Sweet nightmares [PV Alys]

Sujet: Sweet nightmares [PV Alys] Dim 31 Mar 2019 - 2:35

Les plaies avaient fini par cicatriser mais la plaie restait ouverte, béante, à jamais marquée au fer rouge dans son âme. Elle avait mis bas d’une petite louvette, si jolie et si laide, si innocente et pourtant témoin unique d’une nuit de cauchemars sans fin. Comment l’élever ? Seule et avec bien peu de soutien. Sa meute semblait bien plus contre elle qu’autre chose et peut être n’avait-elle pas agi en alpha. Cassandre se posait des questions et pourtant aucune réponse ne venait. Personne ne comprendrait ses actes, elle-même peinait à comprendre ce qu’elle faisait. Était-ce le bon chemin sur lequel elle semblait vagabonder ? Son esprit se perdait à mesure qu’elle broyait des plantes.

La nuit était sombre et pourtant une bougie de fortune brisait l’obscurité. Projetant des lumières diverses au contact des bouts de verres colorés pendouillant ça et là, éclairant fébrilement le mortier de fortune fait de pierres. Une boule de poil était enroulée sur le lit de mousse, battant une mesure bien lente. La petite silhouette respirait si calmement sous son grand chapeau. Par moment, la louve prune s’arrêtait dans son travail et jetait un regard mêlant haine et amour. Elle l’aimait malgré tout, c’était sa fille. Cassy observait souvent la petite endormie, détaillant son pelage, remarquant à quel point elle en haïssait les couleurs. Elle lui ressemblait physiquement, Harlow pouvait cependant passer partout mais l’alpha la retenait entre ces murs froids. Pour elle, pour sa sécurité, car elle deux, seule face à la nature, c’était un coup à ce qu’elles meurent comme de sinistres inconnues. Et être chassées de ce qu’elle avait toujours vécu, perdre le peu qu’il lui restait, ce n’était pas dans ses plans. La louve aurait bien pu abandonner l’enfant, mais son cœur se serait brisé et son corps aurait rejoint la terre sale des montagnes célestes. Car oui, elle n’aurait pas supporter davantage de souffrances. Et si Harlow n’était pas arrivée, elle serait partie définitivement.

Personne ne l’aurait pleurée, elle en était consciente. La dame était aussi consciente que sa position était instable, même Alys ne pouvait composer avec elle. Même si dernièrement, elle l’avait laissé plus gérer les choses. Intérieurement, elle s’en voulait de lui laisser la misère du monde sur le dos. Mais elle ne pouvait encaisser la haine des autres. Et si la louve avait eu de la force plutôt que de la beauté, elle n’aurait pas été dans cette situation. Situation à laquelle elle réfléchissait sans cesse et il était temps de parler à son collègue. Peut être plus tard, il devait déjà dormir à cette heure. Quand le rideau de l’entrée bruissa, ses oreilles frémirent et avant même qu’elle ne puisse reconnaitre l’intru, elle plaça une patte sur son museau et siffla entre ses crocs :

« Chut ! »

Il valait mieux que la petite ne se réveille pas après trois histoires, Cass’ n’avait plus rien en stock pour la calmer. La jeune mère se leva, s'approcha de sa fille pour vérifier qu'elle dormait bien. Puis délicatement, poussa de sa truffe quelques mousses pour la tenir au chaud.

Alys

Inclinant la tête, Alys congédia l’un des garde venu lui faire un rapport concernant les recherches sur ce maudit solitaire. On ne pouvait pas dire que cela avançait à vitesse grand V. L’obscurité s’était progressivement installée tandis que les gardes prenaient position, l’alpha salua Sheina dont la vue était grandement utile lorsque la lumière du jour disparaissait. Le disciple de Dairo en avait plein les pattes ces derniers temps, il avait laissé Cassandre se remettre de ses blessures, tentant tant bien que mal de contrôler les Etelkrus qui n’étaient pas tous forcément coopératif. Après tout c’était compréhensible, Cassandre et lui n’avaient pas été choisi par les dieux, mais par les alphas précédents. Cela ne leur donnait pas la même importance. Alys passa devant la pile de gibier pratiquement vide et saisi dans sa gueule un lapin qu’un des chasseurs avait attrapé. Cela détendrait peut-être Cassandre avant qu’il n’aille lui parler. La louve et lui avaient tendance à marcher sur des charbons ardents dès qu’ils étaient dans la même pièce. Toutefois, Alys n’était pas sourd et naïf, il avait eu vent de la mise bas de la louve, des rumeurs qui couraient sur l’identité du père. La femelle n’avait rien dit, mais nul besoin, l’Etelkrus se doutait bien que son agresseur avait fait bien plus que lui infligé quelques blessures. Il inspira avant de s’engager au travers du rideau de plante.

À peine eut-il fait un pas dans la tanière qu’une patte vint se placer sur son museau. Fronçant les sourcils, Alys posa ses prunelles améthystes sur Cassandre puis sur la petite boule de poils assoupie. C’était donc ça… L’ancien bêta pu reprendre son souffle lorsque la jeune mère alla voir la loupiote. Cette dernière ressemblait mine de rein pas mal à Cassandre, toutefois ses teintes marrons et beiges trahissaient l’identité de son père. Au moins en se fiant à la petite, ils pourraient plus facilement dénicher son géniteur, même si les choses seraient plus délicates…

« — Cassandre, on doit parler. » Il marqua une pause avant de pointer son museau vers la gamine assoupie. « De tout ça… »

Et cette fois, il comptait sur la louve pour donner le plus de détails possible sur son agresseur. Les Etelkrus devaient attraper cet individu avant de devoir pleurer la mort d’un individu plus jeune…

Visiblement, les grands esprits se rencontraient. Enfin Cassandre aurait pu le parier depuis le temps qu’elle avait laisser Alys se débrouiller de tout. Elle continuait de dorloter la petite en silence, laissant son souffle chaud l’apaiser davantage. Mais son regard se posa sur le mâle sombre quand il commença à parler. Le pauvre se faisait agresser d’une patte sur la gueule avant même qu’il ne puisse dire quoi que ce soit. Pourtant elle savait qu’il était inévitable de laisser passer le sujet le plus épineux. Et le mâle alpha qui pointait de la truffe la chair de sa chair, c’était indéniable qu’il avait compris que les rumeurs et les bruits de couloirs étaient bien fondés. La dame au chapelet admirait Harlow dans ses rêves, peinant à se décrocher de la vision de calme qu’elle avait. Mais elle ne pouvait couper court à cette discussion. Alors elle se leva, prit le gibier en hochant la tête pour remercier le mâle et déposa le dîner dans un coin. Il serait bien apprécié plus tard. Une lèche sur la fourrure brune qui bougeait à peine puis elle fit demi-tour toujours dans le plus grand silence.

La femelle se plaça à côté de son collègue et lui dit calmement :

« Suis-moi s’il te plait. Je préfère qu’on parle en privé… »

Ses yeux se perdirent une seconde au-dessus de son épaule puis elle sortit de la tanière. Les étoiles pour seule lumière, elle boitait toujours autant mais au moins la blessure n’était plus qu’une gêne passagère. Cass’ se plaça plus loin, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, ça avait du bon de garder une tanière éloignée. Elle s’assit et commença à remettre sa fourrure en place. La louve n’avait plus réellement la beauté pour elle, son visage couvert de cicatrices, le corps d’autant plus et la patte folle en prime mais elle tenait à garder un peu de dignité malgré tout. La maigre lune éclairait son dos et lui permettait d’observait son compagnon d’infortune. Sans trop de questions, elle commença :

« Avant que tu ne poses la question, oui c’est bel et bien SA fille. A toi je l’avoue car je ne veux pas plus de débat sur le sujet… Mais je t’implore de ne rien dire à personne, pas même à ta famille. Et encore moins à Harlow, elle ne doit pas savoir, je ne veux pas qu’elle devienne comme lui ou comme moi. »

Ses yeux transpiraient l’inquiétude face à la réaction d’Alys. Elle ne voulait pas tergiverser sur ce sujet et éviter à sa fille tout ce qui était laid en ce monde. La louve blanchâtre inclina la tête prête à le supplier si nécessaire. Au point où elle en était, sa fierté avait fini par mourir depuis longtemps.

« Je dois aussi te demander un service… promets moi que si jamais il m’arrivait quelque chose, tu t’occuperas d’elle comme de ta propre fille. »

Car oui, elle craignait de laisser cette jeune louvette seule face à une meute qui la jugerait par ses origines horribles. La dame se courbait encore plus, attendant le verdict.

Alys

C’était de l’amour et une infime tendresse qui brillait dans les yeux de Cassandre. L’amour d’une mère à l’égard de son enfant. Stupéfait, Alys regarda la louve surveiller sa progéniture, ses traits demeurant impassibles afin de demeurer le plus respectueux possible. Ô grand jamais il n’aurait pu croire que avec les rumeurs qui couraient, que la louve blanche et rose chérirait cette petit chose qui n’était pourtant que le fruit d’atrocités commises. L’ancien bêta se demandait bien comment lui-même aurait réagi à la place de la louve… Bien sûr l’enfant n’était pas fautive, mais la voir sans cesse devait faire remonter de désagréable souvenirs. Mine de rien, l’alpha était bien plus forte qu’Alys n’aurait voulu le croire. Plongé dans ses pensées, il sursauta légèrement lorsque de nouveaux elle lui adressa la parole. Hochant la tête, le disciple de Dairo attendit quelques secondes avant de suivre la femelle, histoire d’observer la boule de poils assoupie. Cela lui rappelait Siam, lorsque Ori le lui avait confié.

La pénombre accueillit le duo. Alys vint poser son arrière train sur le sol froid, mais avant qu’un seul mot n’ait traversé ses babines, Cassandre prit la parole. Plissant les sourcils, le noiraud ne l’interrompit pas, la laissant vider son sac, bien qu’il aurait bien voulu lui dire qu’il savait tout cela. Beaucoup s’en doutaient. La naissance de Harlow n’avait fait qu’attiser les rumeurs. Alys vint passer le bout d’une de ses pattes avant particulièrement abimé sur son front. Les migraines se faisaient de plus en plus fortes ces derniers temps…

« — Cassandre… »

Qu’aurait-il dû dire ? Qu’il était désolé de tout cela ? L’aurait-elle pris au sérieux ou l’aurait-elle envoyé balader par fierté ? Alys ferma les paupières en entendant la requête de sa con-soeur.

« — Cette enfant ne pourra pas éternellement être protégée de la vérité.»

Toutefois, ne devait-il pas au moins cela à la louve ? À Harlow qui était innocente dans toute cette histoire ? Jadis, le bêta qu’il avait été aurait eu un opinion très néfaste quant-a l’existence de cette loupiote. Après tout, n’était-il pas fautif de l’exclusion de Anianka et sa soeur ? Sans même parler de leur mère ? Aujourd’hui, son opinion sur le sujet avait bien changé. Néanmoins, Alys hésitait à s’engager, en vérité il avait peur. Dairo ne l’avait-elle pas prévenu que son pouvoir finirait par le consumer ? Son sang le tuait à petit feu, ce n’était plus qu’une question de temps avant que le coup fatal ne soit porté. Ouvrant de nouveau ses paupière, le regard hésitant, l’alpha entrouvrit sa gueule afin de donner une réponse.

« — Je te le promets. »

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