Une musique, pour apaiser ton coeur l Solo

Présence de Fergus



Eva, un livre entre ses crocs, avait en tête une idée très précise de ce qu'elle souhaitait. Elle avait repéré des plans et des images qui devraient préciser sa pensée alors qu'elle se dirigeait vers l'antre de Fergus, accotée à la falaise non loin de l'entrée du Dédale. Elle y était déjà allée une fois ou deux, mais plus pour dire bonjour qu'autre chose. Le grand loup sombre et rouge semblait toujours affairé à quelque chose, et grondait dès que l'on s'approchait.

Mais aujourd'hui, Eva avait besoin de ses services.

Elle s'arrêta devant la grotte, y passant la tête, curieuse. Il y faisait chaud, très chaud : des flammes brûlaient dans un coin, des bassines l'entouraient et, au fond de son trou, Fergus grondait et pestait comme à son habitude sur on ne savait quoi.

Eva laissa tomber sur le sol le bouquin et tira de sa besace une paire de lapins qu'elle avait chassé la veille en offrande. Elle les posa sur le sol, à côté du livre.

Fergus ?

Sa voix claire résonna dans l'habitacle et le loup de fumée se figea, avant de se tourner vers elle, le regard équivoque. Quoi encore ? Puis il avisa le livre et les lapins et un sourire torve tordit ses babines.

J'imagine qu't'as pas ram'né ça just' pour m'faire plaisir !

Eva rougit légèrement, sachant pertinemment qu'elle ne venait ici que pour un service. Fergus le remarqua et éclata d'un rire rauque :

T'inquiètes don' pas ! C'est comme ça que ça marche. Ca m'fait plaisir d'avoir du boulot. Allez approche, montre moi c'que tu veux ! Une armure ? Une arme ?

L'aviaire secoua négativement la tête, bien que l'idée fut diablement tentante.

Un instrument de musique. Ca s'appelle un handpan, c'est en métal.

Fergus sembla tout de suite plus intéressé.

Curieux ! Jamais entendu parler. Ca m'intéresse. Montre ton truc !

Elle poussa le livre vers lui, après l'avoir ouvert à la bonne page. Le loup sombre observa l'ensemble avant de redresser la tête.

Ca m'semble pas bien compliqué. T'as le métal ? J'DECONNE j'imagine bien que t'as pas le métal.

Il s'esclaffe, ravi de sa propre blague, avant de disparaître au fond de sa caverne pour aller fouiner. Il en revint avec une énorme pastèque de métal, qu'il fit rouler entre eux deux.

Walah ça devrait suffire ça. Tu vas m'donner un coup d'patte en plus de tes deux lapins et ça sera très bien. C'est parti !

Bien sûr, Eva était d'accord. Elle suivit le loup feu à l'intérieur de son antre, son regard oscillant d'un objet à un autre. Il y avait la de multiples outils, tous faits de métal. Il y en avait des droits, des tordus, des masses, des clous, des petits et des grands. Tout un tas de bordel s'accumulait dans un coin, des choses ratées... Ou terminées ? Qui sait. Eva était bien incapable de trier le fini de l'incomplet. Une série de clou reposaient au sol, encore rouges, et Fergus la mit en garde. Uh, c'était pas le maître du rangement en tout cas, et ça se voyait aussi à ses poils rougis et cramés en plaques sur tout le long de ses pattes. Il n'avait pas l'air de faire très attention... Ou était-ce simplement particulièrement dangereux ?

Elle ne connaissait rien à cet art, et était incapable de se prononcer.

Fergus finit par s'arrêter devant les flammes et un énorme soufflet, muni d'un creuset. Il déposa la pastèque dessus et désigna le soufflet :

Allez, active toi là dessus s'il te plait ! J'vais avoir besoin d'toute ma concentration.

Elle s'exécuta, posant ses deux antérieurs sur l'espère de marche en accordéon, et se mit à appuyer dessus. Uuuuh, c'était plus dur que ce qu'elle avait pensé. Elle se pencha en avant et appuya de tout son poids. Enfin, l'objet s'abaissa. Elle le relâcha et... Il remonta.

Uuh.

Elle recommença. Encore. Et encore. A chaque fois qu'elle appuyait dessus, la flamme gonflait et craquait, projetant mille ombres sur les murs et les personnes présentes. Eva commençait à avoir chaud, alors que le métal n'avait même pas commencé à fondre. Fergus suait déjà à grosses gouttes, ces dernières éclatant sur le sol avant de s'évaporer quelques secondes plus tard. L'épais loup fronçait les sourcils et fixait le métal comme s'il voulait l'attaquer de ses crocs. Ce dernier semblait se mettre à bouillonner, devenir plus huileux, devenir liquide moiré qui reflétait les flammes. Toute la grotte en était emplie.

Fergus finit par chausser des sortes d'épaisses mitaines avant de saisir le récipient de fonte :

Pousse toi d'là !

Il l'ôta du support et le posa au sol avant de le déverser dans un autre récipient en forme de coupelle. Le métal sifflant en épousa les formes, et c'est là que les pattes, maintenant nues, du loup forgeron se couvrirent d'une lueur violette. Il les glissa directement dans le métal et commença à le sculpter, de ses pattes comme de son esprit.

-- PC For 2

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'PC - Réussite' :

Mais les choses ne se passaient pas vraiment comme prévu. La coupelle n'était pas assez concave pour donner naturellement la forme voulue à l'instrument et malgré tout ses efforts Fergus ne parvenait pas à rectifier le tir. Il grondait et fronçait les sourcils et braillait même des insultes de temps en temps. Eva l'observait amusée, profitant de cet interlude pour se reposer. Mais ce repos allait être de courte durée car le métal refroidissait et prenait une forme finale - qui ne leur allait pas. Fergus piailla de nouveau :

Bon on s'y r'met la pie ! Tâte moi du soufflet !

Il gratta le métal et le décolla de son récipient pour le remettre dans le creuset. Ils réitèreraient la manoeuvre autant de fois que nécessaire. La pie se décala pour lui permettre de remettre l'ensemble en place, et... Ils étaient repartis.

Elle s'agita sur la machine de fois et de toile comme une forcenée, ravivant la flamme pour en augmenter la température. Encore. Et encore. Et de nouveau le métal se mit à fondre et à fondre pour former une pâte de plus en plus liquide.

De nouveau, Fergus aboya à Eva de se pousser pour ôter l'ensemble du feu et le faire couler dans un récipient - un autre cette fois, un peu plus bombé. Et de nouveau de ses pattes enrobées de violet palpèrent et poussèrent le métal pour lui donner la forme voulue.

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'PC - Réussite' :

Mais de nouveau le métal refroidissait et l'objet n'avait toujours pas la forme voulue.

PUTE MERE DE DIEU ! Ta merde elle est infaisable ! T'es sûre que tu le veux ton truc ? C'est DOUZE lapins qu'il va falloir m'r'amner !

Fergus s'énervait, en contemplant le résultat. Cette fois, l'objet était un peu trop bombé et ne ressemblait plus à rien. Un haut de fusée, peut-être, si les loups avaient déjà vu une fusée, ce qui n'était pas le cas. Eva ne savait plus ou se mettre, réduite à un petit tas de plume entre le creuset et les flammes, tâchant de se faire minuscule malgré sa haute stature. Et Fergus pestait en continu.

TON TRUC, un coup il est trop grand, un coup il est trop p'tit ! Et les boules là dégueulasses sur le d'ssus, j'imagine que c'est UTILE et qu'il les faut absolument ! P'tain fait' chier làà.

Mais il récupéra de nouveau la boule de métal pour la placer sur le creuset, et de nouveau demandé à Eva de s'activer. Bien moins sympa, cette fois, dans ses inflexions. La pie s'activa de nouveau, frénétiquement cette fois. Et le métal chauffa, rougit, se liquéfia de nouveau alors que Fergus le regardait toujours avec la même haine.

Cette fois, ce fut sur une plaque plate qu'il tenta son coup.

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'PC - Réussite' :

Enfin ! La pièce commençait à ressembler à ce qu'ils attendaient. Une petite victoire, mais une victoire tout de même. Fergus éclata de rire alors que la pièce refroidissait, sous l'émerveillement d'Eva. Cette dernière quitta son poste pour se rapprocher et observer sous toutes les coutures l'instrument. Il était extrêmement semblable aux images dans les livres. Elle se demandait quel son il pouvait bien produire... Elle mourrait d'envie de mettre ses pattes dessus.

Fergus, lui, observait la scène avec un sourire goguenard. C'était une réaction courante, mais il ne se lassait pas de l'observer. Il s'assit et chassa les gouttes qui tombaient dans ses yeux et secoua son encolure pour apaiser son dos. C'était un travail mine de rien astreignant, et il avait une faim de loup. Il alla aux lapins et en saisit un entre ses crocs, avant d'aller s'allonger à proximité, à côté de la rivière. Après un long soupir d'aise, il se mit à manger, les herbes chatouillant sa truffe.

Eva agita ses ailes et enfin pur saisir la pièce de métal. Elle était étonament légère. Elle alla s'asseoir en face du loup sombre :

12 lapins donc, tu disais ?

Et, à cet instant, son ventre gargouilla. Fergus gronda et désigna le second lapin.

Prends l'autre, et joue moi donc un peu d'ton truc, et on sera quitte.

Eva sourit, et posa l'instrument sur le sol pour aller chercher l'autre proie. Elle l'ouvrit goulument pour en arracher un lambeau, avant de s'accroupir pour saisir l'instrument. Elle tapa une fois dessus, du bout de ses coussinets, et un son cristallin presque divin s'en échappa.

Ils tressaillirent.

C'était au delà de tout ce qu'elle avait espéré. Un son qu'elle ne pensait même pas possible d'être produit. Fergus siffla.

Woooh j'regrette pas d'te l'avoir fait ton truc il sonne de ouf !

Eva agita les oreilles. Et recommença. Au début, les coups furent hésitants. Et, au fur et à mesure qu'elle jouait, se remémorant les instructions trouvées dans les livres.

La mélodie s'élevait, divine même dans ses configurations les plus simples.