Il avait marché longtemps, si longtemps, avant de pouvoir poser ses pattes dans la Roseraie éclatante.
A quand cela remontait, la dernière fois qu'il était venu rendre visite à sa déesse ? A quelques mois, avant qu'il ne décide de se rendre chez les Nakhus pour abuser de leur hospitalité... Et devoir repartir l'après-midi même de son admission. C'était une page qui se tournait là, il ne retournerait pas en arrière, quand bien même renoncer à Eva était une chose difficile, tant elle était belle et charismatique, tant elle avait tout pour être sa Reine mais... Mais il le fallait. Il avait une mission, à accomplir.

Chose étrange, Exxus n'était même pas venu ici pour prier sa Déesse, pourtant sincèrement aimée. Oh, évidemment, il profiterait du voyage pour lui témoigner tout son respect, mais, son but premier était tout autre : Il lui fallait trouver Anianka. La belle Anianka, cette louve qui, lorsqu'il était encore enfant et Lazuli emprisonné sous le dôme de Mido, l'avait marqué, d'une certaine façon.
Anianka n'était pas seulement belle, elle était puissante, importante.

Pour l'occasion, Exxus s'était apprêté plus qu'à l'accoutumée : Ses cheveux clairs brillaient de propreté et, sur son pelage long, il n'y avait pas la moindre particule poussiéreuse. Du moins, pas visible à l'oeil nu. Aujourd'hui, se trouvait au comble de son élégance, marchant d'un pas assuré, sa longue queue battant tranquillement l'air en des mouvements gracieux.
Il sourit, en la voyant, cette louve tant cherchée.

- Bonjour, dame Anianka.

Prêtresse Anianka

Le cœur de l'île était revenu à sa place et Anianka n'était toujours pas aller voir le solitaire pour le remercier de ce présent. Elle aurait sûrement pu l'aider si il lui avait proposé, mais les dernières circonstances avaient été préoccupantes pour la prêtresse. Allongée dans l'herbe fraîchement repoussée elle savourait la douce odeur de rose qui lui avait tant manqué. Son poil bouclé se mêlait à l'herbe comme si elle était une ombre glissante sur le sol. Depuis la chute du dôme elle avait repris le volume gracieux de son pelage d'origine et ses courbes n'en étaient que plus sensuelles.

Pas très loin d'elle jouait la petite Vénuve et elle l'observait de temps à autre sans y prêter trop attention. Elle tourna légèrement son museau en biais lorsqu'une voix retentit derrière elle, une voix qu'elle ne reconnut pas immédiatement mais dont l'intonation n'indiquait aucune agressivité. Elle ne bougea donc pas de sa position et se contenta de répondre avec sa suavité habituelle :

Bien le bonjour, Exxus.

Il lui avait suffit d'un bref regard, d'une seconde à peine pour que son œil visualise la lueur rose sur son visage et reconnaisse le disciple de la tigresse. Elle les connaissait tous, certains plus intimement que d'autres quand ils savaient attirer son attention.

Elle se souvenait de son prénom, la belle Anianka !
Exxus en fut ravi et son sourire se fit plus présent sur ses babines. Il ne fallait cependant pas se précipiter sur elle tel un empressé, non ! Il y avait une marche à suivre pour s'adresser à une dame de son importance. Elle n'était pas n'importe qui, après tout. Il tâcha de se souvenir de ce que Eva avait pu lui recommander, lorsqu'il rencontrait d'autres loups. Déjà, ne pas se présenter comme Roi Exxus, au risque de l'agacer, ça, il l'avait bien retenu. Ne pas lui laisser sous entendre qu'elle était faible... Ce qui, de toutes manières, n'était pas le cas. C'était Anianka, la prêtresse Anianka ! Waouh ! Enfin, il l'avait trouvée, après une marche bien trop longue.
D'une démarche souple, il s'approcha d'elle puisqu'il ne serait pas pratique de lui parler de loin.

- Vous êtes toujours ravissante, dame Anianka. Comment vous portez vous ?

Un petit compliment, glissé par là. Il savait se faire sucre et miel.
Son regard glissa sur l'enfant qui jouait plus loin. Oh, la belle Anianka possèderait-elle déjà un Roi ? Il haussa un sourcil, intrigué.

- C'est votre fille ?

Prêtresse Anianka

Il s'approcha sans grande surprise mais elle ne daigna pas tourner ses prunelles sur lui, les gardant rivés sur le paysage d'un air impassible. Un sourire vint sublimer ses babines lorsqu'il la complimenta et elle retint même un petit rire malicieux entre ses mâchoires fermées. Elle aimait les flatteries et elle ne le cachait pas, mais elle n'était pas dupe, elle se doutait que cela cachait quelque chose. Rares étaient ceux qui faisaient la causette avec elle, toutes les personnes qui la connaissaient la redoutaient ou la haïssaient, même ceux qui ne savait d'elle que son prénom. C'était devenu sa réputation.. Elle était en quelque sorte l''enchanteresse de l'île, la superficielle ou l'impitoyable prêtresse de la beauté qu'il ne fallait pas approcher au risque de rester bloqué dans ses filets ou d'attirer ses foudres.

Que me vaut ce plaisir, cher Exxus ? Interrogea-t-elle d'une voix douce mais qui menaçait d'être froide à tout moment.

Elle passa sa question car elle la savait hypocrite et sans importance, elle venait directement aux faits pour ne pas avoir à perdre son temps, bien qu'elle appréciait avoir de nouvelles compagnies.

Disons que je suis plutôt sa bonne fée.

A sa manière oui.. Elle lui apprenait à devenir une louve impitoyable et endurcie, à être une survivante et une dominante, comme elle.

Ah, la belle Anianka n'était pas stupide. Elle avait vite compris qu'il ne venait pas là tout simplement pour la complimenter sur sa beauté. C'était quand même un peu embêtant pour lui, qui avait espéré pouvoir l'amadouer un peu avant de passer aux choses sérieuses.
Tant pis.

- Fort bien.

Il redressa le menton, fier, sûr de lui.

- Je souhaite être Roi. Et j'aimerais que vous soyez ma Reine, dame Anianka. Les choses ne peuvent rester comme elles le sont actuellement. Il faut tout reconstruire, tout recommencer, tout refaire en mieux.

Il n'était pas fait pour rester dans l'ombre, lui, il était fait pour briller. Et elle, que comptait-elle faire ? Souhaitait-elle errer là, sur l'île aux roses, jusqu'à la fin ? Ou nourrissait-elle d'autres desseins plus ambitieux ?
Elle valait mieux que cela, Anianka. Exxus en était persuadé.

Prêtresse Anianka

Les oreilles de la prêtresse remuèrent en entendant les paroles présomptueuses du jeune disciple, et puis enfin ses prunelles roulèrent vers lui et elle lui porta une attention toute particulière. Son visage était dur et ferme, son regard se noircit pendant quelques secondes puis dans un plissement de paupières tout s'effaça et elle se mit à sourire d'un air sournois.

En voilà des idées ambitieuses, mon cher Exxus.

Elle remua doucement son échine et replia une patte près de sa poitrine. Sa queue fit un léger mouvement derrière elle, presque inaperçu.

Et comment comptes-tu t'y prendre pour rallier le peuple libre à ta cause ?

Elle haussa un sourcil et le jaugea sans aucune pudeur.

Eh oui, il était ambitieux, Exxus ! Plus que cela, il se sentait puissant et ne se refusait rien, ne mettant aucun obstacle sur son royal passage. Perdu dans son délire, il ne vit même par l'air narquois de la femelle.

- Pourquoi ne voudraient-ils pas se rallier à ma cause ? Ils n'ont rien, à part leurs cailloux et leurs proies trop maigres pour leur remplir l'estomac. Ils sont tous dispersés aux quatre coins des terres... Il leur faut un meneur qui saura leur dire que faire. Et ce meneur, c'est moi. Il faut les pousser au rassemblement, leur faire miroiter ce qu'ils désirent...

Il eut un petit sourire.

- Des terres giboyeuses et de l'eau. Voilà ce qu'ils veulent. C'est ce que tout le monde veut.

Sa longue queue caressa le sol, alors qu'il marquait autour d'Anianka un arc de cercle, se préparant à la suite de son discours éloquent (sisi).

- Puisque je suis un personnage d'une intelligence extrême, j'ai eu l'idée, au lieu de rester sur ces terres mortes, de me rendre chez les Nakhus. Les loups y sont si sots ! Il ne m'a suffit que d'un regard larmoyant, de quelques plaintes pour qu'ils me gardent pour la nuit... Et songent à m'accepter parmi les leurs. Vraiment trop facile. J'ai pu en profiter pour voir leur organisation et leurs terres. Pour ce qui est des terres, d'ailleurs, elles sont très bien. Ils possèdent des champs où le gibier abondent et n'ont jamais faim. Pour ce qui est des loups, ils sont tous d'une faiblesse ridicule. Je suis venu à bout de certains d'entre eux à moi seul.


Il lui fallait impressionner la belle Anianka.
Il s'arrêta, plantant son regard vairon dans celui, or, de la louve.

- A quoi bon s'embêter à sauver des terres qui ne nous apporteront point abondance avant des années ? Poussons les nôtre à l'union, encore, dame Anianka. Promettons leur les terres Nakhus si ils nous suivent. C'est facile. Nous aurions tord de nous en priver.

Il se voyait déjà, sauveur admiré par des milliers de loups.
Même si cela impliquait de devoir écraser ce clan qui lui était venu en aide.

- De plus, beau garçon comme je suis, je n'ai aucun mal à séduire la gente féminine... Je pourrais récupérer ces enfants indésirables et en faire un peuple.

Prêtresse Anianka

Les mots du disciple étaient vides d'empathie et de bienséance, bien qu'il essayait de se faire passer pour altruiste il ne voyait que le bout de son nez et il n'essayait même pas d'être convainquant. Les prunelles orangées de la prêtresse le suivirent sans ciller dans ses déplacements, elle restait aussi indéchiffrable et inébranlable qu'une statue de pierre. C'est avec calme qu'elle répondit, d'un ton devenu presque trop sérieux.

Et donc tu abandonnerais ce territoire qu'ils essaient déjà de sauver ainsi que les temples des dieux dont certains sont les fidèles disciples ?

Elle fit un léger mouvement de la tête et son regard scruta les roses fraîches et de nouveau immortelles qui avaient repoussé quelques semaines plus tôt.

Tu as l'air d'en savoir beaucoup sur ce que le peuple désire, Exxus.

Elle posa son regard sur la petite puis revint sur le disciple avec plus d'intensité alors qu'il parlait d'écraser une meute entière. C'était une idée plaisante et c'est bien la première fois que quelqu'un lui proposait cela. Elle fronça légèrement les arcades au dessus ses yeux en amandes et cela lui donna un petit air contrarié et hautain.

Comment comptes-tu faire pour arracher ce territoire aux Nakhus au juste, mh ? Avec quelle armée, quel.. soutien ? Sa langue roula sur son palais et siffla comme un serpent avec délice.

Son sourire s'étira un peu plus sur ses douces babines, elle savait très bien ce qu'il attendait d'elle et l'idée qu'il lui lèche le derrière était plutôt affriolant. Elle était la louve la plus puissante des terres désolées et avait assez d'influence pour rassembler assez de loups et mener son projet à bien. La question était donc la suivante.. Sera-t-il assez convainquant pour qu'elle accepte ?

Et... Que feras-tu si tu t'es trompé et que le peuple refuse de te suivre dans cette guerre ?

Jusqu'où était-il prêt à aller pour atteindre son objectif ?

Exxus secoua la tête.

- Non. Ce sont nos fontaines, nos Dieux. Nous nous devons de les garder.

Il était hors de question de les laisser derrière. Du moins, pas sur le long terme. D'autres qu'eux ne pouvaient en profiter comme cela. Non, ils seraient privilégiés. Exxus fronça les sourcils.

- Je pense qu'il faut seulement reconsidérer les priorités. Reconstruire les terres, c'est très bien. Mais en attendant, les loups épuisent leurs forces et s'amaigrissent, faute de proies à se mettre sous la dent. Quand est ce que nos terres seront à nouveau opérationnelles ? Quand est ce que nous pourrons à nouveau vivre confortablement, dame Anianka ?

Il s'assit et ramena sa longue queue autour de ses pattes arrières.

- Avoir les terres Nakhus, c'est avoir un endroit ou reprendre des forces, en attendant. Et pouvoir se consacrer plus sereinement à la reconstruction des terres. Finalement, pourquoi se contenter de ce que nous avions déjà, auparavant, lorsque l'on peut avoir plus ? Pour ce qui est de l'armée... Je doute qu'il nous faille énormément de loups, en vérité. Ils sont si faibles, ces Nakhus. Il y a dans leurs rangs des loups ailés aux pattes si fines qu'elles se brisent comme une branche sous les crocs.

Exxus haussa les épaules.

- Le peuple me suivra. A moins qu'il soit trop stupide pour comprendre ses intérêts. Partons de ce principe, puisque c'est ce que vous évoquez. J'admet que ce serait embêtant.

Il sourit, néanmoins.

- En fait, ça ne ferait que repousser mes plans. Comme je vous l'ai dit, dame Anianka, je sais séduire. Je récupérerait mes enfants et ils seront soldats. Voilà tout. Je doute que les louves que j'ai pu engrosser souhaitent les garder, de toutes manières. C'est là, je l'avoue, que j'aurais aimé être une femelle.

Prêtresse Anianka

Son regard roula ailleurs mais ses oreilles elles, continuaient d'écouter sans en perdre une miette. Elle avait tout le confort qu'il lui fallait ici sur l'île, les proies étaient certes un peu éloignées mais l’exercice ne lui déplaisait pas. Son sourire s'estompa et elle garda le silence un moment.

Combien de Nakhus as-tu compter en tout?

Sa voix était volatile comme si elle connaissait déjà la réponse mais qu'elle attendait une confirmation.

Et que fais-tu de Yurai ? Crois-tu pouvoir la briser comme une branche elle aussi ?

Elle eut un bref sourire moqueur qui disparut au moment même où un froncement rida son front voilé de sa mèche couleur sang.

A supposer que tous ces bâtards te suivent sans broncher, Exxus. Crois-tu en faire naître assez pour lever une armée ?

Le museau dirigé droit devant elle, son œil tourna de travers pour se figer malicieusement sur le disciple.

Je suis curieuse de savoir.. Comment choisis-tu ces louves ?

Ou plus directement, faisait-elle partie de sa sélection d'élite ?

- Dix. Environ. Un ou deux de plus, peut-être. C'est une petite meute en tout cas.

Il fit la moue.

- Si l'on ne compte pas les gamins. Ils en ont eu plein, dernièrement, un vrai baby boom. J'espère qu'il ne vont pas devenir trop dérangeants en grandissant. En tout cas, niveau tempérament, ça ne semble pas être très loin des parents : des mauviettes.

Ça le dérangeait tout de même, de savoir que tant de jeunes âmes deviendraient vite adultes, fournissant une défense possiblement plus grande à cette meute qu'il souhaitait envahir. Il restait cependant confiant, les Nakhus ne l'effrayaient pas le moins du monde.
Pour ce qui était de Yurai, par contre... C'était plus compliqué, oui. Anianka n'avait pas tord, là dessus, soulignant un point important.

- Yurai ne surveille que ses terres... Nous pourrions leur tendre un guet appends à l'extérieur. Il faudrait simplement trouver un prétexte pour que nombre d'entre eux quitte leurs terres. Que pourra faire la corneille pour son peuple, si peuple il n'y a plus ? Se venger ? Bah, ce n'est pas dans ses valeurs. Pour ce qui est des Nakhus... Je pense qu'ils seraient assez stupides pour tomber dans le piège, si c'est bien amené.

Aucun des mots de la prêtresse ne parvenait à le faire douter : Il avait réponse à tout, Exxus, et débordait toujours de confiance en lui.

- Bien évidemment. Les chaleurs viennent à peine de commencer, mais le travail est entamé. Il n'y a plus qu'à attendre de voir ce que ça va donner.

Il allait juste falloir voir comment les récupérer, maintenant.
A la question de la louve, réfléchit, rapidement.

- Cela dépend des besoins. J'ai une préférence avec les louves avec du caractère et celles qui savent ce qu'elles veulent, je ne vous le cache pas. Et lorsqu'en plus elles s'avèrent être des beautés naturelles... Je ne peux qu'être ravi.

Son regard se posa sur la louve.
Elle était de ces louves fortes et belle qu'il appréciait particulièrement, évidemment. Sans quoi il ne se serait pas donné la peine de traverser les terres désolées pour venir la retrouver dans cette roseraie.

Prêtresse Anianka

Ce plan était de plus en plus bancale aux yeux de la prêtresse qui gardait ses prunelles ailleurs avec un air désintéressé. Il était ambitieux mais manquait cruellement de logique, il n'avait qu'un simple plan brouillon et se lançait dans des hypothèses à double tranchants.

Le temps que tes enfants grandissent les leurs auront grandis aussi, et ils seront encore plus nombreux et peut-être bien plus forts.

Son regard alla quelques minutes sur la gamine qui était spectatrice de cette manigance sans y prêter une réelle attention.

Et si l'on suppose que tous les Nakhus sans exceptions, — ce qui paraît un peu trop facile — sortent du territoire comme tu l'entends.. Crois-tu être assez impitoyable pour les tuer tous ?

Elle riva son regard de nouveau en biais pour jauger le disciple. Puis à sa remarque un sourire flatté remonta sur le côté de son joli minois. Il parut évident qu'elle se sente visée par cette belle description de part la raison de sa venue et aussi parce que c'était un fait indéniable en l'observant.

Qu'espères-tu de moi et qu'ai-je à y gagner ? Demanda-t-elle toujours avec son charmant sourire et en haussant un sourcil.

Allons donc droit au but, mon cher Exxus... Anianka aimait les mâles ambitieux, ils peuvent aller loin, mais il restait encore à savoir jusqu'où pouvait aller celui-ci.

Exxus fronça les sourcils.

- Pensez vous que des enfants élevés dans la paix et l'amour puissent être plus forts que des petits soldats, dame Anianka ?

Il n'aimait pas ça, lorsqu'elle remettait ses paroles en doute, lui qui était persuadé d'avoir raison.
Rien ne saurait venir à bout de cette armée crée par lui et élevée de sa patte. Car il ne les laisserait point ramollir auprès de leurs mères, non : Il leur enseignerait, dès le plus jeune âge, à ne pas reculer, à se battre, à écouter. Ils n'auraient d'autres choix que de l'écouter, lorsqu'ils ne verraient que lui.
Pour cela et pour bien d'autres choses encore, Exxus était confiant.

- Ils tomberont, jusqu'au dernier. Je sais me montrer impitoyable envers ceux qui oseraient se dresser sur mon chemin.

Même Eva.
Même si cela lui coûtait, il devait bien l'avouer. La louve ailée ne l'avait pas laissé insensible... Mais si elle lui faisait barrage, ce qui serait probablement le cas, eh bien elle mourrait avec les autres.
Son cœur se serra, un peu, à cette idée, mais Exxus ne laissa rien paraître, sa détermination étant plus forte que ses sentiments.
A la question de la louve, il eut un sourire et ses mots sonnèrent comme une évidence.

- Je désire que vous soyez Reine à mes côtés, dame Anianka.

Son regard venait d'accrocher celui de la louve.

- Quant à ce que vous pourriez y gagner... Mais vous y gagneriez tout, ma dame : Vous posséderiez des terres, du pouvoir, des sujets... Et surtout, vous marqueriez l'Histoire de votre nom. Cela me parait plus digne de vous que de régner seulement sur cette Roseraie.

Son sourire s'élargit, dévoilant ses crocs immaculés.

Prêtresse Anianka

Ses sourcils se froncèrent davantage au dessus ses yeux perçants tandis que le mâle continuait de réciter son plan sans aucune appréhension. Etait-il sot ou bien sa vanité l'avait-il aveuglé au point qu'il ne suspectait plus aucun danger ? Elle laissa planer un long silence rempli de suspens et un nouveau sourire suave écarta ses alléchantes babines. Elle se releva tout en douceur, s'ébroua avec raffinement et son corps tourna en direction du disciple aux teintes rosées et mauves.
Le museau dirigé vers le sol, ses prunelles ambrés relevées droit sur lui comme si il était devenu une cible appétissante elle avança de quelques pas en roulant des épaules. Sa babine supérieur se releva brièvement au dessus de sa canine blanche dans une sorte de réaction nerveuse et à mesure qu'elle s'approcha, un pas après l'autre, son sourire disparut et son regard devint ténébreux. Comme si elle venait de retirer un masque, l'expression bienveillante et superficielle de son visage laissa place à une figure sournoise et menaçante à en donner des frissons.

Pensait-il réellement qu'elle serait son instrument ? Qu'elle était assez stupide pour défier une meute entière et mettre en danger sa famille ainsi que les quelques désespérés qui étaient restés et avec qui elle envisageait une alliance ? Anianka était une louve remarquablement intelligente, elle avait toujours un plan en tête et pouvait se montrer extrêmement patiente pour que tout se déroule selon ses souhaits. Elle était maligne mais surtout, elle était impitoyable et intransigeante et ce que proposait ce roi de pacotille n'avait aucune valeur à ses yeux. Elle était la reine de ce territoire qu'il convoitait et elle n'accepterait aucune concurrence ni aucune humiliation, aucun roi digne de ce nom ne méritait une place à ses côtés en ce jour et certainement pas un vaniteux comme ce disciple. Il l'avait probablement sous-estimé en venant ici la défier de la sorte, Anianka n'aimait pas qu'on la prenne pour une marchandise.

Ce manque de respect avait fait bouillir son sang dans ses veines et toute la colère qu'elle ressentait brûlait comme une flamme ardente dans ses pupilles rétractées. Elle approcha sa truffe de la sienne et la colla doucement puis, le museau légèrement froncé, elle fit une légèrement pression en avançant sa tête.

De qui le peuple que tu espères berner est-il principalement composé, misérable roi de rien du tout ?

Son glowstick brilla un peu plus alors qu'elle tenait ses prunelles emprisonnées dans les siennes avec rudesse.

Mon sang, mes enfants. Et ils sont bien plus dignes que toi de régner sur ces terres. Gronda-t-elle les crocs déployés.

Elle pourrait faire de lui son esclave aisément mais au lieu de ça elle leva l'une de ses pattes et elle la claqua violemment dans la gueule du disciple pour l'écraser par terre et le maintenir dans une position de soumission.

[Lancé de dé effectué pour savoir si elle attrape sa gueule]

Si tu oses approcher l'un d'eux...  

Elle appuya un peu plus sur sa joue avec ses griffes et elle approcha son museau de son oreille pour y murmurer :

Je te traquerai et crois moi Exxus que cette fois-ci je ne retiendrai aucun geste.

Ni même son pouvoir.. D'un rebond souple, elle recula de quelques pas et se mit à sourire sadiquement, sa queue remua vers le ciel avec satisfaction. Vas-t-en donc, avant qu'elle ne change d'avis..

Aux paroles de la louve, les poils d'Exxus se hérissèrent sur son dos. Comment osait-elle ?
Dans ses veines, son sang bouillait et ce n'était pas les menaces d'Anianka qui allait y changer quelque chose. Il eut un rire, lorsqu'elle lui parla de ses enfants. Si elle savait, comme il avait été facile de sauter Isrâ juste en échange de quelques plantes... Iel ne serait peut-être plus si digne que cela.

- Mais c'est déjà fait, Anianka. C'est fou comme il est aisé de sauter Isrâ juste en échange de quelques plantes. J'espère que tous tes chers enfants ne sont pas comme ça... Sinon, tu vas vite te retrouver grand-mère.

Alors, allait-elle toujours se la jouer grande dame toute puissante, cette pouff' ?
C'était à son tour de rire. Il ne doutait pas de ses capacités à la mettre à terre, lui qui avait vaincu Eva. Seule la douleur et les plaies, qui pouvait laisser des cicatrices, pouvaient lui poser problème... Mais soit, si tel était le prix pour laver son honneur. Par ce qu'il ne fuirait pas face à une vieille louve. Ses crocs se dévoilèrent en un sourire cruel et, sans prévenir, il bondit en direction d'Anianka.
Elle allait sûrement l'attaquer, de toutes manières... Alors autant frapper le premier.

Prêtresse Anianka - 10PV

Oh.. L'avait-elle irrité ? Il semblerait que oui en constatant son air fâché et le gonflement de son poil, mais il en fallait plus pour intimider la Prêtresse de Moiro, bien plus.. Son attitude colérique l'amusa et elle découvrit ses dents dans un sourire moqueur. Sourire qui disparut rapidement lorsque dans son excès d'orgueil il avoua avoir commis l'irréparable sur l'un de ses enfants. Anianka douta de la véracité de ses paroles mais une partie d'elle ne pouvait accepter une telle insulte sur son sang, ses enfants n'étaient pas des catins et il était hors de question que ce misérable diffuse une pareille rumeur.
En quelques secondes, la prêtresse se métamorphosa en une assassine et son regard brilla d'une étincelle enragée, elle ouvrit les mâchoires et dévoila sa dentition acérée dans un grondement redoutable. Alors qu'il bondit sur elle, elle l'esquiva d'un bond vif avec la souplesse d'un félin et d'un coup de patte elle lui lacéra l'épaule gauche et fit jaillir son sang sur les roses de l'Île. Prenant appuis sur ses pattes arrières, elle lança son corps sur le disciple et riposta avec furie.

Quelle erreur tu venais de faire, Exxus.. Tu devrais pourtant le savoir avec toutes ces rumeurs : provoquer la prêtresse, c'est provoquer la mort elle-même.

[Lancé de dé – 2PC FOR]

Ses paroles firent mouche, à son plus grand plaisir. Il pu voir une lueur ardente illuminer le regard de la prêtresse et celle ci se jeta dans le combat. Hélas pour lui, il fut vite blessé. Mince, était-elle puissante à ce point ? Lui qui s'était senti si fort, face à Eva... Le voilà qui doutait tout à coup de ses compétences, voir de sa survie. Il gronda, par ce qu'il avait mal et, surtout, par ce qu'il commençait à avoir sacrément peur d'elle.
Sentant venir une nouvelle attaque et son propre corps faiblir face aux coups, il tenta d'esquiver.

Prêtresse Anianka - 10PV

Ses mâchoires se refermèrent sur sa chair sans aucune retenue et elle sentit la chaleur du liquide lui éclabousser le visage et la poitrine. Elle voulut le stabiliser au sol mais il parvint à se glisser entre ses filets et alors qu'elle s'apprêtait à le prendre en chasse, l'aveuglante et imposante lumière de Moiro l'obligea à s'immobiliser. Surprise de son intervention, Anianka posa sur l'impressionnante déesse un regard perplexe. Elle était couverte du sang de ce misérable et se sentait affreusement gênée de se présenter dans une apparence aussi peu convenable. Ses prunelles encore vives de colère et de cruauté suivirent la scène avec une satisfaction non dissimulée, c'était bien la première fois qu'elle voyait Moiro en colère et qui plus est pour la défendre. Une part d'elle se sentait légèrement frustrée par ce geste car elle était plus que capable d'en finir avec ce méprisable imposteur seule et sans aucune difficulté, mais elle s'inclina respectueusement et remercia la somptueuse tigresse d'un murmure qui lui était intime.
Elle se releva et plongea son regard fougueux dans celui de la déesse. Ses dernières paroles firent froncer les fins sourcils de la prêtresse et elle lança un regard assassin à Exxus en serrant les crocs. Alors elle devait se taire et le laisser s'en sortir ? Lui qui venait de l'insulter elle ainsi que ses enfants ? Son sang ne fit qu'un tour jusqu'à son cerveau et ses muscles gonflèrent sous son pelage ondulé.

Déesse Moiro.. ! S'exclama-t-elle alors que celle-ci venait de disparaître avec élégance et classe.

Laissez moi conduire ce traître près de mon enfant pour qu'il implore son pardon et qu'il se rachète ! De grâce, si ses paroles sont exactes alors il lui a peut-être fait du mal et je ne saurais rester à l'écart d'un tel affront..

Son visage entier était ridé dans une expression à la fois farouche et indignée. Isrâ était son enfant lea plus fragile et la simple image de cette pourriture forniquant avec son sang la répugnait au plus au point, encore plus sachant qu'il se serait joué d'iel.
Personne ne manipulait ses enfants non, personne ne les trahissait sans en payer le prix cher.

Il allait crever.
Ses tentatives d'esquive n'étaient, hélas, pas suffisantes pour lui permettre d'échapper au contact des crocs d'Anianka contre sa peau. Son sang coulait, un peu partout sur son corps et ses pattes tremblaient. Il ne voyait pas non plus d'échappatoire. Ouais, c'était obligé : Il allait crever là, près du temple de Moiro, à l'aube de ses deux ans.
Eva l'avait bien prévenu, pourtant, mais ses paroles s'étaient estompées dès lorsqu'elles étaient devenues barrages entre lui et son objectif. Quelle erreur. Il le paierait si cher.

Il ne voulait pas mourir.

Son corps tremblait tellement, de plus en plus, alors que dans sa tête les pensées, mais surtout les craintes, se bousculaient. La confiance dans son regard avait disparue, laissant sa place à la terreur et à quelques larmes. Elle l'horrifiait.
Il ne voulait pas mourir.
Il ne voulait pas mourir, putain de merde, il ne voulait pas mourir.

L'apparition de Moiro le sortit à peine de cet état de peur intense. Honnêtement, il se fichait bien de se faire gronder, qu'elle lui retire son glowstick -Il ne connaissait même pas son nouveau pouvoir, de toutes manières-, qu'elle brosse sa prêtresse dans le sens du poil... Tant qu'elle ne le laissait pas mourir. Le reste de l'échange fut un brouillard qui parvint à peine à ses oreilles : Il n'y voyait là qu'une fantastique occasion pour sauver sa peau.
Il ne mourrait peut-être pas. Pas aujourd'hui, en tout cas, finalement.

Alors, sans perdre une seconde de plus, il se détourna d'elle et courut, courut le plus vite possible, ignorant le sang qui coulait toujours de ses blessures et leur piqûre, poussé par la force du désespoir.
Il lui fallait partir d'ici, très loin d'ici, et ne plus jamais revenir en ces lieux.