La famille avant tout - LIBRE

La plupart du temps, les loups qui engageaient leurs pas sur les terres Etelkrus en sachant pertinemment qu'ils n'y étaient pas les bienvenus faisaient montre du plus de discrétion possible t hâtaient leurs pas dans ce qu'ils devaient faire pour espérer ne croiser aucun membre de la meute. Et puis il y avait ceux qui venaient là dans l'intention de se faire repérer, qui venaient presque en souverain, certains de pouvoir s'en sortir sans peine. C'avait été le cas de Jaxx, le solitaire qui avait ramené Rowena, et il s'en était sans doute mordu les doigts. Aussi fut-ce avec surprise qu'Athelstan entendit s'élever, non loin du Grand Castel, la voix de loups étrangers. Il était à la tête d'un petit groupe qui patrouillait autour du camp, de manière un peu dispersée parce qu'on comptait sur ceux qui chassaient et gardaient les frontières pour signaler les incursions et se promener en groupes plus sécurisé. Il s'abstint donc de lancer le moindre ordre vocal - l'idée que ces hurlements soient une diversion pour laisser à découvert l'autre flanc du Castel lui avait effleuré l'esprit - et se dirigea à foulées mesurées, battantes, en direction de l'endroit d'où provenaient les hurlements, après avoir indiqué de la tête à ceux qui se trouvaient du même côté que lui de le suivre.

Il lui suffit de passer un large roc qui émergeait du sol pour voir se dessiner sur le sol de pierres les silhouettes recherchées. Son échine frémit en constatant qu'ils avaient pu s'approcher si près - à moins qu'ils n'aient déjà croisé une patrouille, mais c'était peu probable que cette dernière ne les ait pas accompagnés - et en étant si nombreux. Il reconnut immédiatement celle qui se trouvait en tête. Anianka. Le temps ne paraissait pas lui avoir retiré l'orgueil et le port majestueux qu'elle se donnait, en revanche il ne voyait plus dans son attitude ni dans son regard mordoré la mutinerie et la malice de ses jeunes années. Cela faisait longtemps, très longtemps qu'il ne l'avait pas croisée - drôle d'ironie, c'était aussi en terres Etelkrus et venue de manière pus ou moins autorisée qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois. Derrière elle se trouvaient nombre jeunes loups qu'il identifia extrêmement rapidement : ils étaient ses enfants, et ils étaient la famille de Mildred. Maintenant qu'il se trouvait face à eux et à leur mère, il n'y avait aucun doute possible. Leur allure se ressemblait un peu, ils sautait aux yeux qu'ils portaient le même sang, et le même sang que sa nièce. Ils étaient une partie de sa famille.

Le Chevalier tricolore n'était pas au bout de ses surprises, car lorsqu'il finit de parcourir les nouveaux venus des yeux, son regard vairon tomba sur une silhouette familière, et qu'il ne s'attendait pas du tout à croiser. Ce loup brun et cornu, au regard améthyste, était comme une créature tout droit sortie d'un rêve. Il mit un instant avant de remettre un nom sur ce visage qui surgissait de son passé, et finit par le retrouver. Teddy. Il l'avait croisé lors d'un étrange épisode durant lequel il s'était retrouvé coincé sur une île à devoir résoudre des énigmes digne sde Mido - ou presque - pour réussir à retrouver le chemin du retour. Il se souvenait de ce camarade avec lequel il s'était immédiatement bien entendu, mais avait fini par croire que tout ceci n'avait été qu'un rêve. Après tout, il n'aurait peut-être jamais dû explorer ce manoir hanté, et avait sans doute été victime de fumées toxiques ou hallucinogènes. Constater que ce loup existait réellement et le voir surgir à cet instant de son existence était bien plus surprenant que de croiser Aniaka sur les terres Etelkrus, ce qui n'était pas peu dire.

La tête et la queue haute - il se trouvait sur son territoire après tout, et pas eux, s'il en croyait l'odeur qui émanait de leurs pelage - il s'avança jusqu'à se trouver face à eux, à une distance respectable, et posa son regard sur la mère de la troupe pour lancer :

"Dame Anianka, vous me voyez surpris de vous trouver ici."

Il n'avait pas de posture agressive. Il n'y en avait pas besoin. Tous ici savaient que les étrangers n'étaient pas les bienvenus chez les Etelkrus, mais il ne s'agissait pas d'agir avec imprudence. Il avait beau être un guerrier expérimenté, il n'aurait pas la stupidité d'attaquer seul un groupe si nombreux. Il aurait peut-être eu une chance de s'en sortir vainqueur, mais elle était minime et il était inutile de tout risquer. Il tourna la tête vers l'autre adulte du groupe et ajouta d'un ton dans lequel perçait presque une sorte d'amusement :

"Tout comme vous, Sire Teddy."

Il voulait simplement marquer le fait qu'il ne l'avait pas oublié malgré les années et la situation loufoque qui les avait fait se croiser un jour durant leur existence. Cela fait, il ramena son regard sur Anianka.

"Que venez-vous faire ici, avec vos enfants de surcroît, ma dame ?"

Son cœur battait fort. Trop fort.
Ils ne s'étaient pas arrêtés à la frontière comme espéré. Elle aurait cru que sa mère aurait fait preuve de plus de prudence, vu l'enjeu. Elle suivait les autres, crocs serrés, la trachée étouffée par la chaleur et l'humidité qui vient avec les orages. Maxim s'était arrêté, un instant, avant de poser les pattes dans le territoire interdit. Soufflant par les naseaux, voyant les silhouettes des autres se mouvoir sans ne serait-ce qu'un arrêt, elle lâcha un juron à voix basse. Évidemment que sa mère n'était pas prudente. Évidemment qu'Isrâ la suivrait sans discuter. Évidemment que personne ne poserait de questions. Elle ferma les yeux, inspira. Souffla les mèches couleur de neige qui lui tombait devant les yeux. Et traversa.

Elle avait accepté de venir parce que c'était Mildred, mais elle soupçonnait que ce n'était pas l'unique raison de la venue d'Anianka en territoire Etelkru. La haine que sa mère portait envers ces loups était innommable, obsessive même. Ça tombait sur les nerfs de la jeune louve, à vrai dire. Les Etelkrus les avaient laissé tranquilles depuis sa naissance, et elle n'avais jamais vu de confrontation réelle avec ces individus mystérieux, seulement entendu le venin des autres envers ces derniers. Maxim se demandait bien s'ils étaient aussi monstrueux qu'on lui laissait entendre. À vrai dire, ils ne savaient même pas si Mildred avait vraiment été kidnappée. Personne n'avait rien vu de l'événement, il fallait avouer. C'est donc ainsi, avec la nervosité d'enfreindre et d'empiéter sur ce territoire inconnu, avec la curiosité mêlée d'inquiétude face à ceux qu'ils allaient confronter, que Max suivait, un peu à reculons, le cortège suivant sa génitrice.

La pluie les mitrailla peu de temps après avoir franchit la frontière. Détrempés, aussi altiers que voulais avoir l'air son froeur et sa mère, elle ne pu s'empêcher d'y voir un certain pathétisme. Ils avaient tous l'air d'être tout droit sortis d'un marais, les mines encore creuses de la famine du Dôme, le pelage collés sur leur corps qui avait l'air bien moins imposant lorsqu'on enlevait le gonflement du poil. Ils n'avaient pas à se croire au-dessus de quoi que ce soit, misérables comme ils l'étaient.
C'est pour cela que Max garda la tête basse, le regard rivé vers les pattes de ceux devant elle, la gueule bien fermée par la frustration, ses oreilles droites et alertes tiltant au moindre bruit. Elle se surpris à prendre un certain retard afin de rejoindre Teddy qui fermait la marche, près de ses flancs qu'elle jugeait plus sages que ceux de sa famille. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais il lui inspirait bien plus de sécurité que les têtes fortes qui menaient l’expédition. Elle ne s'avoua pas qu'elle aurait voulu que ce soit Gloriel, près d'elle. Il lui semblait distant, depuis toujours, et au fond, elle aurait simplement voulu sentir qu'elle avait sur qui s'appuyer.

Ils ne tardèrent pas à arriver au Castel, et la jeune louve se dit sans ménage que c'était un miracle qu'ils n'aient pas encore été interceptés par une patrouille, ou mort déchiquetés dans un piège quelconque. Le Castel était immense, bien plus grand que ce qu'elle avait imaginé. Elle se sentait soudainement si petite. Un peu insignifiante, seule sans glowstick dans la troupe. Signe qu'elle n'était pas vraiment à sa place, au fond. Le rose, le vert, le bleu. Des couleurs qu'elle ne se voyait pas porter. Cette pensée intrusive, elle ne pût s'empêcher de la sentir, bien lourde au fond de sa poitrine. Sa curiosité pour cette meute, elle n'arrivait pas à la faire taire. Cette curiosité et cette idée... saugrenue...

Le courant dévastateur de ses pensées fût interrompu net lorsqu'une voix viens couper les hurlements annonciateurs de sa famille, à quoi elle n'avait pas participé. Elle se serra un peu plus près de Teddy, son corps effilé pressé avec anxiété sur le sien. Celui qui les intercepta avait l'air sage, très poli même. Elle le détailla, de loin, de son regard à la fois inquiet et surpris. Il était même joli, avec sa grande tignasse noire. Elle se trouva stupide d'avoir assumé qu'ils seraient différents d'eux. Ils n’étaient que des loups, eux-aussi. Pas les monstres qu'on lui avait toujours détaillé.

Les lourds nuages qui se pressaient dans le ciel menaçaient de laisser éclater leur courroux à chaque instant, mais Mildred et Rowena étaient tout de même sorties du Castel pour s’enfoncer dans les bois environnants à la recherche de plantes pour remplir les réserves qui s'amenuisaient. L'hiver étant parti pour laisser place aux prémices du printemps, les bourgeons et nouvelles tiges étaient légion dans les prairies et les sous-bois, perçant la terre encore récemment gelée pour entamer leur croissance.
Peu de mots furent échangés entre les cousines qui s'emmurèrent dans un silence respectif et concentré, les yeux de chacune balayant le sol à la recherche des trésors convoités mais les pensées dans lesquelles elle se perdaient s'élevant bien plus haut et bien plus loin que l'humus dans lequel elles mettaient les pattes.
Il arrivait parfois à Mildred de deviner entre les troncs l'endroit où auparavant s'étirait un écran fin et verdâtre, désormais évaporé depuis plusieurs jours. Elle détournait rapidement le regard dans ces moments-là, peu enclin à s'attarder de nouveau sur les pensées qui hantaient ses jours et ces nuits.

L'après-midi s'avança dans le calme et la lourdeur de l'orage se préparant au-dessus de leurs têtes, les plantes ramassées s'entassaient dans un coin près d'un rocher. La rousse jeta un regard par-dessus son épaule vers la silhouette de sa cousine, plus loin dans l'ombre. D'un soupir, elle fit quelques pas dans la direction opposée, louvoyant entre les troncs pour aller s'allonger sous le couvert des arbres, sa tête légèrement dodelinante posée sur ses antérieurs étendus.
Les premières gouttes de pluie venaient de s'écraser sur sa truffe lorsqu'elle entendit le premier hurlement.

La décharge qui envahit alors son corps arrêta simultanément son cœur et jeta son museau vers le ciel au moment même où de nouveaux hurlements s'élevaient en écho du premier dans un chant lugubre et victorieux envahissant les cieux.
Sa mère. Anianka. Et aussi ses sœurs, ses frères !

Le mélange d'émotions qui commença à exploser en elle était indescriptible et elle ne s'attarda pas à essayer d'en détailler la complexité.
Sans un regard en arrière -Rowena était de toute manière complètement éclipsée de ses pensées en l'instant présent- la jeune louve se jeta vers l'avant, courant à corps perdu à travers les pins et les buissons, ignorant le fouet des fines branches qui l'éraflaient, fonçant sans réfléchir vers la source des voix qu'elle avait attendu depuis maintenant plus d'un an.
Elle finit par déboucher sur un espace plus dégagé et freina brusquement de ses quatre pattes ancrées dans le sol lorsqu'elle constata que la silhouette d'Athelstan était présente droit devant elle, bloquant la vue. Haletante, elle émergea de derrière un roc, les yeux rivés sur la posture de son oncle - droite et fière sans être réellement intimidante pour autant- avant de suivre la direction du regard qu'il portait bien plus loin.

Son cœur manqua plusieurs battements à nouveau quand la palette de couleurs si similaires aux siennes se dévoila sous la canopée, à quelques mètres seulement d'elle. Sa mère au centre, flamboyante et arrogante, Elely et Maxim, Isrâ également -étaient-ce des glowstick qu'elle voyait briller sur certains d'entre eux ?- mais aussi Teddy. Et quelques secondes plus tard à peine vinrent s'ajouter les touches finales. Méridor et Gloriel apparurent à leur tour, émergeant des ombres. Ils étaient si grands et altiers, et ils étaient là pour elle - elle pouvait presque les toucher, bientôt. Elle savait qu'ils étaient bel et bien tous là, réels ; elle les sentait, pourtant elle avait peur de les briser si elle s'approchait pour se blottir contre eux, peur que l'illusion se dissipe. L'image qu'elle avait tant imaginé durant ces longs mois, sous toutes les coutures possibles, venait enfin de se dessiner face à elle et elle avait si peur de l'abimer.
Alors elle resta simplement sur place, immobile et tremblante, peut-être aurait-elle défailli si ce n'était pas la joie qui l'animait à cet instant alors. Ses oreilles bourdonnaient et sa queue s'agitait d'ondulations incontrôlées.

Elle encaissait encore le choc et insignifiant était le son des pas qui commençaient à apparaître à sa suite.

Joy ; 6 ans
F A E I

Elle était là aussi la guerrière, la bouclier, la fille d'Aka qui avait fait partie de la patrouille ayant ramené Mildred -sa nièce. Elle avait gardé une certaine distance avec cette gamine, à la fois intriguée pour en apprendre plus sur cette moitié de famille qu'elle n'avait pas eu l'occasion de connaître, à la fois méfiante pour tout ce qui n'était pas Etelkru. C'était, après tout, dans son éducation, suite à la mort de son père... Cela remontait à si loin maintenant. Et avec le decès de Noroi, Joy avait abandoné tout espoir de rencontrer les filles aînées de sa mère. Elle ne savait pas, qu'une fois, sur la plage, elle avait eu la chance d'en croiser une... Alors forcément, quand elle entendit le remue-ménage, la louve beige s'empressa de faire front avec le mentor de sa meilleure amie. La situation était grotesque, car il y avait un moment que la jeune louve Lazuli n'était plus tout a fait considérée comme une intruse et donc une ennemie. Les mots d'Athelstan firent tiquer les oreilles de la Bouclier au regard d'or qui prit soin de détailler plus délicatement les traits d'Anianka, espérant y découvrir le lien filial qui la reliait à l'ancienne Prêtresse de Kiro.

« Anianka ? La Anianka, fille de Noroi ? »

Demanda t-elle, sans vraiment s'adresser à qui que ce soit, comme si elle se questionnait elle-même... Tout en surveillant d'un oeil méfiant chacun des autres loups présents, et finir sur la louve susnommée. C'était insensé. Incroyable. Et vraiment, elle ne savait qu'en penser...

Solelio ; 1 an
F A E I

Pas loin de la petite louve hybride grise, il y avait une silhouette plus haute sur pattes, à la démarche aérienne et au regard hautain. Parce que les aboiements l'avaient interpellée comme beaucoup d'autres Etelkrus, elle s'approcha par curiosité. Puis, évidemment, lorsqu'elle comprit qu'il s'agissait de Lazulis, de bâtards même, elle dévoila ses crocs. Elle reconnu rapidement Elely, la soeur de Mildred, qu'elle avait croisé une fois lors de son expédition sur l'île pleine de charons, et la regarda de haut. Bon, elle était toujours aussi jolie avec ses mèches sauvages et son air revêche. En fait, à bien y observer toute la fratrie était plutôt pas mal... Fallait avouer que pour des bâtards, ils étaient plutôt sympa à reluquer. M'enfin. Ils restaient des fruits de l'union de deux traîtres... Dommage, vraiment.

Anianka & Elely

Ses prunelles glaciales dévisagent les nouveaux venus sans aucun pitié, elle est peut-être à l'arrière mais c'est elle qui exprime l'expression la plus farouche, plus encore qu'Anianka. Elely n'aime pas leurs regards hautains, leur petit air supérieur. Ils sont peut-être chez eux mais ils ne connaissent pas encore la force des anciens Lazulis et un pas de travers suffirait à faire bondir l'assassine. Une silhouette gracieuse se démarqua des autres et les prunelles de la disciple rose se mirent à briller sur son visage illuminé par un grand sourire. Elle était si heureuse de la revoir ! Et aussi rassurée car elle n'avait rien, le cas inverse l'aurait enragée et elle se serait défoulée sur eux. Elle voulu se précipiter pour la rejoindre et l'enlacer mais elle ne fit qu'un pas, aussitôt arrêtée par l'imposante silhouette d'Anianka qui n'avait pas encore bougé. Elle devait rester prudente, c'était mère qui dirigeait cette expédition et donc à elle de donner les ordres. Ses yeux roulèrent sur chacun des individus qui leur faisait face et elle s'arrêta sur l'une d'eux avec une grande queue reptilienne. Elle croisa son regard et ses arcades se froncèrent un peu plus. Tu veux ma photo la naine ?

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Elle jeta son regard sur le premier mâle qui arriva et reconnut Athelstan, un ancien guerrier qu'elle n'avait que trop croisé. Il n'était pas aussi con qu'Alys ou Nakos mais par sa loyauté il méritait pareillement son dédain.

Pas si surprenant que ça, quand on sait que vous détenez mon enfant.

Elle releva un peu plus la tête, hautaine et féroce. Aucun sourire mielleux n'ensoleillait son minois d'ordinaire séduisant. Elle détourna son attention sur les autres arrivant et elle eut un pincement au cœur lorsque sa fille apparut enfin, son sang, sa chair, celle qui lui avait été enlevé. Elle lui adressa un sourire chaleureux et rassuré au loin, comme pour lui exprimer un bonjour, un « oui, c'est pour toi que nous sommes tous ici, tu nous as manqué. » Qu'elle avait grandi.. Elle était devenue une louve digne et fière, aussi gracieuse et élégante que sa fratrie.
Une voix étrangère l'arracha de cet échange et son museau se froissa légèrement, l'air agacé.

Elle même. Répondit-elle sèchement en détaillant la louve beige.

Elle s'approcha de quelques pas et sonda les alentours de ses prunelles ambrés. Elle laissa entendre un petit rire narquois.

Et bien, les dirigeants de cette meute ne sont pas aussi redoutables que ce qu'ils laissent entendre. Je n'aurai pas cru cette intrusion aussi facile.

Toute une meute d'étrangers débarquent sur leur territoire et ils sont accueillis par un vieillard, deux gosses et une guerrière. Ses enfants ont un peu trop surestimé leur adversaire, il n'y avait là aucune organisation digne de ce nom.

T'ont-ils fait du mal, ma fille ?

Sa voix se fit plus douce mais son regard n'annonçait rien de bon. Il suffisait d'un mot pour qu'Anianka passe à l'action.

PW Award "La parole" : Anette ! Pendant 1 an IG, le personnage obtient l'attention des autres plus facilement.
[Je le claque psk j'ai pas de meilleure occas', ça a pas pour autre but que de lui faire une entrée remarquée promis- C'est juste raccord avec le monde qu'il y a ]

  


"Nous ne détenons personne."

Elle apparut en haut d'un rocher, queue droite portée comme un étendard.
Son regard sombre s'étala un instant sur la quantité d'âme regroupées dans l'endroit. Une petite troupe de gens qui la ramena, un instant, à celle qu'ils avaient formés pour se rendre chez les pirates. Arrivée un peu plus tôt, elle aurait sans doutes pu prendre la parole avant que le venin de la mère ne se répande. Dommage. Si elle comprenait la rage, née de la désinformation de la situation, elle ne comprenait pas le manque de politique de la disciple de moiro : questionner la légitimité de la défense d'une autre meute publiquement menait souvent à des incidents diplomatiques.
L'image de la manipulation subtile qu'elle se faisait des enfants de la Tigresse en prit un coup.

"Mildred a été récupérée par celle à qui vous venez de vous adresser, Anianka. Épée mienne Joy, qui fait ma fierté par ses actes et sa discipline sans faille."

Elle coula un regard vers la louve encensée, avec un sourire qu'elle n'avait jamais affiché que lorsqu'avait été ramené Jaxx et Rowena. Elle le reconnaîtrait peut-être dans sa retenue. À nouveau son attention se tourna vers le groupe arrivé sur leurs terres.

"Il m'est honneur de vous croiser, Sir Gloriel, frère de Sir Athelstan ici présent. Vous devez tout autant être chevalier émérite que lui. Vous pouvez ici trouver également l'une de vos nièces, Soleilo, fille d'Athelstan."

Elle entama la descente de son roc, s'approchant de ses interlocuteurs à une allure que l'on aurait pu considérer comme normale, loin d'être pressée. Droite, elle imitait le port de tête d'Anianka, à cela prêt que son torse était bombé d'une fierté douce pour les membres de sa meute. Elle se posta non pas aux côtés d'eux cependant, ni ne fit directement front entre eux et le groupe. À la place, ce fut Mildred qu'elle trouva, et d'une patte, incita l'enfant à avancer droit vers les siens.
Elle posa ses yeux dans ceux orangés de celle qui avait provoqué, et qui pourtant ne reçut que ton neutre.

"Mildred est une enfant réfléchie et aimante, nous avons été enrichis de sa présence." Elle cligna des yeux, expirant, la voix solennelle. "Nous comprenons la peine de perdre un enfant et de craindre pour sa vie. Par deux fois nos terres ont été bafouées et nos enfants dérobés. Dès lors, votre peine a été nôtre."

Elle salua d'un mouvement de tête.

"Nous laissons passage à nos alliés, je dirais même que si à l'avenir, vous viviez telle peine à nouveau, mes Épées et Boucliers pourraient s'allier à votre cause. Notre nombre fait notre force, et je suis moi-même prête à prêter patte forte !"

Pour faire démonstration de cette détermination, Anette offrit un large sourire, et banda ses muscles dans une pause plus haute et radieuse. La lumière rouge de son glowstick crépita pour y ajouter et elle observa un arbre posté non loin. Dé. Il y eu presque comme des éclats de rouge autour des branches, et plusieurs se mirent à se tordre et à ployer. Quelques une craquèrent et dans un bruit sec, se brisèrent. Le choc au sol ne s'atténua qu'en partie par une herbe un peu absente en ces temps de redoux.
Elles tombèrent plutôt sur la roche et dégringolèrent.
Toute sa force !

Elle ré-accorda la suie de ses iris au groupe, agitant légèrement la queue et une expression toujours positive posée sur le visage. Tout au fond de ses yeux, bien dans leur creux, et coincé dans un bout de dent de ce sourire brillant, il y avait une flamme de détermination.
Et de méfiance.
De danger.

"Car vous êtes nos alliés, n'est-ce pas ?"

N'est-ce pas ?

Salazar

Le chant d'une meute, et voilà que tout le monde rapplique. Salazar ne resta pas en arrière et s'approcha à son tour, prenant soin de rester cependant à l'écart pour mieux observer. La voix d'Anette, et ce qui semblait être une démonstration de force, ne lui échappa pas. Et pourtant, ce n'était pas sur elle que l'attention était focalisée, parce qu'il la connaissait, son alpha. Elle était puissante, personne ne pouvait le nier, même si sa façon de penser n'était pas celle adoptée par le jeune mâle. Et même sans la regarder, il l'entendait.
Non, la personne qui attira son attention était celle louve, cette louve dominante qui trônait au centre d'une masse de jeunes individus. Le mâle haussa un sourcil, réalisant que les paroles de la louve étaient vraies.

Mildred. Et Anianka.
Gloriel, et le reste de ses cousins.
Lentement, ses yeux se tournèrent vers la jeune concernée, et il l'observa. Quel choc de retrouver sa famille après tout ce temps.
Que vas-tu faire, maintenant ?
Quitter ceux qui ont su prendre soin de toi et abandonner le pouvoir, ou rester parmi les forts ?

Malgré la situation qui se révélait fort intéressante, quelque chose agaçait Salazar.
"Car vous êtes nos alliés, n'est-ce pas ?"

Ses yeux se posèrent de nouveau sur Anette, comme pour chercher une réponse. Sans attendre plus longtemps, son regard chercha Pepper, espérant qu'elle rappliquerait rapidement et qu'elle mettrait un terme à cette intrusion.
Les Etelkrus n'ont pas d'alliés.
Ils ne peuvent compter que sur eux-même.

Elle était là. Mildred. Celle qui avait disparu il y a déjà longtemps, celle qui partageait son secret. L'épaule sur laquelle elle avait versé tellement de larmes, les seules qu'elle avait laissé couler sans l'encombre d'une retenue trop fière. Sa sœur, son sang. Son amie. Elle était si belle, si fière, forte étrangère parmi tant d'Etelkrus, tant de visages qu'elle ne reconnaissait pas. Maxim planta ses yeux bicolores dans le faciès aux allures nobles rappelant celles de leur mère. Pourquoi ne venait-elle pas à leur rencontre ? Son regard la supplie, viens, viens nous rejoindre Mil'. Qu'ils partent d'ici au plus vite. Une inquiétude obsédante lui tordait le ventre. Et si elle préférait rester avec eux ? Avait-elle raconté à tous ces étrangers comment sa sœur était une horrible meurtrière ? Honteuse et frustrée de l'approche choisie par leur matriarche, elle baissa sa tête vers le sol, la gueule toujours serrée. La pluie se fit soudainement moins sentir alors qu'une aile se déplia au-dessus d'elle. Teddy. Elle se rendit compte à quel point elle s'était rapproché du loup lors de leur marche, et, obstinée, se distança un peu, sans toutefois se soustraire à l'abri rassurant offert. Elle appris que le loup qui les avait accueillis était en fait son oncle, ce qui le rendit un poil moins intéressant tout d'un coup. Pourquoi tout ce qu'ils faisaient devait être des affaires de famille ?

La situation déjà tendue ne s'améliora cependant pas lorsque Anianka cracha son venin en direction de leurs hôtes. Les yeux de la jeune femelle s’agrandirent. « Merde », souffla-t-elle entre ses crocs. Ils ne pouvaient pas se permettre de risquer leur vie pour de la putain de fierté. Isrâ avait rejoint la prêtresse, la queue haute et l'air hautain tout comme elle. Si les Etelkrus décidaient de réagir, ils étaient pris au piège. Tous. Les mots et la démonstration de force de leur dominante ne laissait pas beaucoup place à l'imagination. Ils étaient des intrus sur leur territoire, et des menaces ne finiraient pas joliment.
La louve aux cheveux immaculés se dégagea d'un coup d'épaule sec des flancs de Teddy, le visage crispé d'un rictus de colère. La pluie froide qui tombait sur eux donnait soudainement une impression beaucoup plus glaciale.

Rejoignant son froeur et sa mère, se dévoilant de l'arrière pour la première fois, elle aussi avait la tête haute, mais pas par fierté. Et son regard se posa sur l'alpha aux poils ras, mais ses paroles s'adressaient davantage à sa mère.

« Nous avons ce que nous venions chercher, et nous ne vous causeront pas plus de dérangements. »

Elle ne fit pas allusion à la mention d'alliés de la cheffe de meute. Ils n'étaient pas ici pour jouer à des jeux d'esprits, que celle-ci soit sincère ou non. Son regard se posa finalement sur sa sœur, l'invitant silencieusement à les rejoindre, qu'ils en finissent au plus vite. Faisant volte-face, regardant finalement sa mère, Maxim claqua brièvement des mâchoires, murmurant d'un ton sec à son intention :
« N'est-ce pas ? »

Puis elle se dirigea vers où ils étaient venus, marchant d'un pas décidé dans l'herbe détrempée. S'ils voulaient continuer ce suicide verbal, ce serait sans elle.
Sa dernière pensée alla à l'alpha de cette meute forte, qu'elle remercia silencieusement de ne pas avoir lâché les chiens à la remarque désobligeante d'Anianka.
Ils se reverraient peut-être.

Les âmes curieuses furent nombreuses à affluer, mais Mildred les remarquait à peine.
Son monde à elle se résumait simplement à tous ces visages qu'elle avait craint de finir par oublier. Ils étaient tous là, si beaux, si nobles... Elle avait beau chercher son imposante stature parmi les corps amassés, seul Rhaegar semblait manquer à l'appel ; mais la pointe de déception qu'elle en ressentit était entièrement absorbée par la joie et la plénitude qui s'imposait quand ses yeux gris croisaient chacun de leurs regards.
Sa mère, toujours aussi belle et parfaite à ses yeux malgré les marques de la faim creusant le contour des bosses de son visage. Elely et le sourire qui avait illuminé ses babines. Isrâ qui avait tellement changé et prenait une juste place aux côtés de leur mère dans toute la splendeur et hauteur qui étaient désormais siennes. Son père dont elle fut choquée de constater l’âge à nouveau. Méridor fidèle à lui-même ; en retrait des autres et posant un œil curieux sur les terres adverses. Maxim dont le regard la transperça et semblait lui implorer de les rejoindre au plus vite, rongé par une inquiétude que pour l'instant Mildred ne pouvait encore comprendre, trop absorbée par le plaisir qu'elle prenait à s'attarder sur chacun de leurs traits pour remarquer la tension ambiante et la foule qui s'était densifiée.

Ce fut seulement quand Anianka s'avança dans sa direction, brisant ce no man's land de quelques mètres qui s'était créé entre Etelkrus et Lazulis que Mildred commença à de nouveau prendre en compte le monde qui l'entourait - bien qu'elle demeura toujours aussi focalisée sur les deux prunelles couleur ambre qui lui faisaient face. L'intransigeant visage s'était paré d'un chaleureux sourire à son égard qui emplit sa poitrine d'une douceur qui lui avait tant manqué.
Depuis combien de temps exactement n'avait-elle pas senti son odeur flotter jusqu'à ses narines ?
Sa queue se mit naturellement à battre l'air et son sortit de son état figé pour s'avancer également vers sa mère, allant frôler son museau du sien. Ses muscles la tiraillaient de l'envie de s'enfouir contre les poils épais de son encolure mais ce n'était pas le moment - pas tout de suite, pas ici.

— T'ont-ils fait du mal, ma fille ?

Elle se contenta de secouer mollement la tête en signe de négation, gueule entrouverte mais toujours incapable de proférer le moindre son.
Le trop plein d’émotions l’ayant engourdie calmait petit à petit son emprise, ses sens revenant à elle pour porter jusqu’à ses oreilles les échos des mots qui s’échangeaient autour d’elle. Pour porter l’arrivée tonitruante d’Anette, dont la voix forte portait sur tout le groupe et intimait au silence.
Mildred pivota l’encolure pour chercher l’Alpha du regard, qu’elle trouva s’approchant d’elle d’une démarche tranquille mais altière pour la rejoindre également dans cet espace vide entre les deux clans.
Les Etelkrus étaient dans son dos pour la plupart, vers ce passé qu’elle laisserait désormais pour renouer avec un présent perdu - sauf pour Anette qui demeurait pour l’instant à ses côtés et dont elle croisa les yeux gris. Anette qui l’invita à s’approcher davantage encore et répondit sans détour à la prêtresse des Roses. Ponctuant ses mots d’une démonstration bruyante de son pouvoir, rocs et branches claquant et s’effondrant.
C’est seulement à cet instant que Mildred réalisa toute l’ampleur de la situation - les deux clans en lignes plus ou moins formées, la présence imposante de deux matriarches face à face, la lueur d’arrogante détermination qui brillait d’une rancœur non enterrée pour sa meute natale dans les yeux de sa mère - une lueur qu’elle appréciait tout particulièrement d’habitude mais qui pourraient ici leur coûter cher.
Elle sentait sa mère retenue dans ses paroles et ses actes d’une certaine manière, mais elle sentait aussi brûler en elle cette tentation de tout laisser s’embraser, de laisser éclater la flamme qu’elle couvait depuis trop longtemps, l’envie à peine dissimulée que les Etelkrus réagissent à ses paroles et que tout explose dans la violence.

Ce n’était pourtant pas le moment. Sa famille était forte, belle et féroce - mais elle ne voulait pas les voir souffrir dans un affrontement vain, une confrontation directe ici ne serait pas à leur avantage - et elle sentit ses entrailles se nouer légèrement à l’idée que la situation dégénère.
La voix de Maxim résonna alors, amère mais apaisante, et elle suivit du regard sa sœur tourner ensuite les talons.

A son tour, elle devait aider cette situation à se désamorcer.


— Tout s’est bien passé, mère. Il me tarde de revoir l’Île.

Elle adressa un regard affirmé et un sourire franc à l’assemblée, s’attardant tout particulièrement sur Anette, et relevant un peu davantage la tête et la queue dont les poils ondulés retombèrent en panache quand elle croisait le regard d’autres Etelkrus.
Après tout, malgré les paroles de l’Alpha et l’âge auquel elle était arrivée parmi eux, elle n’était plus une enfant. Et elle se devait de le rappeler.

— Je vous remercie de votre hospitalité à mon égard, Alpha Anette. Nous saurons nous en souvenir.

Elle ne fit davantage mention du terme d'alliés cependant et au lieu de cela elle se pressa un peu plus contre sa mère, donnant une légère et discrète impulsion de la patte pour l’inciter à rebrousser chemin, à reprendre la route de la maison - tout en lui coulant un regard entendu et lourd de sens et espérait qu'elle en comprendrait les sous entendus. Elle avait tellement de choses à lui dire. Qu’elle avait pu ici en vivant parmi eux voir et entendre et donc apprendre. Qu’elle avait au moins en partie gagné la confiance de l’une des Alphas.
Qu'il était nécessaire de se retirer et que sa vengeance n'aboutirait pas aujourd'hui.

Vaincre cette meute ne saurait se faire par une directe charge de griffes et de crocs, mère.
Il faut de la patience et de la tactique.

Deux autres silhouettes se joignirent au groupe avant que l'écho de ses paroles ne s'efface, faisant se tourner la tête du tricolore à l'ouïe de pas nouveaux. Un autre enfant, tout d'abord, puis un loup qui lui était bien plus familier. Gloriel. Ainsi donc, son frère était de la partie lui aussi. Combien de temps s'était écoulé depuis leur dernière rencontre ? Il l'ignorait, mais énormément sans nul doute. L'âge avait tiré les traits de son cadet, et aurait sans doute dessiné des fils d'argent dans ses cheveux s'ils n'avaient pas déjà été de neige. Il paraissait bien plus que lui avoir encaissé les années, mais il avait également eu de bien plus lourdes responsabilités. Il avait été Chef, après tout. Peut-être même l'était-il encore, dans une certaine mesure. Il ne paraissait en tout cas pas être celui de sa propre famille, c'était un constat qui sautait aux yeux. Dans le groupe qui lui faisait face, la position de dominant était déjà occupée et sans doute farouchement défendue par la louve aux yeux dorés. Il vint se placer à ses côtés, et Athelstan ne se départit pas de son expression polie. Comme il était étrange de le revoir ainsi, changé, presque pas le même loup si ce n'était de pelage. Même sa voix paraissait trahir tout ce qu'il avait vécu, plus grave et plus fatiguée.

Ainsi, ils venaient récupérer Mildred. Ce n'était pas une grande surprise, que la louve aux cheveux rouge soit destinée à rentrer chez sa famille, en revanche il était étonné qu'ils aient le cran de se montrer ainsi de manière si offensive sur leurs terres. Sa nièce avait toujours été libre de partir, et maintenant que le dôme était rompu, il s'attendait à ce qu'elle s'en aille un jour de son plein gré. Elle n'aurait pas le temps de réfléchir au fait qu'elle en aie envie ou non désormais, puisque l'entièreté de ce petit clan de sang s'était déplacé avec la ferme intention de ne pas repartir sans elle. Il salua Gloriel de la tête et ajouta :

"En effet, Sire Gloriel, mon frère."

Aniakna répondit avec orgueil, la tête haute et le ton provoquant. Les yeux d'Athelstan laissèrent paraître une lueur un peu étonnée lorsqu'elle feula qu'ils détenaient leur fille. S'il y avait bien un terme qui ne correspondait pas du tout au sort qu'était celui de Mildred, c'était bien la détention. Ils avaient accueillie la jeune louve lorsqu'elle s'était retrouvée seule et désemparée, sans sa famille, transportée par on ne savait toujours pas quelle magie hors du dôme où ils étaient enfermés, mais jamais elle n'avait été leur prisonnière. Elle avait toujours été libre de s'en aller ou de rester, c'était là une chose parfaitement claire à ses yeux. Quant au fait qu'elle ne se soit pas précipitée pour retourner dans sa famille à peine le dôme tombé... L'interprétation restait libre, mais ils ne laisseraient certainement pas dire qu'ils gardaient des enfants captifs. C'était chose contraire à tous leurs principes.

Avant qu'il ne puisse réagir et prendre une autre initiative, les choses s'accélérèrent. Le hurlement attira autour de lui de nombreuses autres silhouettes. Tout d'abord celle d'Ortie qui jaillit en silence à ses côtés, se contentant de darder un regard sombre sur les nouveaux venus, rapidement suivie de Solelio. Ensuite Mildred, principale intéressée, qui resta muette et immobile non loin. Puis Joy, qui laissa échapper une question qu'il fallut un instant au tricolore pour resituer. Elle partageait du sang avec cette louve rouge venue les asticoter au coeur de leurs terres, et cela éveillait peut-être en elle des sentiments contradictoires. Pourtant le Chevalier fit confiance à son instinct qui lui assurait que la fidélité de la louve électrique était largement suffisante pour qu'elle ne se montre pas hésitante si les tensions naissantes venaient à se concrétiser en quelques coups de crocs. Anianka lui répondit sèchement, puis joua à nouveau le jeu de la provocation. Athelstan redressa la tête un peu plus lorsqu'elle s'approcha, et que l'air se chargeait de façon déplaisante.

Les mots d'Anianka aurait pu lui arracher un sourire narquois - la louve roug s'attendait-elle vraiment à être accueillie en grande pompe par les Alphas eux-mêmes, à ne pas être traitée comme n'importe quel intrus découvert sur leurs terres ? Mais il savait fort bien qu'il était intuile de répondre à ces paroles, alors il se contenta de garder sur elle ses yeux vairons, humant une nouvelle odeur qui était cette fois-ci celle d'un dirigeant. La voix tonna un instant après, en écho aux pensées du Conseiller. L'une des Reines venait d'entrer sur le plateau. Elle entama ensuite les présentations d'une manière un peu plus officielle, tout en se dirigeant vers eux de son pas puissant. Il vit à l'orée de son champ de vision la lumière du glowstick de leur Alpha illuminer son col, alors qu'elle leur faisait une démonstration muette et claire de sa puissance. De leur puissance.

Visiblement, le petit jeu que menait Anianka déplaisait fort à sa famille, et la ressemblance qu'ils avaient avec elle s'atténua soudain. L'un de ses enfants vint se dresser à ses côtés pour claquer des dents et affirmer qu'ils avaient eu ce qu'ils étaient venus chercher, qu'ils ne causeraient pas plus d'ennuis, et après ce message on ne pouvait plus clair tourna les talons pour s'en retourner dans la direction des terres lazulis. Mildred rompit ensuite enfin son immobilité pour rejoindre sa famille de sang, et le tricolore fut surpris d'en éprouver un pincement au coeur. Il n'y avait rien de légitime dans ce sentiment, il en était parfaitement conscient, mais comme nombre d'Etelkrus sans doute, il s'était fait à la présence de sa nièce parmi eux et la considérait comme un membre de leur meute. La voir les quitter allumait chez lui une sorte de mélancolie, qui contrebalançait le brasier qu'Anianka menaçait de faire s'allumer dans le coeur du guerrier qu'il était.

"Ce fut un honneur de vous avoir à nos côtés, jeune Dame Mildred." Ajouta-t-il simplement. "Puisse le destin vous être plus clément à l'avenir."

Elle avait tout de même été propulsée chez de parfaits étrangers à un bien jeune âge, forcée de grandir arrachée à sa famille. Il ne pouvait que lui souhaiter ue vie plus paisible désormais, et peut-être plus heureuse, si son souhait était réellement de rentrer chez elle auprès de ses parents. Il n'ajouta rien de plus, ce n'était pas à lui de mener la conversation lorsque l'Alpha se trouvait là. Toutefois ses yeux s'attardèrent sur les trois plus âgés, Anianka, Gloriel et Teddy. La perspective de discuter un peu plus avec eux semblait ardue - quoi qu'il serait peut-être désigné pour les racompagner à la frontière - et une pointe de regret l'envahissait à cette pensée. Toutefois, ils se dressaient devant lui, bel et bien vivants, alors un grand champ de possibles s'ouvrait.

Joy ; 6 ans
F A E I

Le ton de la réplique, des paroles en général et de la menace à peine voilée de la louve rouge la fit grincer des crocs. Instinctivement, ses babines se relevèrent et son museau se plissa. Elle n'aimait pas cette louve hautaine. Elle n'aimait voir que ses espoirs de rencontrer un jour ses demis-sœurs se réduisait à... Ça. Aujourd'hui. Peut-être avait-il effectivement mieux valu que cette enfant quittent les Etelkrus si son caractère était déjà si mauvais. Si sa fuite avait engendré cette haine chez elle, alors elle en était désolée. Toutefois, elle ne permettait -famille ou pas- que l'on s'en prenne à sa meute.

« Eh bien Noroi serait bien honteuse de voir l'une de ses aînées être ce que tu es. »

Gronda Joy, le poil de l'échine dressé. Elle s'apaisa pourtant, lorsque les jeunes, donc soeurs et frère de Mildred et accessoirement ses neveux, prirent la parole, faisant montre de bien plus de bon sens et de respect aux Etelkrus qui avaient prit soin de Mildred de son enfance à son âge adulte. La louve beige ne souhaitait pas conflit, car aucun enfant ne devrait à subir les rancœurs des parents. Le souvenir de la mort de Jagh lui revint, commandité par la folle et mesquine génitrice de Jaxx. Si un tel événement n'avait eu lieu, la Bouclier se rait trouvé un frère plutôt appréciable, amusant, quoi qu'un brin trop égocentrique. Au lieu de cela elle n'avait eu qu'un assassin qui peinait à être vu comme autre chose qu'un sale solitaire et un paria. Anianka désirait donc t-elle une situation aussi triste et funeste qui pèserait sur les âmes de ses rejetons ? Il n'y avait que déception dans le regard de la fille de Noroi. La Prêtresse des Roses ne méritaient pas d'être connue avec un tel comportement, et la disciple du Grizzli s'en voyait peinée. La meute était donc sa seule famille véritable.

« Bonne continuation, Mildred. »

Dans un mouvement du museau et un large sourire, Joy salua Mildred. Elle n'avait côtoyé sa nièce que de loin, mais elle la savait prometteuse en l'ayant fréquemment observée. Et puis la Bouclier lui souhaitait en tout cas de mieux finir qu'Anianka.

Solelio ; 1 an
F A E I

La démonstration de force de l'Alpha ravie la jeune Solelio. Malgré les médisances de feu sa mère, la beige était puissance et noblesse. On ne pouvait en douter. Ni n'en attendre moins d'une fille d'Aka. Un sourire satisfait et hautain barra son museau alors qu'elle jugeait Elely et ses frère et soeur. Ainsi que leur mère hautaine. Dans sa façon d'être et de parler, la jeune louve chocholat et piment revoyait l'attitude de Nachos. Tout au fond d'elle finalement, c'est un brin de compréhension et de compassion qui s'instilla à l'égard de Mildred et d'Elely. Les autres elles ne les connaissaient pas du tout. Elle remballa bien vite ce sentiment solidaire. Elles étaient des lazulis, elles étaient des adversaires. Famille ou pas. Cousines ennemies donc. Bien que la rouquine les admiraient pour leur jolie minois et leur prestance, elle devait se montrer intransigeante. Tout ce qui n'était pas Etelkru était de la vermine. Sa mère le lui avait suffisamment asséné pour que cela soit bien imprimé en capitale dans son esprit d'adolescente malgré la disparition de cette dernière. Dans l'attitude et le language non verbal de son demi-frère, Salazar, la jeune femelle su qu'il n'en pensait pas moins.

Un peu rassurée de n'être seule dans cette pensée, elle se détendit et jeta un regard plein de défi à ses cousines, enfin, surtout à celle rencontrée sur l'île aux chardons trop moche là. Tout ce qu'lele espérait maintenant, c'était qu'Athelstan n'accepte pas d'aller parler à des traîtres, des parjures, des ennemis. Quand même, son père valait tellement mieux que ce ramassis de... Lazulis.

Anianka & Elely

Elle se mit à sourire en voyant sa mère provoquer les autres mais la tension montait chez ses frères et sœurs. Son regard s'éleva vers l'Alpha qui apparut et qui fit preuve d'une grande éloquence, elle dressa les oreilles avec anxiété en l'écoutant. Elle ignorait comment la situation allait se dérouler et voir deux femelles dominantes se faire face n'annonçait rien de bon.. Surtout quand on savait l'animosité qui faisait battre le cœur de la prêtresse. Elle ne devait surtout pas se montrer faible ou apeurée car mère serait fâchée et puis cela donnerait l'avantage aux adversaires, alors elle garda la tête haute et se montra insensible. C'était la le fruit de son travail : porter un masque d'assurance et de glace pour faire face à ses ennemis. Elle s'avança d'un pas, de deux, puis s'immobilisa quelques pas derrière sa mère et sa fratrie. Elle observa avec stupeur la force du pouvoir de l'Alpha lorsqu'un arbre se plia à côté d'eux et la lueur de ses plumes brilla un peu plus en réaction. Elle fixa Mildred et bougea ses épaules pour essayer de se détendre, d'une seconde à l'autre une guerre pouvait être lancée et elle devait être prête. Mildred aussi devait l'être, tous. Elle toisa la naine un court instant puis le déplacement de Maxime et d'Isrâ attirèrent son attention. Elle serra les crocs en constatant cette horrible scène de soumission mais leur mission était réussie, Mildred rentrait avec eux alors ils n'avaient plus rien à faire ici. La jeune assassine tourna les talons et donna un léger coup d'épaule à sa sœur retrouvée, elle était heureuse de la voir. Elle avait tellement changé.. Elles avaient tant de choses à se raconter !

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Une voix tonna sur le côté, une voix plus grave et plus forte que les autres, celle d'une dominante et donc incontestablement d'une des Alphas de cette détestable meute. Les prunelles ambrés de la prêtresse dévisagèrent la louve aux muscles saillants qui se portait fièrement sur son ridicule cailloux. Elle avait de l'allure et la prêtresse ne pouvait le nier, elle eut même un petit sourire coquin en admirant avec convoitise les courbes de l'Alpha, comme si elle était un magnifique gibier qui faisait frémir ses papilles. Elle releva un sourcil et son sourire s'accentua un peu plus en l'écoutant s'exprimer, elle n'aurait pas été contre la recevoir sur son île car elle était digne d'une conversation courtoise et polie.

Son attention se tourna sur la disciple orange visée par l'Alpha et elle pointa sur elle un regard devenu noir et menaçant. Portait-elle réellement le sang de Noroi ? Anianka en doutait sérieusement, elle n'en était pas digne et jamais elle le serait avec un comportement aussi grotesque. Elle était une impure, une « bâtarde » comme le prononçait si bien Alys et Nachos et son intégration était plutôt surprenante quand on savait l'origine de son sang. Il y avait bien plus de désordre dans cette meute qu'elle l'aurait imaginé.
Ses prunelles roulèrent sur la nièce nominée et elle retint un gloussement en constatant la flagrance de ses gênes. Elle avait donc pour nièce l'enfant de cet insupportable Nachos ? L'ironie était poussée à son comble et elle dût se gratter la gorge pour ne pas rire trop fort. Qu'il puisse forniquer avec quelqu'un était déjà inconcevable mais avec ce chevalier.. Consommaient-ils une drogue dur au sein de cette meute ? Son petit air supérieur la rendait encore plus pitoyable, pauvre enfant.. Si elle savait ce qui était arrivé à son misérable père.. Elle lui lança un sourire sombre et lui fit un petit clin d'oeil, il n'y avait rien de personnel, elles étaient de la même famille après tout bien que son sang à elle soit infecté et déshonoré. Elle tourna son regard suffisant vers l'Alpha et son attitude redevint plus charmante lorsqu'elle l'observa s'approcher. L'ordre ou le pseudo-accord qu'elle s'autorisa à donner à sa fille lui fit bouillir le sang une fraction de seconde et sa queue s'agita derrière elle avec agacement. Ce serait dommage de lui sauter dessus dès leur première rencontre.. Trop précoce, Anianka adorait les préliminaires alors elle se retint de réagir et préféra s'avancer pour se positionner face à la beige et bleu avec toute la prestance qu'elle pouvait démontrer. Elle laissa la flamme de ses pupilles s'imprégner des siennes, froides et insensibles. Comme si elle venait frôler son âme de la sienne avec une pudeur mesurée, elle arrivait à percevoir la puissance de son être, la froideur de son coeur et elle s'y reconnaissait étonnamment.

C'est indéniable, nous sommes d'accord sur ce point.

Elle coula un regard fier à son enfant et lui sourit tendrement. Elle ne portait pas du sang royale pour rien, elle était destinée à être admirée et respectée.

Fort heureusement et je vous en remercie.

Sa voix était calme et tout aussi assurée. Elle baissa légèrement la tête pour relever un regard plus provoquant sur la disciple du Grizzli. A ses paroles diplomatiques Anianka eut un sourire malicieux et elle savoura un silence pleins de suspens. Face à face comme si elles bataillaient dans un duel invisible pour les autres, leur dominance respective dégageait une intensité telle que la nervosité pouvait se ressentir dans les rangs. Ses enfants commencèrent à s'impatienter et Anianka réprima un grondement en ressentant la peur de certains. Ils sous-estimaient leur puissance et cela l'irritait au plus au point mais elle ne laissait rien paraître derrière son rictus figé. Des branches se tordirent quelque part et se brisèrent sur le sol dans un bruit qui attira l'attention des autres, mais pas de la rouge non.. Elle gardait toujours l'Alpha beige et bleu sous le feu de son regard flamboyant. Quand bien même ses enfants rebroussèrent chemin pour rentrer chez eux elle restait immobile, son glowstick rose brillant plus fort qu'à l'accoutumé. Son corps gracieux commença à tourner et elle se retira de ce duel avec difficulté et déception, son regard se détacha à la dernière seconde avec peine.

Nous aurons peut-être l'occasion d'en rediscuter, si vous venez me rendre visite.

Elle lâcha un petit rire mesquin et tourna complètement le dos à l'Alpha pour suivre ses enfants, lui montrant fièrement le duvet de ses cuisses. Elle lança un regard vide au père de ses enfants et s'arrêta soudainement lorsque la voix agaçante de sa demie-soeur l'interpella. Elle plissa les yeux d'un air hostile et la toisa de loin.

Ne t'avise pas de prononcer son nom alors que tu la déshonores.

Tout en pestant elle s'avança vers le concernée d'un pas lent, les babines légèrement retroussées sur ses crocs.

Noroi a été abandonné et humilié par cette meute que tu défends et tu oses remettre la honte sur mes épaules ? Tu es pitoyable Joy et tu es condamnée à le rester pour le restant de ta misérable vie.

Elle racla le sol de l'une de ses pattes devant la louve, puis elle bomba la poitrine et reprit le chemin emprunté par les autres. Si elle voulait régler ses comptes avec elle, elle savait où la trouver, il n'y avait aucune raison de contrarier la belle dame beige et bleue.

Beaucoup de paroles furent dites.
Trop de choses se passèrent presque. L'Alpha se contenta de se tenir immobile, alors que les yeux orangés de la mère se plantaient dans les yeux, ou traînaient parfois sur sa toison courte. Elle écouta en silence, même l'échange entre Anianka et Noroi. Elle se tourna simplement vers le frère d'Athelstan, quand il s'adressa à elle.

"Je le permettrais, Sir Gloriel. Vous pourrez très aisément vous retrouver à l'une de nos frontière ou en terre neutre."

Elle hocha la tête brièvement, glissant un regard vers le chevalier aux cheveux blancs, puis vers celui aux cheveux noirs. Sans aucun doutes auraient-ils une longue et dense conversation, et elle ne voyait pas d'inconvénients à ce qu'elle prenne place.

Ceci fait, elle patienta encore.
Quelques longs moments pour que tout le monde s'en aille et qu'elle ne se retrouve plus qu'avec les loups qui formaient sa meute. Dès que les 'intrus' furent partis alors, elle laissa son visage se tordre en un bond, comme enfin relâché d'un étau.

"Elle n'a aucune subtilité, aucune diplomatie..."

Elle ne cachait absolument plus au monde sa déception.
Aucune visite ne serait rendue à cette louve imbue, elle était heureuse d'avoir lissé cette rencontre mais gardait dans la gueule comme un goût de...

"Quelle situation absurde."

Elle avait tout fait pour cela, espérait-elle. Anette roula des yeux, se tournant vers les siens, un peu plus Joy que le reste.

"Au moins pourrons-nous ne pas être accusé de faiblesse ou de maladresse. L'important soit qu'elle pense avoir gagné, et que les relations soient préservées avec la famille de Sir Athelstan. Ne l'écoute pas, Joy, sa rancune n'invalide certainement pas tes accomplissements."

Elle se détourna et commença à rebrousser chemin vers le castel.
Non sans revoir le geste ostentatoire de la prêtresse de lui montrer ses cuisses, ce qui la fit cracher sur le sol.

"Aller la voir, jamais."

Elle avait plutôt hâte d'aller retrouver sa compagne et Pepper.