Une faveur ♖ Chefs Lazulis

Une faveur

▬ ft. Chefs Lazulis

Printemps 2019.
6ans et demi

Reste dans les environs, Mel. Je viendrais te chercher avant ce soir.

Le lièvre pendait entre tes crocs, ne portant dans ses yeux que le souvenir d'une vie. Il vint choir au milieu de ses semblables, ces proies entassées sur ce tas de gibier laissé à disposition des membres de la meute. Ça sentait le sang, la chair, ça portait la sueur des chasseurs venus prendre le pas sur ces animaux. Tu salivas, avala cet excédent qui s'amassait dans ta gueule. Tu ne pris cependant une proie, comme pouvait le faire d'autres : tu ne mangeais que rarement en journée, pensant encore comme un Solitaire.
Lorsque tu en étais encore un, tu n'avalais quelque chose qu'avant de dormir (ou plutôt, de te reposer, le sommeil ne pouvant se faire sur deux oreilles lorsqu'on était seul). Ainsi, tu t'épargnais ballonnement et retournement d'estomac, pour rester le plus efficace possible. Logique dont tu disposerais sans doute durant toute ton existence. Il y des choses qui ne se rattraperais pas.
C'était inscrit dans ton instinct de survie.

Tu levas le nez, regarda autour de toi.

Et maintenant ? Ta chasse était faite. Tu restais encore seul, à parfois te demander pourquoi tu avais joins cette meute, finalement. Tu regrettais ? Parfois, lorsque le manque d'activité te poussait à réfléchir sur ta situation.
Tes crocs crissent, les uns contre les autres.
Raclement désagréable.
Joindre une meute pour ne plus être un solitaire. Pour se faire quelques amis, appartenir à quelque chose. Finalement ? Pas grand chose. Sans amis sincères, il ne restait dans ton cercle de proche que cet ersatz de famille que ce que tu n'avais ni perdu, ni détruit (pas encore, du moins), concentrée en cette nièce.
P'tite Mel... Ton regard se perd. Aujourd'hui, tu irais demander son admission auprès de tes chefs, dans une demande qui déterminerait ta poursuite ou non au sein de cette meute, privilégiant cette fois-ci la famille à ton envide de vie en collectivité.
Enfin, si l'on pouvait parler de collectivité, hein. Car putain, c'était pas comme si tu faisais pas d'efforts ! Pour t'inclure, pour montrer qu'tu t'impliquais ! Tu devais en faire plus que la plupart, et pourtant, t'avais l'impression de vivre au sein d'un clan à moitié mort. Où tu n'aurais, finalement, jamais vraiment ta place.
Ils leur faudraient combien de temps, pour décider que tes preuves avaient été faites, que ton inclusion était bonne ?! Tu finirais par crever avant de vraiment appartenir à quelque chose.
Ou alors était-ce vraiment toi, le problème, à croire que tu étais fait pour une vie de clan, alors que tu n'étais bon qu'à rester orgeuilleux solitaire...
M'enfin, allez, cesse de te tourmenter.
Et espère que la présence de la jeune égaille davantage tes journées, qui prenaient de mornes allures au fur et à mesure que ton temps ici passait, à faire passer tes années de solitude pour des moments dorés.
Parce que là, t'atteignais doucement certaines limites, mon gars, et t'allais finir par de'vnir aigri.

C'est peut-être pour ça, que tu te poussas à une petite folie, avant de chercher les Chefs ?
Que tu t'éloignas, pour ne plus sentir l'odeur de la meute que tu ne portais qu'à moitié. Sans un regard vers quiconque, sans un mot. Tu t'éloignas.
La queue et la tête dans l'alignement de ton dos, dans une position de traqueur, tu forças le pas. Marche rapide, qui se mua en trot. Tes yeux fouillaient les environs, sondaient, cherchaient.
Quoi ?
Une plante.
Las de rapporter des proies, tu leur montrerais qu'en plus de chasser, tes capacités d'herboristes n'étaient elles-non plus plus à prouver. Tu irais chercher une plante qu'on ne trouvait aux alentours (comme le gingembre, qui devait expliquer la naissance de tant d'enfants). Quelque chose d'utile, un alicament qu'on serait ravi de retrouver sur son étal de plantes médicinales.
Tu visas un plant de moringa.

Tes oreilles se couchèrent sur ton crâne, alors que l'effluve puissante d'un félin secoua tes narines. Tu étais désormais loin de toi, à merci de prédateurs loin de vos mœurs. Tu les sentis, ces changements dans ton corps, ceux qui s'opéraient en même temps que l'angoisse saisissante. Le cœur qui se serre dans un étau, forgé d'un mauvais souvenir de jeunesse, lorsqu'un couguar aurait presque eu raison de temps alors que tu n'avais pas plus d'une année d'existence. Tu ne devais ta survie qu'à ton épaisse peau, qui t'avait au mieux préservé des plaies létales. Et surtout, à elle, folle solitaire, et du pacte qui te scellait désormais à elle, te faisant porteur du souffle de sa lignée.
Tu n'pouvais en vouloir qu'à toi. T'avais merdé, à écouté une vieille bique te diriger vers ce casse-pipe, à faire confiance à la première venue. T'avais merdé, à réitérer l'opération, à placer ta vie entre les pattes d'une solitaire timbrée qui te ferait, un jour, regretté de l'avoir suivi sur des terres bien plus lointaines.

Au lieu de ruminer tes mauvais choix, Teddy, tu ferais mieux de les accepter.

Tout comme tu devais tolérer le temps pris à ton intégration, toi l'inconnu qui finalement restait bien dans son coin, s'investissant dans la meute plus que pour la meute.
Reconnaître tes torts étaient une chose que tu n'appréciais pas, mais qui te serais nécessaire, toi qui jusqu'à présent ne cessait de cracher sur ton actuelle situation, que tu ne devais pourtant qu'à toi.
D'un bond, tu détendis les muscles de ton arrière-main, te propulsant bien haut sur les rochers. Il était là-haut, ton moringa. Plants qui envahissaient la hauteur.
Tu étais en bas du gouffre, lui en haut. Et ce chemin, fort escarpé, pour y parvenir, où les sauts seraient précis sous peine de chuter.
Renoncer ?
Tu avais besoin de réussir.
Alors, tu entamas cette ascension, aussi dangereuse soit-elle. A enfoncer tes griffes dans les roches friables, à saisir les racines entres tes crocs pour stabiliser ton corps et chercher stabilité de tes pattes. Il était risqué, d'ainsi se faire alpiniste. Et pourtant, tu étais là. Sans ailes pour te porter là-haut, toi qui n'avais pas hérité le meilleur de tes parents.
Juste avec tes dents, tes griffes et ton égo.

Un saut, à nouveau. Tu décolles vers un ciel prometteur, prêt à fouler la terre visée pour mieux cueillir ces plants. Mais un éclat te surprends. Blanc, prenant. Quelqu'un ? Tu as l'impression qu'un serpent file entre tes pattes, le soleil percute ta rétine et fausse l'apparence d'une silhouette. Tu ne sais plus, maintenant, le doute s'inscrit et tu rates la plateforme, alors que ta gueule claque dans le vide dans un dernier espoir, celui d'agripper quelque chose.
Mauvais choix, que d'ainsi se donner l'illusion d'un oiseau.
Mauvais choix, encore et toujours.
Ton épaule percutas le sol de pierre, encaissant le choc avant que ton flanc n'accuse le reste, coupant nette ta respiration. Tu restes un instant, comme ça. Sans savoir ce que tu avais vu, en étant sûr de rien.
Est-ce que tu t'arrêterais là ? Oui. Car entre tes lèvres, les plantes désirées, celles que tu avais attrapés dans ton fol envol.
Tu avais gagné, sans savoir si tu t'étais vraiment trouvé.

Rude fut la descente, tout comme boitillant fut le retour. Ton épaule criait sa douleur, celle que tu ignorais. Tu t'en faisais pas, pour toi.
Car ta hargne déchargée, tu rentrais chargée d'idées claires.
Tu ne passas pas par la grotte des herboristes, partant sans attendre vers le lieu où tu pensais trouver les Chefs.
Et tu leur lanças, sans prendre de gants, cette demande jugée déterminante pour l'avenir que tu te réservais. Celui au sein de cette meute, où tu donnerais corps et âme si l'on autorisait à ta nièce une vie plus paisible que celle qui l'attendait alors. Ton avenir la comprendrait forcément : tu ne la laissera pas tomber, comme tu avais bien pu laisser ton frère, en putain d'imbécile que tu avais bien pu être.
A partir de maintenant, chaque choix que tu ferais serait pleinement assumé.

« Messieurs. Bien que mon statut ne me le permettrait normalement, je me dois de vous formuler une demande d'une importance capitale. Pour moi. Mais surtout, pour elle. »

Capitale, puisque la vie de ta nièce même était en jeu.

« J'aimerais vous présenter ma nièce, Maria-Elena, pour une demande d'admission au sein de la meute. »

Rien que ça ? Tu restas droit. Sûr de toi. Tu ne reculerais pas, continuant de parler de cette assurance qui était la tienne, toi qui était déterminé à voir la fille de ta sœur vous rejoindre.

« Je sais que c'est risible, de la part de quelqu'un qui n'a même pas fini de s'intégrer. Mais je lui ai promis une chose : qu'elle ne serait plus jamais seule. Elle, orpheline et guettée de trop prêt par la malédiction de Pontos. Et c'est ce que je ferais. Pour elle, je serais prêt à redoubler d'efforts, à répondre à la moindre de vos demandes, à faire en sorte de couvrir ses besoins pour qu'elle ne soit un fardeau pour personne. Car elle n'en sera un, elle qui pourra grossir les rangs trop faibles des herboristes. »

Une fois qu'elle serait remise de sa dépression, et prête à revivre au sein de cette meute. Un nouveau départ, pour elle, pour lui. Tes yeux ne dévient pas de leur regard, cherchant l'un, puis l'autre. Culotté ? Non. Déterminé.

« Seriez-vous d'accord pour la rencontrer ? »

Si oui, tu irais la chercher.
Si non...
...

Une faveurAstaroth & Gloriel & Teddy

La famille ou rien. ••• Teddy. Un être prometteur qui avait décidé de les rejoindre. L'individu s'était relativement bien défendu, et s'était même défini comme étant polyvalent. Etait-ce vrai ? Apparemment oui. Le loup aux cristaux avait prouvé sa détermination quant à son intégration. Pour Astaroth, c'en était même une évidence. Cependant, il n'était pas seul à la tête des Lazulis, et heureusement. Donner sa chance aux solitaires, c'était une chose tout à fait normale pour le mâle anthracite. Mais était-il capable de faire la différence entre un individu doté de bonnes intentions et un manipulateur ? Il ne le savait pas, et son congénère était là, et grâce à lui il ne risquait pas de faire d'erreurs.

Les oreilles dressées, il observait l'activité du gouffre. Gloriel était là, à ses côtés, et les deux loups venaient de terminer une conversation sur les décisions à prendre. Pensant prendre congé de son congénère, Astaroth fut surpris de voir Teddy venir jusqu'à eux et se rassit. Quelque chose dans son regard et dans son expression prouvait qu'il n'était pas venu pour simplement discuter avec eux. C'était important. Comme pour l'inviter à parler, même si Teddy n'aurait sans doute pas attendu son signe s'il ne l'avait pas fait, il agita rapidement les oreilles.

Pour elle. Astaroth se contenta de cligner lentement des yeux. Ainsi sa nièce souhaitait rejoindre les Lazulis ? Souhaitait, ou devait ? Peu importait. Teddy semblait sûr de lui, et investi dans sa demande. Pour demander ainsi l'adhésion de sa nièce, il devait être sacrément proche d'elle. Il le laissa continuer sans l'interrompre. C'était une demande surprenante, surtout venant d'un ancien solitaire.

Astaroth fut touché par la détermination de Teddy. Sa nièce devait compter énormément pour lui. Il avait envie de lui dire un grand oui pour la rencontrer, pour qu'elle fasse partie des leurs, mais il n'était pas seul à prendre des décisions. Il était peut-être encore trop tôt pour se prononcer sur Teddy, mais l'alpha lui faisait déjà confiance. De par ses efforts, il avait prouvé sa volonté de s'intégrer. Il ne pouvait pas refuser, ne serait-ce qu'une rencontre, avec sa nièce. Il glissa un regard à son congénère. Il ignorait ce qu'il pensait du loup brun, alors il allait se prononcer, espérant ainsi influencer l'avis de Gloriel.

« Teddy, pour moi, tu n'as plus besoin de défendre ta place au sein des Lazulis car tu l'as déjà acquise. Tu as su montrer ton envie d'intégrer les Lazulis, et pour cela je te félicite. »

Il était facile d'abandonner quand on était l'intrus dans une meute, quand personne ne nous regarde d'égal à égal et qu'on ne se sentait pas rassurer. Mais malgré cela, il avait tenu bon, et avait résisté à l'un des instincts primaires des solitaires : la fuite.

« Je serais ravi de rencontrer ta nièce. Tout comme j'accepte qu'elle nous rejoigne, à une seule condition. Tu te porteras garant d'elle. »

C'était le minimum après tout. Si sa nièce ne faisait pas d'écart durant leur rencontre, alors elle allait pouvoir les rejoindre. Mais il fallait que l'ancien solitaire comprenne qu'elle allait devoir rester dans le droit chemin pour être acceptée. S'il était prêt à risquer ces longs mois d'efforts pour sa nièce, alors il lui faisait confiance.
Le mâle anthracite ferma un instant les yeux, et, quand il les rouvrit, il tourna la tête en direction de Gloriel.

« Qu'en penses-tu ? »

S'était-il montré trop clément ou juste ?

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Invité

L’esprit de Gloriel songeait au repos après une longue discussion avec le noir au sujet de l’avenir du clan. Ils avaient de nombreuses choses à régler, à améliorer pour le bien des leurs. Ils ne cessaient de se voir pour en discuter mais maintenant, l’heure de se reposer était venue. Prêt à s’en aller chercher le calme et le sommeil, il s’arrêta en voyant son compère se rasseoir. Cela était étonnant, n’en avaient-ils pas fini ? Tournant la tête, il aperçut le jeune loup aux cornes de cristal. C’était étonnant de le voir ici, d’autant plus que son visage semblait tout indiqué qu’une conversation sérieuse allait avoir lieu. Se reposant tranquillement, les yeux remplis de fatigue, il salua d’un hochement de tête le loup, s’inquiétant d’apprendre une mauvaise nouvelle. Il patienta quelques instants avant que Teddy ne vienne à dire la raison de sa venue. Écarquillant les yeux de surprise, il eut un petit hoquet de stupeur. Il ne s’attendait pas à voir l’ex-solitaire venir demander une faveur concernant l’avenir de sa nièce. La détermination du jeune loup était palpable et touchante. Le gris pouvait y sentir toute la puissance de la promesse qu’il avait fait à la louve qui devait l’attendre quelque part, attendant de pouvoir le rejoindre et se présenter devant les chefs de son oncle.

Gloriel écouta les paroles de l’anthracite et lui lança un drôle de regard, en entendant qu’il était déjà prêt à accueillir la demoiselle les bras ouverts au sein de leur meute. Même s’il posait une condition de garance, c’était pur folie que de faire cela sans même la rencontrer mais le guerrier ne dit rien. Si Astaroth avait déjà son avis sur la question, ce n’était pas son cas. Malgré une promesse, elle ne pouvait rejoindre aussi aisément les Lazulis. Ils ignoraient qui elle était, quels étaient ses réels desseins. Il fallait au gris le soin de la voir pour analyser ses faits et gestes, voir pourquoi elle aimerait les rejoindre.

« Teddy, ton statut te permet de faire ce genre de demande. Tu n’es plus un solitaire mais un Lazulis.

Souriant, il laissa quelques instants au cornu pour comprendre que ça y était, il était pour de bon l’un des leurs, qu’il pourrait dès demain aller quérir Moiro à son temple. Il n’avait plus rien à prouver, lui qui avait su être un bon loup pour bien des Lazulis, lui qui en avait aidé plus d’un par sa polyvalence.

« Quant au sujet de ta nièce, je serai moins catégorique qu’Astaroth. J’accepte de la rencontrer mais il faut que tu saches qu’à la suite de cette entrevue, il est possible que je refuse son intégration.

Il venait de dire sa position. Sans doute passerait-il pour le méchant mais au moins, Teddy était prévenu qu’il était à même de refuser s’il ne trouvait pas la louve prête à être une Lazulis. Gloriel commençait à avoir des réserves après le cornu et la louve licorne. Il ne perdait pas sa méfiance envers les solitaires bien que pour le moment, il les tolérait et les laissait se prêter aux tests du Clan. Mais il était possible que cette bonté se termine aujourd’hui ...

Une faveur

▬ ft. Chefs Lazulis

Printemps 2019.
6ans et demi

Ils te reçurent, quand bien même tu les dérangeais sans doute. C'était la fin d'la journée, ils s'apprêtaient sans doute à regagner leur femelle, et toi, tu débarquais avec ta langue pendue en imposant ton assurance. Soit. Ils t'écoutèrent. Et te répondirent.
L'un, puis l'autre.
Et c'est presque si tu fus surpris, de leur première parole. C'que tu ne t'attendais pas à ça, et t'retrouvais sur le cul ! Parce que ça y est. T'étais l'un des leur, désormais : tu n'étais plus le solitaire invité dans la meute. Tu étais un Lazuli. Tes yeux durent s'illuminer davantage, à ce moment précis, pris d'une émotion mêlant reconnaissance, fierté et satisfaction. T'avais plus rien à prouver, ouais.
Et tout cela te permettait de légitimer davantage la demande que tu leur faisais là. Tu hochas la tête, mouvement de remerciement envers tes deux supérieurs.
T'étais content, au fond, d'voir que tes efforts payaient.

Quand à Maria-Elena, à l'acceptation de cette nièce recueillie, les avis divergèrent alors. S'il n'y avait eu de soucis à ton sujet, il en serait autrement pour elle. Astaroth accepta, à condition que tu te portes garant d'elle : ce que tu aurais fais, qu'on te le demande ou non, prêt à assurer les arrières de ta nièce et à l'épauler à ton maximum. Gloriel, quant à lui, émit quelques réserves à son sujet.
Tu ne pris pas la mouche pour autant, gardant cette même confiance en toi. Parce que t'avais confiance, ouais : y avait aucune raison pour que Mel ne rejoigne les Lazulis, après tout.

« Je comprends, et vous remercie pour la chance accordée, quel qu'en soit l'aboutissement. Je m'en vais donc la chercher, pour que vous puissiez émettre votre jugement. »

Autre mouvement de la tête respectueux, qui te la fit baisser si bas que tes cornes vinrent racler le sol. Puis tu fis volte-face, partant chercher la jeune louve que tu comptais faire admettre ici. Elle le devait, ouais. Sa vie en dépendait, tant psychologiquement que physiquement.
Psychologiquement, car depuis la perte de ses parents, elle était fragile. Tu l'avais stoppé dans son élan suicidaire, ce jour d'avant le Grand Sommeil où elle avait voulu jouer à l'ange au dessus du gouffre. Mais qu'adviendrait-il, si elle était à nouveau seule ? Elle n'avait pas ta force : tu l'avais supporté, la solitude extrême. Elle, non.
Physiquement, car la malédiction dont été atteinte sa mère la rattraperait bientôt. Et elle brûlerait, même sous un ciel sans soleil, si elle ne se perdait pas sur l'île maudite...
Tu serres les crocs.
Tu avais eu de la chance, Teddy, de n'avoir été Raeder bien longtemps. D'avoir préféré la vie de solitaire, de t'être perdu bien loin de tes terres. D'avoir échappé à tout ça. Une putain de chance, oui, c'est ce que tu avais eu.
Tu retrouves Mel, non loin des frontières.

« Mel, t'es prête ? Je vais te présenter aux chefs. Il faudra que tu leur expliques pourquoi tu veux rejoindre les Lazulis, et en quoi tu y mérites ta place. »

Tu lui accordas un sourire plein d'affection, sans inquiétude. T'avais confiance, ouais : qu'elle te fasse confiance, aussi.

« Et ne t'inquiète pas. Tu es une louve jeune, pleine d'avenir, aux talents d'herboristes ! Ne l'oublie pas, et fais moi confiance. »

Tu prenait soin de souligner ses valeurs, celles qu'une dépression pouvaient trop souvent effacer. Mais qu'elle ne s'inquiète pas, ouais. T'étais prêt à appuyer ses propos, à la mettre en valeur. A la faire accepter, putain ! Il le fallait, vraiment.
Sinon, il faudrait passer à la solution de secours, hein. Celle que tu ne souhaitais pas, mais celle qui existait pourtant.
Chassant ça de ta tête, tu l'invitas à te suivre, retournant auprès des deux Chefs.

« Je vous présente donc Maria-Elena. »

Et c'était à elle de s'exprimer, maintenant.

Maria-Elena

Elle attendait que Teddy vienne la chercher. Elle était au bord de la frontière, et elle était assise, elle attendait.
Melly n’était pas les individus dont la curiosité les excède, ou dont la patience ne tient pas, qui transgresse les règles pour faire ce qu’il lui plait. Elle attendrait, assise là, aussi longtemps qu’il fallait, pour que son oncle revienne. Elle n’avait aucun doute qu’il ne finirait pas arriver, alors elle regardait au loin, et elle attendait.

Elle était super stressée. Elle avait envie de se ronger les griffes, mais se retenait fort. Elle s’était bien lavée, toilettée, et coiffée, pour être tout à fait présentable. Assise dans l’herbe, sous un arbre solitaire dans la prairie, elle était une petite tâche brune dans la verdure. Ses cheveux relevés en queue de cheval, son pelage bien lavé, court, bougeant un peu dans la brise, ses pattes propres et ses accessoires polis tout comme les pierres précieuses incrustés dans son front et ses pattes avant.
Elle comptait le nombre de brindilles d’herbe sous ses pattes lorsqu’elle entendit quelque chose au loin, et leva la tête pour voir Teddy qui venait vers elle. Elle n’osa pas pénétrer dans le territoire, donc elle se redressa, l’attendant au bord, son cœur battant très, très fort dans sa poitrine.
Il arriva et lui dit qu’il allait la présenter aux chefs. Melly avala sa salive. C’était la meilleure issue possible actuellement, mais cela ne la rendait pas plus facile ni moins stressante pour elle. Son futur, et même sa vie dépendait de sa présentation d’elle-même. Il fallait qu’elle plaise aux chefs, pour qu’ils l’acceptent chez eux, malgré sa nature étrangère. Son pelage portait encore l’odeur délicate des Nakhus, malgré tous ses lavages dans un ruisseau. Elle serait une étrangère ici. Et elle avait peur qu’on la juge comme telle.

Elle hocha donc la tête, faisant un petit sourire timide à son oncle, essayant de contenir la panique qui montait en elle, à chaque pas qu’elle faisait vers le camp des Lazulis. Pourtant elle devrait être si heureuse, si ravie. C’était probablement la chance de sauver sa vie, mais elle ne pouvait pas se réjouir. Elle pensait à ce qu’il se passerait si elle ne réussissait pas à leur montrer sa valeur, et cela la glaçait de l’intérieur.

Elle pénétra dans le camp aux cotés de Teddy. Malgré son énorme envie de se cacher derrière lui, pour éviter les regards des Lazulis qui la voyait comme ‘quelqu’un d’autre’, elle avait décidé qu’elle aurait l’air plus forte et courageuse si elle marchait à ses côtés. Alors elle marchait avec lui, évitant autant que possible de regarder les autres loups, pour ne pas accentuer la panique qui montait doucement en elle, faisant battre son cœur de plus en plus fort. Le bruit couvrait presque celui de ses pas à présent.
Teddy s’arrêta. Il la présenta. Mel leva la tête, et son regard rencontra deux loups, un noir et … un autre noir. Ils avaient l’air fiers, surs d’eux, plein de jugement, et leur regard sur elle lui broyait le peu de confiance en elle qu’elle avait. Elle ouvrait la gueule mais elle n’arrivait plus à parler. Et s’ils la jetaient dehors ? Elle allait mourir. Elle allait bruler comme sa mère, et mourir brulée. Elle ne reverrait plus jamais les fleurs qui s’ouvrent le matin, pour accueillir le soleil…

Elle avala sa salive, essayant de trouver un moyen de combler le silence pesant, mais plus elle restait silencieuse, pire ça devenait, et plus elle paniquait, et moins elle réussissait à parler.
Au bout d’un instant qui lui parut une éternité, elle réussit à bégayer quelque chose.
« B-bonjour Messieurs les A-Alphas, j-j-je m’appelle Maria-E-E-Elena … et … et … »
Elle était si inutile ! Ils savaient déjà comment elle s’appelait, Teddy l’avait dit quelques instants auparavant. Leur regard allait se remplir d’agacement devant cette bêtes inutile qu’elle était. Elle tremblait un peu. Elle était très grande et très mince, et cela se voyait immédiatement.

« Je-je suis guérisseuse, ou herboriste comme vous dites ici, et j’aimerai a-avoir une place chez vous, s’il vous plait »
Elle ne put en dire plus pour l’instant, et attendit leur réponse, son regard passant d’un loup noir à l’autre.

Une faveurAstaroth & Gloriel & Teddy & Maria-Eléna

••• Teddy s'absenta afin d'aller chercher sa nièce. Astaroth attendit avec impatience son retour, jetant de temps en temps des regards à Gloriel. Cette potentielle nouvelle recrue ne lui plaisait pas. Il savait que son congénère avait du mal avec les solitaires, pourtant ils devaient donner leur chance à ces loups. Ils devaient leur tendre la patte et leur donner une chance d'entrer dans leur grande famille. Morrow l'avait fait avec lui, et il l'en remerciait encore. A la tête de cette grande famille, il ne s'en sentait que plus fort, presque invincible.

Un mouvement attira son attention et il vit Teddy accompagné d'une femelle qu'il n'avait jamais vue. A son approche, il inclina respectueusement la tête et attendit qu'elle s'exprime. Comme à son habitude, il laissait les individus se présenter avant de faire un quelconque commentaire. Il devait comprendre à qui il avait affaire pour mieux répondre. Et ce jour-là, ce fut une louve en grand manque de confiance en soi. Il remarqua qu'elle paniquait, pourtant il ne bougea pas. Allait-elle être capable de se reprendre et de ne pas céder à la peur ? Une première épreuve pour la louve.

Elle parvint finalement à articuler quelques mots, et les oreilles du mâle se dressèrent. Une herboriste ? Une de plus ne pouvait pas faire de mal. Cependant, il avait peur qu'elle ne puisse pas entrer dans la meute à cause de sa peur. Astaroth tourna la tête en direction de Gloriel avant de reposer son regard sur Mel.

« Je suis Astaroth, et voici Gloriel. »

Il accompagna ses paroles d'un mouvement du museau en direction du concerné.

« Ecoute, je ne vois aucun inconvénient quant au fait que tu nous rejoignes. Cependant, il y a bien quelque chose qui me tracasse. Seras-tu capable de vaincre ta peur ? »

Si elle voulait vraiment entrer dans la meute, il était évident qu'elle allait dire oui, ou du moins qu'elle allait tout faire pour. De ce fait, le mâle n'attendit pas de réponse. Astaroth sentait le regard de Gloriel, presque brûlant sur lui. Il devait lui en vouloir d'être aussi clément envers la solitaire, il le savait, mais comment pouvaient-ils refuser de lui laisser une chance ?

Le mâle anthracite tourna de nouveau la tête vers Gloriel qui marmonna un "ok" avant de regarder ailleurs. Astaroth lâcha un soupir. Il ne pensait pas se montrer trop gentil, mais l'air de son congénère laissait penser tout le contraire.

« Je te souhaite la bienvenue chez les Lazulis, Maria-Eléna. »

Il lui fit un sourire, espérant ainsi rassurer la femelle.

« Comme ton oncle, tu seras testée durant quelques mois, et lorsque tes mentors le décideront, tu pourras faire entièrement partie de la meute et prétendre à un glowstick. »

Il faisait confiance à Teddy pour la guider. Si le mâle était prêt à risquer tous ces efforts pour elle, il pouvait faire confiance à la femelle.
Il devait y croire.

Son regard croisa celui de Teddy, il fit un rapide hochement de tête à son intention.
Il croyait en lui.

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TERMINE

» Le premier pas de ta nouvelle vie ♖ Anianka & Chefs Lazulis
» Le roi de la montagne ♖ Libre
» [CLOS] Territory ♖ Anianka
» Se souvenir d'où on vient ♖ Spleen
» Ce qu'apporte le printemps ♖ Anianka