La douce et la brute - [PV Limule]

Rhaegar
Louveteau de + 6 mois

La douce et la brute

Quelle journée de merde. Il était en colère, Anianka lui avait refusé l'accès à la terre ferme parce qu'il s'était échappé la veille en terrain solitaire, alors il était obligé de rester sur l'Île. Mais rien ne le forçait à rester en compagnie de sa mère ! Alors il s'était réfugié le plus loin possible, tout au bord au sud de l'Île où les dunes de sables étaient plus grandes et le vent plus fort. Il n'aimait pas trop ça, le vent. Avec le sable ça formait des tempêtes violentes, le sable lui fouettait la gueule et s'immisçait dans son pelage épais à lui coller des plaques rouges. Il se grattait toutes les minutes et s'énervait comme un con.
Il était encore jeune, mais avec toutes ses bêtises il allait bientôt être mis sous mentor et il détestait cette idée. Il n'avait pas besoin d'une nounou !

Il tourna la tête vers la mer ondulée aux multiples reflets, le visage ridé en une expression contrariée. Au loin le bleu de l'eau était plus foncé, comme si les profondeurs étaient infinies. Alors que tout près de lui, elle était presque transparente, c'était plutôt beau de pouvoir observer les animaux marins si près du large. Assis sur le sable durci par la descente de la mer, il dessina quelque chose avec l'une de ses griffes.
Ça ressemblait à.. à rien en fait. Il écrasa tout d'un poing ferme, c'était pas son genre de dessiner, il n'était doué qu'à se battre lui.

Il soupira grossièrement et pria la déesse Moiro pour que la journée passe vite, afin qu'enfin demain vienne et qu'il puisse quitter l'Île.

Le Continent était décidément bien trop grand ! Habituée à Morne-oeil, Limule désespérait à s'y perdre continuellement, pourtant elle avait du sang du continent, elle le savait, on ne le lui avait jamais caché mais ces derniers temps, à force de tourner en rond sur les territoires qu'elle ne connaissait pas. Et puis au delà des arbres, au delà du gazouillement des micro oiseau de la Terre, elle l'entendit, ce si doux son familier. C'était comme la voix d'un ami, d'un parent qui venait vous chercher pour vous ramener à la maison. Elle se mit à courir, se précipitant vers ce son. Parmis les multiples odeurs de résines, de mousse et de terre il y avait celle qui était la meilleur de toute, celle du sel, celle de la Mer. Elle se casse la figure sur une branche, se releva aussitôt, remit droit le crâne sur sa tête, reprit sa course, foula le sable, marchant aisément dessus, son sourire grandissant à chaque pas jusqu'à ce qu'elle rentre d'un bond dans cette eau trop salée qu'elle vénérait bien plus que d'habitude à cet instant précis. Elle avait envie de lui faire un câlin mais on ne câlinait pas l'Océan... et puis Limule n'était pas vraiment certaine qu'il aimerait ça. Son père et sa sœur, et même tout ceux de l'île le lui avait dit, l'Océan était leur dieu mais ce n'était pas une divinité sympathique, leur vie lui appartenait et il pouvait la reprendre à tout moment. Mais elle, elle l'aimait, elle avait hâte d'être le jour où elle ne ferait plus qu'un avec lui en devenant elle aussi un monstre à moitié aquatique. C'était dans longtemps, Safran n'avait même pas encore atteint elle même ce stade. Ni Creek, ni Tatch, ni Kéran alors que lui c'était le Capitaine.

Alors que la louve blanche se laissait porter par le courant, sourire au babine et expression satisfaite, une vague plus haute que les autres lui fit boire la tasse. Elle chercha dans la panique le sol pour avoir patte, coula un peu pour le toucher du bout des griffes, l'obligeant à regagner un peu mieux le bord en retenant sa respiration pour pouvoir tousser à souhait et cracher un peu de salive de vain espoir de nettoyer sa langue du sel. C'était probablement pas de ça que parlait son père quand il disait de se méfier de l'Océan mais Limule essayerait de ne plus oublier dorénavant...jusqu'à la prochaine fois, elle avait déjà bu un nombre incalculable de fois la tasse.
Tirant la langue avec une grimace à cause de goût, la jeune louve remarqua alors au loin une petite île trônant fièrement au milieu de la mer. Ce n'était pas Morne-oeil, ça se voyait tout de suite, aucun relief, taille vraiment minuscule et en humant l'air, elle aurait presque l'impression de sentir une odeur de... fleurs ? La curiosité gagna largement sur la flemme et de toute façon, en bonne Raeders, Limule atteignit l'île très rapidement, elle n'était pas si loin, elle pariait même qu'elle aurait été atteignable à pied à marée basse.

C'était une île assez plate, sans grand relief, pan de terre qui sortait de la mer. Chose étonnante, la densité très forte d'une fleur à épine, la petite louve blanche n'en avait jamais vu. Elle ne s'y intéressa pas plus que ça, elle, elle préférait les naufragés de la mer, les restes de ces animaux qui venaient s'échouer sur le rivage. Et celui-ci était assez intéressant, il y avait des os de seiche ! Et au lieu d'aller admirer la flore, la voici qui courait après la faune morte, courant fièrement sur le sable humide, l'os trouvé en gueule jusqu'à tomber sur une silhouette sombre, à peine plus petite qu'elle assise boudeuse sur la plage. Limule n'était pas une louve hostile, en fait elle était même particulièrement enthousiaste face à d'autres loup de presque son âge -il était évident qu'elle était là plus grande dans cette rencontre- elle alla donc à la rencontre du jeune mâle devant lequel elle vint se planter, remuant la queue en guise de salutation, sourire aux babines mais sans un mot, elle avait un truc dans la gueule après tout, c'était pas bien pratique.

Rhaegar

Foutu sable ! Il grogna entre ses crocs tandis que sa patte arrière lui grattait l'épaule avec fureur, lui arrachant quelques poils. Un bruit inabituel le fit tendre une oreille, comme un gloussement, un hoquet. Une mouette ? Ça l'étonnerait, il y en avait peu par ici. Il se leva et s'ébroua avant de plisser les yeux en observant les alentours. Le vent était si fort qu'une odeur étrangère arriva bien vite à ses petits naseaux. Il n'avait encore jamais senti une effluve pareille, plutôt légère mais exotique, une odeur qu'il qualifierait même d'alléchante.
Une silhouette se dessina au loin, blanche, de petite taille. Plus la silhouette grandit plus il put observer les détails de ce qui semblait être.. une louve. Elle avait des épaulettes armées de grands pics, des plumes habillaient ses cheveux ébènes qui lui retombaient sur le nez. Un crâne lui cachait le visage mais il remarqua qu'elle avait de magnifiques yeux bleus aussi profonds que les fonds marins éblouis par les rayons du soleil. Il la laissa s'approcher en la toisant d'un air méfiant.

Elle s'arrêta face à lui, quelque chose lui pendait aux mâchoires, un.. os ? Il tourna la gueule en biais, détaillant sa trouvaille avec curiosité. Elle n'avait pas l'air hostile, ni très poli d'ailleurs mais ça il s'en foutait lui, il ne l'était pas non plus.

Tu viens d'où comme ça ? Interroga-t-il directement, de sa voix encore enfantine.

Il avait la queue dressée derrière lui, comme mère lui avait appris : toujours digne et fier, dominant et courageux. Les sourcils froncés, lui n'avait aucun sourire sur la gueule. Il la dévisageait et se permit même de faire comme maman en lui tournant autour pour mieux l'analyser.
Il s'arrêta à côté d'elle et lui vola son os, d'un coup sec et vif des mâchoires. Il détala alors aussi vite que ses pattes lui permirent, un sourire joueur étirant ses babines aux extrémités de son visage fougueux. Il courrait vite, très vite sur le sable. Il était habitué à l'île et ses pattes, bien que très grosses pour son âge, le faisaient bondir haut sur les dunes sèches.
Le jeu commençait.