Un nouveau souffle [Défi RP-Achèvement reconstruction Temple Ao]

Gloriel, en 1500 mots au moins, devra rechercher par quel moyen il peut rendre hommage à la Dragonne sous forme d'effigie de pierre, de gargouille ou de gravures. Pendant la réalisation de cette oeuvre, le silence du temple sera propice à l'introspection et il se souviendra de tout ce qu'il a accompli ou non pour les Lazulis, ce qu'il en retire à l'heure actuelle et son avis quand au futur proche de la meute.

Ce rp se passe
- après l'apparition de Mido à son temple reconstruit
- avant que Gloriel libère Rhaegar de son mentorat et donc avant la réunion Lazulis "Cohésion"




Son souffle était calme. Il respirait presque à peine tant il était serein. Ses yeux de glace étaient mis clos. Ses cheveux, d’un blanc plus immaculé que dans le passé, pendaient dans une cascade de givre. Le vieux loup semblait être en transe alors qu’il n’en était rien. Il ne bougeait simplement que peu, s’efforçant de garder le peu de force qui lui restait. Il se sentait vieillir. Il se sentait proche de la fin. Le Temps lui était désormais compté. Chaque expiration le rapprochait de la dernière et sans doute par crainte, il s’imposait désormais de respirer aussi lentement qu’il le pouvait. Au départ, il avait rapidement eu des vertiges mais petit à petit, il avait appris les limites et les bienfaits de cette technique respiratoire. Il trouvait presque cela ironique d’apprendre cela que maintenant.
Dans un geste lent, il se releva. Il soupira tout l’air qu’il stockait dans ses poumons. Le jour commençait. Sa lumière blafarde peinait à traverser le filet d’eau qui abritait l’entrée du temple. Gloriel y demeurait toujours. Il avait comme fui le Gouffre aux Faucons dès que le dôme avait été dressé. Il ne se sentait ni Alpha, ni Conseiller. Il n’était plus rien. Et ce depuis bien longtemps. Son existence n’avait plus réellement de consistance. Elle reposait désormais que sur le trépas à venir et sa dévotion pour la Dragonne. Il avait tant de fois douté d’elle. Tant de fois ignoré sa foi et aujourd’hui, ce n’était plus de simple visite mais une présence constante qu’il offrait comme une rédemption à son manquement. Le Gris ne quittait quasiment plus l’abri de la cavité. Il n’en sortait que pour prendre un peu l’air, pour se nourrir du peu gibier encore vivant et faire ses besoins. Le reste du temps, il restait dans cette poussière constante, rassemblant les gravas en des tas.

Un nouveau soupir s’échappa de sa carcasse. Ce temple bafoué l’empêchait de retourner à ses obligations. L’empêchait même de s’accorder sa petite retraite et d’achever l’enseignement de Rhaegar. Oh ce jeune loup méritait désormais libération. Il avait bien grandi, bien évolué mais le vieux mâle ne pouvait pas encore s’y résoudre. Il le désirait mais ne pouvait pas encore briser les liens de l’Ours. Il avait encore besoin de lui. Gloriel dépendait de ce contact. C’était l’unique chose qui lui rappelait le fait qu’il puisse encore servir à quelque chose.
Les idées noires, il sortit quelques instants hors du temple. Son regard se riva sur l’horizon blafard. L’aube peinait à se lever et même ce si beau spectacle ne parvenait pas à éclairer son humeur morose. Nouveau soupir. Il prit une grosse bouffée d’air et il s’en retourna dans son antre. D’un pas raide, il retourna se coucher auprès des restes de la statue de la déesse. Il ne parvenait pas à la ré-assembler. Il n’arrivait à rien. Il perdait espoir. Il perdait confiance en lui. Il n’était plus que l’ombre de cet enfant qui s’était tenu fièrement entre l’une de ses sœurs et le Dieu Cronos. Il ne ressemblait même plus au guerrier qui avait fui les Etelkrus pour trouver sa voie chez les Lazulis. Non … Il n’était plus rien. Rien qu’un vieillard sans grand importance. Un être qu’on avait usé jusqu’à la moelle et qu’on oubliait dès qu’il ne devenait plus utile. Oh diantre que cette vision manqua de lui arracha une larme.

Alors, il ferma les yeux.

Quelques minutes plus tard, une quinte de toux le prit. Forte, puissante, elle le força à rouvrir les yeux et alors il vit. Pour la première fois depuis des lunes, il voyait enfin. Il pouvait admirer. Admirer ce temple qui de poussière était devenu joyau. Ses toussotements se calmèrent et il se leva avec plus de vivacité. Gloriel abandonna sa respiration lente pour une plus rapide. Un spectacle inimaginable se peignait devant ses yeux que trop aveugles. Les murs de la grotte étaient tapissés de mille et une petites pierres précieuses. Une véritable galaxie bleutée se pavanait dans l’ambiance initialement sombre de cet endroit. Le mâle s’approcha lentement, craignant presque que ses pas fassent tomber ces incrustations. Il renifla quelques pierres, sembla reconnaître des topazes, des lapis lazulis … Même, de manière plus rares, de petits saphirs. Oh il y avait bien d’autres pierres mais il ne parvenait pas à les reconnaître. Il les admira, les frôlant du bout de ses griffes. Un sourire émerveillé étirait ses babines. Il tourna un bon moment. C’était un véritable chef d’oeuvre qui avait été réalisé. Non par lui mais par ses enfants. Cette fois, il ne ravala pas ses larmes et il se mit à pleurer. Il se remémora le jour où Méridor avait déboulé, louveteau, dans ce temple. Il cherchait désespéramment asile loin de l’île aux roses. Loin d’Anianka. Gloriel l’avait accueilli avec joie et peur, lui qui avait été si absent pour ses enfants. Il avait toujours craint de ne pas être comme son fils l’imaginait. Il avait tenté d’être le paternel modèle jusqu’à ce qu’il se rende compte que l’enfant n’avait pas besoin de cela. Alors il se montra comme il était : un guerrier qui avait perdu de nombreuses batailles. Un adulte qui avait été rongé par les responsabilités. Un malheureux qui cherchait pardon auprès d’une Déité. Ce loup imparfait avait alors obtenu le respect et l’admiration d’un fugueur. Le père avait alors pris son rôle à coeur, apprenant ce qu’il fallait à son descendant. Cela n’avait pas été évident du fait que son fils était un trouillard mais aujourd’hui, ce dernier avait évolué.
Puis, il y a eu Mildred. Il ne s’était pas attendu à la visite de sa fille mais bien évidemment, il en fut si heureux ! Le vieillard soupira dans un sourire. Ce jour-là, il avait remis à ses deux enfants les clés d’une tradition familiale. Offrir une arme à sa descendance. Cela n’avait pas été facile pour les deux … Il ne connaissait que trop peu ses filles et quant à son fils, le voir combattre lui était impossible. Et pourtant, il avait fini par trouver. Il avait arpenter les terres de Lazulis les nuits où le calme régnait, lorsque ses enfants développaient le caractère qui les forgeraient. Gloriel avait discuté avec de nombreux loups, avait fouillé de nombreuses grottes. Il avait troqué de nombreuses heures de sommeil pour enfin trouver ce qui servirait de base pour chaque présent. Lorsqu’il eut amassé tout ce qu’il fallait, il se mit alors au travail, demandant de l’aide à droite et à gauche pour moduler les armes. Il en regretta l’absence d’Alys, plus enclin que lui aux tâches manuelles … Avec un certain acharnement, des nuits de travail, il parvint à faire ce qu’il avait imaginé pour chacun de ses enfants. Et le jour où Mildred vint au Temple, il put alors donner deux de ces créations. La joie de ses enfants s’était alors gravée dans son coeur.

Une nouvelle larme s’échappa. Mildred et Méridor étaient ceux qui avaient ainsi tapissé ces murs constellés de bleu. Ils tenaient plus de son frère Alys que de lui. Il se mit à rigoler doucement. Tournant une nouvelle fois sur lui-même pour admirer ce travail, son regard se posa alors sur les nombreuses petites sculptures, maladroites, qui trônaient d’une place à l’autre. Il s’approcha de la plus proche, détaillant ce corps reptilien de pierre. Semblable à un serpent, Ao était entortillée sur elle-même. Belle, puissante, elle imposait le respect. Son long museau draconien était à la fois rond et dur, laissant transparaître un sourire et un regard bienveillant. Quant à une autre statue, l’allure y était différente. Quadrupède imposant, dressé sur ses pattes arrières, d’immenses ailes écartées, insufflait le silence et la peur. La colère étirait sa gueule plus ferme et carré. Gloriel s’approcha d’une autre. Le corps prenait l’aspect des deux autres : un serpent muni de petites pattes mais aux ailes immenses, son museau long était plus carré. Et puis, il constata qu’il y en avait plusieurs de toutes formes. Il les détailla une à une, reconnaissant la patte d’un sculpteur amateur. Certaines statuettes étaient plus peaufinées que les autres mais il fallait reconnaître qu’elles étaient bien faites. Nugget avait su faire un très bon boulot. Elle avait rendu hommage à la Bleue et cela réchauffait le coeur du Gris.

Et puis, ses yeux se posèrent sur les présents que Rhaegar avait rapporté. L’Ours avait arpenté les ruisseaux et rivières Lazulis, fouillant les fonds aquatiques pour trouver des perles plus ou moins parfaites. Elles étaient toutes d’un bleu magnifique, rappelant des larmes mais d’une beauté à couper le souffle. Il en avait alors disposé proche des statuettes, il en avait confectionné des colliers qu’il avait déposé à droite à gauche comme faisant des offrandes à toutes les minis-représentations de la Dragonne. Gloriel se rappela alors le jeune loup grincheux qu’il avait pris son aile autrefois. Oh que ça avait été difficile d’apprendre le respect à cette brute ! Il avait donné du fil à retordre au guerrier jusqu’à ce que ce dernier le mate au Vasque de la Lune. Une défaite pour le jeune qui l’avait alors calmé. Depuis ce jour-là, les entraînements et les leçons avaient été plus intéressantes. Il avait alors partagé tout son savoir avec le fils d’Anianka. Il l’avait éduqué comme s’il était agi de son fils aîné. Désormais, le Gris savait ce qui lui restait à faire. Il n’avait plus besoin de ce lien mentor/disciple. Il était temps d’évoluer. Il était temps de devenir des compagnons d’arme. Lorsque le temple sera achevé, l’Ours sera alors libre.


Il regarda alors le dernier tas de gravas. Le plus gros. Le plus imposant. Les roches le composant n’étaient pas de tailles trop conséquentes si bien que le vieillard pouvait les bouger sans avoir un tour de rein.

« Bon Gloriel, il est temps de t’y mettre …

Il lâcha un soupir, fit le tour du tas puis il posa son séant au sol. Il devait s’y mettre, d’accord mais qu’allait-il faire ? Il ne pouvait pas se contenter de reconstruire Ao comme elle était autrefois. C’était une époque différente. Loin de tout le bazar qui animait les Lazulis. Non. Il devait faire un statue qui viendrait de lui et non de vieux souvenirs. Il devait lui rendre hommage et conclure la reconstruction du temple par l’effigie ultime de la Déesse. Alors, il se mit à réfléchir. Il n’était pas aisé de se demander quoi faire quand l’âme artistique n’était pas vôtre. Il connaissait les champs de bataille, les stratégies militaires mais pas cela. Il ne s’était jamais arrêté pour contempler une œuvre jusqu’à aujourd’hui. Il n’avait jamais analysé la finesse des traits de la précédente statue de la Dragonne … Tout cela lui était toujours passé au dessus et maintenant, il allait mettre les pattes dans le cambouis.

Il ferma les yeux. Une nouvelle fois. Il prit une grande respiration et souffla.

Trouver une forme était un défi mais il y en avait un autre, comment souder les pierres entre elles ? Gloriel l’ignorait et alors, il se souvint de ce que son disciple lui avait confié. La prêtresse Spleen avait su concevoir un argile épais qui pouvait servir de ciment. Mais Rhaegar en ignorait la recette alors il fallut prendre ce choix : aller quérir l’aide de la Verte.
Se relevant, il s’ébroua. Il fit une petite grimace et il s’aventura hors de la grotte. Le soleil était éblouissant. La chaleur écrasante. Il ne se découragea pas. Il fila vers le Vasque de la Lune, priant Ao que l’élue de Mido y soit.



Le Balafré était près de la fontaine. Il malaxait les ingrédients que lui avaient confié Spleen. Il s’appliquait à sa tâche, concentré. Seule sa respiration, seul le bruit du malaxage, résonnaient en petits échos et troublaient le silence prenant du temple. Le loup avait chaud. Ses muscles étaient douloureux. Il ne s’était accordé aucune pause depuis son retour en ce lieu. Il avait chassé le sommeil. Il se retrouvait une jeunesse qu’il avait oublié. Il se sentait prêt à reforger la statue de la Dragonne.

La pâte grisée semblait prête. Il la testa en assemblant deux pierres. Elles restèrent proches mais il ne put patienter que la ‘colle’ sèche. Il devait se mettre à l’ouvrage. Il ferma les yeux. Un court instant. Il rassembla les différentes images de la statue qu’il avait imaginé dans son esprit. La tâche serait ardue mais un guerrier ne pouvait tourner le dos même à la pire bataille. Qu’elle soit dans le domaine du Sang ou dans celui de l’Art. Et alors, il entama son travail. Maladroitement, il commença à attraper des morceaux de l’ancienne effigie, il les rassembla, les colla entre eux. Des bouts s’effritaient entre ses pattes. Il tenta d’en reformer quelques uns tandis que d’autres restaient en poussière. Gloriel fronçait les sourcils, il grognait, jurait quelques fois. Ses pattes s’animaient dans l’espoir de réussir mais parfois, il n’y parvenait pas. Il s’arrêtait alors, faisait deux trois pas dans la grotte, soufflait. Puis il regardait le visage dur et déterminé, qu’il avait reconstruit, d’Ao. Il hochait la tête en silence, s’avançait de nouveau vers son immense chantier et il s’asseyait, reprenant son ouvrage.

Le temps fila. Les jours passèrent tandis que le Gris continuait. Méridor vint le voir, déposant des proies que le père ne mangea pas, trop pris dans sa tâche. Le jeune proposa plusieurs fois son aide mais elle n'était jamais acceptée. C’était à Gloriel de rendre ce dernier hommage. De terminer la reconstruction du lieu bafoué. Il en avait besoin, lui qui avait failli de nombreuses fois à ses devoirs. Lorsque il assemblait, brisait des blocs en petits morceaux, lorsque il faisait des pauses, son esprit repassait en boucle ses années de servitude. Le guerrier se voyait jeune, insouciant et confiant. Il grandissait sous les mauvais coups de Neït. Elle lui apprenait à se méfier sans qu’il se rende compte. Il apprenait aussi à davantage réfléchir pour rendre la pareille à la prêtresse. Une amitié proche du mentorat en certain point. Il se revoyait chassant l’unique amour de sa vie, Astralys. Oh qu’il s’était bien battu contre elle au Vasque et elle avait fini par prendre une place importante dans sa vie … Et il l’en avait chassé. Par peur. Par Amour. Elle s’était déclarée, et lui, idiot, était tombé dans les filets du doute et d’Anianka. Il avait pensé aimé la prêtresse mais au final, il n’avait été qu’un pion aveugle. Il avait alors blessé la louve de feu. Il avait perdu celle qui avait occupé ses nuits, celle qui avait alimenté ses nombreux fantasmes. Il soupirait à chaque fois qu’il revoyait le visage tantôt sévère, tantôt doux d’Astralys. Il s’effaçait alors pour laisser place à la prêtresse rose au ventre arrondi. Elle portait ses enfants et elle lui donna de nombreux enfants. Oh qu’il avait été si heureux de cette naissance ! Et il était parti. Il avait échoué une nouvelle fois. Il avait tourné le dos à sa famille pour se tourner vers une meute qui s’effritait. Il avait tenté des choses. N’était pas allé au bout d’autres. Il avait voulu révolutionner certains éléments qui au final, n’en avaient sans doute pas besoin. Il avait commencé à douter. Il avait fini par abandonner des projets. Il avait été sourd à la souffrance de certains. Il n’avait su donné justice à Neït, Saitan et Koellya qu’en versant le sang d’une Raeder. Il s’était alors retrouvé englouti par l’Océan. Noyé, il avait fini par s’isoler. Des siens. Des Lazulis. Il n’avait jamais su ce qu’il était advenu d’Astaroth. Le jour où ce premier disciple avait déposé la couronne d’alpha, Gloriel sentait qu’il aurait du en faire de même. Il était déjà vieillissant. Il n’avait pu donné un nouvel essor à la meute et il avait fini par la condamner. Il avait assisté au Mal dévorant Mozarthamès sans rien y faire. Il n’avait pas cherché à aider le jeune loup qui venait de perdre sa mère.

Oh Neït, j’ai laissé la gangrène nous toucher …

Et puis, il eut Méluciole. Mésange. Le vieux loup ignorait beaucoup de choses sur elles alors il se demanda s’il aurait pu les aider. Empêcher ce drame. Il en était de même pour Avalon. Gloriel avait été aveugle au mal-être de la meute. Il n’avait fait que détourner le regard, se disant que ce n’était rien. Rien qui ne pourrait trop les entacher. Il avait douté des Dieux. Il avait haï Ao à la mort de son amie. Oh même avant … lorsque la désertification les frappait, sa foi avait été ébranlée. Sa lance était devenue immatérielle. Sa lumière faiblarde. Le Gris avait tourné le dos à des offrandes. Il n’avait plus rien apporté à la Dragonne alors qu’autrefois ses présents étaient souvent là, déposés au pied de la fontaine.

J’ai échoué … Anastasia, Morrow, j’ai tout détruit …

Il se remémora sa sœur disparue. Ils étaient les deux seuls de leur ligné à se retrouver sous la coupelle des Lazulis. Ils étaient des inconnues de Sang avant de nouer une complicité aujourd’hui envolée par le Temps. Il se souvenait aussi des coups bas qu’il avait fait à la rouge aux yeux vairons. Il l’avait traîné dans la boue et Dieux qu’il regrettait ! Il avait été si con. Il avait été aveuglé pour des broutilles. Il avait échoué et créé la déchéance de ce que ces prédécesseures avaient construit.

Il se recula. Ferma les yeux. Admira.

Ao se tenait couchée, fière, droite, entourant sa fontaine de son corps. Son regard sévère était posé sur le loup qui lui faisait face. Elle semblait déterminée et farouche, libre et inquisitrice. Son expression invitait à oser lui demander prière ou pardon. La Dragonne trônait avec délicatesse et fermeté l’eau de bien des convoitises.

Il avait réussi. Il inclina légèrement la tête.

Gloriel, le guerrier, l’amant, le père, se sentait revivre. Il se laissa glisser au sol, exténué par tout ce travail. Il priait que tout tienne. Que tout sèche. Et il se releva. Il devait finir. Achever son ouvrage. Il chassa la poussière tandis que la statue prenait. Il attrapa quelques pierres précieuses qui n’avaient trouvé maison sur les murs, et avec une douceur qui lui était étonnante, il les déposa sur le corps de la louve de pierre, lui donnant plus de prestance.

Il recula. Il souriait.

Gloriel, le Conseiller, savait que désormais l’avenir des Lazulis ne reposait plus sur lui. Il avait trouvé une voie auprès de la déesse, en ce temple. C’était désormais aux jeunes de la meute de choisir où aller. Recommencer ou dissocier. Il croyait en eux, qu’importe leurs erreurs, leurs choix.  Il ne prenait pas la fuite. Il acceptait ses erreurs. Il transmettait son flambeau à la nouvelle génération.

Une vie nouvelle brûlait dans le sein de la fontaine bleue.

Une voix le délivra de sa contemplation et de sa réflexion. Le Gris posa son regard sur le jeune loup qui venait prêter main forte, une dernière fois avant que tout cela ne devienne que passé. Il esquiva un grand sourire, se relevant maladroitement. Son corps sentait le contre-coup de tous ses efforts, ses nuits blanches et le travail acharné effectué. Ses yeux glissèrent sur l'étrange sac lumineux de son disciple. il fronça un instant les sourcil, non de contrariété mais d'interrogation. Il se demandait bien ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur de la besace à l'éclat fort plaisant.

Sa patience fut récompensée lorsque Rhaegar délia le secret, révélant des présents pour le moins étonnant. Le Vieux loup avait vaguement entendu des rumeurs sur un endroit jusqu'alors inconnu, dans les Bois autrefois de l'Oubli. Un étrange terrier s'était dévoilé, renfermant en lui une flore qui était étrangère à la surface, adaptée à la vie obscure et alimentée par semble-t-il, leur propre lumière. Il s'approcha alors, reniflant les présents, émerveillé de découvrir que cet endroit mystérieux existait. Il espérait pouvoir s'y rendre ... Avant que la Mort ne vienne frapper à sa porte.

« Dame Ao sera heureuse de tels présents. Ils sont magnifiques.

Gloriel posa son regard sur son disciple qui se dressait désormais devant la statue de la Déesse.

« Je le pense oui. Tu as en toi une détermination impressionnante. Tu ne recules devant rien, que ce soit l'adversité ou l'acceptation de tes erreurs.

Il riva, à son tour, les yeux sur l'ouvrage qu'il avait effectué ces derniers jours. Un sourire malicieux étirait ses babines.

« Mon disciple serait-il en prise avec le doute ? Pourtant je ne connais pas un cochon plus borné que lui.

Les questions de son disciple effacèrent toute malice en le vieillard. Gloriel retrouva son sérieux, tournant la tête vers la statue. Il ne pouvait réellement nier les paroles du jeunot mais elles avaient une consonance fausse. Une consonance trop mortel.

« Nous leur avons offert le silence tandis que nous, nous jouissons de leur présent divin.

Il chercha ces mots.

« Tu n'as connu que des périodes difficiles vis à vis des Dieux mais saches qu'ils nous ont aidé lorsque Cronos désira raser ce monde pour le réécrire. Ils sont, d'une certaine façon, comme nous. capable du Bien comme du Mal. Ils se positionnent en fonction de leur relation avec nous. Ils sont parfois maladroits, s'emportent pour des actes qui peuvent paraître futiles à nos yeux, tout en nous aidant.

Il posa sa glace sur Rhaegar. S'il n'avait eu sa lance contre Safran, aujourd'hui il ne serait pas là à discuter. Non il serait dans le ventre de l'Océan.

« Malheureusement la miséricorde ne nous sauvera pas. Seuls nos actes le pourront.