Wymond

Dusk lui avait indiqué le chemin - derrière la cascade, longer le chemin sur la roche, puis dans la grotte, au fond. Il n'avait pas demandé si il fallait venir avec un cadeau ou non.
Oups. Il ne voulait paraître impoli devant une déesse.

Alors, dans le doute, il avait fait demi-tour, en arrivant à la cascade, et était allé chercher des fleurs dans les plaines qui longeaient le lac azuré. Là bas, il avait trouvé des azalées. Il aurait aimé en trouver des bleues, mais il n'y avait que du rose. C'était toujours mieux que pas de cadeau, non ? Alors il les embobina avec un morceau de lierre pour faire un joli bouquet et retourna à la cascade.

En arrivant dans la grotte de la dragonne, il fit les gros yeux: impressionné. Alors c'était à ça que ça ressemblait, un dragon. C'était gigantesque ! Ils allaient vraiment se battre conter ça ? Il se sentit un peu inquiet - pas forcément pour lui même, mais pour les autres. Il y aurait des gens qu'il ne pourrait pas aider, qu'il ne pourrait pas protéger, face à une telle menace. Il relèverait le défi, pour sauver tous ceux qu'il pouvait... mais ceux qu'il ne pourrait pas ?

Il s'approcha, et posa le bouquet de fleurs roses sur le bord de la fontaine, avant de se reculer, et de s'incliner devant la statue et la fontaine. Il avait beau être le plus grand qu'il connaissait, il se sentait soudain tout petit.

"Déesse Ao, je suis venu me présenter à vous pour devenir l'un de vos loups de lumière."

Il regarda la statue de la dragonne.

"Si vous me permettez, j'aimerai vous montrer que j'en suis capable." dit-il.

Il avait pas l'habitude de parler autant, alors il avait révisé à l'avance ce qu'il dirait à la déesse.




Si Ao accepte l'épreuve, et que ça peut vous aider, les peurs de Wymond sont : choisir entre ses valeurs de protection des autres, de gentillesse envers les inconnus, de défendre des dangers ceux qui sont dans le besoin et ses "amis" (comprendre Vanitas); de pas pouvoir protéger ceux qu'il aime ; de voir ceux qu'il aime mourir sans pouvoir les secourir a temps

Soudain, elle est là. Brillante comme la glace - mais étrangement lumineuse. Une forme immense, écailleuse, projetant de la lumière bleue sur les murs de la grotte se dresse face à lui. Il ne pourrait pas dire qu'il n'est pas impressionné. Il n'as jamais vu quelque chose - enfin, quelqu'un alors - d'aussi magique et majestueux. La dragonne souffle sur lui, et même avec son épais pelage et ses kilos en trop, il sent le froid de la glace. Les pétales des fleurs volent autour de lui.

Elle lui demande si il essaie de la séduire. Avec les fleurs ? Il se sent un peu confus, ce n'était pas du tout pour ça qu'il les avait apportés, il voulait plutôt ... faire plaisir ? Apporter un cadeau ? En tout cas, c'était une mauvaise idée, alors il ferme les yeux et secoue négativement la tête, professant honnêtement que ce n'était pas là son intention. Puis il ouvre de nouveau les yeux pour la dévisager. Si il n'était pas là, et qu'on lui avait raconté que la déesse était en fait une vrai dragonne, il ne l'aurait pas cru - mais maintenant, il devait y croire. Il savait enfin ce que c'était vraiment une déesse. Et c'était impressionnant.

Il se sent un peu honteux. D'abord les fleurs, et maintenant le tremblement ? Il ne lui semble pas qu'il tremble - enfin, il a un peu frissonné quand la dragonne lui a soufflé dessus - c'était quand même très froid. Mais est ce qu'il avait peur d'elle ? Il réfléchit. Ce n'était pas de la peur, exactement. C'était comme lorsqu'il rencontrait un très, très vieil arbre dans la Sylve. Certes, il était énorme, plein de grandes branches qui faisaient plusieurs fois son épaisseur. N'importe quelle de ces branches pourraient l’anéantir instantanément si elle lui tombait dessus - et pourtant, ces arbres ne lui faisaient pas peur. Ils l'impressionnaient. Ils forçaient le respect, l'admiration. Par leur centaines d'années vécues dans le monde, dont eux seuls étaient maintenant les témoins. C'était le même ressenti qu'il avait là, pour la dragonne de glace qui se tenait, grande, puissante, au dessus de lui. Il n'avait pas de doute qu'elle pourrait le tuer immédiatement, si elle le voulait.

Il a un peu peur, à cette pensée - si la déesse le voulait mort, surement à cause des fleurs, elle pouvait le faire. Il se voit un instant mort, il voit la tristesse de sa famille, de ses amis au Refuge, sur la plage, dans les montagnes, qu'il va soudain laisser sans nouvelles...
Mais il n'est pas là pour avoir peur, il est là pour montrer qu'il est plus fort qu'avoir peur. Alors il accepte la possibilité de sa mort, là, sous le museau de la déesse. C'était pas si dur, il s'était toujours dit qu'il allait mourir pour quelqu'un, si il allait mourir pour montrer qu'il pouvait se tenir même devant la plus puissante créature qu'il n'ait jamais vu - alors il le ferait.

Il se tient bien droit. Il avait peur, mais il serait fort quand même. Il se tiendrait là, à l'endroit où il allait peut être mourir quand même. C'était ça, d'être chevalier. C'était ça qu'il voulait être, comme loup. Celui qui ne reculait pas, face au danger. Celui qui tiendrait le coup. Le courageux.

Vanhir lui avait un jour dit qu'être courageux, ce n'était pas de ne jamais avoir peur: c'était d'avoir peur, et de faire quand même. Il serait ce genre de courageux.

"Je n'ai pas froid, je suis impressionné" dit-il.

Il perçoit presque un changement. Le vent est un peu moins glacial, peut être ? En tout cas, il redresse un peu ses oreilles.

Il n'est donc pas taillé pour cette épreuve ? D'un côté, la stature de la dragonne lui donne envie d'accepter tranquillement, de reprendre son chemin ; mais de l'autre, il veut lui montrer que ce n'est pas vrai. Il peut le faire, il veut le faire ! Il est plus courageux qu'il n'en à l'air - gros patapouf qu'il paraît être. Mais quelque part, elle a raison. Il n'as pas eu une vie très compliquée. Certes, il a appris à se débrouiller seul, à survivre grâce à son mentor, à manger des végétaux, grâce aux loups du Refuge ... il n'a pas vécu des horreurs qui endurcissent.

Alors, lorsqu'elle lui propose de se prouver, il se redresse bien droit, décidé à montrer qu'il est assez bon, qu'il peut faire ces choses dont il paraît incapable. Aller jusqu'en haut du monde, par exemple. Les montagnes ne lui font pas peur: il y a été plusieurs fois, avec Vanhir, son mentor et sa figure paternelle, et seul aussi, dans la Sylve. Là où les arbres étaient ses meilleurs amis. Le veut froid ne le fait pas trembler, cette fois ci, il reste happé par la vision que la déesse dragonne lui offre : un dragon qui fait pousser des feuilles. Il le trouvera. Il hoche la tête, droit sur ses pattes.

Et aussi vite qu'elle était apparue, elle disparaît.
Laissant un instant le symbole, plus le noir et le froid, derrière elle.

Mais Wymond est galvanisé. Il s'incline devant la statue inerte, puis s'en va.
Il sera déterminé, à la hauteur des attentes d'une dragonne.

Il lui montrera que lui aussi, a un coeur de dragon.

[finito]