Fais attention où tu marches (feat Andrei)

L'ex-garde des Lazulis à toujours su faire attention là où il marchait. Une chose peu aisée pour ceux qui ne naissent pas aveugle mais qui le deviennent des années plus tard ; c'est tout un apprentissage, une rééducation qui débute alors. Très souvent, les gens sont admiratifs de la manière dont Angelo à su s'adapter à ce monde, pourtant, aucun mérite ne devrait lui être attribué à son sens. Il est né comme ça. Il vit constamment dans le noir. Il n'a jamais su réellement ce que c'était, la vision. Il a une vague idée de ce que cela pourrait être quand il use de son pouvoir pour voir les liens entre les différents loups. Une sorte de couleur, d'aura spécial qui se dessine devant lui sans trop savoir son origine. Autrement, il ne voit rien. Du moins, rien de descriptible.

Tel un loup parfaitement normal, il se balade dans la forêt. Ce bois devenu lugubre ne lui inspirait plus la confiance qu'il lui donnait autrefois. Désormais, il faisait attention de ne pas trop s'enfoncer au risque de véritablement se perdre.
Le ventre creux, il avait faim. Mais tout les gros gibiers ont désertés l'endroit, plus rien d'intéressant à manger ne vivait ici. Seulement des rats, perdrix, et parfois même des lièvres parfois. De quoi constituer un apéritif mais pas plus.
Tendant l'oreille, il écoute, il analyse. Tout ses sens sont en éveil pour détecter là moindre proie qui pourrait lui servir de casse-croute. Après quelques instant, il se résigna. Il n'y avait rien.
Soupirant légèrement, il reprit la marche, parallèlement à la lisière du bois pour ne pas s'éloigner de trop, évitant tout les petits pièges qui pourraient faire vivre à un loup nouvellement aveugle un véritable enfer. Mais pas pour lui. Lui, il a l'habitude. Il fait attention où il marche, comme toujours. Et c'est ainsi qu'il surpris un bruit derrière lui. Ça n'avait pas l'air d'être un perdrix, ni un lièvre. C'était légèrement plus gros.
Il se retourna pour mieux s'orienter vers la provenance du bruit et essayer de deviner ce que c'était. Ou, plus précisément, qui.

- Qu'est-ce tu fais là, gamin ?

Contrairement à Angelo, Andrei n'était pas encore très débrouillard avec sa cécité. Pourtant ça ne l'empêchais pas de prendre des risques, de s'éloigner un peu (beaucoup) de sa fratrie quand son père partait chasser de quoi vaguement les maintenir en vie vue la faible abondance de gibier depuis le dôme. Mais tout ça, Andrei n'en était pas vraiment conscient. Tenant à peine debout, il avait préféré s'aventurer en solitaire un peu plus loin dans les bois voisins. Une envie de s'isoler de sa fratrie ou de découvrir le monde ? Difficile de savoir. Ce qui était sûr c'était que le jeune loup était arrivé ici totalement par hasard, ne savait absolument pas où il se trouvait et n'était pas vraiment inquiet de la situation, probablement par manque de conscience des dangers de l'extérieur. Il devait sans doute s'imaginer que son père viendrait le chercher où qu'il aille, après tout il ne savait pas non plus que le monde était aussi vaste. Son père, Jésus, passait plus de temps à parler de religion que de géographie.

Dès qu'il sentit la présence d'un autre canidé, il se contenta de suivre l'odeur, un peu curieux. Mais son allure un peu maladroite de bébé loup était loin d'être discrète et très vite l'adulte remarqua sa présence. L'absence de vision ne permettait pas à Andrei de se rendre compte de la différence de taille quelque peu frappante, mais la voix grave du mâle solitaire se montrait tout de même bien imposante pour le jeune loup. Il tourna son regard en direction de la voix et de l'odeur de l'adulte, pas vraiment sûr de regarder exactement au bon endroit. Andrei n'était ni mal à l'aise, ni impressionné, mais il était tout de même conscient que ce loup plus âgé était supérieur à lui. Il n'avait pas l'intention de lui avouer s'être perdu sachant qu'il n'était même pas conscient de l'être vraiment. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui répondre ?

"Je.. Me promène !"

Ce n'était pas un mensonge, même si ça restait anormal pour un enfant de cet âge. Pour mieux faire passer l'information, il fit un pas en avant et enchaîna rapidement.

"Comment tu t'appelles ?"

Oui, vu son âge, le vouvoiement est loin d'être dans ses cordes, surtout en sachant qu'il n'a jamais "vu" personne d'autre que sa fratrie et son père.