Tu atteindras l'arc-en-ciel — Cendres

Lewis

Tu atteindras l'arc-en-ciel — Cendres Ddebn96-9da44a05-bf18-44fa-bc13-b151ac66e3ac.png?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7InBhdGgiOiJcL2ZcLzA5ZDgxMmUwLWJmOGItNGY1ZC1hOTcwLTkzOGNlODY1Y2YzNlwvZGRlYm45Ni05ZGE0NGEwNS1iZjE4LTQ0ZmEtYmMxMy1iMTUxYWM2NmUzYWMucG5nIn1dXSwiYXVkIjpbInVybjpzZXJ2aWNlOmZpbGUuZG93bmxvYWQiXX0

C’était pas à côté non plus, car il fallait s’éloigner des terres Nakhus, pour rejoindre les solitaires, dans un endroit reculé. Au moins, pour cela on pouvait reconnaître le côté pratique de la plate-forme, ne pas leur imposé des heures de marches et se déplacer bien plus rapidement ! Lewis inspirait de grandes goulées d’air, en jappant sur les oiseaux qui croisaient leur chemin, les observant s’envoler en contournant la plate-forme. Dans ce genre de moments, la pirate se sentait tellement libre, de toute attache, de tout problème.

C’est lorsqu’elle aperçut l’atoll tropical au loin, que la mauve s’amusa à faire glisser sa patte sur l’eau, éclaboussant Cendres.

« — Allez essayes toi aussi ! »

Que lui aussi puisse sentir le doux parfum de la liberté.

Qu’il apprenne que lui et le monde ne faisaient qu’un.

C’était si plaisant. L’air marin avait manqué à Lewis. Mais ce n’était pas que pour ça qu’elle était venue. Atteignant le lagon que refermait l’atoll, la louve stoppa la plate-forme au-dessus de l’eau, ses yeux mauves semblant chercher quelque chose. Elle ne doutait pas un seul instant qu’ils soient encore là, le lagon offrait de superbes prises. Soudain, comme pour répondre à ses prières, un aileron sortit de l’eau, suivit par d’autres. La pirate gonfla ses joues avant de mettre juste sa tête sous l’eau, c’était bien eux ! Sortant de l’eau, elle pointa de la griffe les multiples silhouettes grises.

« — Regardes ! »

Peut-être n’en avait-il jamais vu ?

Lewis lui tendit son tubas, lui intimant du regard de lui faire confiance.

« — Allez viens ! »

Prenant soin de laisser Poe sur la plate-forme, la louve plongea, pour rejoindre le banc de dauphins. Eux qui étaient si chaleureux à l’égard de ceux qui ne leur voulait guère de mal. Les plus curieux d’ailleurs s’approchèrent.

Tu atteindras l'arc-en-ciel — Cendres Cendres

La plateforme, c'était pas son truc préféré, fallait l'avouer. C'était un peu comme être sur le dos de MamEva, mais avec beaucoup moins de stabilité et d'assurance. Il avait l'impression qu'il pouvait tomber à tout moment, et demeurait souvent crispé, les griffes profondément plantées dans le sol, et vaguement nerveux. En espérant que ça se finisse vite. Et cette fois... Eh, cette fois, c'était assez loin. Alors il resta roulé en boule, jetant de temps à autre un coup d'oeil par dessus les bords (sans barrières putain) de la plateforme. Il se retrouvèrent finalement à survoler la mer et Lewis intima à la plateforme de se rapprocher de l'étendue d'eau. Cendres sourit, en pensant combien la louve aimait la mer, et réussit presque à se détendre pour apprécier cet instant après tout privilégié. Il jetait un bref coup d'oeil à la louve mauve, quand cette dernière lui claqua une gerbe d'eau sur le museau. Bon public, Cendres piailla et se protégea de la patte, vacillant sur la plateforme.

Il se stabilisa et ouvrit de grand yeux en osant se pencher un peu plus. Oh.

Si il tombait, ici, il ne se ferait pas mal. Au pire, il serait bon pour un plongeon et son amie viendrait le chercher. Cette perspective le rassura énormément et il osa se pencher en avant pour tracer à son tour un sillon de sa patte dans les eaux turquoises. En étant attentif, on pouvait même discerner le fond sablonneux, pourtant situé à des mètres de profondeur. L'eau était si claire. Cendres se pencha un peu plus encore, plongeant ses deux antérieurs dedans au risque d'être déséquilibré. Ses yeux étincelaient.

C'était mieux que dans les livres.

Ils ralentirent en arrivant au dessus d'une lagune ; Cendres aurait juré y avoir pied alors que de nombreux mètres séparaient probablement le banc de sable de la surface. Là, son amie attira son attention sur des ailerons brillants qui fendaient les flots avec aisance.

Abandonnant toute autre contemplation, ne pouvant confondre cette vision avec aucune autre, Cendres bondit sur ses pattes, le coeur battant à cent à l'heure.

Des dauphins ! Des vrais dauphins !

Comment ne pas les reconnaître, ces rois de romans de pirates, dieux des mers et annonciateurs de bienfaits et bonheurs ? Mais déjà, la Grenouille plongeait et l'encourageait à la rejoindre. Après une vague hésitation, Cendres se laissa tomber dans l'eau claire. Bien plus tiède que ce à quoi il s'attendait. Il tenait entre ses crocs l'assemblage de bamboo, qui ne cachait plus aucun secret cette fois. Cendres pataugea pour rejoindre son amie, pas aussi à l'aise qu'elle dans l'étendue aqueuse, et étira son cou pour mordiller l'épaule de Lewis, attirer son attention, pour lui confier le regard empli d'étoiles :

Tu es vraiment la Reine-Des-Plus-Beaux-Secrets !

Sa Reine, aurait-il pu dire, s'il avait osé. Mais l'heure n'était pas au babillage, car déjà les mammifères gris perle sifflaient déjà autour d'eux, glissant contre leurs flancs sans une once de peur. Le louvard à la cape blanche sentit son sourire s'élargir et barbota joyeusement, effleurant leur cuir luisant. L'un d'entre eux se détacha et plongea pour remonter à la surface, leur envoyant une gerbe d'eau et trempant ce qu'il restait de sec chez eux.

Cendres rit aux éclats.

Épanoui.

Lewis

Les dauphins n’étaient pas des bêtes agressives, à conditions de les respecter. S’entendre avec eux, n’était ainsi guère chose difficile. En tout cas, cela sembla plaire à Cendres, lui qui maîtrisait encore mal la natation, mais s’améliorait au fur et à mesure. La louvette avait bien noté son amour des bêtes.

« — T’en as déjà vu des faux ? »

Lewis avait bien vu dans un livre le moyen d’en faire en papier…

Occupée à caresser la peau des dauphins, elle sentit le loup blanc lui mordiller l’épaule.

Les joues de Lewis étaient toutes chaudes.

Venait-il… de lui donner un titre ?

« — … »

Pour la première fois, la louve ne sut quoi dire. Seule Celle-Qui-Se-Tient-Tranquille-Dans-La-Mort lui en avait attribué un jusque-là. Le coup de museau d’un dauphin, parvint à la tirer de ses pensées, alors que la pirate plongeait, pour mieux observer les mammifères marins. Ce banc si était bien rempli, deux petits se pressaient contre les flancs de leurs mères, qui les couvaient, protectrices. Les groupes de dauphins, étaient comme un clan au final, veillant sur les plus fragiles, pour le bien des autres.

L’un d’eux tournoya autour de Lewis, qui s’accrocha à son dos, quand bien même des bulles s’échappaient de sa gueule. Le dauphin s’approcha de la surface, visiblement confiant à l’égard des deux loups, Lewis attrapant son ami, tout en profitant de l’air libre pour faire le plein.

« — Cendres, accroches-toi ! »

Parce que ça va tout déchirer !

Des faux dauphins ? Cendres gloussa et ouvrit la gueule, ravi :

Non mais c'est mieux qu'en dessin quand même j'veux dire !

Des dessins. Des histoires. Des lettres des mots des pages et des ouvrages, voilà dans quoi Cendres passait le museau lorsqu'il n'était pas avec la parme louve. Et de ces ouvrages il tirait une imagination débordante, mais qui jamais à ses yeux ne parvenait à égaler l'improbable savoir de son amie.

A tout autre moment, il aurait repéré son trouble. Parce qu'à tout autre moment, il aurait sûrement été en train de lui accorder toute son attention, de la dévorer des yeux, de la contempler en silence. De l'écouter attentivement, dans l'anticipation de ce qu'elle allait bien pouvoir encore inventer.

Mais pas là.

Parce que la surprise et l'admiration l'occupaient tout entier. Les corps fuselés qui glissaient dans l'eau avec une aisance qu'il n'avait jamais vu chez aucun animal marin. S'il devait choisir un animal pour l'accompagner en ces eaux, il ne faisait aucun doute qu'il choisirait le dauphin.

Il ne le pensait pas si littéralement, quand Lewis l'appela et fonça vers lui sur. Le dos. D'un dauphin.

Eh.

Comment en aurait-il pu être autrement ? Il fallait bien que chaque chose qui provienne de Lewis le traumatise un peu, à un moment ou à un autre, lui le grand timide apeuré. Parce que clairement, il n'était pas prêt. Pas prêt du tout. Mais la mauve le saisit et, comme souvent, l'embarqua à l'aventure. Sentant sous ses pattes le corps lisse et glissant du dauphin qui acceptait de les emmener, voyant son museau plonger vers les profondeurs, il combattit son besoin irrépressible de hurler et à la place avala une énorme goulée d'air et bloqua ses poumons, avant de s'accrocher de toutes ses forces à la seule chose un tant soit peu attrapable à proximité : Lewis.

Heureusement que Cendres n'était pas encore adulte, ni très fort, parce qu'il aurait sérieusement pu lui faire du mal. Joues gonflées d'air, il entourait son corps de ses pattes et pressait sa cage thoracique. Au moment où sa tête allait toucher l'eau, il la plaqua contre le dos de son amie.

Il allait mourir, cette fois c'était la bonne.

Passée la première accélération où il ne fit pas un mouvement, il redressa un peu la tête, sans desserrer sa prise, pour observer ce qui les entourait.

Il faillit en ouvrir la gueule et laisser échapper les précieuses bulles porteuses de vie.

C'était magnifique.

Ils dérivaient à une vitesse incroyable, et autour d'eux un film aussi curieux qu'onirique se déroulait sans accroc. Un film dont ils faisaient partie, eux loups des terres. Ils étaient dans le bleu. Une immensité qui variait du turquoise au bleu nuit en passant par le cyan, l'azur et l'indigo, chaque reflet créant une nouvelle variation de cette couleur que Cendres n'aurait jamais cru si riche.

La seconde couleur dominante était le chaud. Un orange bariolé de blanc, strié de rouge et veiné de pourpre qui nappait le sol de ses coraux et de ses algues, qu'on aurait cru créées dans le seul but de se faire voir. Des milliers de poissons les entouraient, certains solitaires, d'autres par bans. Cendres n'avait le temps d'en détailler aucun, que déjà leur monture leur présentait le suivant.

A chaque seconde, une nouvelle scène se dévoilait sous leurs yeux.

A chaque seconde, une nouvelle forme de beauté les enveloppait.

Lewis

Lewis c’était pas le genre à faire les choses à moitié, tu mettais un pied dans le bain, bah maintenant fallait mettre le deuxième, sinon elle t’entraînait de force. Riant aux éclats, elle ne se rendait pas vraiment compte que son ami lui, ne semblait absolument pas rassuré… oups ? Le dauphin sur lequel ils étaient non plus d’ailleurs, lui semblait plus que ravi d’avoir du monde avec lui…

Les autres vinrent tournoyer autour d’eux, alors qu’ils découvraient les fonds marins multicolores. Parce que si les coraux avaient majoritairement des couleurs semblables, les poissons eux, allaient du violet au jaune pétant. C’était tellement coloré ! Bien moins fade que les forêts ou les étendues d’herbes.

Mais le souffle commençait à manquer, même plus Lewis qui pointa la surface au nez du dauphin. Heureusement que ces derniers étaient intelligents, peut-être bien plus que toutes les créatures vivantes de Punk Wolf… Le mammifère marin s’approcha de la surface, permettant aux deux loups de reprendre leur souffle, c’est que lui aussi avait besoin de respirer après tout !

« — Regardes Cendres, sans les pattes ! »

La louvette dut rapidement revoir son idée, lorsque leur ami des mer choisit d’alterner entre plongeon et remontée à la surface. Après tout elle avait Cendres qui s’accrochait à elle, il serait bien dommage qu’ils tombent tous les deux !

Profitant d’une énième remontée à la surface, Lewis tenta de parler le plus vite possible, avant que l’eau n’emporte de nouveau ses paroles.

« — Tu veux qu’on fasse quoi après !? »

Les autres dauphins sifflèrent visiblement attentifs.

Il s'agrippait misérablement aux dernières bulles d'air de son souffle, sa tête commençait à lui tourner lorsqu'ils crevèrent de nouveau la surface. Libération. Il n'a que le temps de faire le point que la louve mauve expose une nouvelle idée. Sans les pattes. Nouvel élan d'horreur de Cendres qui n'aperçoit qu'une seule solution : tenter de s'agripper à la fois au dauphin, qui glisse sous ses pattes, et au poil gonflé d'eau de Lewis.

Et ils replongent.

Mais pas longtemps, cette fois : comme en réponse aux vivats de ses (son) cavaliers, le dauphin les secoue plus qu'une vieille auto-tamponneuse. Il sent son coeur qui remonte dans sa gorge, plonge dans ses pattes, remonte dans sa gorge, alors que les images défilent, trop vite pour lui, trop fort pour lui. Il a envie de vomir, un peu, mais se contente de s'accrocher et d'attendre que ça passe. Avouons le, il préférait largement l'exploration des fonds marins à ce... Ce truc.

A la question, Cendres n'est pas en état de réfléchir. Il faut quelques bonds encore pour qu'il prenne l'initiative de quelque chose. Une solution, pourtant simple, à son problème.

Il pousse Lewis sur le côté, et les chavire dans une gerbe d'éclaboussures.

Un peu de calme.

Il patauge et remonte, inspire, et laissa à son petit coeur le temps de se remettre, avant de brandir devant son ami le tuba qu'il n'a pas encore vraiment eu l'occasion d'utiliser, au risque de le briser.

On cherche des poissons ?

... Si caaaaaalme.

Mais il y en avait tellement, et il n'en connaissait aucun. Et Cendres avait l'intime conviction - et espoir - que les dauphins resteraient quand même un peu avec eux.

Lewis

Lewis trouvait tout ça vraiment amusant. Ce genre de petite activité à sensation, tout à fait son truc, encore mieux qu’un bon vieux combat.

Mais peut-être que la louvette aurait dû se méfier, parce que Cendres ne semblait guère supporter tous les bonds de leur monture, décidant finalement de les faire tomber. Sous la surprise, Lewis n’a pas le temps de prendre sa respiration et boit la tasse.

Oups.

Pas très glorieux pour une ancienne pirate.

La mauve rejoint Cendres en toussotant, faisant des mouvements un peu plus grand de ses pattes de par le fait que son poil épais se gorgeait facilement d’eau. Profitant qu’un dauphin venait respirer à la surface, elle vint s’appuyer un peu sur lui, observant ses grands yeux, laissant ses pattes caresser doucement la peau grise. C’était tout soyeux ! Puis bon cela lui permettait de récupérer un peu, nager dans l’eau pouvait facilement être éprouvant, le Nakhus devrait faire attention lui aussi.

Mais toujours pleine d’énergie, Lewis semblait prête à repartir.

« — Ouais allons-y ! »

En revanche, si la présence des dauphins leur épargnait la venue de requins trop curieux, il y avait d’autres dangers là-dessous… Hum, la mauve allait devoir faire attention. Néanmoins, toujours dans l’envie de s’amuser, elle toucha Cendres.

« — C’est toi le chat »

Puis elle plongea.

Maintenant qu’il vienne l’attraper.

Qu’il puisse en profiter pour voir les différentes espèces de poissons.

Le contact lui tire un frisson alors qu'il observe la louve violette plonger vers les profondeurs. Il reste là un instant, immobile, à observer le trou d'eau qui se refermait. Un sourire tira ses babines, et il manipula le tube de bambou pour le glisser entre ses crocs, usant de ses pattes pour le maintenir tourné vers le ciel. Oh. Ca n'était pas si facile que ça, dans l'eau. Il plongea la tête la première, et battit des pattes. Il descendait, et l'air affluait toujours à ses poumons. Délicat. Mais. Ca marchait ! Quelques bulles lui échappèrent, alors qu'il riait. Ouvrant grand les yeux, perçant sur des dizaines de mètres tellement l'eau était claire, il voyait distinctement Lewis tourner autour des bancs de poisson, insaisissable et bien plus rapide que lui.

Il ne cherchait aucunement à l'attraper. Il savait que, s'il l'ignorait assez longtemps, elle finirait par se rapprocher et il pourrait, à cet instant, saisir sa chance. Elle le semait aisément à la nage, malgré de grands progrès à force de s'entraîner, et la ruse restait son seul atout.

Pour l'instant, il se contenta d'observer, les yeux ronds, un petit groupe de poissons qui... Ressemblaient beaucoup à Braise. Les mêmes couleurs ! Les mêmes ailerons ! Seule la forme en soit était différente. De grands signes, il héla l'attention de la louve violette et pointa sa trouvaille du doigt.

Lewis

Oh ? Il ne venait donc pas la chercher ? Lewis revint vers son ami qui lui montrait des poissons aux longs pics sur leur dos. Braise en avait des comme a lui aussi, mais était bien plus inoffensifs. La pirate fit des mouvements de la tête pour montrer à Cendres qu’il ne devait pas les toucher. Leurs épines pouvaient être particulièrement mortelles.

La louve lui montra plutôt les anémones roses, dans lesquelles se cachaient de petits poissons oranges zébrés de blancs et de noirs. Ils étaient si mignons ! Les récifs se montraient si riches en espèces ! Les dauphins eux poursuivaient un petit banc de poisson, s’amusant en les chassant.

En manque d’air, Lewis remonta à la surface, s’appuyant sur sa plate-forme pour faire une petite pause avant de retourner sous l’eau. Son attention cette fois captée par de petites tâches colorées sur des tapis d’algues vertes. Oh. C’était bien mignon ça, avec leurs grandes antennes et toutes leurs pattes !

Les yeux mauves de la louve cherchèrent Cendres, se demandant si lui aussi avait fait des trouvailles intéressantes.

Et elle finit par se rapprocher.

Abandonnant la chasse pour accorder un peu plus d'attention aux poissons qui divaguaient autour d'eux. Cendres l'accueillit d'un sourire ravi et releva prestement les pattes lorsqu'elle lui exprima par signes la dangerosité de sa trouvaille. Ah, les fonds marins et ses trésors versatiles... D'un coup de patte il rejoint son amie violette pour observer de plus près un petit banc de poissons clowns. Qu'ils étaient jolis ! Le soleil se reflétait sur leurs écailles et les enflammaient. Une braise sous l'eau.

Il comprit tout l'avantage du bambou lorsque Lewis remonta à la surface, et qu'il put aller de lui-même cherche quelqu'autre bête à observer. Le fascinèrent longuement des énormes poissons tout plats, comme s'il avait appuyé de chaque côté de leur corps avec ses pattes. Blancs striés de noir, avec quelques reflets bouton d'or, ils étaient magnifiques. Avançant par bancs, en voir un signifiait en voir mille. Cendres cracha quelques bulles de rire lorsque les poissons lui chatouillèrent les pattes, ravi. Décidément, il aimait beaucoup la mer.

Il allait remonter à la surface pour pouvoir de nouveau parler à Lewis, quand une ombre énorme fit son apparition, lui tirant un agitation certaine.

Une énorme tortue !

Celle-ci semblait si douce et sympathique ! Cendres s'approcha et glissa une patte sur sa carapace, plus grande que lui. Ouah ! Qu'elle était belle ! Et exotique !

Le louvard se redressa et tourna sur lui-même.

Les coraux. La tortue. Les milliers de poissons. Les dauphins en point d'orgue.

Et Lewis, heureuse comme un poisson dans l'eau.

Son coeur aurait pu éclater, tant il battait dans sa poitrine.

Une énorme tortue. Tu n'as pas idée, Cendres. Elle remonte doucement à la surface, imposante comme un loup adulte. Elle flotte vers vous, dardant son regard confus sur cette zone qui lui est inconnue. Les coraux sont immangeables. Les poissons, trop petits pour sa taille. Alors quand deux petites bestioles comme vous se trémoussent dans l'eau, elle ne peut que s'approcher. Affamée. Mais peut elle vous manger ? Elle, habituée aux poissons anciens, pourrait elle ainsi changer de mets ?

Non, probablement pas.

Mais vos corps noyés pourraient attirer d'autres poissons qui, eux, seraient à son goût.
Alors, tandis que tu contemples ta douce, Cendres, elle te happe la queue. Et avec une vitesse surprenante, elle s'enfonce avec toi dans les abysses.

Tu ne viens pas le chercher, Lewis ?
Ce n'est donc pas toi, le chat, désormais ?

Dés réussite force pour Cendre, s'il a, pour se débattre.
Dès réussite agilité pour Lewis pour rattraper la tortue.

Faites vite, l'air va manquer....

Lewis

Il eut tout juste le temps de la montrer la tortue, que déjà elle se saisissait de lui.

Avant de le traîner vers le fond.

Lewis s’était préparé à la potentielle venue d’un requin, parce que ces derniers appréciaient les endroits riches en nourriture, mais pas au danger de la tortue. Quelle erreur. La mauve plongea tentant de rattraper Cendres. Ce dernier ne tiendrait pas longtemps sous l’eau. Il lui fallait l’atteindre en vitesse, trouver un moyen de l’arracher de l’emprise de la tortue.

(Lancé de dé AGI)

Mais l'animal marin était bien plus rapide sous l'eau que Lewis. Cette dernière avait beau tenté de la rattraper, ce n'était pas assez. Les griffes n'avaient fait qu'effleurer la carapace, alors que la tortue continuait d'emmener Cendres vers le fond.

Non !

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Les animaux marins, c'était tellement plus difficile à comprendre et à communiquer avec que les terrestre. Sous l'eau, sa gueule ne lâchait que des bulles, les mots qu'il formait étaient moins précis, manquaient de clarté, et s'il avait voulu communiquer avec la tortue il aurait du épuiser l'ensemble de l'air qu'il gardait dans ses poumons, avant de remonter à la surface pour tenter une deuxième fois.

Raison pour laquelle il ne s'y était pas risqué.

Lorsque la bête lui attrape la queue, Cendres hoquète et se sent tiré par le fond. Il avale une dernière gorgée d'oxygène avant que le cadeau de son amie ne lui échappe et que la surface ne s'éloigne. Très vite. Comme dans un rêve, vient un moment de désorientation. Tout devient plus sombre, les bribes de lumière s'effacent et ses oreilles commencent à le lancer, son crâne à se compresser et la panique à le gagner.

Pourquoi ?

Il a lu assez de livres sur les eaux et la mer pour savoir qu'il ne survivrait pas longtemps en plongeant à cette allure. Si le manque d'air ne l'achevait pas, ce serait la pression de l'eau sur son corps.

En désespoir de cause, il agite ses pattes vers son amie violette et les dauphins. Ces derniers n'étaient-ils pas connus pour sauver les naufragés en détresse ? N'avaient-ils pas joué ensemble ? Pourraient-ils les aider ? Ses pattes glissant et griffant la carapace, il ne bénéficiait pas de la force qui lui aurait été nécessaire pour faire lâcher la tortue, et de toute façon il ne voulait pas la blesser. Malgré tout. Alors il plaqua son corps contre le sien, entourant son cou de ses pattes, et ferma les yeux en se concentrant sur sa respiration.

Si la mort devait le prendre, là.

N'avait-il pas au moins bien vécu ?

Oui, ses mères seraient tristes. Lewis aussi peut-être. Les autres. Et s'il regrettait n'avoir pu vivre plus.

Au moins était-il en paix avec lui-même.

Peut-être regrettait-il juste de ne pas lui avoir dit. Mais ça n'était pas grave. C'était mieux comme ça.

Oui.

Tu touches le fond Cendres, a une vingtaine de mètres de la surface. Juste ce qu'il faut pour toi remonter... si tu parviens à t'échapper. Car même immobile, la tortue ne te lâche pas. Elle attend, simplement, que tu te noies.

Lewis, tu ne l'as pas rattrapé. Voila donc ta chance. Reprends une inspiration et replonge. Nage, Lewis, nage aussi vite que tu peux venir déranger cette tortue.

Quant à toi, Cendres, la suffocation commence déjà. Et si elle ne te prend pas, peut être seras-tu assez intelligent et clairvoyant pour chercher de quoi te libérer ?

Un dès force de dégâts sur Cendres de suffocation. Si zéro ou négatif, tu as réussi a avoir assez d'air pour survivre ce tour ci.
Lewis, tu peux tenter un nouveau jet de dès réussite Agilité pour nager jusqu'à la tortue. Si tu réussis, la tortue sera dérangée et lâchera Cendres.
Cendres, tu peux tenter de te libérer, si Lewis n'y parviens pas, avec un lancer de dès réussite Ingéniosité (tu peux utiliser ce que tu trouves dans les fonds marins). Si elle y parvient, tu peux faire un dès réussite Agilité pour remonter à la surface sans reprendre de nouveaux dégâts de suffocation au prochain tour.

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Lewis

L’air lui manquait.

Lewis sentit le goût du sel dans sa gueule, alors que contre son gré, elle avalait de l’eau de mer. Ne pouvant résister, elle remonta à la surface, toussant lorsque l’air vint de nouveau gonfler ses poumons. Mais elle n’avait pas le temps de s’attarder ! La pirate replongea aussi tôt, sa gorge la brûlant.

Elle ne pouvait pas le laisser mourir.

Pas sous l’eau.

Pas son ami.

Alors plonges ma fille, rattrape-le, tu peux y arriver.

Maintenant tu tends la patte, cherchant à attendre la tortue, car Cendres commençait à suffoquer et qu’il ne tiendrait pas très longtemps.

(Lancé de dé)

Mais encore une fois, ce n'était pas assez. Encore ! Alors même sous l'eau tu improvises un cri de rage, faisant entrer de l'eau dans ta gueule. Merde, merde, merde ! C'était pas fini ! Ça ne se finirait pas comme ça ! Lewis devait trouver une solution. Elle devait le sauver. Parce qu'il était son ami.

Hein Cendres que t'étais son ami ?

Et les amis entre-eux ça s'entraidaient hein ?

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Plus rien ne bouge.

Il le sent. Il n'est plus tiré vers le fond. Peut-être parce que c'est le fond ? Il sent sa tête qui siffle et ses oreilles qui lui donnent l'impression d'éclater. Il sent son coeur battre dans sa poitrine comme un fou, alors que son poil se hérisse, chassé par les courants froids.

Il rouvre les yeux. Il fait si sombre... Mais il distingue la tortue, qui lui tient la queue, et qui attend.

Elle attend qu'il crève.

Il n'en ressent aucune haine, aucune colère. Comme elle, il est soumis aux lois de la nature. A ses aléas.

Mais comme elle, il ne se laissera pas crever comme une pauvre merde comme ça. C'est la loi de la nature. Je suis désolé. Il regarda ce dont il disposait, au fond de l'eau. Il trouva une pierre, longue et plate, qu'il glissa dans l'interstice du bec de la tortue, avant de commencer à appuyer. Appuyer. Et appuyer, pour tenter de faire levier.

A chaque fois que la mâchoire de la tortue s'ouvrait un peu, il calait une nouvelle pierre dans son bec pour l'empêcher de se refermer, rendre l'opération plus facile.

La panique se lisait dans ses yeux.

L'oxygène manquait. Son coeur battait de plus en plus vite, il sentait la détresse lui courir dans la nuque, alors que ses pattes s'affairaient de plus en plus vite, de moins en moins précises, de plus en plus erratiques. L'air lui manquait. L'air lui manquait. L'air lui manquait. Sa vision s'obscurcissait. Il ne devait pas lâcher prise. Il ne devait pas. Il se mordait la langue, le gout de sang envahit sa bouche.

Il devait.

Tenir.

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Tu te noies, Lewis. Le sel, l'eau, remplit tes poumons. Tu te débats et tu remontes à l'air libre. Abandonnant ton ami. Heureusement qu'il est encore vif d'esprit. Car ta technique marche, Cendres. Dès la seconde pierre, la tortue te lâche et recule, craignant ton plan. Elle te jauge, t'observe, hésitante.

Te voilà libre.
Mais pourras-tu remonter respirer ?

Dès force de dégâts suffocation pour Cendres.
Lewis et Cendres peuvent lancer leurs dès réussite Agilité. Une seule réussite suffira pour remonter Cendres.

Si Cendres tombe à zéro, seule Lewis pourra tenter les jets de réussite Agilité.

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Lewis

Les poumons réclament de l’air, pourtant cette fois Lewis, tu ne cédas pas. Parce que tu voyais ton ami se débattre, lui qui ne pouvait reprendre sa respiration. Pas tant que tu ne l’aurais aidé à remonter.

Alors la louve plongea un peu plus.

Qu’importe la douleur.

Plus loin.

Allez !

(Lancé de dés)

Cette fois, Lewis parvint à atteindre Cendres. ses crocs se referment sur son encolure, alors qu'elle s'efforce d'atteindre la surface. Mais ce n'était pas si facile hein, avec un poids supplémentaire ? La pirate voit sa vision de flouter alors que la surface semble loin... si loin. Les dauphins semblent comprendre la gravité de la situation, aidant les deux loups à remonter.

La louve toussa, ayant du mal à reprendre sa respiration avec Cendres entre ses crocs. Elle sent la plate-forme, se hissant dessus avec son ami, avant de s'écrouler.

Ils auraient pu y rester.

Mais Cendres n'était pas encore sorti d'affaires.

Lewis se pencha au-dessus de lui.

« — Cendres, tu m'entends ! Hein, dis quelque chose ! »

Elle était désolée, si désolée...

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Tu atteindras l'arc-en-ciel — Cendres 1566767699-reussitesimple

Tu atteindras l'arc-en-ciel — Cendres 1566767699-reussite-critique

La pression sur sa queue finit par disparaître, ça il le sent, ce pincement qui le libère. Il reste là pattes ballantes un instant, de nouveau perdu. Perdu, perdu perdu perdu. Au fond de l'eau avec la tortue. Ahah, la jolie musique que cela ferait, oui, pour les autres enfants. L'eau s'immisce dans ses poumons alors qu'il sourit. Tout s'assombrit. L'eau est d'un bleu si sombre qu'on la croirait tissée de nuit. La tortue a presque disparue.

Avait-elle toujours été aussi loin ? Et aussi... Floue ?

Ah ! Il doit remonter... Avec tout ça, il avait presque oublié. Avec la douleur, sous son crâne. La douleur, dans ses poumons. Les dernières bribes d'air, auxquelles il s'accroche. Et tout, qui lui semble si loin...

Des crocs saisissent son encolure, et il se sent tiré quelque part. La tortue, de nouveau ? Il n'espère pas... Mais l'eau se réchauffe un peu, et il pense... Il pense qu'il est trainé vers la surface. Lewis, alors ?

Ils crèvent les eaux, la lumière se fait. Cendres desserre les crocs, avale une gorgée d'air. Elle se bloque, dans celle d'eau qu'il a avalé, un bouchon se fait, dans son larynx, il crache. Il toussa. S'il veut inspirer, il doit expirer, mais il n'a plus rien à expirer, il a l'impression de se noyer encore alors que l'air est si proche. Jeté sur la plateforme il roule sur le flanc, puis le ventre, et se prostre, se tend, se penche vers l'avant en étirant tout son corps pour faire passage.

Et il tousse, il tousse encore, essayant parfois de respirer, grappillant quelques goulées d'air, bien trop petites. Tout son corps tremble.

Il crache l'eau inspirée, ses convulsions se calment enfin et il finit par rouler sur le flanc, épuisé, les yeux fermés, troublés d'eau salée, est-ce l'océan ou les larmes ?

L'Océan l'a relâché, sursis jusqu'à la prochaine fois.

Il lui en est reconnaissant.

La voix de Lewis lui tire en réponse un raclement rauque de voix. Inintelligible, mais présent.

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