Après midi de repos | Défi Pierre

La queue de Pierre s’agitait de manière pendulaire, un rythme régulier et calme. La jeune louve observait la lande, les hautes herbes qui la cachaient sans mal. Elle aimait ce paysage vaste au bout duquel elle connaissait désormais le Jardin. Elle y avait rencontré Momon. Fils d’Octavia, elle ne pouvait pas mentir, elle appréciait le loup. Mais bon, qui elle détestait vraiment ? Difficile d’avoir une réponse, elle appréciait tout le monde même si elle-même avait parfois mauvais caractère, pouvait se montrer vocalement violente et très froide. Elle ne voulait pas blesser mais elle ne voulait pas non plus courber l’échine. Elle était comme ça, on l’aime comme elle est où on ne l’aime pas.

La jeune louve vagabondait jusqu’au jardin de son père. Elle se souvenait qu’aujourd’hui Raison devait replanter certains légumes. Elle voulait le voir à l’œuvre et peut être l’aider, elle adorait pouvoir mettre les pattes dans la terre même si maman Judas n’aimait pas trop qu’elle soit sale. La femelle s’arrêta dans le petit jardin, allant d’abord voir les fleurs et comme elles avaient joliment poussés, avant de se diriger vers le potager. Observant les pousses avant d’entendre des croassements. Tiens mère corneille l’avait accompagnée ?

Un sourire effleura les babines de la jeune femelle qui s’engagea à la poursuite de l’oiseau. Elle trouva alors la corneille entre deux plans de courges. Les oreilles de Pierre se baissèrent quand elle vit l’oiseau chercher à s’envoler et retomber. Fatigue ou blessure ? Dans tout les cas voir l’animal incapable de faire ce qu’il voulait et paniquer attrista la jeune louve qui s’asseye à distance respectable, rabattant sa queue sur son petit corps elle replia ses ailes.

« Bonjour, moi c’est Pierre »

Lança-t-elle à l’oiseau comme si il la comprenait. La déesse d’ici était une corneille, peut être qu’elle l’entendait, peut être qu’elle la comprenait. Elle vit l’oiseau l’observer du coin de l’œil et étira un vaste sourire, continuant alors sur sa lancé. Elle ajouta qu’elle était la fille de Judas et Raison. Puis elle nomma chaque membre de sa famille avec entrain. Elle se présentait convenablement. L’oiseau avait fini par arrêter de s’agiter et la fixer désormais. Pierre aimait à croire qu’il l’écoutait. Alors elle continua à lui raconter ses aventures.

Commençant d’abord par lui conter comment elle avait apprit à compter. Et finalement elle tenta d’apprendre à l’oiseau à compter aussi. Entre chaque histoire que Pierre lui racontait, elle prenait soin de rassurer l’oiseau. De lui dire qu’ici personne ne lui ferait de mal, qu’il était le symbole de leur déesse, que sa présence, à ses yeux, était signe de protection et de bonne augure, et qu’en plus elle aimait bien son plumage. Elle changea alors de sujet, se mettant à parler de ses exercices de vols, et d’expliquer en riant qu’elle se cassait souvent la gueule. Et elle se mise à complimenté le plumage sombre de l’oiseau. Ces reflets colorés, ces plumes lustrées, ce regard vif, ce bec tranchant, l’oiseau était peau. Rocha ne s’en cachait pas, elle aimait ce qui était beau, ce qui avait à ses yeux une valeur esthétique ou qui brillait.

L’oiseau semblait s’être totalement calmée et moins tendue en sa présence alors la jeune Pierre après l’avoir rassurée et détendue, se releva en souriant, lui proposant un jeu à leur niveau. Celui du lancé d’escargot. Attention, Pierre précisa bien que, ne voulant pas traumatisé les mollusques, elle voulait lancer des coquilles d’escargots vides. L’oiseaux opina du bec, et ensembles ils se mirent à chercher des coquilles d’escargots à travers le vastes potager.

D’ailleurs Pierre en profita pour enlever les escargots encore bien gros qui grignotait les feuilles de certains légumes de son père. Elle ne voulait pas que la récolte soit moins bonne à cause de quelques invertébrés. Elle continua sa recherche, rassemblant une petite dizaine de coquille alors que l’oiseau faisait des allés retours en sautillant. Pour s’entraîner la femelle se mit à côté. Elle marqua un trait sur le sol à chaque fois qu’elle avait un 10, elle fit deux fois le dix et un deux. Elle avait donc 22 coquilles mais ne connaissait pas le chiffre. Puis elle décida de tracer un cercle dans le sol meuble pour servir de base. Et commença le jeu avec son comparse du jour. Lancé des coquilles étaient assez drôle, faudra qu’elle joue avec un louveteau un de ses quatre. Elle avait observé l’oiseau qui sautillait en lançant. Mais quand elle avait essayé elle avait finit sur le dos avant de rire comme une idiote. Juste heureuse et de bonne humeur. Elle lança une dernière coquille, il n’y en avait plus. Les deux adversaires avaient lancés chacun de leur côté. La jeune louve se dirigea vers sa coquille la plus loin en comptant ses pas. Puis fit le retour en comptant les bonds de la corneille. Dans l’autre sens elle en fit de même avant de s’asseoir, posant ses fesses dans la terre.

« Bah tu m’as battue dis donc. T’as fais 3 fois cinq pas de loups. Moi juste 2 fois et 3 pas de plus. Hum alors cinq et cinq ça fait dix donc tu as fais 10 plus 5 et moi 10 plus 2. Camarade je te nomme vainqueur ! »

L’oiseau sembla tout heureux d’être vainqueur, la jeune louve elle se fichait bien d’avoir perdu. Elle s’était surtout beaucoup amusée et avait fait oublié à l’oiseau son incapacité à s’envoler de nouveau, ce qui était plaisant pour la jeune louve. Elle c’était sentie utile à quelqu’un. Elle agita les oreilles en entendant la voix de Maman Judas avant de lever la truffe vers le ciel. Flute alors il était déjà si tard !

« Je dois te laisser ! Maman m’appel, mais on peut rejouer un autre jour si tu veux ! »

Elle lui fit un sourire avant de se retourner comme une girouette, galopant joyeusement vers sa mère qui n’était pourtant pas une femelle. Mais bon Judas voulait qu’on l’appelle Maman, et la louve s’y était totalement faite. Judas était sa mère, point final !