Un GRAND arbre l Cro

Alexandrine avait bien moins confiance en son agilité que ses frères et soeurs, et elle était probablement la dernière à entreprendre la montée du GRAND ARBRE DE KIRO. Elle l'avait jusque là observé d'en bas, les yeux plissés, avec un petit pincement au coeur quand elle apercevait Narcisse ou Anita l'escalader comme des écureuils. C'était, et de loin, quelque chose qui lui était impossible.

Mais aujourd'hui, quelque chose avait changé. Quelque chose de très important.

Ses ailes n'était plus QUE des appendices lourds et malaisants qui la tiraient vers le sol et l'empêchait de se mouvoir. Elle avait enfin compris comment elles fonctionnaient un peu, et continuait peu à peu à les apprivoiser. Elle ne pouvait pas voler non, pas encore voyons, le voyage serait encore bien long avant des battements d'aile harmonieux dans le lointain. Mais, toutefois, elle en avait compris assez pour pouvoir planer, donner des coups d'aile plus puissants pour se propulser vers le haut, et surtout faire en sorte qu'elles ne soient pas un handicap complet lors de ses acrobaties.

Elle commençait à comprendre comment vivre avec, à force d'examens approfondis de sa prêtresse mère.

Alors, elle s'attela à la tâche : elle se ramassa sur le sol, agita son popotin, et BONDIT le plus haut possible avant d'enfoncer profondément ses griffes déjà si épaisses dans l'écorce. Elle n'avait ni l'agilité d'Anita, ni l'attention de Narcisse, mais elle avait autre chose : une force brute et épaisse dont elle n'hésitait pas à se servir pour parvenir à ses fins. Ce serait fatiguant, beaucoup plus que pour les deux autres sus-nommés, mais elle y parviendrait.

Elle se hissa de plusieurs mètres, pour atteindre la première branche qui s'enroulait autour du tronc comme un serpent.

Un frisson d'excitation la parcourut. Oh, yeah, fucking, yes.

Solelio ; 9 mois
F  A E I

Aka était la force, l'endurance. Comme Papa. Dairo était la finesse d'esprit, la ruse. Comme Maman. Et Kiro, eh bien... Lui, il représentait la vitesse et l'agilité, et elle ne connaissait aucun proche de ses parents qui possédaient cette couleur là. Elle n'avait pas d'exemple hormis la Prêtresse étrange car hybride et l'autre, non moins louche d'ailleurs, apprenti Croquemort. Non mais, fallait être un peu dingue pour vouloir passer son temps au cimetière non ? Solelio souffla bruyamment par les narines. Elle venait là parce qu'il était temps qu'elle réfléchisse à son avenir avec sérieux, et comme aucun de ses deux parents ne semblait vouloir la guider, elle devait prouver sa valeur en prenant son chemin seule et la tête haute. Montrer ainsi qu'elle en valait la peine, qu'elle méritait leur attention et leur amour. Prête à tout pour un sourire de sa mère ou un regard de son père, elle avait donc décidé de ne pas attendre pour obtenir un glowstick. Dans son esprit d'adolescente, seul l'obtention des faveurs d'un dieu, à son jeune âge, serait un acte assez brave et honorable pour gagner le respect de Nachos et Athelstan. Alors, il lui semblait évident que ce n'était pas l'Anaconda qu'elle porterait en bannière. Toutefois, il lui semblait utile de passer en premier à son temple afin de s'assurer qu'aucune affinité pour ce dieu ne viendrait entacher ses pensées déjà trop torturées entre le Grizzli et la Renarde.

Elle avait bien prit soin de ne pas se salir les pattes dans quelques pares peu ragoutantes. Marcher sur de la terre humide et molle était déjà assez peu agréable, et comme elle était bien plus lourde que ce qu'il n'y paraissait, ses empreintes étaient profondes. On pouvait la suivre à la trace, elle n'aimait pas ça. Sa mère lui aurait jeter un regard méprisant, pour son manque de discrétion. Athelstan aurait sans doute été plus tolérant et aurait proposer une solution, où peut-être aurait-il demander à ce qu'elle trouve la réponse par elle-même ? Elle réfléchit un instant mais aucune solution miracle ne lui vint. Puis bon, elle était en territoire Etelkru, elle ne craignait rien. Haussant les épaules et fronçant le museau, Solelio reprit sa route jusqu'au grand arbre mort, désignant l'entrée du lieu de culte. Sauf que entre temps, son idée avait radicalement changé, lorsqu'elle avait aperçu l'une des filles de la Prêtresse chauve-souris et de l'Alpha Annette. Une des filles avec des ailes. Aussi bizarre que sa mère, celle-là. Instinctivement la brune se rentra la tête entre les épaules. Elle savait que sa mère haïssait les Alphas et n'en disait pas de bien du tout, en privée de leur tanière. L'adolescente ne comprenait pas toujours les réflexions de Nachos, toutefois, ce demi-endoctrinement de la vieille louve aigrie fit qu'automatiquement, la louvette aux cheveux de feu se méfia de sa congénère hybride.

Les avis des parents se transmettaient très souvent, volontairement au non, à leurs enfants, qui n'avait pas encore de sens critique assez développé pour remettre en question les paroles faisant lois. Forcément, Solelio décida qu'elle n'aimerait pas l'autre adolescente. De toute façon, pourquoi l'aurait-elle apprécié ? Elle ne s'entraînait pas comme elle a devenir une grande guerrière, elle n'avait pas besoin de mériter l'attention de ses mères. Elle était donc forcément pourrie-gâtée et insupportable, non ? C'est tout de même la curiosité qui l'emporta sur le moment et la jeune femelle chocolat et piment s'assit au pied de l'arbre, la truffe en l'air, pour fixer celle qui se prenait pour un as de la grimpette.

Un as, un as... Pas vraiment, non. La pauvre petite Alexandrine était d'une maladresse confondante et son essai d'atteindre le deuxième pallier était en train de se solder par un cuisant échec. Elle grimaçait, ses griffes puissamment plantées dans le bois, tirant sur ses pattes, ses ailes plaquées contre l'arbre comme ces énormes chauves souris lorsqu'elles se déplacent. Mais Alexandrine était un dragon, pas une chauve-souris, elle n'était pas faite pour grimper aux arbres et son poids l'attirait vers le bas. Elle commença à gronder, avançant d'un pas encore, avant de brailler et

Tout lâcher.

OHPUTAINDEMERDEOHNOOOOON

Elle n'eut pas le temps d'ouvrir ses ailes qu'elle retombait sur le première pallier, la large branche qu'elle venait de quitter, la heurtant avec un oof- de douleur, tout l'air chassé de ses poumons. Oh god - ça n'en finissant pas. Elle réussit, toutefois, à ralentir sa chute en griffant la branche qui l'avait si vilement agressé. Alexandrine réussit in extremis à battre de ses ailes de cuir, une fois, ce qui l'empêcha probablement de se tordre une patte à l'atterrissage.

Pas d'éviter la petite boule de poil qui, d'en bas, l'observait avec attention.

Le choc ne fut pas bien brutal, et Alexandrine avait déjà les os solides et l'habitude de rentrer dans tout le monde, mais elle était confuse :

Oooooooh putain de meeerde désoléééééée ! Whoa ! T'as rien j'espère oh mon dieu mais fallait pas rester en dessous c'est super dangereux j'suis trop nulle à ça oh lalaaaaa !

Elle avait libéré la petite de son poids et lui offrait une patte pour se redresser, la mine inquiète.

Solelio ; 9 mois
F  A E I

Elle l'a vit arriver droit sur elle, mais observer la chute de la princesse était trop beau pour qu'elle réalise qu'elle serait son matelas avant que le choc ne la secoue. Heureusement, tout comme Alexandrine, Solelio avait l'ossature épaisse et lourde, donc solide. Ce n'était pas la première fois que cela lui sauvait la mise ! Secouant le museau vigoureusement, plus surprise que sonnée, elle souffla bruyamment des naseaux.

« Pourtant t'as des ailes, ça t'aide pas ? »

L'adolescente rousse aurait bien dit quelque chose de plus méchant encore, mais le regard plein d'empathie de l'autre jeune louvette lui fût salutaire. Pour cette fois. Sol hésita une seconde à accepter cette patte tendue : elle n'avait besoin de personne et ne souhaitait certainement pas devoir quoi que ce soit à quiconque, même pas un coup de patte. Nachos aurait été fière de cette réflexion. Son père moins... Il la regarderait sûrement avec déception en invoquant le travail d'équipe, l'importance de l'esprit de la meute, l’entraide, tout ça. Le coeur de l'Etelkru balança un peu à droite, un peu gauche, et c'est finalement Athelstan qui l'emporta alors qu'elle prenait l'aide proposée. Pour cette fois.

« Pourquoi tu étais là haut ? »

Depuis son cuisant échec de grimpette une lune plus tôt, la rousse avait en horreur les hauteurs et ne souhaitaient surtout pas retenter l'expérience. Pourtant elle savait bien qu'il ne fallait pas rester sur un échec, ne pas garder cette peur de la chute ancrée à ses pattes. Il faudrait qu'elle refasse l'expérience, et qu’elle y parvienne, pour dépasser sa peur et gagner en agilité. Même si elle ne convoitait pas du tout l'étendard de l'Anaconda, être au moins un bon partout était important pour ne avoir de réelles faiblesses physiques et donner à l'adversaire une ouverture trop évidente. Le regard bleu glacé de la louvette retourna se nicher dans le feuillage du grand arbre. Pourquoi donc vouloir se rompre le cou de la sortie ?!

Solelio ; 9 mois
F  A E I

Un peu mauvaise, elle lui aurait bien proposer de les escamoter, mais bon, Solelio ne connaissait d'Alexandrine que son rang sociale donc, elle n'allait pas commencer à plaisanter avec la princesse. Elle jaugea les ailes de cuir de la louvette, sensiblement les mêmes que sa génitrice. Logique. Si elle rassemblait ses maigres connaissances sur les objets volants parfois non identifiés rencontrés en forêt, il lui semblait que seul les plumes permettait de voler. Peau et poil ne laissait que planer les écureuils... Tandis que les buses, les piverts et même les moineaux, ces horribles gazouilleurs, eux, ils pouvaient s'elever comme il voulait dans l'air ! Enfin, la rouquine n'avait jamais vu de chauve-souris, donc elle ne savait pas trop si c'était une bestiole à mettre avec les rats volants ou avec les chanteurs insupportables des bois. Visuellement, plutôt les rats non ?

« Colle toi des plumes ptêtre ? »

C'était pas tout à fait sarcastique, car, pour le coup, l'adolescente pensait vraiment qu'il valait mieux avoir des ailes de plumes douces et duveteuses et utiles que des ailes de cuir plus rigide qui permettait seulement de planer. Entendre ensuite la fille d'Alpha et Prêtresse avouer aussi facilement un échec la surprit un peu. La beige n'avait donc aucune honte à avouer être mauvaise ? Elle n'avait pas peur du jugement de ses mères face à son incompétence ? Elle, elle se serait probablement prit une raclée par nachos avec de telles paroles de faiblesse. Puis elle réalisa et la jalousie la submergea de nouveau : Alexandrine était aimée par ses mères, choyée, soignée. Solelio était pleine de venin pour la femelle un peu plus jeune, et elle s'apprêtait même a devenir méchante pour se venger de cette sale gamine née avec le sang bleu et avec les bons parents. Même son père, qui était bien moins virulent que sa génitrice, n'avait d'égard pour la louvette chocolat et piment ou son frangin. Il n'avait d'yeux que pour Pepper. Et Holly. Foutues louves couleur ciel. Elle vous écraserait comme un louveteau joue les godzillas sur une file de fourmis.

« Bien s- »

Solelio en resta sans voix, tellement cela la prit au dépourvu. Ainsi, la fille d'Anette et de Sheina connaissait son nom. Elle savait qu'il elle était, alors qu'elle n'était personne au regard de quiconque. Les oreilles en arrière de l'adolescente se dressèrent subitement alors que son petit coeur se serra. Toute sa négativité s'enfuit l'espace d'un moment, ne laissant que la surprise. La princesse l'a connaissait de loin. La princesse était donc attentive aux autres. Elle n'était pas comme son frère à juger et à regarder de haut le monde entier à cause de sa naissance. La rouquine eu une petite révélation personnelle : tous les loups né avec une branche d'argent dans la bouche n'était pas des égocentriques. Il y avait des exceptions. Il y avait une exception avérée en tout cas. Alexandrine. Reprenant le contrôle du fil de ses pensées, Solelio secoua le museau et se vit être d'une honnêteté inhabituelle. Il faudrait qu'elle soit vigilante, la louvette ailée faisait ressortir trop de de sympathie et surtout, trop de ce besoin d'affection, de reconnaisse et de lien sociaux qu'elle piétinait et tentait de faire taire pour faire plaisir à sa mère.

« Euuuh... Non. Enfin oui! C'est ça ! Et Non jsuis nulle en escalade. Le seul arbre que j'ai grimpé, j'en suis tombée en voulant quitter la première branche... »

Les oreilles de la fille du Chevalier disparurent sous sa tignasse de feu, et elle baissa le museau. Elle, elle avait clairement honte de ce douloureux échec. Même face à Alexandrine, elle était gênée. Surtout même. L'hybride était plus jeune, donc forcément, Solelio aurait dû y arriver mieux qu'elle ! Non mais ! Les émotions des juvéniles louvards pouvaient être bien changeant !

« Tu t'entraîne souvent, Alexandrine ? »

Tu vois, moi je connais bien ton prénom. Tout le monde le connait. Enfant gâtée. Souffla l'adolescente Etelkru dans son esprit, avec une rasade d'amertume injustifiée.

Solelio ; 9 mois
F  A E I

Il y avait une certaine candeur chez Alexandrine, qui rendait difficile la volonté de la détester. La rouquine se rendit bien compte, sans vraiment comprendre comment, que malgré l'avis négatif de sa génitrice et son envie de ne pas lui être sympathique parce qu'elle était princesse, aimée de ses mères et bien entourée de toute sa famille, qu'il lui était étrange de rester se forcer à rester de marbre quand elle avait simplement envie de répondre à la jovialité de l'autre enfant. Balançant entre la perception faussée par les apprentissages de Nachos, et son coeur d'adolescente, la jeune femelle Etekru se contenta d'un hochement de tête. Oui, Sol. Son frère l'appelait comme ça, Ortie aussi parfois... Alors pourquoi pas. Vint ensuite la proposition, le défi de grimper sur cet arbre aussi haut et large que celui dont elle était tombée. Aussi angoissant donc. La truffe de la louvette monta vers le ciel, et elle fixa ces branches avec envie mêlée d’inquiétudes. Et si elle tombait encore ? Mais l'attrait de l'entraînement, l'émulation de la compagnie d'Alex, le désir de se battre soi-même et d'être meilleure encore...

« On peut ptetre se donner des conseils au fur et à mesure ? Vu qu'on aura un autre point de vue sur nos positions ? »

Questionna Solelio, autant pour se convaincre d'accepter que pour répondre à l'hybride. Pensive, elle posa une patte sur l'écorce... Indécise.

Solelio ; 9 mois
F  A E I

La proposition était inattendue, surprenante. Alex voulait qu'elle lui marche dessus ? Qu'elle la pitéine ? Mais on marchait sur la tête, littéralement !! Elle n'avait pas peur de ne pas être respectée en se laissant ainsi surplomber ? Bon, elle restait une princesse mais quand même... Passé" cette première minute d'étonnement, Solelio hocha la tête sans savoir quoi répondre... Parce que d'un autre côté, l'idée était diablement bonne et permettrait ainsi d'être plus mobile, plus sécurisée et l'entraide faisait toujours bon entraînement disait son père. Elle s’exécuta donc peu de temps après, étudiant l'écorche, positionnant ses coussinets sur les omoplates de sa compagne de galère pour ne pas lui faire mal... Parce que bon, si elle allait raconter après que la rouquine l'avait blessée, elle allait prendre une sacrée soufflante. Même si maman serait probablement satisfaite. Etonnement, Solelio se découvrit plus complice et encline au travail d'équipe que compétitrice et mesquine cette après-midi là. S'échanger des conseils, s'indiquant des prises à essayer, s'entraidant au besoin et servant chacune leur tour de courte échelle à l'autre -bien que Solelio soufra un peu plus de la position basse, vu le poids de la princesse et celui de son égo surdéveloppé !-, les heures de jeu et d'exercices mêlés filèrent sous les rires, les chutes et bosses, et les encouragements. Il fût bientôt temps de délaisser les hauteurs pour retrouver le cocon douillet du Castel et le giron de leurs mères.

« Merci pour aujourd'hui ! On pourra recommencer à l'occasion ! »

Solelio quitta la femelle ailée avec des impressions mitigées : celle de s'être fait, peut-être, une amie, et celle, beaucoup moins plaisante d'avoir trahie sa génitrice en appréciant autant cet après-midi en compagnie de la fille de l'Alpha Anette...