Violations [Libre]

Violations

Les ombres s'allongeaient sur le plateau verdoyant de l'île, la Roseraie était presque entièrement recouverte de ce menteau sombre déployé par le coucher du soleil. Une fraicheur crépusculaire commençait à s'installer.

Des grondements s'élevèrent sur l'île aux roses, apportés par l'écho de l'air marin. Quelque chose s'y passait. Un hurlement éclata soudainement, aigu et fort, alarmant tous les gardes alentours.
Un Lazuli était en danger.

Les minutes s'écoulèrent, le corps d'Anianka jonchait le sol, allongé dans un tapis d'herbe et de fleurs tâchés de multiples gouttes de sangs. Ce lieu d'ordinaire apaisant prenait une teinte macabre et terrifiante avec ce rouge écarlate.

Là, non loin de la prêtresse, un loup sombre se tenait debout, caché sous un capuchon souillé par du sang. Leur frontière avait été violé, un étranger venait de s'infiltrer sur leur territoire, proche du temple sacrée de la tigresse. Il ne s'agissait pas de n'importe quel étranger, c'était nul autre que Alys, l'Alpha des Etelkrus. Il avait osé pénétrer ce territoire qu'il jugeait barbare et s'en prendre à une des prêtresses de la meute. C'était un affront pur et simple, une menace. Il s'était vengé, vengé de la trahison d'Anianka lorsqu'elle avait décidé de quitter les Etelkrus. Elle qui était trop faible pour se défendre, encore pleine de ses petits, encore vacillante de ce viol atroce commis hors du territoire.

Bien pire qu'un affront, c'était une déclaration de guerre.

Il avait reconnu ce hurlement, il avait reconnu la voix. Si d'ores et déjà un hurlement sur les terres Lazulis aurait alerté n'importe lequel d'entre eux, même le mort aigri qu'il était à force de hanter le même bout de terrain continuellement, reconnaître un appel d'Anianka changeait pas mal la donne sur son avis personnel. L'avantage était qu'il était léger par manque d'aspect physique, ça lui permettait d'être rapide bien que la descente du soleil pour laisser le règne à la lune le ramenait petit à petit à ce monde de toucher. Pas de souffle à reprendre, le mâle filait droit devant jusqu'aux terres de Moiro et territoire de sa prêtresse. Le temps qu'il arrive sur place, sa forme squelettique au cœur luisant du bleu de la déesse dragonne s'était affirmé, la lune avait gagné sur le soleil. Image surnaturelle du mort au milieu des épines acérées.
Quartz en voulait toujours un peu à la louve, jalousant les petits à venir mais maintenant qu'il connaissait les raisons pour cette naissance à venir,il cherchait un loup à haïr. Le fantôme n'était quelqu'un de très gentil, son mauvais caractère n'aidant en rien à cela.Il n' avait jamais de vrai amitié saine non plus et une vie assez solitaire en soit. Il y avait ceux qui l'appréciaient et ceux qui l'ignoraient, lui avait ceux dont il aimait la compagnie et ceux qui par défaut il détestait. La forme lupine qui se découpait devant la louve au sol lorsqu'il arriva, il avait décidé qu'il la haïrait un peu plus que les autres. Croyait-il aux fantômes ? La réponse n'avait pas d'importance, pas la nuit, pas lorsque la lune était maîtresse du ciel, pas à cette heure où l'apparence véritable des monstres se dévoilait et que les morts sortaient de la terre. Il grogna, son lugubre de résonnant entre ses os qui s’amplifie lorsqu'il remarqua la blessure sur la rousse.

« C'est toi n'est-ce pas ? »

C'était une accusation gratuite, Anianka avait dit un loup ébène, ce loup était noir, ça avait été sa seule description et ça suffisait. Si Quartz connaissait la plupart des ragots chez les Lazulis, il s'en contrefichait des autres meutes, de ce fait, il voulait bien reconnaître que oui, effectivement, il ignorait qui étaient les autres alphas. Il ne reconnut donc pas le mâle étranger qui dominait la prêtresse, alors l'accusé pour tout les mots satisfaisait bien le mort. Il s'en fichait d'avoir tord sur son jugement hâtif, il avait de toute façon visiblement blesser une lazuli, il était de base condamnable, qu'importe les actes véritables, simplement ça permettait au fantôme de nourrir sa colère. S'il râlait souvent et insultait beaucoup, sa nature l'obligeait à être relativement passif, mais pas ce soir. Il fit claquer ses mâchoires dont le son se prolongea dans un echo.

« Évidemment que c'est toi, qui d'autre ? »

Quel loup noir viendrait jusque sur la petite île du territoire lazuli pour y agresser la prêtresse ? Qui si ce n'était celui qui lui avait déjà pris sa dignité ? Il n'attendit pas de réponse, pas d'approbation de son amie, pas de vrais combattants lazulis. Quartz avait de toute façon, juste envie de mettre un visage sur ce loup qu'il avait envie de haïr pour Anianka.
Et elle, elle avait la mort dans son camp.

Un cours instant, Alys eu une once d’espoir, cette morveuse avait finalement peut-être écoutée ? Mais bien, vite, il redescendit sur terre en entendant l’agressivité dans la voix de son interlocutrice qui semblait plus remontée que jamais. Tant pis… C’est alors qu’une chose inattendue se passa. Anianka se mutila volontairement, ses traits déformés par ce que Alys semblait percevoir comme un début de folie. Bien que l’odorat de l’Etelkrus était inutilisable, il ne pouvait qu’imaginer l’odeur métallique du sang qui envahissait l’air. Bien avant qu’il ne puisse intervenir, la louve fut sur lui, le souillant. Tant bien que mal, l’alpha se dégagea tandis que son agresseur poussait un hurlement. À bout de souffle et profondément choqué par ce qui venait d’arriver, le loup cracha au sol, tentant de se séparer du gout du sang d’Anianka. Ses prunelles vairons brillèrent d’agacement et de mécontentement.

« — À quoi tu joues bon sang ? »

Lui qui était venu ici avec une idée des plus pacifiste en tête, voilà que cette morveuse venait semer la discorde ! Les gardes risquaient de se pointer d’un moment à l’autre et les preuves jouaient en son désavantage… Quoique… Peut-être pas toutes. En y regardant bien, certains comprendraient peut-être qu’Alys n’y était pour rien dans tout ce complot.

« — Tu es bien loin du compte Anianka, penses-tu réellement que je m’en prendrais à une louve sur le point d’avoir des petits ? »

Certes, il la détestait, mais de là à l’attaquer… Jamais Alys ne prendrait le risque de rendre des enfants orphelins. Tout cela lui donnait une violente migraine. L’alpha massa doucement ses tempes avant de rabaisser son capuchon. Le gout du sang dans sa gueule lui donnait la nausée. Un frisson parcourut l’échine du mâle tandis qu’une étrange créature intervint. Une loup à l’apparence décomposée. Un fantôme. Voir pire, la mort. Alys frôlait si régulièrement cette dernière qu’il n’avait aucun mal à croire en son existence. L’attitude du Lazulis fut des plus agressive et l’alpha était trop choqué pour effectuer le moindre mouvement.

« — Non… jamais je… »

Pourquoi ? Pourquoi les mots avaient-ils tant de mal à sortir de sa gueule ? Un autre loup fit son apparition, mais l’Etelkrus ne le remarqua pas. Il ne voyait que le sang. Ce n’était pas Anianka qui se trouvait devant lui, mais une version de lui-même louveteau. Tout semblait sombre autour de lui, le rire sinistre de Gaia, son terrible agresseur, était le seul son audible. Il sentait les griffes du solitaires s’enfonçaient dans sa chair, mutiler son odorat, le privant de ce sens, se complaire de la souffrance qu’il infligeait. Cette rencontre si longtemps oublié, resurgissait subitement. L’impuissance envahissait ses sens, tandis que le loup couchait progressivement son corps sur le sol, inspirant profondément en fermant les yeux. Réveille-toi. Réveille-toi. Bon sang Alys, ce n’est pas la réalité ! MAIS RÉVEILLE-TOI !

Le loup revint alors au présent, le trio de Lazulis qui se faisait face, un des mâle à cornes s’était tourné vers la prêtresse comme si quelque chose n’allait pas. Progressivement, Alys se souvint de sa présence ici et se redressa, avant de poser un regard emplie de pitié sur cette louve des plus arrogante. C’était à elle maintenant de se justifier.

Affaiblie par cette attaque, Anianka peinait à lever le museau du sol tant sa tête lui tournait. Ses enfants.. elle s'inquiétait pour eux. Quartz arriva le premier et elle leva les yeux sur lui, brave combattant cherchant à la protéger. Il était venu pour elle, il était venu la secourir et elle l'admira avec une reconnaissante indéniable.
Teddy arriva également et se jeta à son chevet pour la soigner, une larme perla sur le coin des yeux de la futur mère au moment où elle détourna son attention du fantôme pour le fixer lui.

Mon ventre.. Mes enfants.. Murmura la prêtresse tant bien que mal en agitant son museau.

Il buta sur les griffures imparfaites où la chair pendait encore. Il comprit qu'elles ne pouvaient pas provenir d'un mâle et pourtant, Anianka avait pris soin de faire une entaille illisible aux contours grossiers, elle n'était pas du genre à faire les choses mal ou à moitié. Elle le vit douter du coin de ses yeux semi ouverts et jeta un regard noir à l'alpha qui la fixait avec son mépris habituel. Comment pouvait il avoir des doutes sur la présence de cet étranger caché sous sa capuche ?

Une rage s'empara d'elle et elle puisa dans sa douleur pour cracher ses mots, le souffle saccadé par la douleur qui lui prenait le bas ventre, la patte et la tête :

C'est Alys ! …
..Il veut ma mort !...

…Il n'était pas seul ! Il ne faut pas qu'il s'échappe...

Sa vois se termina en un sanglot étouffé et des larmes coulèrent le long de son museau, tandis qu'elle dévia ses prunelles souffrantes sur le bélier avant de laisser sa tête tomber sur la terre.

Les élancements s'accentuèrent et elle couina entre ses crocs, à la fois terrifiée et pleine de fureur. Elle tenta de se lever mais ses petits remuèrent et son bassin se crispa sous une puissante contraction qui la fit retomber à terre rapidement. Aux couinements se mêlèrent des grondements, elle l'aurait bien tué d'elle même si elle avait pu. Elle voulait se venger ! Se venger de tous ceux qui lui voulaient du mal. Mais elle en était incapable car elle était trop blessée et ses enfants étaient en danger, ils risquaient de mourir si elle se montrait trop imprudente.

Ils ne restaient donc plus qu'eux pour la venger.

Allongée à moitié sur le flanc, sa patte ensanglantée tendue vers l'avant en direction de l'assaillant à capuche, elle supplia du regard ces deux compagnons pour qu'ils la croient, elle plutôt que lui, l'alpha ennemi qui les considère comme des sauvages et qui l'a toujours méprisé elle et toute sa famille.
Teddy lui devait un service et elle espérait que du fond de sa mémoire il s'en souviendrait, elle espérait surtout que du fond de son coeur, il la croirait elle, parce qu'elle avait toujours était bonne avec lui et qu'elle le considérait comme son ami.

Bien plus que des amis, ils étaient liés, tous, par les liens de la meute. Et ils devaient tous se protéger les uns et les autres, s'unir contre ceux qui voulaient leur nuire. Teddy était nouveau, mais il faisait partie de leur meute désormais. C'était ça, d'être en meute : être soutenu et protégé par les autres, peu importe les difficultés, être solidaires..

Quartz n'était pas un combattant, en fait, il était même très mauvais dans cet exercice. Pour preuve, sur sa tentative de morsure première, il se retrouva à avoir sa mâchoire qui commençait à se décrocher. Se décalant de quelques pas, il s'occupa à peine du petit nouveau de la meute qui accourait aux soins d'Anianka et profitant de l'état de étrangement végétatif de l'agresseur, le fantôme remit ses os en place à l'aide de ses deux pattes avant dans un claquement sec. Puis Teddy instaura le doute, le mâle étranger avec sa non réaction instaura le doute. Tout deux fixèrent Anianka dans l'attente évidente de réponse. Quartz lui fixait tout le monde, la pointe de son museau allant de l'un à l'autre et s'il n'avait pas eu son actuelle forme squelettique, l'expression de son avatar fantomatique lui aurait fait levé un sourcil.
En guise de réponse, la louve rousse devint comme hystérique, hurlant des accusations à l'encontre du loup noir avant de lâcher un... sanglot ? Quartz avait toujours vu Anianka comme une louve forte, pas vraiment du genre à pleurer. Ça fit tiqué quelques instants le mâle blanc mais si cette démonstration de faiblesse le dérangeait un peu, la fureur qui l'accompagnait elle, était plutôt communicative. Le fantôme n'avait jamais été un loup très gentil, que ce soit de son vivant ou dans sa mort, il avait toujours eu cette pointe d'égoïsme qui le rendait désagréable bien plus que son mauvais caractère. Il avait envie d'haïr quelqu'un et il préférait croire la louve, pas parce qu'il la croyait, il avait aussi un arrière goût en gueule à ce sujet mais... les morts n'ont plus la sensation du goût et Quartz choisissait la voie du favoritisme plutôt que celle de la vérité. Il préférait la lazuli à l'étranger, son amie à l'inconnu.

Reprenant une position agressive, il poussa à nouveau ce grognement lugubre semblant provenir tout droit de l'au-delà lui même, résonnant en écho entre ses os. Le mâle blanc n'était pas certain que l'autre lazuli, Teddy, le suive dans cette idiotie, il ne lui aurait pas demandé de le faire d'ailleurs. Le fantôme doutait de vaincre le mâle noir d'ailleurs, il ne savait pas se battre et sans chairs, muscles et organes, il était bien plus léger. Ça ne l'empêcha pas de charger l'ennemi.

[dé]

Ça ne l'empêcha pas de se rater à nouveau d'ailleurs. Le fantôme vint s'écraser contre le mâle noir, sa mâchoire sauta de nouveau dans une morsure échouée, doigts et côtes s’emmêlant dans les accessoires, l'empêchant de reculer pour prévenir d'une éventuelle riposte

Ce n’était que du cinéma ! Anianka manipulait ses propres compagnons de clans afin qu’ils s’en prennent à Alys. Ou alors, espérait-elle que ce dernier riposte, donnant une raison de plus à ces loups de l’attaquer ? L’Etelkrus aurait en effet dû riposté, ce n’était pas les occasions qui manquaient, mais cela n’aurait que démontré sa culpabilité. Alors, même si l’honneur de l’alpha en pâtissait, mieux valait subir les coups, que de laisser cette manipulatrice gagner. Le mâle fronça les sourcils en entendant la bâtarde l’accuser une énième fois de l’avoir agresser et pas seul cette fois. Mais il n’y avait aucune autre odeur, le noiraud était venu seul initialement pour s’excuser.

« — Je n’ai RIEN à voir avec ces blessures. Votre prêtresse vous manipule car elle souhaite se venger de l’humiliation subit jadis. »

Et quelle humiliation ! Au final le loup ne regrettait pas d’avoir fait parti de ceux qui la jugèrent comme elle était, une erreur. Le fantôme tenta une nouvelle attaque, mais se loupa, son corps semblait avoir quelques difficultés à bouger… toutefois le disciple de Dairo avait quand même fait un petit saut d’esquive au cas où, rouvrant ses blessures aux pattes. Merde ! C’était clairement pas bon, si il ne les refermait pas, l’alpha ferait une hémorragie… Son pouvoir était devenu bien trop instable pour qu’il puisse espérer quoique ce soit de lui, ce serait d’ailleurs un miracle désormais ! Mais cela faisait bien longtemps qu’il n’y croyait pas, tout comme il avait abandonné la foi pour un certain nombre de choses. Alys fit donc face aux deux loups, espérant qu’ils se réveillent et se rendent compte que lui dans toute cette histoire était innocent.

« — Posez-vous les bonnes questions, pourquoi un alpha serait venu agresser une prêtresse sur vos terres ? Pourquoi n’aurait-il pas pris la fuite sitôt ses méfaits commis ? Et surtout où sont les preuves d’un deuxième assaillant ? Ne trouvez-vous pas cela trop facile ? »

Les Lazulis devaient trouver certains points étranges, alors pourquoi ne remarquaient-ils pas que des éléments manquaient ? Anianka les avait-elle tous ensorcelés par ses belles paroles ? Les bandages aux pattes du mâle devinrent rapidement rougeâtres. Alys posa alors ses prunelles vairons sur cette louve responsable de tout, une lueur attristé dans le regard.

« — Tuez-moi si cela vous chante, mais jamais, ô grand jamais je n’aurais fait de mal à ses enfants. Après tout, ils ne sont pas responsables du vice de leur mère. » Le loup marqua une pause avant de reprendre. « Je regrette sincèrement ce que tu es devenue Anianka, mais cela ne change rien au fait qu’il n’y a eu aucune agression et que m’accuser ne changera rien à ta vie.»

Oui, la mort ne l’effrayait plus depuis longtemps, alors si son heure était venue, que la mort vienne donc le chercher. Il ne paierait pas pour une fausse agression, mais au moins sa vie serait-elle moins douloureuse ?

De sa position à terre, la prêtresse observa tout. Elle serrait les crocs dans un grincement strident, elle avait envie de se lever et de faire le travail elle même. Quartz parut hésiter lui aussi en observant l'état peu normal de la femelle, ce qui était totalement compréhensible. Anianka ne s'était jamais montrée faible et pourtant là elle était à bout de force, elle avait peur pour la première fois, peur pour ses enfants. Et ce sentiment la surprit elle-même.
Le choc entre Alys et elle a été si fort qu'elle craignait de mettre bas ici et maintenant, prématurément, et d'assister à la naissance de tous ses petits morts nés. En observant son ventre s'arrondir, la futur mère s'était prise d'affection pour ses futurs bébés. Elle avait développé un instinct maternel inattendu et surtout redoutable, car elle se sentait prête à faire l'impossible pour eux.

C'est pourquoi elle restait à terre, c'est pourquoi malgré elle ses yeux s'imbibèrent d'eau en constatant son impuissance.
Elle grondait, toujours plus fort. Son regard noir foudroya le mâle étranger alors qu'il la blâmait. Comment osait-il ? Lui qui voulait la mort de ses mères, qui l'avait rejeté elle et sa soeur, lui qui a causé la disparition de Noroi.

Ne l'écoutez pas.. Intervint-elle avec colère en essayant de se relever une seconde fois en forçant sur ses pattes avants.

C'est lui qui cherche à vous manipuler, il veut vous monter contre moi ! S'écria-t-elle dans un grognement d'indignation.

Les paroles de l'alpha paraissaient censées et pourtant, la version d'Anianka était tout aussi plausible, même davantage lorsqu'on constatait le danger auxquels ses enfants étaient mêlés. Elle était blessée alors que lui non, il avait son sang sur la gueule. L'odeur des Etelkrus était présente, mêlée à celle du sang, alors comment pouvaient-ils se fier à ça ? Comment pouvaient-ils seulement douter d'elle alors qu'elle faisait partie de la meute et lui non ?

Écoutez moi.. Parvint-elle à articuler en reprenant son calme, mettant les souffrances que lui causaient son bas ventre de côté.

Alys m'a toujours méprisé pour ce que j'étais : une “batarde”. cracha-t-elle en le citant.

Ce n'est qu'un monstre ! Il cherche à se protéger, il a trop peur que sa meute se retourne contre lui ! Croyez vous sérieusement qu'il vous dirait la vérité si il avait voulu tuer mes enfants ? Si il avait prit la fuite, vous auriez su alors tout de suite la vérité..

Sa respiration était forte, les contractions l'obligeaient à serrer les dents et à couper ses phrases.

Il m'avait déjà menacé.. Il conspire dans le dos de sa meute, ils confirmeront ses absences eux ! Aboya-t-elle avec révolte.

Comment pouvez vous le croire lui alors qu'il pénètre sur nos terres sans accords, alors qu'il se cache derrière sa capuche et qu'il vient jusqu'à moi, alors qu'il a de la famille ici ! Il veut vous retourner contre moi pour que je sois exilée encore !

Elle tourna les yeux un instant sur son ventre, alors qu'elle était dans une position semi assise, les pattes arrières encore allongées. Son échine hérissée montrait une forme d'hostilité alarmante. Y avait-il seulement lieu de douter en cet instant, alors que la vie de ses enfants étaient en péril ? Elle jeta un regard à la fois inquiet et incompris à Teddy, il fallait qu'elle se fasse soigner rapidement, le débat était inapproprié. La confusion était elle seule inappropriée d'ailleurs, elle était sur son territoire, elle était pleinement heureuse auprès des Lazulis, elle n'était pas en tort, alors que lui il avait tout contre lui. Si il fallait des preuves de son mépris, Sorrow et les Etelkrus leur en donneront, ils étaient présents eux aussi.

Si j'avais voulu vous manipuler ou le manipuler lui, pourquoi n'aurais-je pas utiliser simplement mon pouvoir ? Interrogea-t-elle en jetant des regards scandalisés à ses deux compagnons.

Son regard s'arrêta un instant dans les yeux vides du fantôme, de son ami d'enfance.

Quartz, tu as assisté toi même à une démonstration de son mépris contre moi, lorsque nous étions passer sur les terres Etelkrus il y a plusieurs dizaines de lunes. Ne te souviens-tu pas ?! S'exclama la prêtresse tout en le tenant sous le feu de son regard.

Ce soir là, Alys l'avait menacé déjà d'utiliser sa fourrure pour les anciens, il la haïssait si intensément que l'on pourrait soupçonner de la folie. Il la considérait comme de la vermine, comme de la merde et il s'en servait comme souffre douleur. Le fait qu'Anianka le nargue et se joue de lui le faisait perdre contrôle et il avait fini par craquer, par passer à l'acte.

Il s'attendait à une morsure mais il se fit simplement chasser. Le mâle noir n'avait même pas besoin de se battre, les deux mâles lazulis se débrouillaient très bien pour perdre  tout seuls. Le fantôme remit à nouveau ses os en place, écoutant à peine l'argumentaire de l'intrus. Oh c'était  lui l'alpha des voisins maintenant ? Il était vrai que ce bon vieux Ezkhiel devait être... très vieux justement maintenant. Lui même n'était plus tout jeune sur le plan de l'existence, mais il était mort, le temps n'avait plus d'impact sur ceux qui ne vivaient plus. Quartz se disait bien que le nom d'Alys ne lui était pas étranger mais ça ne changeait rien. Le blanc n'était pas intéressé par la politique, c'était elle qui avait fini par briser sa famille, déjà qu'elle n'était pas exemplaire. Les histoires entre les vivants, il les écoutait mais n'intervenait jamais, ici il n'agissait pas pour régler quoi que ce soit ou pour rendre justice. Il écouta à peine le noiraud, prenant simplement le temps de remettre sa mâchoire.
L'argumentaire d'Anianka par contre... il l'agaça du plus au point. Elle gueulait pas parce qu'ils étaient mauvais combattant, elle insultait le noir mais ce n'était pas à lui qu'elle s'adressait, non elle, gueulait parce que les deux mâles lazulis avaient eu un doute, parce qu'ils ne la croyaient pas. Elle argumentait en racontant sa vie, elle faisait remonter de vieux souvenirs pour sa cause. Ça vexait le fantôme, elle croyait avoir besoin de ça pour qu'il la défende. Il ne connaissait pas le mâle brun, il ne savait si lui avait besoin de ça ou non, mais c'était son nom, Quartz, qu'elle avait prononcé.

Il détourna ses orbites vides de l'intrus les diriger vers la femelle blessée, elle ressemblait à ces forts qui devenait faible dans un paroxysme d'hystérie, il la préférait quand elle était sûre d'elle, quand elle ne dévoilait rien mais parvenait à gagner quand même. Il claque ses mâchoires, écho osseux qui couvrait à peine les grognement hargneux de la louve.

« Cesse donc de te placer en victime. »

Ça l'insupportait, être une dominante lui donnait de la splendeur, être au même niveau que ces autres femelles qui pensent aussi qu'on leur doit quelque chose la rendait terriblement inintéressante. Il se détourna d'elle pour reprendre une position agressive dirigée vers le mâle noir.

« Je ne me bats pas pour la vérité. » Il se battait pour elle. « Je me serais déjà barré sinon. »

Il était coursier, c'était pas son rôle d'être en première ligne. Il se battait parce qu'il y avait son amie dans l'équation, au delà de ça et bien au delà de la vérité dont les deux camps défendaient férocement sa version, il y avait en jeu une lazuli blessée, prêtresse qui plus est face à un étranger qui ne semblait pas prêt à vouloir partir et couvert de sang, le tout sur leur territoire à eux. Il y avait eu un appel de détresse et il y avait répondu, il n'aurait arrêté que sur les ordres de Gloriel ou d'Astaroth... possiblement.
Il attaqua de nouveau.