Le savoir et l'ignorance | Naïade

Invité

Tarko

Lasse de parcourir en long et en large les terres libres, Tarko commença à fureter chez les Nakhus à la recherche de nouveaux endroits à explorer. Il trouva son nouveau terrain de jeu alors qu’il errait non loin de la Vallée des murmures. C’était un bout de terre isolé du continent que les rumeurs disaient hanté. L’Île Chuchotante. Ce lieu piqua aussitôt la curiosité de Tarko.

Droit comme un « i » le regard happé par le mystérieux monticule de pierres, les pattes dans le sable, le loup en perd presque la notion du temps. L’air marin chatouille sa truffe et le pousse vers l’île. Le mâle à le sentiment d’être appelé là-bas pour une raison qu’il ignore. L’appel de l’aventure ? Peut-être.

Ni une, ni deux, Tarko se jette à l’eau. Son visage se crispe sous la morsure du froid. Pour se réchauffer une seule chose à faire : nager. Mètre après mètre il avance, poussé par le courant. Après de longues minutes, quiconque l’observerait depuis le rivage ne verrait alors qu’un point dodeliner à la surface, ballotté mollement par les vagues.

Bien que la distance entre l’île et le continent soit réalisable pour n’importe quel loup adulte, Tarko arrive sur la plage essoufflé. La blessure à sa patte est guérie mais lui provoque encore une gêne lors d’importants efforts. Souhaitant être en forme pour explorer les lieux, le mâle décide de se reposer. Il s’allonge entre des buissons, se roule en boule et s’endort presque aussitôt.

Les heures passent et le ciel qui jusqu’à présent était clair se couvre. Les nuages grandissent et l’orage éclate. À l’abri sous les plantes, c’est le tonnerre qui réveille Tarko en sursaut. Le mâle sort de sa cachette et découvre qu’il a dormi bien plus longtemps que prévu puisse qu’il fait désormais nuit. Son pelage qui avait eu le temps de sécher était de nouveau mouillé. Au moins, la pluie rincera le sel accumulé par paquets sur ses poils.

Agacé de s’être laissé surprendre par le sommeil et d’avoir perdu du temps d’exploration, Tarko se met en quête d’un abri plus confortable que son buisson. Ne connaissant pas les lieux, troublé par la nuit et la pluie battante, le solitaire peine à s’orienter. Il marche durant de longues minutes dans la gadoue et les flaques accumulant la terre autour de ses pattes avant de enfin apercevoir ce qui ressemble à un abris. Tarko s’y précipite soulagé de pouvoir passer le reste de la nuit au sec.

Une fois à l’intérieur, son premier réflexe est de s’ébrouer, projetant de l’eau et de la terre tout autour de lui. Un peu plus à son aise, le punk observe l’endroit. C’est immense. Le cliquetis de ses griffes sur le sol résonne. Il semble seul. Quelque peu impressionné par l’ambiance qui se dégage du lieu, Tarko commence sa visite sur ses gardes laissant derrière lui les traces de ses pattes.

Tarko passera alors de nombreuses minutes à arpenter d’innombrables pièces, certaines grandes et d’autres plus petites, toutes remplies de ces objets qu’il ne connaissait pas. Curieux, il en tire un vers lui du bout de la patte et le fait tomber sur le sol de pierre. Le solitaire qui n’avait jamais vu ça au-part avant l’inspecte avec prudence. Il le renifle, le tourne et le retourne dans l’espoir de comprendre.

Au sol, le livre est en piteux état : la couverture est abîmée, des pages son déchirées et salies. Tarko ne sait pas encore que son ignorance l’a amené à faire une belle connerie qu’il va vite regretter.

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La femelle Reader s’était mise en quête de plantes à l’origine. Mais elle avait longée les côtes du territoire pendant plusieurs jours, et avait finit par apercevoir l’île Chuchotante face à elle, dans l’océan sombre dont les vagues dévoraient de temps à autre les côtes, faisant parfois tomber de lourdes pierres dans les eaux noires de la déesse Céto. Elle continua sa balade alors que l’ombre s’avançait, grandissante. La femelle n’avait plus peur de la nuit, ni même des étrangers. Elle avait les crocs, l’envie de se battre quand elle en avait besoin. Elle savait fuir quand c’était la meilleure option, et attaquer quand c’était nécessaire. Elle avait grandit, elle se sentait plus forte, tant dans son corps que dans sa tête.

La louve s’arrêta au bord de l’eau qui lécha ses pattes, la Reader plongea, se servant de sa queue reptilienne comme un gouvernail et un moyen de propulsion. La puissance de l’océan la ballotait, mais elle aimait cela, avoir la tête sous l’eau, sentir le sel dans son poils et sa chevelure. Elle sorti de l’eau sous la pluie, avant de lever la truffe vers le ciel grondant qui s’illuminait de temps à autre d’un éclair blanc. Elle n’était pas dérangé par la pluie, par la boue qui salissait son poils. Elle y était accoutumé, l’ex solitaire, qui avait trouvé sa famille, et sa vie. Elle secoua son pelage en s’arrêtant devant la bibliothèque. Une autre odeur traînait dans l’air. Un étranger.

Elle n’aimait pas les étrangers. En fait, elle n’aimait pas les solitaires. C’était inscrit dans ses veines, que c’étaient tous des imbéciles violents, sans cervelles, mauvais, et agressifs. Elle ne voulait pas avoir à rencontrer l’un d’eux. La bibliothèque était son sanctuaire personnel. Son ancienne maison. Son cocon, le lieu qui l’avait protégé pendant tellement d’années qu’elle en avait oublié le compte. La louve observa les traces d’eau, de boue sur les étagères, et roula des yeux. Il ne pouvait pas laisser les choses propres derrière lui, cet étranger mal élevé ?

La louve soupira rageusement avant de s’enfoncer dans la bibliothèque, suivant ses traces qui la firent aller dans différentes pièces. Il foutait quoi ce loup ? Il ne connaissait pas la bibliothèque Nakhus ou quoi ? C’était une mauvaise blague ! Elle trouva enfin l’individu, il était entré dans une salle de la bibliothèque. Elle l’observa prendre un libre, le faire tomber, le renifler et l’analyser, avant de ricaner avant de s’avancer dans la pièce.

« Tu n’as jamais vu un livre de ta vie ? »

Demanda-t-elle moqueuse presque vicieuse. C’était d’un ridicule. Il était entrain de l’abimer en plus. Elle s’approcha du loup avant de lui prendre le livre et de le mettre à sécher.

« Tu l’abîmes, fait gaffe, ce sont des exemplaires uniques ! »

Invité

— Tu n’as jamais vu un livre de ta vie ?

La voix attire l’attention de Tarko qui n’a pas entendu la femelle arriver. Il relève son museau de l’objet et recule d’un pas, une ombre dans le regard. Il n’aime pas l’odeur quelle dégage. Ça n’a rien à voir avec l’odeur des loups des meutes qu’il connaît. Rien à voir non plus avec ce qu’il a pu sentir sur les solitaires qu’il a rencontré. Ce qu’il sent, mélangé au parfum du sel, le dérange et lui pique la truffe. Il fronce le museau.

La réplique est emprunte d’une pointe de sarcasme. Un sourire vicieux étire les babines de la louve qui vient d’arriver. Ça se voit quelle se fou de sa gueule. Depuis son voyage au Sud, le solitaire s’est engaillardi, son caractère s’est affirmé. Tarko n’est plus tout à fait le gentil petit loup qu’il était jusqu’à lors. Même si, petit, il l’est toujours et le restera toute sa vie.

Quand la femelle s’approche pour ramasser l’objet, il la détaille plus clairement. Une allure fine, svelte, un pelage sombre piqué de vert et des accessoires qui luisent d’une faible lueur. Tarko croise son regard. À ce moment, son poil se hérisse sur son échine. Cette pupille fendue verticalement, cet iris jaune. Il reconnaît l’œil d’un reptile. D’un crocodile. Tarko montre les crocs. La seule fois où il eu affaire à un crocodile, ce dernier lui a cassé une patte. La convalescence a été longue et aujourd’hui, même si les os se sont ressoudés, le solitaire garde des séquelles.

Le sang du punk ne fait qu’un tour. Il bout intérieurement, se retient de grogner et de se montrer plus agressif qu’il ne l’est déjà. Pour couronner le tout, il ne pipe pas un mot de ce qu’elle dit et ça le frustre à mort. C’quoi ça « livre », « exemplÈre » ? Putain elle peut pas causer comme tout l’monde celle là ?

— Garde ta merde, j’en veux pas t’façon.

Et sur ces mots il lui passe à côté, direction la sortie, sans oublier de lui jeter un regard assassin.

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La femelle fixait cet espèce de… De quoi d’abord ? Juste un loup ordinaire, quel sens de l’originalité frappant dis donc… Elle soupira, il ne ressemblait à rien d’autre qu’une masse de poils crasseuse qui ouvre sa gueule et salis des livres pour aucune raison valable. Son manque d’éducation cruelle en était outrageant aux yeux de la femelle qui avait grandit ici et qui gardait ce lieu dans son cœur, car c’était un lieu où elle se sentait nostalgique et en sécurité. Elle se souvenait souvent de ses parents entre ces murs et parfois le fantôme de son père lui apparaissait en mémoire. Alors quand l’autre imbécile heureux lui rendit le livre en râlant elle haussa les sourcils, le prenant clairement de haut.

« La violence verbale est un manque de vocabulaire. »

Souligna-t-elle alors qu’elle essuyait le livre, regardant sa cote avant de relever les yeux vers les étagères, le rangeant sans plus attendre. La reptilienne n’avait rien contre les crocodiles, elle savait que Ptah en était un maintenant, un jour ça serait peut être son tour et celui de ses enfants ensuite. Si tant est qu’elle en avait, mais pour le moment ce n’était clairement pas dans ses plans. Elle toisa le canin avant de pouffer.

« En plus d’être banal vous êtes illettré ? »

Se moqua-t-elle d’un ton légèrement blessant. Il était pathétique, même les Readers savaient lires. Même Ann savait lire alors qu’elle était encore bien jeune. Même Skavelden éternellement bourré et incapable de se concentré était pourtant capable d’apprendre à lire, même si ça le faisait chier et qu’il finissait par tout envoyer promener. Mais bon c’était Skavelden et elle s’y était faite.

Mais un adulte, solitaire, qui ne sait pas lire. C’est… Affligeant, tout simplement, elle n’a pas d’autre mot. Le pauvre, elle a presque envie de lui proposer un mouchoir pour les obsèques de son savoir, enterré avant même sa naissance.

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L’insulte percute Tarko de plein fouet. Bien qu’il ne connaît pas le mot que la reptilienne vient d’employer pour le qualifier, il en comprend la signification par le contexte. Pour le mâle c’est l’affront de trop. Il fait volte face, furieux d’être ainsi traité par cette femelle à l’odeur nauséabonde qui ne sait rien de lui. Il s’approche d’elle d’une démarche lourde pour faire vibrer le sol. Son poil et gonflé, lui donnant une carrure plus impressionnante. Ses babines retroussées laissent apparaître ses crocs. On peut d’ailleurs voir qu’il lui manque des dents, un autre souvenir de sa rencontre avec cette saloperie de crocodile. Enfin, le mâle grogne. Ce n’est pas un avertissement, c’est une promesse. Celle de lui faire fermer son clapet d’insolente.

Quand le solitaire est à sa hauteur il la bouscule d’un coup d’épaule et fait claquer ses crocs prêt de sa truffe. Il est si proche qu’il peut sentir son souffle tiède.

— Puisque tes précieux « livres » sont si importants à tes yeux. Il s’arrête de parler, attrape avec sa gueule un des fameux livres sur la bibliothèque et le jette au loin sans délicatesse. Alors, va chercher.

Tarko affiche un sourire satisfait. Toujours très proche de la louve crocodile, il plonge ses yeux bleus dans ceux hétérochromes. Il veut voir sa réaction. Sentir son corps se mettre en tension et ressentir sa rage monter. Tu veux jouer à la plus maligne ? On va jouer. De toute façon, dehors, il fait nuit et il pleut, j'ai aucune raison de partir, autant en profiter jusqu'au bout.

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Nullement impressionner, la Reader fixa le mâle avec une indifférence terrible. Il était laid, il sentait le continent, et en plus c’était un véritable con. Une véritable erreur de la nature même. Elle roula des yeux en le toisant, elle le trouvait risible, s’il avait besoin de prendre une démarche forte et de dévoiler les crocs, c’est peut être bien parce qu’il n’avait pas les armes pour se défendre. Un loup qui a de quoi se défendre n’a pas besoin d’intimider.

Elle l’observa prendre un livre et le jeter tout en l’écoutant avant de s’asseoir lourdement devant lui. Le fixant, choqué par tant de bêtise et d’ignorance. Jusqu’où la connerie d’un seul et unique loup pouvait-elle allait ?

« Non seulement tu es illettré, mais en plus, tu es stupide ? »

Elle avait de la pitié pour lui. Une réelle pitier bien encrée en le fixant. Elle était restée indifférente à son jetée de livre. Son choque de voir un loup aussi con était plus fort, mais il avait vite disparue. Redonnant naissance à ce regard sans émotion, juste froid et arrogant. Elle le trouvait désormais risible. A quoi bon avoir de la pitié pour une créature qu’on ne reverra sans doute jamais.

« Tu pensais vraiment que je me mettrais en colère pour ça ? C’est risible »

Oh oui tellement risible qu’elle en étira un sourire amusée, elle avait envie de rire à ses actes. Sa voix était froide, teintée d’arrogance.

Invité

Aux mots de la louve, ses poils se gonflent un peu plus si tant est que cela puisse être encore possible.
Dehors, l’orage bat son plein. Les nuages cachent les rayons de la lune. Seule la foudre éclaire par instant la bibliothèque et ses ouvrages bien alignés sur les étagères. Au milieu de la pièce, le mâle est une boule de nerf qui ne demande qu’à exploser. Le calme que dégage la femelle crocodile et sa façon de le snober le rend dingue. C’est la première fois qu’on lui tient tête de la sorte et Tarko se laisse envahir par ses émotions.
Il a envie de l’éclater.
Une rage si forte s’empare de lui que ses muscles se couvrent de spasmes et le font tressaillir. Sa respiration se fait plus profonde, plus forte et plus bruyante. À ce moment précis, son esprit sombre dans la brume et laisse place à ses instinct primaires. Ceux qui lui dictent qu’il faut punir cette louve arrogante.

Sa gueule s’ouvre et se referme sur les mèches colorées avant de tirer vers le sol. Il veut la faire plier. La faire se soumettre. Tarko lâche prise est pose sa patte sur sa tête pour la forcer à rester le museau collé au sol.

— Parles encore sur ce ton …

Ses yeux luisent d’une lueur hostile nouvelle. Un grognement s’échappe entre ses crocs serrés. Voilà le vrai visage de la bête. Brutal et impulsif. Fini le gentil petit loup civilisé qui fait passer la morale avant la violence.

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(J’aurais aimé lancé un dés réussite pour savoir s’il réussissait à faire ça à Naïade, mais je me suis planté de dés. M’enfin le résulta du dés reste un échec donc il y arrive pas ^^ )

Naïade l’observait, stoïque, immobile, impassible et froide, les oreilles pointées vers lui avant qu’il ne tente de mordre ses mèches. Ah et tu crois faire quoi comme ça gamin. La femelle releva la tête dans un mouvement élégant, reculant ainsi d’un pas, lui faisait raté son coup. Elle l’entendit parler comme un prince débile son regard luisant d’une colère sans origine. Il l’avait cherché, c’était son problème pas le sien. C’était lui qui prenait les choses mal. Elle roula des yeux en l’écoutant faire son fier. Il croyait vraiment lui faire peur.

Elle le contourna en passant prêt de lui, frôlant son corps au sien, faisant remonter sa queue sous sa machoire pour bien le faire chier avant d’être séparée de lui de quelques pas dans son dos. Elle tourna la tête par-dessus son épaule, le fixant, un petit sourire supérieur aux babines.

« Tu es pathétique. »

C’était vraiment ce qu’elle pensait, elle le trouvait pathétique ce pauvre couard sans cervelle incapable de lire deux lignes qui se cours après sur la couverture d’un livre. Elle s’éloigna vers la sortie de la salle. Elle cherchait toujours un bouquin sur les plantes, pas la peine de perdre son temps avec cette espèce d’énergumène.

« J’espère ne jamais te recroiser. Mais prend soin de toi quand même »

Même si elle espérait ne pas le revoir dans sa vie, elle espérait qu’il prendrait soin de lui et que son avenir ne serait pas trop dégueulasse. Enfin avec un comportement pareil pas sûr qu’il se trouve des amis, des proches, et des loups qui l’aiment. Mais ça, seul l’avenir le leur dira.

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