors il la contraindrait à s'y prosterner. Arrivée dans la large mais peu profonde cavité, il la lâcha et la domina de toute sa hauteur.

« Tu as raison, prenons un peu de bon temps petite salope. Après tout, pourquoi écourter notre douce rencontre alors même que la lune est encore si haute hein ? »

Sa voix n'était que promesses de supplices, de douleurs à venir et de jubilation malsaine. Les actes innommables sous-jacents qui perçaient dans ses paroles n'avait pour contexte et limite que la noirceur de son esprit tombé aux prises de la folie de l'instant. Instabilité et puissance font en général un cocktail bien peu apprécié par ceux qui y sont confrontés... Lutte petite louve, lutte.

Pas un regard en arrière et à toute vitesse, la louve grimpait le long d’une pente. Elle n’avait qu’un seul but, retrouver ses terres et sa meute, fuir pour retrouver la douce sécurité de son foyer. La peur lui tordait les boyaux, ses deux prunelles bleues écarquillées formaient un tunnel visuel dont elle ne pouvait plus s’échapper. Son cœur battait, oh oui, il battait si fort qu’elle craignait qu’il explose entre ses côtes. Son souffle, si tant est qu’il existait encore, était saccadé dans cette folle cavale. Le vent lui soufflait dans le dos, portant avec lui le râle bestial du loup. Il n’avait pas l’air de porter de glowstick de ce qu’elle entrapercevait dans la grotte. Un solitaire ? Sûrement. Il l’avait prise en chasse, ses oreilles trésaillaient à chaque bruit de pierre qui roulait. Est-ce elle ou lui ? Plusieurs fois, elle manqua de chuter mais à cet instant, la chute était un moindre mal. Elle l’apprendrait à ses dépens.

Plusieurs centaines de mètres la séparait de la grotte, la louve courrait ventre à terre pour s’échapper. N’étant plus qu’une silhouette filant sur la route de la liberté, pas un regard en arrière. Etrangement, elle n’entendait plus qu’elle, son souffle haletant et plus aucune odeur ne lui parvenait. Son regard hagard s’attarda un peu au-dessus de son épaule. Plus rien derrière elle. Cassandre ralentit un peu pour mieux voir. Avait-il lâché l’affaire ? L’avait-il perdue ? La louve à l’encolure violacée ne pouvait s’attarder sur le sujet. Ses pattes étaient lasses de la porter, ce n’était pas une sportive alors elle trottina rapidement quand un choix cornélien s’offrit à elle. Un croisement, l’un redescendait plus bas dans la chaîne de montagne, repartant vers la grotte, l’autre menait droit vers les terres Lazulis. Elle les voyait, de son petit promontoire, elle apercevait clairement les grandes plaines où la rivière sinuait entre monts et forêts. La louve blanche s’arrêta quelques secondes puis opta pour les terres ennemies. Au pire des cas, ce serait une petite guerre, au mieux elle aurait droit à une protection temporaire. Son corps reprit un rythme plus soutenu, plus le temps de rêvasser. Même si repartir vers ses terres lui traversa l’esprit, elle ne pouvait risquer de retomber sur le solitaire fou.

Galopant de plus bel, la dame blanche continuait sa route. Grave erreur. Alors que la voie semblait plus sûre, une masse informe se jeta sur elle. Un nuage de poussière et de sang, c’était tout ce qu’elle pouvait voir. La vitesse du choc la propulsa au sol, ses flancs raclant des dizaines de cailloux tranchants mais ce n’était pas ce qui lui faisait le plus mal. Cassandre en eut le souffle coupé un bref instant avant de hurler de douleur. Les crocs du monstre serraient sa patte arrière. C’était si fort et si violent que le sang giclait abondamment. Les deux loups manquèrent de finir plus bas tant l’action fut brutale. Puis la louve sentit sa patte arrière se lever à mesure que le mâle reprenait ses esprits, enfin s’il en avait. Elle ne retint pas un hurlement horrible quand il s’amusa à secouer le membre déjà bien abîmé. Des larmes de douleur, de colère et de rage vinrent perler le long de ses joues. Quant il eut fini la première patte, l’ours laissa choir son jouet comme un vieux cuissot inerte. L’alpha savait qu’elle ne pourrait plus courir ni maintenant ni jamais. Elle lança un regard empli de haine sur l’animal, les yeux pleins de larmes mais elle n’eut pas le temps de l’insulter. Il riait telle une hyène. Puis son énorme patte tatouée lui asséna un coup si violent qu’elle perdit à moitié connaissance. Son museau tombant lourdement contre le sol. Ce qui la ramena à la raison, un autre coup de croc, cette fois-ci dans l’autre patte arrière. C’était moins puissant et violet que la première patte mais tout aussi douloureux.

Puis il la traîna comme un vulgaire bout de viande. C’était tout, tout ce qu’elle était à cet instant précis. Elle ne pleurait même plus, ne songeant qu’à une chose, s’échapper de nouveau. Trouver un endroit suffisamment haut pour lancer un appel désespéré à qui voulait bien l’entendre. Chaque petite aspérité, chaque petit caillou se heurtait sur elle, alors que son tortionnaire continuait sa route. Par moment elle se trouvait sur le dos, d’autres où ses côtes raclaient la poussière. Sa patte la faisait atrocement souffrir, plusieurs fois elle tenta de la bouger. Sans succès. Ses griffes tentaient vainement de s’accrocher à quelque chose et quand elle résistait un peu, le solitaire tirait un coup sec pour la faire lâcher. Cass’ envisageait tous les scénarios, mais aucun espoir ne lui était permis. Rien ni personne ne viendrait à son secours. Alors elle finit par abandonner, se laissant trainer, les yeux perdus vers l’horizon. Elle s’en voulait presque de s’être pris le bec avec Alys au sujet des alliances. Peut être aurait-elle dû être plus tolérante ? Son esprit se perdit presque, si seulement la douleur pouvait s’arrêter, elle pourrait s’évanouir en paix. Et la lumière de la lune disparut enfin, son corps meurtri se trouvait à nouveau dans cette foutue grotte. Très fébrilement, elle rigola de ce triste sort. Dairo ne l’aiderait pas même si elle priait avec ferveur, Alys ne jouerait pas au preu chevalier avec elle, sa meute resterait tranquillement près d’un feu à raconter des histoires à dormir debout. Dans cette grotte de merde, elle finirait oublier de tous, abandonnée de tous. L’ironie voulait que le mâle aussi était un abandonné mais le saurait-elle jamais. Quand la voix rauque résonna de nouveau, c’était présage d’un bon quart d’heure de folie. Il se trouvait au-dessus d’elle, son souffle putride sur sa gueule. La louve sentait très bien l’odeur du sang, son sang, qui glissait le long de ces babines qu’elle tenait en horreur. Elle entrouvrit les yeux pour plonger son regard dans le sien. Il n’était pas normal celui-là, l’étincelle de la folie luisait si fort qu’elle referma les yeux, l’écoutant sagement dire ses conneries.

« La lune ne nous éclairera pas pendant des heures sale con, alors qu’est-ce que t’attends ? »

Ses paupières laissèrent un éclair de haine s’échapper. Son pouvoir ne lui permettait pas de se débarrasser de son assaillant mais elle pouvait encore lui rendre la douleur qu’il infligeait. Au début, elle lui cracha à la gueule puis, profitant de cette micro-diversion, Cassandre usa du peu de force qui lui restait pour mordre aussi fort qu’elle le pouvait la patte avant du grand méchant loup. Son sang dégueulasse emplissait sa gueule, un goût bien affreux qui lui fit lâcher prise. Recrachant le plus possible, elle continua sur un ton méprisant :

« On te chassera et on te tortura avant de te tuer, pour tout ce que tu vas me faire et ce que tu as déjà commencé. Haha, tu sais même pas qui t’es en train d’essayer de malmener sale merdeux de solitaire. Ta mère devait pas vouloir de toi vu ta sale gueule… »

Laissant son cou retomber, elle ricanait, songeant à survivre encore un peu, juste pour le faire souffrir autant qu’elle. L’alpha ne tombera pas se rassurait-elle. Mais elle n’avait déjà plus de force pour parler davantage.

KAT

La bête souffle bruyamment, éprouvant bien des difficultés à retrouver sa respiration entre l'effort qu'il vient de fournir et l'excitation de sa victoire. Il sait que sa proie ne peut plus fuir, est convaincu qu'il est maître de la situation et auteur de la partition à venir. Alors le crème suffoque, l'air s'échappant par saccade de sa cage thoracique. Il devait bien admettre qu'il avait presque espéré que l'impudente femelle lutte encore un peu, plutôt que de se laisser traîner telle une carcasse égorgée.

Mais après tout, il leur restait bien du temps pour palier cette fugace sensation de dépit. Et le rire brisé qui résonna lors de leur arrivée dans la grotte lui fit penser que peut-être cette insupportable louve était une chieuse obstinée. Kat savourait tranquillement l'instant lorsque son regard se fit happer par celui ténébreux de l'inconnue. Une telle haine luisait dans ces prunelles que lui aussi sentait l'envie de glousser se propager. C'était bien. Très bien. Qu'elle comprenne ce que c'était de se sentir seul, de se sentir humilié et abandonné au milieu d'un jeu auquel personne n'a pris la peine de vous en expliquer toutes les règles. Qu'elle pige cette petite pétasse hautaine, que ses chers petits Dieux n'en avaient strictement rien à faire de sa situation. Peut-être même se gaussaient-il en regardant l'action, tel un bon petit programme télé un soir frisquet d'hiver.

Alors oui, le mâle au cœur noirci par la vie se délectait de percevoir en sa proie des sentiments que son propre chemin l'avait amené à découvrir. Il se lèche un croc, profite de la saveur âcre et métallique du liquide qui s'attarde sur ses babines. Les Dieux avaient le bon rôle se surprit-il à penser : une armée de stupides croyants faisaient ce qu'ils souhaitaient et n'hésitaient pas à mourir pour eux sans qu'ils ne lèvent le petit doigt. A défaut d'être intéressants, ils avaient finalement peut-être le mérite d'être rudement intelligents pour envoyer la chaire à canon réaliser les moindres de leur petits caprices.
Mais alors qu'il s'égare sur des pensées bien opposées à ce qu'il s’apprête à faire, la louve vient lui ramener les pattes sur terre d'un coup sec.

Il n'avait pas écouté ses quelques paroles furibondes, mais il sentit sans peine l'implantation des crocs de cette peste incarnée dans sa patte. Un voile rouge lui passe devant les yeux alors que la douleur lui arrache un cri et un mouvement de recul. Un grondement sourd commence à monter de ses entrailles et crée un véritable bruit de fond aux paroles de la louve blanche et pourpre. Qu'elle parle cette idiote qui ne comprend pas. Qu'elle couine ou qu'elle hurle si cela lui chante. Cela ne touchait pas le massif loup qui se tenait à côté d'elle. Non, ce n'était pas cette frêle existence qui allait le faire plier lui, le loup à l'apparence d'un ours. En revanche il sut que plus que la violence physique qu'il ne comptait pas lui épargner, il pouvait en plus taper du côté des mots pour parfaire son coup.
Alors il se rapproche de la donzelle. Fait claquer ses crocs et enfonce ses griffes entre ses côtes. Il rapproche sa gueule de l'oreille de la louve malmenée et de son haleine fétide lui susurre à la manière d'un amant heureux :

« Haha, mais voyons princesse qui te dit que quelqu'un saura ce qui s'est passé ici ce soir ? Et si cette situation se présentait, penses-tu vraiment que je m'inquiète des retombées de la part de petits êtres ignares et pervertis par des Dieux qui les ont abandonnés depuis bien longtemps ? Je ne sais pas qui tu es, mais en quoi cela a-t-il de l'importance au juste ? Aux yeux de ce jeu des Dieux, tu n'es qu'un pion parmi les pions. Pas mieux qu'un oméga, pas mieux qu'un doyen, pas mieux que … Moi. »

Le canidé se met alors à rire doucement, comme si sa logique et son approche du monde constituait la seule lumière et la seule vérité de ce qu'était leur vie. Les autres avaient tort, n'avaient pas encore démenti les mensonges compliqués de ces êtres divins. Alors il allait apprendre à cette conne à voir comme lui, et pour cela il fallait qu'elle traverse la même agonie psychologique pour atteindre l'état qui lui avait apporté tant de révélations.
Il y mit ardeur et motivation. Poussant, mordant, frappant. Molester sa chaire, abîmer son enveloppe corporelle si standardisée par leur société merdique. Première étape d'un procédé bien étudié par le fou au cœur sombre. Il perd la notion du temps, ne sait plus si cela doit durer plus longtemps ou non pour que sa proie reste consciente. Alors il alterne, accélérant les persécutions par moments ou ralentissant lorsqu'il sent que ses réactions s'amenuisent. Dans une étrange attention, il s'assure qu'elle soit toujours avec lui, ne laissant pas son esprit prendre la tangente dans les douces méandres du coma.

Puis peu à peu, une odeur qu'il avait jusque là écartée commence à se mêler à la folie du sang et du spectacle que le monstre est en train de produire. Celle-ci agit de manière insidieuse, se faufilant furtivement et délicatement pour atteindre peu à peu une zone bien particulière du cerveau du mâle. Ce dernier, toujours coincé dans cet état d'euphorie morbide renâcle, commence à orienter ses pensées vers ce doux parfum qui fait frémir sa truffe. Un doux murmure, une caresse pour ses sens exaltés par le moment.

Alors il cède, accède à la requête de son cerveau et celle qu'il pense déceler provenir du corps de la louve. Il la secoue et la tourne pour venir enfoncer la peau tendre de son ventre dans la terre froide de la cavité. Sans trop savoir ce qu'il est sur le point de faire, il laisse des instincts primaires si puissants qu'il ne saurait les contrôler lui dicter la conduite à avoir. Il mord abruptement la nuque de la femelle et pèse de tout son corps sur son dos fin.
Et sans plus de cérémonie, Kat passa définitivement dans la catégorie des êtres les plus vils et les plus horribles de ces terres. Ceux pour qui la rédemption n'est plus envisageable tellement leurs actions sont inacceptables et viscéralement diaboliques. Un acte barbare, incompréhensible du commun des mortels. La simple évocation de ce comportement révulse, amène des êtres sains d'esprit à vouloir éradiquer ces erreurs de la nature, ces prédateurs ultimes. Mais son cerveau à lui ne réagit pas normalement...

A la place de l'horreur se trouve la libération. A la place de la culpabilité se trouve une morbide absence de remords. A la place d'un loup, se trouve désormais un violeur.

Complètement affalée sur son flan, Cassandre sentait la fin arrivée. Mais au moins, elle pouvait se targuer d’avoir mordu au moins une fois la chose qui allait désormais hanter ses nuits, voire même sa vie. La période s’y prêtait après tout, la louve ne serait pas étonnée d’y avoir le droit. Des gosses bâtards, non désirés, les aimerait-elle ? Ou les maudirait-elle ? Pourquoi songeait-elle à survivre ? Un maigre espoir peut-être, ou bien la peur tétanisante de la mort. L’alpha commençait à voir le sol se troubler, se dédoubler mais elle riait de son acte. Elle pouffait, les crocs luisant de rouge, soulevant des volutes de poussières. Il aurait sa marque à lui désormais, la marque qui causerait certainement sa perte. La dame orgueilleuse tentait vainement de s’évanouir, c’était bien une des rares choses qu’elle ne faisait pas sur commande, dommage pensa-t-elle en son for intérieur. Elle n’écoutait pas le mâle gronder de cette petite morsure bégnine, il pouvait bien râler et l’insulter, qu’est-ce que ça changerait de réagir à ça ?

La pression soudaine sur ses côtes la tirait un peu de sa léthargie. Le picotement de sa chair à l’air libre était un supplice parmi les autres. Le poids du mâle lui coupa le souffle. Sa voix dans son oreille lançait des pics si acérés dans son esprit. Son souffle fétide de mort et de sang se faufilait jusqu’à sa truffe. Elle déglutit, s’empêchant de recracher son maigre repas du soir. La louve se sentait oppressée, par ces mots aussi tranchant que des couteaux et pourtant si vraies. Ses pensées se bousculaient, il avait raison, les dieux la laisserait crever dans ce trou si ça leur faisait plaisir. Il ne la vengerait pas, pas plus que sa meute d’ingrats. Il la jugerait même pour avoir été faible. Il la regarderait avec ce regard qu’elle leur avait si souvent lancé. La pauvre Cassandre commença à sangloter sans bruit, des larmes de peur, de tristesse et de haine mêlées, des gouttes salées qui ne faisait qu’humidifier son doux visage tordu par la douleur. Elle ne voulait pas mourir, elle ne voulait pas finir seule ici. Oui elle ne valait rien à ce moment précis, plus rien, ce n’était plus qu’une âme parmi tant d’autres noyées dans une vie qu’elle n’avait pas choisie. Le rire du monstre brun retentit, il se gaussait bien de sa position. Puisse-t-il pourrir en enfer !

Ce corps musclé face à une brindille, Cass’ n’avait aucune chance de s’en sortir. Elle continua de pleurer en silence. Alors qu’il commença plus ou moins en douceur, donnant des coups de pattes. Chaque morsure détruisait un peu plus le corps dont la louve prenait soin chaque jour. Quelques fois c’est la roche qui rencontrait ce corps fragile, elle ne pouvait pas réagir pour se défendre, elle n’avait pas de répit. Et chaque coup porté, et chaque griffe plantée, et chaque choc reçu, elle crevait de douleur. Ses cris ressemblant à s’y méprendre à des glapissements de renards. C’était pathétique. Pour peu que ses yeux se tournèrent en arrière, ne laissant plus que le blanc visible, le solitaire savait comment la reprendre. Il en avait pour son argent et il semblait bien prendre son pied. La louve ne ressemblait plus à rien, couverte d’écorchures en tous genres, des plaies plus ou moins ouvertes, des muscles en piteux état, son beau visage défiguré par les plaies et la douleur, sa fourrure blanche et rose souillée de sang et de bave. Le loup l’avait tant et tant molestée que l’alpha n’avait plus de larmes. Ses deux orbites étaient creusées par la fatigue. Ses beaux cheveux tombaient mollement le long de son crâne. Et son corps tremblait encore, des spasmes le parcouraient. La dame respirait encore, difficilement, mais elle vivait encore.

Alors qu’elle pensait qu’il s’arrêterait enfin, laissant la carcasse aux vautours, elle sentit ce qu’elle ne voulait pas par-dessus tout. Etalée de tout son long, la louve blanche ne pouvait qu’être spectatrice de son destin. L’image se troubla tant l’eau prenait le dessus. Ses paupières se fermèrent, tordant l’expression résigné qu’elle avait. Le mâle s’y prenait comme une brute, autant que quand il utilisait ses griffes ou ses crocs. Souillant d’un peu plus de bave le dos de sa compagne d’un soir, la blessant plus profondément qu’il ne l’espérait. La honte se mêlait au dégoût et quelque part au plaisir coupable. C’est ainsi que ce finirait cette longue nuit de souffrance, tuant l’innocence et apportant son lot de malheur. Cassandre brûlait intérieurement, son être entier n’était plus qu’un vague masse impie et impure. Ses songes ne seraient assurément plus doux pour le restant de ses jours. Le solitaire beige avait gagné et désormais le poids de ces instants pèseraient sur son âme. Sa vie deviendrait un combat perpétuel contre ses souvenirs terrifiants. Et ses yeux se porteraient sur une progéniture laide pour le restant de ses jours. Quand il eut fini son affaire, Cassy avait fini par perdre connaissance. Se laissant aller à dormir un peu avec ses douleurs dans une marre de liquides en tous genres.

KAT

La folie ravage ses neurones, balaye la logique et les pensées censées. Il effectue son acte de la plus infâme origine avec le même ressentit que celui d'éventrer une proie fraîchement capturée. Le plaisir de la traque est retombé, il prend désormais ce qui lui est dû, voilà ce qu'il en était. Sous lui, il entend vaguement la louve geindre, mais le sang pulse trop à ses tympans pour qu'il daigne y accorder de l'attention ou la moindre lueur compréhension face à la détresse qui s'échappe de la blanche et prune.

Une pointe de frustration le tenaillait, sentant que l'inconnue ne prenait plus la peine de réagir. Mais il était trop accaparé par son activité pour prendre le temps de la réveiller et de la forcer à lutter. Alors il se contenta de grogner plus fort et de serrer un peu plus l'emprise qu'il avait sur cette fine et délicate nuque. Sa bave collait les poils de l'être coincé, formant des amas disgracieux qui venaient se frotter à sa langue. La sensation l'énervait, et le rendait encore plus agressif dans ses mouvements. Puis vint la délivrance, le relâchement de ses muscles et le soupir de plaisir.
Haletant, il lâcha sa prise et s'effondra à moitié sur elle. Ce n'était pas la première fois qu'il avait ce genre de rapport avec des louves, mais la situation dans laquelle cela venait de se produire était elle totalement inédite. Et pourtant il devait bien reconnaître que cette expérience ne lui avait pas plu plus que ça. Le massif loup sut qu'il ne recommencerait pas, non pas parce que la morale voulait qu'il fut horrifié par le crime qu'il avait commis, mais parce que cela ne lui avait pas permis d'atteindre l'extase qu'il avait pu connaître en d'autres circonstances. Cela faisait-il de lui un dégénéré et un monstre pour autant ? Oh que oui, sans aucun doute.

Mais lui s'en moquait, bien loin de se rendre compte de la déviance qui occultait son esprit. Il s'écarta alors de la loque qu'il avait traîné dans la cavité mal creusée. Ses yeux parcoururent la masse allongée, et il la poussa de sa patte blessée – petite pétasse agressive – pour ne constater qu'une totale absence de réaction. Renâclant grassement, il fronça son faciès en une grimace frustrée. Persuadé qu'elle était passée de vie à trépas, il souffla bruyamment en se demandant s'il devait la jeter dans une rivière ou se contenter de laisser son corps ici en offre aux charognards.

La seconde solution était celle de la facilité et lui convint totalement. Pourquoi prendre la peine de faire un effort de plus alors même que les lieux regorgeaient d'âmes affamées qui n'attendait pas mieux qu'un festin, à base de louve plus osseuse que grasse pour passer la nuit ? Il n'était pas très fier de lui, il voulait simplement la briser pas la tuer. Mais les yeux clos de la louve et son immobilité le convainquit qu'il avait été trop loin. Tant pis, après tout cette petite conne avait bien mérité de subir son courroux et s'il n'avait su jauger sa capacité à encaisser, c'était qu'elle était trop faible. Voilà tout, cette proie n'était finalement pas à sa hauteur. Si elle crevait là comme une oubliée des Dieux c'était sa seule faute à elle. Pas à lui.

Alors le loup crème et brun se détourne, ne prenant pas la peine de contempler plus longtemps la carcasse salie qu'il a abandonné sur le sol froid. Au final c'était toujours la même histoire : on se retrouvait toujours seul que ça soit lors de la vie ou au moment de la mort. Toujours, il fallait toujours faire le chemin sans personne pour épauler.
Kat sort dans la nuit qui s’éclaircit en vue de l'aube qui approche. La truffe en l'air, rougie par le sang qu'il a fait couler en ces quelques instants nocturnes, il se dit qu'il était peut-être l'heure d'aller se nettoyer des traces de son méfait. Hors de question qu'il pue la charogne morte toute la journée. Un bon bain matinal serait des plus agréables.

Mais tandis que son cerveau lui avait déjà fait oublier la moitié des horreurs qu'il avait réalisé pour se concentrer sur sa nouvelle activité à venir, le loup fit une grave erreur. De celles qui risquaient probablement de lui coûter la vie. Ce sombre imbécile n'avait à aucun moment pris la peine de s'assurer que la louve était bien morte. N'avait pas vérifié si, sous ce corps tuméfié et inerte, brillait encore cette griffe d'une lueur orangée.

Les Dieux n'avaient peut-être pas encore joués leur dernière carte...

FIN

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