Pour une poignée de plumes | Familier

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Cassius
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MessageSujet: Pour une poignée de plumes | Familier   Pour une poignée de plumes | Familier EmptyDim 12 Avr 2020, 21:13


Utilisation du lot familier gracieusement offert par Jolitemps :)






Pour une poignée de plumes
RP familier


Le soleil avait déjà bien amorcé son ascension dans le ciel, et Joaquín allait bon train, zigzaguant entre les ombres bleutées qui semblaient se découper au couteau sur la roche.
Il avait passé la nuit dans l'une des nombreuses cavernes dont l'endroit regorgeait, le nez dans la poussière, les yeux rivés sur les étoiles. A rêvasser à des temps perdus dont il se souvenait encore comme s'ils dataient d'hier, activité à laquelle il s'adonnait de plus en plus souvent à présent que ce canyon lui était devenu accessible, et ce en dépit de l'amertume qui le gagnait à chaque fois qu'il se reprenait à penser à ce qu'avait pu être sa vie, autrefois. Peut-être était-il un peu masochiste : au final, venir ici et repenser à la gloire de ce pays qui lui était interdit lui faisait sans doute plus de mal que de bien. Et pourtant il y revenait sans cesse, et savait que si la rêverie lui était néfaste, il ne pourrait probablement jamais s'en passer.
Oh, certes, il était parvenu au fil des années à établir un petit — très maigre, mais il n'en demandait pas beaucoup après tout – cercle de connaissances, des têtes plus ou moins appréciées qui lui donnaient vaguement le sentiment d'avoir bâti quelque chose depuis qu'il était ici, mais ça n'était en rien comparable avec ce qu'il avait pu connaître par le passé. Et ce qu'il aurait pu conserver comme étant sien, s'il ne s'était pas comporté comme le dernier des crétins.
Il s'était endormi le vague à l'âme.
Et s'était réveillé de bonne humeur.

Il ne pouvait en aucun cas être malheureux lorsque la première chose qu'il voyait en ouvrant les yeux le matin était une étendue aride de roche rouge qui s'éveillait sous la lueur rosâtre d'un ciel vierge de tout nuage. Ça lui donnait l'impression qu'il pouvait accomplir de grandes choses, et que sa journée serait pleine de belles promesses.
A présent il rôdait dans le canyon, et avait même un petit creux.
Longeant une falaise escarpée, il laissait son regard se balader alentours, guettant le moindre signe de vie. Plus particulièrement le signe d'une vie comestible : c'était actuellement son objectif. Il était grand temps de voir s'il avait gardé ses réflexes d'antan. L'époque lointaine où un canyon bien plus vaste et hostile que celui-ci était son terrain de jeu.

Cela faisait une bonne demi-heure qu'il cherchait une proie lorsque des piaillements aigus lui firent dresser la tête. Là-haut, à une vingtaine de mètres au-dessus de lui, quelque chose s'agitait. Il huma brièvement l'air, et un vague sourire vint fleurir sur ses babines. Il se mit en route : il fallait agir vite.
Par chance pour lui, un petit chemin qui n'en était parfois plus franchement un se détachait sur la corniche face à lui : il semblait monter et susceptible de le rapprocher de son but, aussi décida-t-il de s'y engager. Trottinant d'un pas agile, il longea le mur, sautant au-dessus des excroissances de roche qui entravaient son passage, franchissant les trous d'un bond assuré, ignorant totalement la possibilité d'un échec qui l'aurait immanquablement conduit à une mort certaine, tant il grimpait haut. L'ascension fut parfois rude, le conduisant même à escalader un couple de rochers qui était clairement trois fois plus hauts que lui, mais il finit par réussir à se hisser jusqu'au niveau d'une petite alcôve, d'où provenait le bruit.
Là, un coyote s'affairait à dépecer un oiseau. Il s'arrêta cependant bien vite lorsqu'une brise tiède ramena vers lui l'odeur de Joaquín, qui se tenait à seulement deux mètres de lui — et par extension du vide –, bloquant par la même occasion la seule issue, à savoir le petit chemin qu'il avait emprunté pour monter jusqu'ici. Il ignora les glapissements hargneux de l'animal qui se tassait sur lui-même, babines retroussées, et se jeta sur lui sans préavis.
Le coyote ne put rien faire, tout au plus lui érafler l'épais collier qui protégeait son cou avec ses griffes, lorsqu'il l'attrapa par l'échine pour le retourner. Pas plus qu'il ne put se débattre lorsque les crocs du solitaire vinrent se refermer autour de sa gorge et qu'il lui brisa la nuque d'un coup sec. Une mise à mort propre, nette et sans bavure. Joaquín se recula rapidement, trainant avec lui le cadavre pour l'éloigner du gouffre. Autour d'eux, de nombreuses plumes rouges et noires jonchaient le sol. Des plumes familières, dont il était convaincu d'en avoir vu des semblables chez lui, dans sa jeunesse. Il en attira quelques unes à lui, songeant qu'elles pourraient venir agrémenter sa collection. Le cadavre de l'oiseau à demi éventré reposait à quelques pas de là, dardant sur lui ses yeux rouges sans pour autant le voir. Il connaissait cet oiseau. Il y en avait dans le Canyon.
Un piaillement sur le côté lui fit dresser les oreilles, et lorsqu'il tourna la tête il aperçut un petit nid fait de mousse et de brindilles. Lorsqu'il s'approcha, Joaquín y trouva un jeune oiseau, à peine plus qu'un oisillon, qui tentait de s'extirper de là. L'oiseau se tut immédiatement lorsqu'il le vit, et se recroquevilla sur lui-même, l'air paniqué.
C'était probablement sa mère qui était morte, juste à côté. Ce petit y serait sans doute passé rapidement s'il n'avait interrompu le coyote dans sa chasse : il pouvait aisément faire office de dessert.
En temps normal, et surtout au vu de ses récentes mésaventures avec un certain oeuf, Joaquín n'aurait probablement pas hésité le moindre instant et aurait tué l'oisillon. S'il n'était pas l'individu le plus bienveillant qui soit, il aurait été inutile et cruel de le laisser ici, à côté des restes de sa famille, à la merci du soleil. D'autres prédateurs lui auraient réglé son compte s'il n'était mort de faim et de soif avant.
Mais cet oiseau lui rappelait la maison.
Il n'avait pas envie qu'il meure.


Joaquín se balança pensivement d'une patte sur l'autre, ses yeux jaunes toujours fixés sur l'animal à sa merci, qui semblait attendre son sort. Puis il finit par se retourner et amena le corps du coyote vers lui. Lentement, il fendit la peau de son ventre avec ses dents, puis plongea son museau dans les entrailles encore bouillantes qui dormaient en dessous. Le sang imprégna son poil, s'infiltra dans sa gueule, son nez, se répandit sur le sol. Il trouva le foie, qu'il cherchait, et mordit dedans. Extrayant l'organe, il entreprit de le dévorer, observant toujours l'oisillon. Puis lorsqu'il l'eut presque fini, une lueur sombre passa dans ses yeux. Il attrapa le dernier morceau dans sa gueule, et le déposa dans le nid, face à l'animal.
Le volatile, un jeune Tangara ceinturé pas encore sevré, l'observa un moment, visiblement indécis. Comme prêt à se faire dévorer à tout moment par ce grand monstre noir qui le dominait de toute sa hauteur. Puis, voyant que rien ne se passait, il finit par s'avancer en sautillant vers le morceau de viande.
Il était affamé, et c'étaient ses cris qui avaient attiré le coyote jusqu'ici. Sa mère avait bien tenté de s'interposer en voyant le prédateur s'approcher de son nid, mais elle n'avait pu que se faire écharper dès qu'elle s'était approchée. Il vint picorer le petit bout de foie, puis parvint à en arracher un morceau, qu'il avala rapidement. Leva de nouveau la tête vers Joaquín, qui demeurait immobile et continuait de l'observer, puis se remit à tenter d'arracher un nouveau lambeau de chair. Et un suivant.
Satisfait, Joaquín s'installa à côté du nid, et entreprit de dévorer ce qu'il restait du coyote. Ou en tout cas, une vaste partie. Il allait sans doute rester ici quelques jours, le temps que l'oiseau soit apte à quitter le nid, et d'ici-là ce dernier aurait besoin de manger plus.
Que ferait-il ensuite ? Il ne savait pas trop.
La seule chose dont il était convaincu, en cet instant précis... c'était qu'il ne voulait pas que cet oiseau meure.
Et que tous deux avaient sacrément faim.
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