Tout avait tellement changé.

Privé de vue, Mozarthamès ne se fiait qu’à l’odorat et à ses autres sens. Le chemin jusqu’aux terres fut long, loin d’être facile. Le loup rancunier qui avait quitté ces lieux, avait bien changé. Le mâle beige et marron s’arrêta un instant pour inspirer avec plaisir les odeurs du territoire Lazulis. Cela lui avait tant manqué. C’était chez lui après tout ici, n’est-ce pas ? Les pas du loup le guidèrent jusque-là où aurait dû se trouver la cascade sacrée.

Une odeur d’eau croupie régnait en ces lieux, chatouillant la truffe de l’aveugle qui fronça les sourcils. Où donc était passée le chant de la cascade qui s’écoule ? Les oiseaux qui sifflaient dans cet endroit de vie ? La punition infligée par Mido, avait-elle eu raison de tout cela ? Les oreilles du mâle partirent vers l’arrière, alors qu’il s’engageait dans le temple, l’odeur d’humidité et la sensation de fraîcheur venant caresser ses sens. Au moins ici, rien n’avait changé depuis leur dernière rencontre.

« — Cela faisait longtemps, Déesse Ao. »

La voix du mâle était calme, emplie de nostalgie et d’une certaine forme de regret. Mozarthamès n’avait pas eu besoin de Yurai pour faire la paix avec lui-même, l’exil qu’il s’était infligé avait largement suffit. Avec douceur, le loup défit le paquet qu’il avait amené avec lui, pour en sortir un diadème de saphirs bleus, que ses gardiens au-delà des montagnes du sud lui avaient offert. Un cadeau de pardon ou à défaut, un chemin vers celui-ci.

« — Ce présent ne suffira à effacer les erreurs commises à votre égard, mais veillez me pardonner, pour tout le mal que j’ai pu vous causer. »

Ainsi que la peine.

Parce que t’avais sacrément merde, hein Mozarthamès ? Tu t’en rendais compte tout de même, de t’être comporté comme le premier des imbécile…