L'Apprentie, le Maître et l'Alpha | Pepper & Dairo

Le jour se levait tout juste sur les vastes terres Etelkrus. Une journée de fin d'été à la fraîcheur matinale un peu forcée, aux teintes flamboyantes dans un ciel dégagé, à la rosée écarlate sous les premiers rayons du soleil. L'herbe des plaines étincelait de mille perles colorées qui s'accrochaient aux pattes des deux loups en route vers la côte. C'était un grand jour pour chacun d'entre eux, mais pour la plus petite de ces silhouettes tout particulièrement. Il était enfin arrivé ce jour attendu par tant de jeunes loups, celui de se présenter sous le regard de l'un des Sept Dieux de Punk-Wolf afin de se soumettre à son épreuve, et de savoir si l'on se trouvait digne d'être parmi ses enfants. Pour nombre d'entre eux, c'était également la première occasion qui leur était donnée de rencontrer vraiment une divinité - mais cette magie-là était déjà passée pour la jeune Pepper, à qui Kiro avait répondu en lui apparaissant. Son mentor ne pouvait qu'espérer secrètement que la rencontre avec la Renarde lui ferait tout de même forte impression, puisqu'elle attendait depuis son plus jeune âge de pouvoir enfin arbore son orange.

Ils quittèrent les plaines pour s'engager sur le terrain moins fertile du haut des Falaises Littorales. Ils avaient quitté le camp très tôt, avant l'aube. La journée, comme toutes les autres, s'annonçait chargée pour eux deux et c'était sans doute le moment où ils étaient le plus libres de leurs mouvements. D'ordinaire, ils en profitaient pour aller s'entraîner de bon matin. Ce jour-là scellerait la fin de cette habitude qui durait depuis bien des lunes déjà. Chaque instant était à graver dans la mémoire, chaque infime moment de cette journée durant laquelle l'Apprentie deviendrait Maître du Maître à garde précieusement. Le grand loup qui allait en tête tâchait inconsciemment de se convaincre qu'il ne fallait pas être anxieux en songeant au futur, qu'il ne s'agirait pas d'un si grand bouleversement après tout, que... Mais c'était tout bonnement impossible. Pepper n'était plus une enfant pourtant, loin de là. Elle entamait doucement mais sûrement la marche dans l'âge adulte, portant déjà la coiffe de chef et les responsabilités qui en incombaient. Il n'y avait donc rien qui ne soit pas dans l'ordre des choses...

Ils atteignirent sans encombre l'endroit où les falaises laissaient entrevoir l'entrée d'un petit sentier, celui qui menait au Temple accroché au bord de la roche. La Crypte de la Renarde. Une volée d'oiseaux blancs s'échappèrent à leur approche avec des piaillements dérangés, mais ce jour-là les deux canidés n'étaient pas venus avec chasse en tête, aussi Athelstan n'y prêta qu'une attention mineure. Son regard allait et venait entre le chemin à prendre et la silhouette bleutée de Pepper derrière lui. Ses oreilles bougeaient, un peu nerveusement il fallait le dire. Il avait lui aussi le sentiment d'aller au-devant d'une grande épreuve - était-ce cela, être parent ? Ressentir pour chaque grand pas de son enfant une angoisse légère, un battement de coeur, une nervosité sans origine réelle mais qu'on ne pouvait brider ? - bien que son rôle ne soit que celui d'accompagnateur.

Il s'arrêta avant d'entamer la marche périlleuse qui les mènerait chez Dairo et se tourna vers son apprentie.

"Ma Dame, veux-tu prendre la tête cette fois-ci pour entrer en le domaine de la Renarde ?"

Une subtilité presque impossible à déceler dans son langage, qui l'invitait à officialiser ce rang d'adulte et de chef auprès de lui. La Jeune Dame était derrière désormais, la demoiselle qui apprenait la vie. Maintenant, il fallait être reine.

L'Apprentie, le Maître et l'Alpha

▬ ft. Athelstan & Dairo

Fin d'Été 2019.
3ans.

Elle n'avait pas beaucoup dormi, Pepper.
Mais ça, ça devenait une habitude. L'habitude d'oublier le sommeil au profit de journées trop remplies. L'habitude d'exercer ses devoirs jusque tard le soir. L'habitude de se lever aux aurores, au premier chant d'oiseau, pour vous rejoindre.

Pour vous accompagner, à votre première patrouille.
Pour vous laisser poursuivre par un entraînement.
Celui où vous lui auriez fait travailler sa force et sa bravoure, sa sagesse et sa chevalerie, ses manières et son éloquence. Celui où vous auriez fait d'elle une chevalière, un peu plus.
Ce matin serait différent. Il marquerait la fin d'un temps, qui durait déjà depuis trois ans. Trois ans : ça la fait souffler par le nez, hausser les épaules.
Etrange, de se dire que tout cesserez aujourd'hui. Vous la ferez rentrer dans une nouvelle ère : celle de l'âge accompli. C'est pour ça, qu'elle se tenait là, à vos côtés. La tête relevée, le dos droit, son corps compact tenu sur des pattes musclées. Elle ignorait tout des couleurs qui noyaient le ciel et le paysage. Elle sentait juste la rosée du matin humidifier ses coussinets, alors que vous progressiez le long des plaines Etelkrus. Les fumées du gibier lui chatouillait les narines, faisant monter en elle des envies de chasse. Peut-être pour apaiser cette tension, qui la rongeait.

Ou peut-être calmer les altérations de son mental.

Elle pensait trop, Pepper. A tout ça. Ou plutôt, elle repensait...
A tout ce qui avait bien pu se passer, depuis qu'elle s'était vu propulser Alpha, sa première année à peine atteinte. C'est l'âge auquel bon nombre de jeunes prétendaient à leur glowstick. Pour elle, ce fut celui où elle gagna la place la plus haute à laquelle on aurait pu prétendre au cours d'une vie. Celle de cheffe, Alpha des Etelkrus. Alors qu'elle n'était que votre Apprentie, sans rang bien défini, sans être prête à se voir à une autre place.
Son visage est neutre, il n'y a pas de sourire pour naître sur ses babines. Elle a l'air sérieuse, perdue dans ses pensées, alors que vous franchissiez la frontière des falaises, là où la roche sablonneuse se voyait laisser place par l'herbe tendre.

Cassandre lui avait offert sa place, aussi belle qu'empoisonnée. Avec ces lourdes responsabilités, et les yeux de tout un peuple rivé sur celle qui ne pouvait voir. Mais aussi cette possibilité de tout changer, de faire avancer cette meute qui s'embourbait, de faire naître de nouvelles valeurs. De rattraper les erreurs commises par le passé, pour n'offrir qu'un avenir meilleur. De s'y abîmer, aussi : elle l'était, Pepper. Elle n'avait plus rien d'une enfant, avec ses traits sérieux. L'air toujours vaillante, parce qu'elle ne pouvait désormais plus se montrer faible. Mais fatigué, au fond.
Elle, qui fut d'abord illégitime à cette place, car en plein apprentissage. Celui que tous avait souhaité voir achevé, avant qu'elle n'occupe la place de supérieure.
Là où, elle, aura fait le choix de concilier les deux. Elle devint l'Alpha Apprentie, à la satisfaction de certain, au dépriment d'autres.
Dans un emploi du temps que personne n'aurait eu envie d'avoir, elle parvint à combiner ces deux casquettes. Au sacrifice du sommeil et des moments à ne rien faire.

Se lever tôt, pour être l'apprentie. Pour suivre vos enseignements, ceux que vous n'aviez cessé de lui octroyer, malgré le rang qu'elle occupait aujourd’hui. Plus encore : vous en aviez fait une nouvelle source de travail. A lui apprendre comment se tenir devant une foule, à se positionner devant le peuple comme en discussion en face à face. Ces choses que vous n'auriez sans doute fait, si elle n'avait alors occupé cette place.
Et malgré cette nomination, malgré les médisances qui se faisaient dans vos dos, vous n'aviez écourté le temps passé ensemble. Vos rituels étaient restés les mêmes, vos mâtinés n'appartenant qu'à vous deux et à ce lien unique qui s'était dessiné entre vous.

Celui d'un mentor et de son apprentie, aussi fort qu'un père et sa fille.

Et quand venait midi, que vous cessiez votre entraînement en partageant un repas, elle vous laissait alors sa casquette d'apprentie pour endosser celle d'Alpha. Partant retrouver son peuple, partant retrouver Anette. Partageant quelques patrouilles, planifiant de grands projets pour cette meute. Jusqu'à tard le soir, autour de discussions enflammées avec sa compagne de pouvoir, où envies de changements et motivations trouvaient place en leurs paroles.

Pepper parut afficher, au cours de votre marche, un air satisfait.
Celui qui témoignait de cette certitude : celle d'avoir su concilier ses deux rangs si différents, de n'avoir laissé l'un empiéter sur l'autre. D'avoir su tout combiner, vous comme elle, comme si rien n'avait changé.
Alors, elle n'avait pas à les avoir, ces doutes.
Elle n'avait à craindre ce fait, celui que vous auriez écourté volontairement son apprentissage, en raison de son rang. Aussi illégitime que de penser que vous auriez oublié qu'elle était votre apprentie, avant d'être votre Alpha : car vous aviez toujours porté sur elle ce même jugement, impartiale, juste.

Il s'effaça alors tous ces doutes, éclaircissant son esprit.
Elle a une patte sur les escaliers de marbre, ceux qu'elle franchirait après que la dernière hésitation se soit estompé à vos mots prononcés.
Ceux-ci, oui, où il n'y a plus de jeune Dame qui tienne aujourd'hui en votre bouche. Seulement une dame, qui prétendrait à sa lumière au même âge que vous, dans un nouveau point commun.

« Oui, Sir. »

Alors elle s'avance. Ses pattes se posent sur la première, puis la seconde marche. Et elle se stoppe. Sa tête se retourne, vers vous : on aurait dit que ses yeux dorés venaient se planter dans les vôtres.

« C'est grâce à vous, Sir Athelstan. C'est grâce à vous que j'en ressortirais grandie. »

Elle rentrait en apprentie.
Elle en ressortirait en cette reine que vous aviez forgé.

Cette reine qui, aujourd'hui, se présentait en une révérence à la statue. Par volonté, d'obtenir son présent divin en guise de foi. Mais aussi pour vous, pour faire votre fierté, pour achever votre apprentissage par cet acte marquant qu'était l'épreuve de glowstick. Parce que vous étiez celui qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui, parce que vous étiez celui, le seul, qui aurait pu la pousser à passer son épreuve, bien loin de la pression des autres.
Parce que c'est vous, qui lui prendrait la patte pour lui permettre son premier pas dans cette vie d'adulte.

« Le temps m'est venu, Déesse Dairo : c'est aujourd'hui que je viens quérir votre glowstick. »

La statue ne s'arracha pas de son promontoire, ne se défaisant pas de sa roche pour se faire fourrure. Non. À la place naquit dans la grotte une chaleur, si proche et pourtant si lointaine du soleil, qui caressa et réchauffa le pelage comme lui, mais ne fut emprunt de son agression inhérente. Enveloppante, douce. Un parfum d'agrumes, dans les airs, ravirait peut-être le nez de la jeune Alpha. Le sol se fit plus sableux, comme les alentours d'une plage.

"Pepper." accueillit la voix de la renarde, son timbre chantant, possédant ce léger vibrato qui correspondait à l'espièglerie.

Du sable se soulevèrent des dalles fraiches, pour la guider vers la grotte qui serait l'endroit de son épreuve.

"Nul besoin de tarder ! Tu te trouves dans une grotte aux coins arrondis, d'une quarantaine de tes pas de largeur et longueur. De plusieurs fois ta hauteur. Quelques stalagmites émoussés t'indiquent un chemin vers trois plateformes. Le principe est simple ; il te faut les réaligner. Mais attention: elles sont liées, pousse la première trop loin, et tu feras remonter la troisième. Les poids sont hissés dans les parois restantes de la grotte, tends l'oreille et tu pourrais bien les trouver..."

Il y eu une pause, avant qu'une musique ne se mette à jouer, une mélodie lente, mais dont la vitesse augmenta exponentiellement, jusqu'à battre au rythme du cœur d'un colibri. "Le temps est limité, la mélodie t'indiquera si tu t'approches de la fin de l'épreuve. Veilles sur la fin à ne pas craquer sous son rythme angoissant."

Une dernière pause, et la déesse ouvrit la gueule.

"L'épreuve est lancée."

Les notes reprirent, dans un tempo lent pour commencer.

L'Apprentie, le Maître et l'Alpha

▬ ft. Athelstan & Dairo

Fin d'Été 2019.
3ans.

Y avait-il des Dieux manquant de respect aux disciples venus les chercher ? Des Dieux qui n'auraient tenu compte de leur handicap, de leur faiblesse, pour apparaître comme il l'aurait fait en tant normal, sans prendre la peine d'une adaptation.
Dairo n'était pas de ceux-là.
Elle était de ceux qui s'adaptaient. Elle qui, même en tendant bien l'oreille, ne fit bouger sa fontaine. Ses frères, passés là avant elle, lui avait racontés : comment la statue se mouvait, comment elle prenait vie pour afficher le Dieu même à sa place ! Cette divine métamorphose qu'elle n'aurait pu capter, Pepper. Celle qui serait resté invisible à ses yeux morts.

Il y eu cette chaleur. Comme une présence, que la jeune Alpha sentait contre son corps. C'est doux. C'est bon. C'est comme le soleil d'automne, qui ne sait brûler. A ses narines vint l'odeur tant acide que plaisante de l'agrume, accompagnant le granuleux du sol.
Tout lui faisait penser à la couleur orange.
Orange.
Comme Dairo.

Son nom résonne.
La dénommée redresse la tête.

Elle se lève, répond à son invitation d'un sourire qu'elle ne pouvait accorder qu'à elle. D'un mélange de respect profond, d'impatience et de satisfaction. Elle la suit, confiance aveugle en cette déesse bienveillante.
La prétendante au glowstick écouta avec une attention religieuse les mots de la Déesse. Ses explications, qui s'ancre dans l'esprit. Le protocole qui la mènerait vers la victoire.

Il n'y avait plus qu'à, maintenant.
C'est ce que l'on disait, non ?

La musique est lente.

Pepper arpente cette sale où l'a mené la déesse. Ses oreilles sont hissées haut sur son crâne, elle écoute cette musique. Et puis, elle finit par l'ignorer, pour ne se focaliser que sur ce qui la mènerait à la réussite de cette épreuve.
Elle n'avait pas le droit d'échouer.
Sans pour autant faire porter sur ses épaules cette pression (elles en portaient tant que toute leur place était occupée), elle frôle ses poids hissés. Écoute le tintement, qui résonne entre deux notes de musique. C'est leur position.
Elle mémorise.
Vient à les bouger très légèrement, sans impact, pour les repositionner à leur place initiale. Et capte, ainsi, qui bougeait quoi, au bruit de la pierre qui se force et bouge. Une plateforme qui descendait, quand l'autre montait, renvoyant l'écho d'un claquement de langue lorsqu'elle tournait la tête vers le fond de la pièce. Les deux qui se mouvaient ensemble.
Chaque poids, dont elle révélait les attribues, dont elle notait la position par rapport au placement de ses pas. C'est un travail consciencieux, méthodique.
Elle ne laissait rien au hasard, préférait laisser la musique s'accélérer au profit d'une totale compréhension du système. Un sacrifice de temps, pour en gagner ensuite, en sachant pertinement où se rendre.

C'est une musique qui passe de piano à mezzo.

Celle qui ne l'angoisse pas encore malgré son rythme. N'était-ce pas l'habitude ? De supporter les attentes d'autrui, de plus en plus pressantes, comme pouvait le faire cette chanson.
Elle ne pense pourtant plus à sa meute, en ce moment précis, Pepper. Elle n'est plus Alpha. Elle n'est que réflexion, que pensées cohérentes dans l'élaboration de la réponse à cette énigme.

Elle passe les stalagmites, pose la patte sur le rebord des trois plateforme. Là aussi s'échauffe son esprit, qui note la moindre des positions.
Il ne lui faut plus que bouger les poids, désormais, pour que première et troisième vienne au niveau de la seconde.

Le premier poids est placé en position de berne. La un descend plus que la trois ne monte.
Il y a ensuite une marche rapide, un trot, vers le mur d'en face. C'est l'inverse, cette fois-ci.
Les poids coulissent, l'un après l'autre. Ses claquements de langue note l'écho qui lui revient, à chaque fois qu'elle se place en face d'eux, en fonction de la façon dont elle doit relever ou baisser la tête pour obtenir le même son que sa voisine. Pepper part ensuite toucher à un autre poids. Ajustement parfois minimale.
Comme lorsque vint s'aligner première et troisième plateforme.
Alors, le dernier poids est tiré.
La seconde bouge : elle, l'indépendante. Elle, la dernière à corriger, pour s'ajuster avec les autres.
Un dernier geste.

Trois claquement de langues, réceptionnées avec égalité en ses oreilles évidées.

Dans la musique rapide, Pepper franchit la distance qui la sépare des plateformes. Sa patte touche l'alignement parfait.
Elle s’assoit, droite.
Ce sont ses premiers mots, depuis son commencement.

« J'espère vous avoir satisfaite, déesse Dairo. »

Tempo rapide, de cette chanson qui bat au même rythme que son cœur.

La musique cessa, dans une dernière note joyeuse qui s'étira dans le temps. Quand la voix de la déesse la remplaça, elle resta une mélodie tout aussi agréable à entendre. Pepper n'aurait pu voir un sourire, alors elle le transmettait pas la voix.

"Tu as réussit, toutes mes félicitations. Tu rejoint aujourd'hui officiellement mes disciples."

La chaleur revint, le parfum ramenant des impression d'orange et de pamplemousse aussi. Sucré, acidulé.

"Reste rusée et créative, pour toujours mieux noter les informations et en faire bon usage ; tu pourras anticiper et proposer des solutions que d'autres n'auraient trouvé." Elle fredonna. "Mais fais attention à toi-même aussi, jeune Alpha, car notre ennemi peut-être nous-même et nos idées. Il te faudra toute ta ruse pour réussir à te changer quelque fois."

Un doux vent souleva les poils de Pepper. Un mouvement d'air qui provenait de la sortie sans doutes, mais pourrait se ressentir presque comme une douce caresse. Qui l'incitait à sortir.
Et à avancer.

"Va, Pepper."

Elle pourrait sentir un petit poids en plus, là où désormais son glowstick brillerait.
Et la présence de la déesse s'éclipsa, aussi vite qu'un battement de cil.

L'Apprentie, le Maître et l'Alpha

▬ ft. Athelstan & Dairo

Fin d'Été 2019.
3ans.

« Me voici, Sir Athelstan. »

Pepper vous revient, à vous, son mentor.

Elle vous fait face, du haut des marches de marbre. Le buste droit, le port altier. Elle était fière, Pepper.
Fière de se présenter à vous, avec son glowstick venu prendre forme dans l'attache dorsale de son harnais. Là où il brillait, d'un farouche éclat orange. Là où elle ne ressentait qu'un petit poids et une douce chaleur.
Dans son nez persistait l'odeur d'agrume de la Déesse Dairo, qu'elle conserverait en son esprit et son cœur, comme un souvenir précieux. Autant que le fut tous les entrainements à vos côtés.
Elle pense aux mots qu'elle lui a offert, à tout ce qu'elle lui a dit avant qu'elle ne la quitte dans l'hommage d'une révérence. La joie, immense, de faire partie de ses rares disciples. Ses conseils. Rester rusée et créative. Anticiper par les informations, proposer des solutions que seule elle aurait été en mesure de trouver.
Et sa mise en garde, comme si Déesse Dairo aurait eu vision sur la décadence qui se cachait dans l'ombre de l'alpha. Notre ennemi peut-être nous mêmes, et nos idées.
Pepper ne retiendra son salut. Elle ne retiendra qu'elle devrait se changer.
( Ce sera regrettable. )

En attendant...
En attendant, elle semble heureuse. Non. Elle l'est, aussi honnêtement que cela peut se lire sur ses babines, sur son visage si éclairé.
Dans votre mémoire, c'est peut-être la dernière fois que vous la trouveriez aussi radieuse.

Avec son sourire, si grand.
Son cœur battait fort : le votre aussi, Sir Athelstan ?

« Elle était comme un jour d'automne : elle sentait l'orange, sa chaleur était douce. »

Sur ces paroles, elle descend les marches. Cette enfant qui vous revenait en louve, avec en ses pas quelque chose de nouveau. Déesse Dairo l'avait changé, comme vous aviez été en mesure de le faire avant elle.
Elle se sentait submergé d'un ressenti nouveau : était-ce ça, d'avoir un pouvoir ? Elle vous dépasse, marche sous ce soleil qui lui rappelle la présence si chaleureuse de la Renarde : Pepper est conquise.
Et c'est peut-être en vous dépassant, et c'est peut-être parce que votre ouïe se retrouvait étrangement amélioré, que vous purent sans doute capter les discrètes paroles.
C'était pour vous.

« Je te dois ça, papa. »

» Sur la voie du maître |Feat.Pepper
» Dame Pepper [Feat.Pepper]
» Le devoir d'un Maître [Ft Harmakhis]
» Le Maître du Beau [Feat.Ely]
» Maître Corbeau — Asclepia