sweet dreams — Libre

Un refuge que jadis il avait refusé.

Pourtant, il était là aujourd’hui, à sentir l’odeur des fleurs, de la roche, de l’humidité indiquant un souterrain non loin. Mozarthamès avait contourné tout cela, pour suivre le chemin jusqu’au temple de la Corneille. Là où le croassement des oiseaux l’accueillie. Leur chant aussi sombre que les mots de la Corneille Noire, elle qui avait déversé tant de sang. Son peuple avait néanmoins sombré depuis son départ. Ne les avait-elle pas prévenu ? Le fils de Neït, avait été tellement déboussolé par cette odeur de mort, de peur… Ses hôtes s’étaient occupés de lui selon leurs besoins, mais à quel prix ? Dans ce monde où la violence était maître-mot…

Un soupir s’échappa de la gueule du bleu, alors qu’il suivait le son de la fontaine. La cécité n’avait guère était chose aisée à maîtriser. Vivre avec était compliqué, même si maintenant l’ancien Lazulis s’y était fait. Avait-il eu réellement le choix après tout ?

Pas vraiment…

L’ancien lui aurait sûrement détesté un peu plus les dieux et leurs pouvoirs, mais Mo maintenant était las de toute cette haine.

Ce n’était plus lui…

Du moins plus vraiment.

Une effluve de loup vint chatouiller son odorat, alors que sa tête est tournée en direction de la statue.

« — Je me doutais que quelqu’un viendrait… »

Inévitable après tout, c’était si proche du camp des Nakhus, puis c’était au coeur de leur temple que Mo’ se trouvait.

Une femelle. Mo’ n’en connaissait l’odeur, une nouvelle recrue à tous les coups. Après tout, son passage chez les Nakhus avait été plus que bref. Entre la téléportation d’Ao et son départ juste après…

« — Jadis votre déesse m’avait désigné un guide et une mission pour expier mes fautes. »

Un sourire peiné étirèrent les babines de Mozarthamès.

« — Mais peut-être que le dit guide n’est plus… Après tout, cela fait longtemps… »

Bien longtemps… Au point que son ancien clan avait disparut.

Prier.

Un mot qu’ils n’avaient entendu depuis longtemps. Les Aeroxim ne priaient pas au même sens que les loups de Punk Wolf, préférant de loin verser le sang, préférant les sacrifices, offrant davantage la mort que la vie. Mais c’était un peuple avec des coutumes bien différentes.

« — Non, je ne prie pas. »

Parce que les dieux percevraient sûrement cela comme un insulte. Lui le paria, celui qui avait tant haïe une déesse.

Une âme serviable, bien plus qu’il ne l’avait été tout au court de sa vie.

Trois ans… Cela paraît bien long…

Mo’ n’aurait su dire ce qu’il faisait il y a trois ans.

« — Jadis il était connu sous le nom de Sobieski, mais peut-être n’est-il plus le même… »

Obi… Lui qui avait cherché à l’aider à maintes reprises et dont pourtant, Mo’ avait à chaque fois refusé l’aide. Quel imbécile.

« — Disons que mon cas est… compliqué. Au point de m’être attiré la colère d’un dieu, et d’être contraint d’apprendre le pardon auprès d’un autre. C’est cela que je viens faire aujourd’hui. »

Procéder à quoi ? Mozarthamès sentit une odeur métallique, percevant le mouvement de quelque chose qu’on ouvre. Cette louve ne semblait avoir d’intention hostile à son égard, pourtant une part de lui se méfiait. Parce qu’il avait oublié le contact avec les punkwolfiens, trop habitué maintenant à la brutalité des Aeroxim. Pourtant, un son mélodieux se fit entendre, porté par l’écho.

L’ancien Lazulis conserva le silence ne sachant si’l devait intervenir au milieu de ce rituel.

Ainsi donc, Sobieski était encore dans le coin, perdu dans les livres de la bibliothèque. Cette révélation arracha un sourire à l’ancien Lazulis. Bien, au moins un loup de son ancienne vie qui était toujours dans les parages. Un point rassurant.

« — Cela reste à voir… Après tout je n’ai pas été l’ami idéal. »

Que cherchait-il vraiment hein ? N’étais-ce pas une erreur d’être venu jusqu’ici, dans l’antre d’une divisé alors qu’il avait déjà été banni du temple de l’une d’elle ? Mozarthamès se devait de laisser le passé derrière lui, pour mieux se tourner vers l’avenir.

« — Un point de départ. »

Un nouveau.

Pour oublier l’ancien.

Pourrait-elle le comprendre ?

Le loup sourit, parce que cette discussion commençait à n’avoir plus aucun sens. Comment pouvait-il être certain que Sobieski n’avait pas changé depuis leur première rencontre ?

« — Tu parles beaucoup. »

À défaut de la voir, il était forcé de l’écouter.

Peut-être n’avait-il pas suffisamment remercié Ao de son cadeau empoisonné ?

« — À la bibliothèque j’imagine. »

Mais seul.

Parce qu’il n’aurait sûrement pas la patience de supporter encore les moqueries de la louve. Mozarthamès n’avait plus la patience pour cela, les Aeroxim l’avaient complètement épuisé de ce côté là, à toujours réclamer le sang et la violence.