I am sorry l PV Himi

Elle avait tourné longtemps, dans le Dédale. Bien après que Sobieski l'ait laissée apaisée, dans la petite grotte qui lui avait servi de refuge. Mais elle ne voulait pas... Elle ne voulait croiser personne. Et pourtant, il était temps. Il était temps de sortir, de se reprendre en main. De réparer ce qu'elle avait brisé, dans son manque de sang-froid, dans sa surprise. Elle s'était laissée aller à ses sentiments, à ce côté obscur qui rôde en chacun, et tous en avaient pâti. Nocera. Ajani. Et...

Via !

Elle l'appela doucement. Elle avait fait attention à ce qu'elle soit seule. Seule avec...

Son regard se posa sur les trois petites formes qui s'agitaient contre ses mamelles. Eva sentit la honte la submerger. Comment avait-elle pu avoir une telle attitude ? Elle soupira et se laissa tomber au sol plus qu'elle ne s'assit. Son épaule la tiraillait, lui tirant des grimaces. Elle avait forcé dessus, courant dans le dédale, stupide qu'elle était.

Les petits étaient magnifiques. Trois petites boules de poils et de plumes qui s'égayaient joyeusement devant la nourriture. Un doux mélange de leurs trois êtres. Octavia. Yersine. Et elle.

Eva finit par relever le museau vers la mère porteuse, ayant du mal toutefois à soutenir son regard.

J-je suis désolée. De t'avoir. Crié dessus. Tu as formidablement travaillé. Et j'ai été mauvaise. Tu ne méritais pas ça.

Elle n'avait pas fini tout ce qu'elle avait à dire. Ca n'était que la première partie. Son poil, au niveau de son encolure, bouffait légèrement : elle était nerveuse.

ft - Eva

I am sorry

Ils étaient exigent ces 3 petites choses, Via se demandait encore combien de temps elle devrait subir les horribles périodes de tétée. Ça tirait affreusement et elle sentait le liquide partir comme si ses enfants aspirait sa vie en passant. Y avait de quoi être vacciné de faire des mômes tiens. D’un autre côté, quand elle les regardait, un étrange mélange de joie et d’amour se baladait dans ses yeux bleutés. De vrais monstres ! Une voix résonna non loin de l’entrée et le sourire niais de la solitaire se mua en visage boudeur et peu enclin à la discussion. Pourtant, elle laissa la pie parler. Et d’un air hautin, elle lança :

« J’espère que tu t’excuses oui ! Non mais ! »

Puis sans transition, elle fixa la dame bicolore et lui cracha limite à la truffe :

« J’ai vécu l’horreur de faire naître ces trucs là, j’avais mal, j’étais fatiguée, on m’a jugé comme si je n’étais rien de plus qu’une salope alors que j’avais rien demander. J’avais besoin d’aide et vous vous êtes mis à 3 sur moi, la seule qui subit toutes les douleurs ! C’était complètement injuste ! Et on m’a à peine laissé me défendre. J’avais l’impression d’être une bête de foire en plus ! »

Sa tête dodelinait de droite à gauche à chaque argument qu’elle donnait, théâtralisant un peu plus son dialogue. Pourtant sa voix ne transpirait qu’une petite colère, comme si elle racontait une journée mauvaise banale à une amie.

« Et puis tu les as pas dans les pattes à te tirer le bide, regarde un peu l’état de mes mamelles, je me sens pire qu’une vache ! Et ça c’est quand y a pas les 7 autres qui viennent taxer ! »

La louve blanche pointa d’abord son ventre distendu puis la troupe de gosses de Raison et Judas. L’avantage c’est qu’elle avait du baby-sitting gratos.

« Mais bon quand ils seront grands, je retournerai vivre plus loin, histoire qu’une autre connerie du genre me retombe sur la truffe. D’ailleurs j’ai l’impression que ton mec était pas du genre partageur ! Il a pas intérêt à leur faire du mal quand j’aurai le dos tourné ! »

En réalité, elle ignorait pleinement la nature des relations d’Eva mais les regards n’y trompaient pas. Et ce qui l’inquiétait, c’était de devoir laisser ses petits à côtés de loups hostiles.

« Quand je serai partie, t’as intérêt à les protéger même si tu n’en voulais pas ! »

A chaque mot, le poil de la louve ailée se hérissait un peu plus, se tendait sur son corps jusqu'à ce qu'elle devienne une boule duveteuse. Elle montrait légèrement les crocs, et dans sa tête mille répliques plus cinglantes les unes que les autres se bousculaient. Elle n'avait pas l'habitude qu'on l'attaque ainsi, Eva, et était d'un caractère plutôt impétueux qu'elle s'astreint à calmer. Peu à peu, ses membres arrêtèrent de trembler, ses oreilles pointèrent de nouveau vers l'avant et son corps retrouva sa finesse habituelle, son poil retombé.

Elle rangea ses crocs.

Elle n'avait pas besoin de s'engueuler avec Via. Elle n'avait pas besoin de lui éclater à la truffe tout ce qu'elle pensait et toutes les réponses et justifications qui apporteraient l'eau au moulin de la colère. Elle n'avait pas besoin d'une escalade inutile. Elle était venue ici pour s'excuser. Si ça avait été facile, tant mieux. Ca ne l'était pas, mais ça n'était pas une raison pour provoquer la discorde.

Elle laissa passer un silence, histoire d'être sûre qu'elle avait fini de dire tout ce qu'elle avait envie de lui partager. Puis Eva s'allongea à côté de la louve bariolée, sans se justifier ni réfuter les accusations (pourtant mensongères) envers Ajani. Elle n'était pas là pour ça. Eva effleura le museau de son amie :

Ce sont aussi les miens, Via. Et s'ils grandissent sans père, il n'est pas dit qu'ils grandiront sans famille.

Eva contempla les trois marmots qui tétaient allègrement.

Je serais triste que tu partes, Via. Tu m'es amie précieuse... Mais tu es libre de faire ce que tu souhaites.

Elle lui sourit délicatement.

Je les protègerai au péril de ma vie, ces petits êtres. Je peux t'assurer que rien ni personne ne leur fera de mal.

Ou en tout cas, pas impunément.

ft - Eva

I am sorry

Eva était une bonne pâte de ne pas réagir ainsi à tout ce flot quasi incessant. Octavia n’était pas dupe et son amie plumeuse vivait déjà difficilement la situation alors elle lança à la volée :

« En fait c’est à moi de m’excuser… Je sais pas comment ni pourquoi c’est arrivé mais j’ai apporté la chose dans mes bagages. Pardonnes moi pour ce cadeau impromptu ! »

Fermant les paupières, elle hocha la tête pour affirmer ses dires. Les pattes croisées, elle laissa la pie s’allonger avec elle.

« Je sais que je parle trop et tout ça, mais je pense que ça sert à rien de mentir. Cette situation ne m’arrange pas, mais pourtant, je les aime ces gosses… C’est peut être la première fois de ma vie que je ne remettrai jamais ce sentiment en question. J’ai juste peur des lynchages possible, je l’ai bien vu avec les Etelkrus… Ces petits ne méritent pas ça, et ils ne méritent pas une mère aussi à l’ouest… Je sais que je suis imparfaite, je l’admets bien volontiers. D’ailleurs je devrais m’excuser auprès des deux autres dont j’ignore le nom. Les pauvres ont pas du bien comprendre... »

La solitaire resta dubitative, une patte sur le museau. Elle irait peut être les voir quand le temps lui permettrait. Surtout la rose, elle semblait bien perturbée aussi. Peut être une amante de Yersine ? Quand Eva la ramena à la réalité, Via se sentit presque coupable et tapa de la patte sur le sol :

« Oh hey j’ai jamais dis que je partais loin hein ! Non mais et puis quoi, si je dois retraverser chez les zinzins, je vais encore me taper la case prison ! Quand je dis partir, c’est aller vivre plus loin, sur vos terres mais pas dans votre meute, j’ai pas ma place dans les meutes… Enfin je suis pas du genre fixe, tu le sais bien Eva. Et puis je veux pouvoir emmerder mes gosses quand je serai vieille et que je saurai plus me tenir. Enfin je parle physiquement, moralement c’est déjà trop tard ?! »

Un bon vieux rire franc résonna, faisant couiner les petits. Ils avaient fini, enfin, la tété du moment et le bruit les avait dérangé.

« Oups c’est vrai que la sieste arrive. Et les rots et les vomis avec… et le forçage de pipis et de cacas… Mon dieu, pourquoi ont-ils inventer les excréments ! »

Elle esquissa un sourire, passant la langue sur chacun des petits pour les forcer, et bien à évacuer. Une fois chose faite, la louve se lova autour des boudins colorées.

« Et bien me voilà rassurée alors, si tu es là pour eux, alors je peux dormir sur mes deux oreilles ! »

Au loin, le troupeau de Raison s’agitait, ce qui fit tirer un sourire à la mère.

« Hey, on peut s’estimer heureuses, on en a vachement moins que Raison et Judas ! »

Pouffant de rire, Via ne perdit pas sa dernière question.

« Bon et le loup de l’autre fois, on en parle ? C’est ton mâle alpha ? »

Un sourire en coin, Octavia tournait une patte au sol attendant des infos croustillantes.

Aux reproches et à l'agressivité font suite les excuses et les questions. Eva sent son coeur ralentir dans sa poitrine et se réjouit d'avoir choisi cette approche bien plus... Douce que celle que lui dictaient ses émotions. Qu'il est agréable, lorsque les efforts payent ! Ca n'est pas toujours le cas. Et elle parle, et parle et parle Via ! On ne l'arrête plus. Mais le ton, bien qu'énergique, est moins véhément. Eva souffle doucement et pose sa tête sur l'encolure de son amie, l'entourant d'une aile en une étreinte chaleureuse.

Tu n'y es pour rien. Pas plus que nous. Il n'y a rien à pardonner, parce qu'il n'y a pas de faute.

Elle sourit.

Bon, pas trop loin alors, ça me va. Tu fais tout ce que tu veux, de toute façon... Evidemment. Je viendrai te voir. On fera garde alternée pour les gosses. On se battra pour les dimanches, et pour pas les emmener à l'école. Pas de soucis. Pour les excréments aussi, pas de problème, j'ferai une formation. Top moumoute, tu verras !

Son ton était semi-dramatique, bourré d'humour ; il ne lui avait pas fallu grand chose pour la retrouver, l'attitude de la jeune mère lui suffisait. Elle gloussa :

Oui ! Eh, si tu nous en avais pondu onze-

Elle ne finit pas sa phrase. En fait, elle ne pouvait vraiment pas l'imaginer. A la place elle se concentra sur la dernière question de la femelle. Mmh, difficile de ne pas savoir de qui elle parlait...

Ajani ?

Question rhétorique, pour prendre le sujet en compte.

Et un long silence. Son mâle alpha ? S'il y a bien un terme sous lequel elle ne l'aurait pas désigné, c'était celui là. Elle comprenait le sous-entendu, évidemment, mais les nuances que ça impliquait ne lui convenaient pas. Elle dut choisir ses mots, et surtout y réfléchir. Comment définir la relation qui la liait à ce grand loup blanc ?

Je l'aime, oui. De là à dire qu'il s'agit de mon mâle alpha...

Elle gloussa. Ces deux notions étaient aussi éloignées l'une de l'autre dans l'esprit de la louve qu'un éléphant d'un cochon d'inde.

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