Pour Mimi - Défi solo

Puisque les choses semblaient être décidées et qu’Isrâ n’attendait plus qu’la prochaine lune, visiblement, Onyx, elle, n’avait qu’à poirauter d’son coté et de se laisser aller à ses petites occupations.

Elle pouvait, pourtant, pas s’empêcher d’y penser, à tout ça, à la finalité, surtout. Bientôt, elle l’espérait de tout coeur et préférait ne pas imaginer qu’les choses ne puissent pas se passer comme prévues, en éternelle optimiste, peut-être un peu naïve, la p’tite Miraj connaîtrait le monde des vivants et tout l’amour que lui portait son parent.
Adieu, les grasses mat’, pour Isrâ, quand faudra s’lever pour s’occuper de sa môme qui aura fait un cauchemar. Par ce que les mômes, ça avait pas toujours des sommeils super tranquilles, elle le savait, ça, Onyx. Parfois, ça se levait la nuit par ce que ça avait envie de pisser aussi, et puis le matin, ça se levait en même temps que le soleil pour manger.
Comment elle le savait ? Par ce qu’elle en avait été une, de môme, pardi !

Enfin, ses connaissances restaient limitées à ces souvenirs là et à son spectre de perception des évènements alors limité. C’était pas grave, par ce qu’elle était pas daronne et comptait pas le devenir… Pour le moment, elle savait pas trop. P’tet plus tard, mais ce serait compliqué avec ce corps, elle le savait bien, Onyx. Alors p’tet qu’elle adopterait comme ses darons l’avaient fait avant de les avoir, ses sœurs et elle, leurs filles biologiques.
Bon, c’était pas le sujet.
Elle n’était pas le sujet.

Par ce que la p’tite Mimi, c’était Isrâ qui allait l’élever et Onyx se demandait, comment iel s’en tirerait en tant que parent solitaire. Iel avait forcément du prévoir des trucs pour s’en occuper, vu comme iel semblait l’attendre, et histoire de pas s’retrouver sans rien une fois la p’tite blottie contre son pelage rouge.
Mais y’avait p’tet d’autres trucs qu’elle pouvait, elle, lui apporter. Des p’tits cadeaux de naissance… Ou de renaissance, plutôt, pour la p’tite choupinette qu’elle avait déjà bien hâte de rencontrer !
Après tout, difficile de pas s’enthousiasmer, de rester extérieure, puisqu’elle avait aidé aux recherches qui permettraient son retour.

Ses babines s’étirèrent en un sourire enthousiaste et elle partit au petit trot, tout en réfléchissant.

Honnêtement, y’avait pas grand-chose qui pourrait plaire à un lardon, quand elle serait encore toute petite. ‘Fallait laisser tomber de ce côté là : Quand on était vraiment tout petit, on mangeait, on dormait, un piaillait un peu, puis on remangeait pour mieux dormir. Ah, et on se fightait parfois contre son énorme frangine pour choper la meilleure mamelle.
Chose que ne connaîtrait pas Mimi, puisqu’elle était visiblement fille unique.

C’était pas une situation qu’elle lui enviait, franchement.
Elle, elle avait vraiment bien aimé avoir des sœurs, même si des fois elles s’étaient disputées comme toutes les fratries, notamment au moment du p’tit dej quand elles s’amusaient à piquer la bouffe dans tous les bols qui étaient pas les leurs. Ce que Mimi pourrait pas faire. A moins qu’elle s’éclate à piquer la bouffe de Isrâ quand iel regarderait pas son assiette, ce qui pouvait être plutôt drôle aussi.

Elle se demandait bien, comment iel serait, Isrâ, si on menaçait son repas, comme ça. Si iel était du genre chiant•e ou méga patient•e… Comment iel éduquerait son enfant, aussi. Ohlala, mais avec un disciple de Mido comme parent, elle allait être méga intelligente, la crevette ! A deux mois, elle serait déjà en train d’lui parler de petites lutineries, de son don qui lui était du et tout ça… Ptet même qu’elle aurait déjà un glowstick. Vert, bien entendu.
Onyx gloussa et entreprit d’escalader une montagne.

Bon, à part piquer dans les bols de ses sœurs, et changer la queue d’Agathe en celle d’un petit cochon, qu’est ce qu’elle avait kiffé faire, Onyx, pendant son enfance ? Jouer à l’aventurière !… Mais ça, c’était pareil, tout seul, c’était pas bien marrant.

Mhh.
La petite louve brune fronça les sourcils, se donnant un air encore plus songeur.
C’était pas facile de trouver des trucs cool pour occuper une enfant unique. Surtout, que finalement, elle connaissait pas grand-chose de son caractère, à la p’tite Mimi, et Isrâ non plus… Puisqu’elle était morte à la naissance, hu. Du coup, elle savait pas vraiment ce qu’elle devrait lui proposer. Plutot des trucs créatifs, comme des belles perles, pour qu’elle puisse en faire des bracelets ?
Ouais, enfin, les perles, c’était un peu dangereux pour un p’tit enfant. Elle allait donc s’abstenir de lui en offrir pour le moment. Plus tard, sûrement… Sauf si elle en avait rien à foutre.

De la peinture, sinon ?
En trouvant et en broyant des pigments naturels, ça se faisait plutot facilement, et c’était une activité tellement fun que de tremper ses pattes dans la couleur pour laisser libre cours à son imagination ! Ou peindre un parent malchanceux, aussi.
Blague à part Isrâ serait ptet pas content d’être repeint, iel qui avait le poil si doux et soyeux, c’était une idée qui lui semblait être plutôt intéressante, ne serait ce que pour la liberté qu’elle offrait. Puis, pour l’éveil, ça lui semblait pas mal, aussi.
Enfin, peut-être ? Vraiment, elle était pas experte en gosses, Onyx. La peinture était cependant retenue et il allait donc falloir qu’elle trouve ces fameux pigments eeeet… Demande à ses propres darons comment ils avaient fait, exactement, pour en faire ?

Ohlala, elle allait se démerde pour la gâter, la choupette. Elle allait jamais se faire chier, puis elle viendrait jouer avec elle si Isrâ était ok avec ça.
Lui faudrait négocier quelques visites, quand viendrait l’heure de leur rendez-vous.

Bon, du coup, elle allait pas lui ramener que de la peinture. Lui fallait une autre idée. Et même d’autres idées.
Vraiment, elle allait la gâter comme jaja.

Des livres ? Oof, Onyx allait laisser ce terrain là à Isrâ : C’était iel, qui connaissait mieux ça, et elle était sûre qu’iel saurait lui trouver des jolis bouquins d’images et des mignonnes poésie. A moins qu’iel se mette à lui lire des trucs putain de compliqués dès la naissance, histoire qu’elle pense jamais à se pencher sur des Bds ou autres lectures pas très Mido.
Suspens, là encore !

Des doudous ? C’était méga chouette, ça, les doudous ohlala !! Mais elle était naze en couture Onyx, aaaah, c’était vraiment pas pour rien que sa cape ressemblait plus à un gruyère qu’à autre chose, à son extrémité… Bon, ok, et aussi par ce qu’elle avait la maxi flemme de s’en occuper. Enfin, il devait bien y avoir des livres qui expliquaient comment coudre des doudous pas trop compliqués, à la biblio’.
Puis, ce serait bien, par ce que ça ferait un truc tout doux contre lequel Miraj pourrait se blottir, vu qu’elle était toute seule.
Allez hop, là dessus aussi, elle s’y pencherait ! Ça l’emballait d’ailleurs même p’tet plus que la peinture, pour le coté apaisant que pouvait avoir un doudou. Et de ça, même un tout petit petit loup pourrait en profiter.

C’était décidé ! Ouais, vraiment ! Elle allait trouver un tissu tout doux, du rembourrage, du fil, des aiguilles, puis elle filerait à la bibliothèque pour essayer de faire un truc pas trop moche… Ou au moins un truc qu’Isrâ aura pas envie de balancer dès qu’elle aura le dos tourné. (Un peu comme les gens du refuge devaient avoir envie de balancer certaines de leurs guirlandes, à ‘Gathou et elle, leur sens de l’esthétique était parfois un petit peu hasardeux apparemment).

Tout en réfléchissant, elle continuait d’avancer à travers les monts célestes. Ses pas la menèrent jusqu’à une grotte qu’elle n’avait jamais explorée… Comme beaucoup de grottes, en fait. Sans trop savoir pourquoi, elle s’y engouffra, enthousiaste.

Oh.
Y’avait des cailloux partout !! Et ils étaient si jolis en plus, ohlala comme elle avait bien fait, d’aller là dedans !
Eh, mais ptet qu’elle pourrait s’en servir pour faire un cadeau à Mimi, justement, de c’te caillasse. Ca, ce serait facile, pas besoin d’moudre des pigments ou de s’improviser couturière du dimanche.
Elle allait utiliser son pouvoir inné, pour lui faire des ‘tites figurines !

C’était chouette, ce genre de jouets, ça lui permettrait d’se raconter des petites histoires, et ça aussi c’était bon pour l’imagination, elle trouvait, Onyx. Puis, elle pourrait lui en faire pas mal de différentes, faudrait juste faire attention à les faire assez grosses, et solides, pour pas que des p’tits bouts se cassent et que Mimi les avale.

Allez hop, on commençait par un p’tit loup, assez quelconque. Ça pourrait être elle, Isrâ, une personne qu’elle viendrait de rencontrer ou un personnage totalement inventé, à qui elle donnerait son propre prénom. Et un autre loup, au cas où le premier voulait des relations, qu’il soit un copain, un ennemi, ou même un amoureux.
Des bébés loups, aussi, par ce que c’était mignon, les bébés.

Mais y’avait pas que des loups, dans ce monde, et c’était important, à son avis, là encore, d’prendre conscience des autres espèces avec lesquelles elle devrait cohabiter. Alors, une grosse pierre prit la forme d’un gros ours, à l’air gentil, un sourire sur les babines.
Des petits lapins pour l’accompagner, un petit renard, une licorne, comme celle qu’elle avait vu dans la sylve de mortefeuille.

Ce serait tout, pour le moment : Elle commençait à avoir mal à la tête, à force d’utiliser son pouvoir inné. Alors, Onyx prit un petit sac, celle qu’elle possédait pour ranger ses plantes dans les poches de sa cape, pour y glisser les figurines.
Les doigts de ses pattes se refermèrent autour d’un crayon, et elle inscrivit quelques mots sur le tissu.

Pour Mimi