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Terres sacrées terres secrètes. Tu étouffes en ces lieux, tu te rends compte que plus le temps passe plus tu réalises que le territoire des Nakhus est horriblement petit. Tu connais tout par coeur, les passages cachés, les clairières brumeuses, tu as tout écrit sur tes cartes et maintenant tu as besoin de nouveauté. Aujourd’hui encore tu es plongé dans cette quête. Le temps est menaçant, un début d’orage qui gronde au dessus de ta tête et tu n’as même pas remarqué. Tu n’as même pas remarqué et tu commences à regretter ce choix car encore une fois tu ressens cette peur grandissante dévorer ton estomac, cette partie de toi que tu ne veux pas qu’elle soit découverte. Cette terreur .

Tu accélères alors le pas, courant presque à travers la brume alors que la pluie se met à tomber rudement sur ton pelage. Le tonnerre c’est ton ennemie, tu le fuis depuis si longtemps. Ce bruit qui te déchire les tympans, ces lumières qui déchirent ton ciel. Et le voilà qui revient te hanter.

Et comme d’habitude, tu le fuis le plus vite possible. Passant arbres, bosquets, puis les statues. L’entrée du dédale. Tu t’y arrêtes dans un dérapage à peine contrôlé et monte l’escalier lentement, t'arrêtant à l’entrée tu te contentes de rester ici, posant ton cul dans la pierre moussue et trempée. Les oreilles basses tu trembles comme une feuille, ton corps bats si fort dans ta poitrine t’as l’impression qu’il va exploser.

Heureusement, tu es parti sans cartes, elles seraient dans un bien piteux état sous la flotte. Et voilà que le tonnerre te fait sursauter et tu couines. Tu veux juste que ça s’arrête, que l’orage passe, qu’il continue son chemin furieux entre les nuages et qu’il s'apaise enfin. Mais rapidement, tu vas choper la mort à rester ici, protégé par tes deux anges gardiens de pierre.

ft - Narancia

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Toujours fourrés dans les mêmes zones, toujours planqués, Momon commençait à peine à parler aux gens sans bégayer ou s’excuser à tout va. Pourtant, il fuyait encore sa famille, l’équipe de foot de Raison et Judas, il fuyait ce brouhaha constant et ce manque d’air dans les grottes. Et comme souvent, il se planquait dans le petit Eden. Tout le monde devait être au courant, cependant, il restait insaisissable. Mis à part Pierre et Siem, personne ne savait comment un louveteau aussi visible pouvait se planquer aussi facilement. De louveteau il n’en avait plus que l’âge, car la taille, elle, passait déjà au dessus des plus petits adultes du coin. Ce qui était encore plus gênant, mais quelque part, il le savait déjà.

Dans son jardin intérieur, il fut enfin tiré. Les grondements lointain présageaient une belle tempête. Rester au couvert des arbres, mauvaise idée. La silhouette noire couverte de son blanc manteau se faufila à découvert. Son regard mordoré se perdit dans l’épaisse nappe nuageuse puis une goutte lui tomba sur la truffe. Il était grand temps de filer se mettre au sec.

Malheureusement, même si il était grand, le jeune loup n’eut pas le temps d’esquiver l’averse. Alors, par flemme ou par dépit, Momon s’évita la fatigue de courir et de s’en prendre plein l’oeil. Bizarrement l’orage ne lui avait jamais fait peur contrairement à ses mères. Quand les râles de mère nature lui brusquait les tympans, il restait de marbre.

Et enfin l’entrée du dédale. Ce qui le surprit, c’était cette silhouette filiforme qu’il ne connaissait pas. Il marqua un temps d’arrêt, dévisageant le loup grelottant. Il avait la couleur et l’odeur de la meute, mais jamais croisé celui là. Les trombes d’eau, qui lui martelaient le dos, l’obligeait à rejoindre le loup couleur océan. Ravalant sa salive, il s’approcha et s’assit sous les statues. N’osant pas regarder son compagnon d’infortune. D’une voix fébrile, il salua :

« Bonjour à vous… »

Les inconnus et leurs mystères, Ajani n’avait pas encore essayé de travailler avec lui sur ce point. Bien dommage ! D’un coup de museau bref, il eut le temps de voir que la situation les avait dépassé tous les deux.

« Il faudrait qu’on se remette plus à l’abri je pense... »

Momon n’eut pas le temps de continuer qu’un grand éclair fendit le ciel telle une flèche divine, et s’abattit droit devant eux sur un arbre au loin. Le vacarme assourdissant emplissait la cuvette qu’était le champs mystique. Le mâle sentait une certaine attirance pour cet élément et son œil se mit à briller à observer les toiles électriques dans les nuages.

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Une nouvelle odeur te fit frémir l’espace d’une seconde et tu tournes la tête pour observer un grand loup s’approcher. Tu ne crains pas cette silhouette car aussi imposant soit-il son coeur semble tendre. Ce qui te faisait peur, c’était cet éclair qui brisa le ciel en deux. Lentement, tu releva la tête vers le ciel alors que d’énormes larmes coulèrent sur ton visage. Larmes que tu ne remarques même pas tant l’angoisse à prit le dessus, l’angoisse et la douleur. Très sensible du bruit, cela te mettait dans un mal pas possible. Et cette odeur d’ozone, cette odeur puissante qui te prend la gueule et te rend malade.

-Oui. J’aimerai m’abriter, l’orage me fait souffrir.

Maintenant que tu y penses, tu as déjà croisé cet individu, très rapidement, un nom qui glisse dans les paroles des autres. Tu as une mémoire presque parfaite des petits détails mais les noms et visages, tu as du mal.
Tu oses l’observer un instant. Il semble plus jeune que toi, bien sûr, encore une fois, jamais ton regard ne croisera le sien car tu ne supportes pas ça. Son pelage sent la lavande et l’humidité. C’est doux, rassurant.

L’orage gronde une nouvelle fois et t’arrache de ton observation - bien flou avec tes précédentes larmes de panique - et tu relève la tête pour observer l’immense éclair qui venait d’illuminer l’espace. Et encore une fois, cette forte odeur d’ozone qui te brûle la gueule.

Maintenant, tes cheveux sont trempés et tu commences à trembler un peu. Narancia tu te lèves, incitant ton camarade de mésaventure à en faire de même. Tu ignores où te réfugier, mais vous ne pouviez pas rester ici, vous allez tout les deux attraper la crève.

Dans un vague grelottement tu te présentes, en retard bien sûr car les conventions sociales te passent un peu au dessus de la tête.

-Narancia.

ft - Narancia

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L’autre loup semblait si apeuré, Momon le sentait à son odeur, et dans ses quelques regards, il put voir les larmes couler. Le sombre marmonna comme une question :

« Souffrir ? »

Pourtant l’orage semblait assez loin à son œil. Il haussa les épaules, le mâle aurait pu rester là en réalité. Mais le bleu grelottait tant qu’il eut de la peine pour lui. Il n’avait pas de grandes ailes pour le protéger de la pluie, mais Momon réfléchit sans trop oser parler. Quand Narancia se présenta, il lui répondit comme si de rien n’était, perdue dans ses recherches d’idées :

« Momon... »

La pluie reprit de plus bel, comme pour les forcer à avancer. Trempé pour trempé, autant commencer la monté, son corps se releva calmement. Il savait un lieu tranquille pas loin, mais avec sa taille grandissante, il s’y sentait souvent à l’étroit. Mais la détresse du loup aux allures océanes lui faisait de la peine. Hésitant un peu, il regarda l’animal et lui dit :

« Hm Je… connais un creux à moins de 2 minutes mais… c’est un peu étroit… Enfin je peux très bien rester à l’entrée de la grotte si vous voulez, ça me dérange pas. »

Ce qui le dérangeait c’était davantage d’écraser un poil trop ce pauvre Narancia. Iel devait avoir une sacrée phobie, chose qu’il comprenait bien, alors le jeune se sacrifiait volontiers pour laisser plus d’air à ce pauvre loup océan.

« Enfin ça me dérange pas d’être un peu plus mouillé quoi… vous en dites quoi ? »

Sans réellement attendre de réponse, il se trouva sous l’eau qui déferlait.

« Le vent se lève, si on veut pas se faire foudroyer c’est le moment je pense... »

Son œil observait la nappe sombre au dessus d’eux. On aurait presque dit qu’il faisait nuit.

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Sa voix tout aussi sombre que son pelage propose une solution. Tu hésites un instant car tu te dis que le voir se tremper par ta faute n’est sûrement pas quelque chose de bien mais encore, c’est une notion flou, le bien. Alors que tu allais ouvrir la gueule pour répondre un grondement déchira le ciel et la pluie s’intensifia soudainement.
Tu lances un bref regard à ce Momon sans épouser ses iris et te met alors en route, le suivant, les oreilles basses.
Tout était étrangement silencieux autour de vous, à part l’eau qui tombe en cascade bien sûr. C’est comme si tout les animaux savaient que le ciel était devenu danger au dessus des mortels. Cette ambiance te met mal à l’aise, tu te maudit d’être allé explorer l’inconnu alors qu’un pareil temps arrivait.

Arrivé sur le lieu dit, tu te glisses au sec, essayant de faire le plus possible de place à ton comparse, pressant ton flanc contre la roche froide.

-J’ai toujours eu peur de l’orage. Les bruits sourds me font mal aux oreilles et me font beaucoup paniquer.

Ta voix est basse, comme un faible murmure, timide et sans aucunes intonations. Ton coeur va exploser dans ta poitrine et tu essaies de te calmer, ignorant les éclairs qui viennent éclairer le ciel.

-Je t’admire pour rester aussi calme en ce temps là.

Tu baisses légèrement la tête, enfouissant ton museau dans ton pelage bleuté, fermant les yeux. Tu te concentres sur ton souffle, sur les battements de ton coeur. Tu ne veux pas laisser ta phobie te dévorer, perdre, encore une fois. De plus tu viens de rencontrer quelqu’un qui semble être de ton âge et tu ne veux pas encore une fois faire fuir les autres de par ton excentricité, tu ne veux pas finir seul maintenant.

ft - Narancia

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Narancia hésite puis se met à suivre la cadence, toute sa posture trahit son angoisse grandissante. Momon le sent comme un courant électrique qui lui traverserait le dos. Mais il se garda de faire un quelconque commentaire. Le loup océan devait souffrir bien assez ainsi pour que lui, avec tout ses complexes, se mette à se moquer. Pas son genre. La grotte se profilait, et à peine eut il montré le trou dans la roche que le loup bleuté s’y était faufilé comme une anguille. Malgré toutes les bonnes volontés du monde à se tortiller le long des murs, Momon ne put se mettre que la partie avant à l’abri, à moitié couché, à moitié assis, on ne savait le dire. Mieux que rien après tout. La voix fluette expliqua alors sa peur panique des orages. La voix graveleuse, le regard sur ses pattes, le mâle sombres répondit doucement :

« On a tous peur de quelque chose… C’est pas très grave. »

Les flashs lumineux zèbrent le ciel mais il n’en a cure. Il s’en fiche éperdument parce qu’il sait que ceux là ne sont pas pour lui. Non ils sont pour les arbres, pour les roches pointues, pour bien des choses mais pas ici. Quand Narancia avoue son admiration, le disciple se sent un peu gêné. Nerveusement, il s’affaire à enlever l’eau de ses pattes à grand coups de langues. Il n’est pas habitué à être admiré par quelqu’un d’autre que sa famille. Tout de même, il lance :

« Merci... »

Il ne savait comment réagir, son œil n’osait pas se fixer sur le loup bleu. Puis, il pointe l’extérieur du museau.

« Je reste calme parce qu’il le faut… et aussi parce que je sais où tombent les éclairs… Je ne peux pas en avoir peur si je peux les prédire… Enfin c’est toujours plus simple que de parler aux gens sans avoir peur qu’ils me jugent… A chacun ses faiblesses. »

Il aurait pu rester dehors par ce temps, qu’il ne saurait faire la discussion naturellement à des inconnus. Puis Momon revient à sa tâche de séchage. Un court instant, il essaya de voir le regard apeuré à côté de lui. Mais les yeux semblaient se dérober à lui. Deux loups un peu coincés, la belle affaire, et de surcroît coincé par la tempête. D’une voix hésitante, le sombre tenta de communiquer :

« Et sinon que… que faisait tu là dehors ? »

Distraire son hôte lui paraissait une bonne solution pour passer le temps et oublier le froid qui lui prenait le derrière.

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Tu écoutes ces propos, la tête posé contre la roche, les yeux clos. Sa voix est calme et parvient à l'apaiser, elle s’élève doucement au dessus de l’orage, au dessus des craquements du ciel. Puis il t’avoue lui aussi une faiblesse et tu redresses la gueule. Se faire juger de par ses propos. Se faire juger. C’est quelque chose que tu ne sais pas expérimenter et faire. Tu ignores tout de cela, tu ne le comprends pas et ne le remarques pas. Tu es trop absent, tu es trop loin de tout cela. Mais au fond de toi tu peux comprendre. Alors tu n’ajoutes rien, enfant des cieux qui tremble sous les tempêtes.

-Je voulais créer une carte du labyrinthe pour ma propre collection et je n’ai pas fait attention au temps.

Maintenant que tu y penses, ce plan tombe à l’eau. Littéralement. Tu étais parti en éclaireur bien sûr et tu n’as pas prit de papier avec toi mais quand bien même, cela te froisse un peu. Tu n’aimes pas voir tes idées s’effondrer, ton inspiration t’être arraché.

Après quelques secondes de silence, après quelques frissons tu te penches en avant pour l’aider à ôter l’eau de son pelage, sur ses pattes, comme il le faisait tout à l’heure. Tu t’appliques sur ta tâche. Tu ne veux pas que par ta faute il tombe malade alors qu’il semble t’avoir fait cadeau d’un espace au sec. Mais ça encore, c’est assez complexe pour toi.

-Tu ne devrais pas craindre leur jugement. Ma mère me disait “ celui qui te juge ne te mérite pas “ alors ça m’aide. J’ai du mal à savoir si on me veut du bien ou du mal. Ceux qui jugent, murmurent dans mon dos, je ne perd pas mon temps, je les oublies.

Tu relèves la tête vers Momon. Après coup, ta mère te souriait, alors comme elle, simple mimétisme tu souris aussi. Fuyant ton regard, toujours, mais honnête.

-...L’orage semble se calmer.

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ft - Narancia

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Une carte des labyrinthe, chose des plus utiles en ces temps troublés. Momon aurait apprécié d’en avoir ne serait-ce qu’une bride pour éviter de se planter de couloir quasiment tous les jours. Doux espoirs qui lui caressait l’esprit, si bien qu’il en oubliait de continuer sa toilette. A quoi bon, ses fesses suintant l’humidité plus qu’autre chose, il était condamné à attendre l’accalmie. Un profond soupir lui glissa le long de ses défenses, il espérait bientôt ressortir de cet endroit étouffant. La moiteur même de l’alcôve devenait rude pour lui avec sa fourrure épaisse autant que son cuir. Sans s’en rendre compte, Narancia se met à l’aider à grand renfort de coup de langue. Momon fut d’abord surprit, il ne s’attendait pas à cela mais resta bouche bée face à la scène. Son regard se plongea dans le pelage bleuté. Si il était possible pour une loup de rougir, il serait bien plus écarlate qu’une tomate mûre.

Il relâcha son attention du pelage étrange qui semblait le happer, comme si une vague l’emportait. Gênée qu’on lui montre tant d’attention, il détourna son museau le long de la pierre. Bizarrement il se jugeait lui même à cet instant, il se sentait malpoli et rustre. Alors dans le plus grand des calmes, il donna à son tour des coups de langue dans la tignasse ébouriffée du loup qui l’aidait. C’était pour lui, comme une sorte de remerciement, même si tout ceci le mit un peu mal à l’aise.

« Vous avez sûrement raison… Mais je ne peux m’empêcher de craindre ce que les autres peuvent penser de moi… J’ai peur de faire peur… et qu’on me rejette comme mon père... »

Et pourtant les mots de Narancia étaient les plus juste, iel avait raison sur le sujet. Les juges ne méritaient pas qu’il s’y attarde. Le grand mâle sombre arrêta donc son ouvrage de sociabilisation maladroite, le tout en pensant qu’il avait oser parler de son père. Cela n’arrivait pas souvent, mais ses angoisses refaisaient souvent un tour à la surface de ses sentiments. Il devait penser à autre chose. Il le devait, pour éviter de pleurer inutilement. Sa paupière se ferma, son esprit se focalisa plus sur les bruits de l’eau autour, la pluie diminuait doucement. Iel avait raison, le loup océan. Un être sage dans un lieu si incongru. Momon rouvrit l’œil et se tordit pour regarder le peu de place qu’il laissait à l’ouverture de la roche.

« Oui il semblerait bien... »

Le temps n’était pas le seul à retrouver la quiétude. Cependant, le disciple n’osa pas regarder le loup en face. Deux coincés dans tous les sens du terme. Il n’était plus utile de se bloquer ainsi, alors, roulant des muscles, Momo se mit à faire marche arrière pour s’extraire de la cavité sombre. La lumière était si forte, qu’il plissa les yeux. Et lorsque sa vue fut enfin réhabitué, il put admirer un magnifique arc-en-ciel entre les nuages blanchâtres. Une pluie fine achevait la course de la tempête, ce qui fut pour le moins agréable. Il tendit le coup vers le ciel, ferma son œil et profita de l’ondée sur son visage. Puis, dans le plus grand des calmes, parla au loup :

« C’est agréable… Dites, si vous voulez, je peux vous aider ? Pour la création de vos cartes ? »

Même si il ne se regardait pas l’un et l’autre, Momon avait bien compris que cet quête semblait importante pour le loup bleu. Et cela l’intriguait de savoir comment il faisait.

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L’orage se calme et ton coeur aussi. Vous sortez tout deux sous un ciel toujours ombrageux mais moins menaçant. Il s’est déjà déchiré sous vos âmes maintenant il n’est que vaste laiteux. Comme un chat tu t’étires, courbant le dos. Puis voilà que le grand loup proposa une aide qui te fit t’immobiliser un instant. C’est bien la première fois qu’on s’intéresse à tes cartes, qu’on s’intéresse à toi tout court. Tu cherches quoi répondre mais tu te contentes de hocher doucement la tête, puis après quelques secondes de silence tu reprend.

-Cela me ferait beaucoup plaisir. De plus, je pense que tu peux me tutoyer. Nous sommes pareil.

Tu oses un sourire. Car tu sais que dans ces moments là, un sourire rend la chose plus touchante. Tu ne veux pas que ça déborde dans le sentiment, tu n’en ressens pas le besoin mais tu veux lui offrir un morceau de toi, un secret que tu partageras à ses côtés. Et passer du vous au tu c’est briser la glace, l’immense glace, qui te mute dans le froid silence. Qui créer une distance avec tout ces soleils. Mais lui ce n’est pas un astre brûlant. C’est un orage. Tu en as peur, mais c’est différent avec lui. C’est un orage qui ne gronde pas, c’est un orage qui rassure. C’est cet orage que tu aimes écouter, allongé au sec, la nuit. C’est un orage qui ne blesse pas mais qui guide.

-Si toi aussi tu as besoin d’aide un jour, n’hésite pas à venir me voir, Momon.

Tu observes le ciel se dégager davantage, calmement et avec précision.

-Je suis content de t’avoir rencontré. Je crois .. que je me sentais seul.

Tu n’as pas honte de dire les choses, tu ne caches rien car tu ne sais pas faire. Quand tu ressens un sentiment, qu’il soit minime, tu l’exprimes. Tu ignores si c’est une bonne chose à faire. Tu as trop souvent entendu qu’on ne te comprenait pas alors tu veux être un livre ouvert. Une page facile à lire.
Et pourtant, même en avouant que tu te sentais seul, il n’y a pas une once de tristesse dans ta voix. Car cela encore, c’est un concept que tu ne parviens pas à effleurer. C’était juste un constat. Une devinette sordide de ton coeur.

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DU COUP MDR
voilà la réponse même si elle a prit la place de l'ancienne tant pis au moins ça t'fera pas faire de DP

ft - Narancia

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Narancia s’étire à son tour pour sortir à la lumière du jour, le sombre s’étonnait presque de la fluidité de ses mouvements. Pareil à l’océan, le loup bleu avait cette apparence calme comme si rien ne pouvait changer cet état, pourtant l’apparence n’était qu’une coquille et Momon était bien placé pour le savoir. La surprise suivit, il ne s’attendait pas à une marque de confiance si rapide, si bien qu’il plongea son œil dans la nappe nuageuse au dessus pour cacher son manque d’assurance et ce sourire naissant au creux de ses babines. Hésitant, il répondit tout de même :

« Comme vous... » Une seconde de réflexion et il se ravisa. « Comme tu veux. »

Ils étaient jeunes tous les deux, cependant, Momon se sentait dans l’obligation de respecter Narancia. Comme tous les autres loups de sa meute, mais iel était comme lui. Dans leurs solitudes, quelque chose lui sembla bien familier. Pourtant, il repointe le museau dans sa direction, souriant timidement. Si il avait pu, il rougirait. Les loups gentils et calmes semblaient se multiplier, d’abord Pierre, puis Harma’ et maintenant Narancia. Une sorte de chaleur emplissait doucement son coeur à mesure qu’il grandissait. Eva avait raison après tout, il ne servait à rien de pleurer sur le père qu’il ne connaissait pas puisqu’il avait des amis, des mères, un frère et une sœur. Son sourire s’effaça quand Narancia proposa son aide aussi, le loup au manteau blanc se mit à piaffer d’une patte sur l’autre, une expression gênée sur le visage.

« J’aurai trop peur de déranger… je crois. Mais je n’oublie pas, on m’a toujours dit qu’il fallait s’aider les uns les autres alors ce sera avec plaisir ! »

Alors qu’iel regarde le ciel se dégager, Momon regarde tour à tour l’orage qui s’éloignait, Narancia puis ses pattes. L’ordre variant à chaque passage mais son agitation physique s’arrêta aussi. La suite le laissa perplexe. Face à de telles révélations, il se devait d’admettre qu’il appréciait de plus en plus apprendre à connaître les gens en face à face, même si son regard fuyait souvent l’affrontement.

« Je suis content aussi. Tu as raison nous sommes pareils… »

La vie les poussant à vivre une certaine forme de solitude, leur différence face à d’autres les isolait. Pourtant Narancia semblait moins affecté de cette situation, Momon admirait cela. Malgré l’absence de tristesse, le loup bleu semblait avoir besoin de dire les choses, sans concessions, sans mensonges. Le jeune au pelage de jais sourit timidement à nouveau, souhaitant connaître davantage cet être singulier. Pour une fois, il prit le courage d’affirmer :

« On devrait se voir plus souvent. »

Mais ce courage ne dura que quelques maigres secondes car son œil mordoré se plongeait à nouveau dans les nuages obscures.

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NARANCIA

C’est dit timidement sans que les iris se rencontrent. C’est juste des mots fredonnés sur un air venant du cœur tout en contemplant les nuages. C’est une promesse et une proposition. Narancia tu laisses la lueur de ton glowstick illuminer ton pelage et tes ailes font leur entrée. Tu les étires un instant, sans rien ajouter, et toujours en fixant le lointain. Puis un sourire. Tout aussi timide que les mots prononcés plus tôt. Discret.

-J'aimerais beaucoup.

Puis tu inspires une grande goulée d’air humide de l’orage passé. Tu te tournes vers Momon alors que l’air commence à soulever ton plumage et ta chevelure, t’approche et effleure sa joue avec ton museau.

-A très vite je l’espère, Momon.

Tu oses enfin le regarder, seulement quelques secondes, puis ouvre grand tes ailes et dans un courant d’air tiède tu t’envoles. Tu vas rejoindre le vaste, les nuages et les astres et tu t’éloignes, les yeux mis clos. Tu es content Narancia, tu as enfin rencontré quelqu’un qui n’a pas cet air froid et complexe. Qui n'observe pas ton visage mais ton âme. oui. C’était une bonne journée, au final.

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