River Lullaby [ Libre ]

Mal.

Le travail commence.

Calme toi. Tout ira bien.

Encore un effort Tawana. Allez.

« _ Tais toi..mon bébé...sois sage ne pleure pas...Dors berçé par le fleuve...Sacrée..Dors mais n'oublie pas, mon dernier chant d'Amour...Je serais dans ton cœur...Pour toujours... »

Holly rentrait de la chasse, ses épaules chargées de petites proies en tout genre. Elle avait été productive.
Elle ne s'était, pourtant, pas vraiment éloignée du Castel, aujourd'hui. Par ce qu'elle lui avait promis, à Tawana, d'être présente durant la naissance des enfants et qu'elle ne se défilerait pas, qu'elle ne voulait pas manquer ce moment important dans la vie de la louve tachetée car trop loin.
C'était inenvisageable.

Alors elle se décida à aller la trouver, pour voir où les choses en étaient.
Entraînée sur ce genre de choses, elle n'eut aucun mal à discerner son odeur de celle des autres et n'eut même pas à se donner la peine de passer la grosse habituelle qu'occupait Tawana. Non, la piste l'emmenait ailleurs, un peu à l'écart du camp.
Bien vite, elle sentit aussi l'odeur du sang. Le travail devait avoir commencé. Ou alors, il était déjà fini.
Est-ce que tout s'était bien passé ? Que découvrirait-elle, au bout du chemin ?

La femelle bleue s'arrêta, essoufflée, son regard bleu tombant sur la mère et l'un de ses enfants.

- Je suis désolée ! J'ai fait au plus vite, je ne pensais pas que...

Elle ferma la gueule sans même terminer sa phrase. Il y avait un problème.
Il y avait une expression, sur le visage de la Panseur, qui n'était pas de la fatigue. Elle avait pleuré, elle semblait si mal, elle... Et l'enfant, l'enfant qu'elle tenait contre elle, pourquoi ne piaillait-il pas ? Pourquoi ne se retrouvait-il pas aux mamelles, collé à son adelphe ?

Holly ferma les yeux, une seconde.
Est-ce qu'il pourrait y avoir une journée, juste une putain de journée dans leurs putes de vie, où il ne se déroulerait rien de grave, où larmes ne rouleraient pas sur les joues, où personne n'aurait le cœur gros ?
Était-ce trop demander ?

Elle voulait hurler, mais ses mâchoires restèrent comme soudées entre elles.

Elle voulait aider.
Elle ne savait absolument pas quoi dire, ni faire.
Elle s'était attendue à une naissance sans encombres.
Après tout, Tawana était panseur. Elle avait du en gérer d'autres, des mise-bas.

Qui donc, s'amusait à semer le drame sur leur chemin ?
Qui ?
Qui, putain ? Elle lui ferait la peau, à cette petite merde de Destin. Elle lui ferait la peau afin qu'il cesse, à tout jamais, son petit jeu malsain.

Qu'avait-elle fait, Tawana, pour mériter tout cela ?

Elle ne dit rien, Holly, par ce que les mots ne voulaient pas venir. Dans sa tête, il n'y avait que colère et tristesse. Alors elle posa sur l'épaule de la jeune mère une patte qui se voulait réconfortante.

Quelle injustice.

› Saqqarah
› Mâle
› 1 an
› Etelkrus

Il ne fallait pas trop en demander à Saqqarah dont l’agacement avait atteint un sommet qu’on avait cru trop haut. Il était exécrable avec tout le monde, et maronnait pour un petit rien. Pas qu’il souhaite se montrait méchant, il était juste incapable de se détendre. Tawana avait prit du ventre, trop, et il savait qu’elle finirait par mettre bas bientôt. Il avait voulu la surveiller mais c’était prit un Non mémorable de la part des Panseurs qui soient disant gérer la situation. Saqqarah leur faisait autant confiance qu’à Ptah quand il avait dit ; Je rentrerais soir… Et qu’il n’était jamais revenu.

Mais les choses ne se passaient pas souvent comme prévue, jamais en fait. Il était juste allé faire un petit somme pour se reposer un peu de sa surveillance dernière, mais c’était une douleur terrible qui l’avait réveillé. Une douleur qui l’avait fait couiner sans s’en rendre compte, avant qu’il ne se mette en mouvement. Cherchant qui avait si mal. La douleur revenant par vague, elle était répétitive, agressive, et ne laissait pas le temps au loup de se focaliser sur ses origines. Il avait finit par voir Holly, qui allait droit vers une odeur qu’il connaissait.

Tawana ! Oh non ! Au dieu il n’avait pas été présent il n’avait pas fait ce qu’il fallait ! Il se précipita aussi vite qu’il pouvait la suite de la louve claire. L’odeur acre du sang galopant sur les murs. Pourvu que Tawana aille bien, pourvu que ses enfants ailles biens. Mais l’odeur du sang est trop forte pour que cela soit normal, et ça, il le savait avant même d’être arrivé sur place. Laissant Holly s’approcher la première, il s’arrêta en fixant la femelle brune à cornes, les oreilles en arrière. Les envies de pleurer le traversant. Il n’en fit pourtant rien, il ne le devait pas, ce n’était pas à lui de pleurer. Il n’y avait rien à dire, et rien à faire. La vie avait gagné l’une des batailles, mais trop occupée sur un petit, elle avait délaissée l’autre aux ongles de la mort.

Pourquoi un enfant si jeune devait-il mourir alors qu’il n’a pas conne les plaisirs de la vie ? Pourquoi n’avait-il pas eut la même chance que l’autre ? Pourquoi la justice était-elle un mythe doucereux et la vie un beau mensonge, alors que la mort faisait office de triste vérité ? Il n’avait pas sentit ses oreilles se baisser, déposant le masque de corbeau qui couvrait sa face, il s’approcha enfin de sa mentor, avant de glisser sa truffe dans le pelage de son encore. Cherchant sans doute à la soutenir du mieux qu’il en était capable. La vie de l’autre petit avait quelque chose de doux, de rassurant, et de chaleureux dans le cœur du loup. Qui calmait un peu sa peine, mais ne saurait l’apaiser complètement.

« Pardon… J’aurais dû être là »

S’excusa-t-il calmement, la voix étouffé par son incapacité à parler correctement. S’il avait retrouvé la voix, il ne retrouverait sans doute jamais son timbre normal. Mais cela ne le dérangeait pas. Il savait que Tawana l’entendrait, il savait qu’elle percevrait le timbre doux, rassurant, et bienveillant qu’il avait glissé dans ses paroles. Mais il s’en voulait, il aurait dû être là, c’était son rôle maintenant, de la soigner, de la protéger, et de ne jamais adonner. Parce qu’il c’était ratée une fois et n’avait pas su la défendre, il voulait réussir à l’avenir. Mais maintenant il y avait une vie de plus, à laquelle il devait faire particulièrement attention.

River Lullaby

▬ ft. Tawana, Holly & Saqqarah

Eté 2020.
1an et 4mois.

Ça te fait toujours quelque chose, l'odeur du sang.
Toi animal prédateur, toi carnivore. Toi assassin.
Toi qui maintenant t'inquiète.

Les oreilles en arrière, le malaise dans les yeux, tu presses un peu plus ton pas.

Il avait veillé sur la mentor, Désastre. Était revenu chaque jour auprès d'elle, depuis que le choc de la vision du Mal et de la découverte de ses propres pulsions lui était passé. Qu'il s'était ressaisi, qu'il avait accepté de côtoyer le mâle devenu femelle sans avoir peur de lui faire peur, parce qu'il ne pouvait tolérer de le perdre maintenant.
Il tenait à elle. Autant qu'il tenait à Pepper et à Anette.
Il se devait maintenant d'être présent. Apprendre à soutenir, apprendre à faire des efforts pour quelqu'un d'autre ; pour elle il est plus social, un tout petit peu. Fréquente en silence et sans un sourire, laisse sa seule présence faire le moment.

Le sang...
Quelque chose en lui lui certifie que c'est celui de Tawana. Un instinct, peut-être.
Une évidence, sinon, il fait corrélation avec la mise-bas qui approchait et sans doute venait de s'enclencher, voir même de se terminer.

Enfin le voilà à la tanière de la panseuse.
Il n'est pas le premier, à arriver auprès de Tawana. Il n'avait pas été assez rapide. Ou plutôt, il avait attendu son créneau dans une habitude trop ancrée en lui, sans que ne lui vienne en tête qu'à tout moment elle aurait pu avoir besoin de lui.
Il aurait pu venir avant.
Il ne se posera pourtant la question de si il était venu plus tôt, que se serait-il passé, parce qu'il savait qu'il n'aurait rien pu faire.

Un instant l'adolescent gris ignore Holly et Saqqarah, les iris rouges d'entrée se posent sur la louve et les deux enfants. Celui qui tête, lové contre son flanc. Celui entre ses pattes, inertes.
Il voit les larmes, sur le visage de Tawana (au fond l'inquiétude se lève que de la voir vivante).
Les airs graves des autres.
Il comprend lui aussi qu'il est mort, cet enfant.

Désastre reste impassible.

A cet instant présent il ne ressent rien, il est insensible à cette perte. Il ne peut pas envisager, Désastre, qu'on s'attache à une vie qui n'avait pas eu le temps d'être, l'enfant était pour lui un inconnu et il n'aurait pu s'émouvoir de la mort de ce dernier.
Mais il ne dit rien.
Il sait que certaines choses qui ne le touchent pas...affectent les autres. Il sait qu'il lui manque le fonctionnement des émotions et des sentiments, c'est un rouage qui déconne quelque part en lui.

« ... »

Il plisse un peu l’œil droit, quand survient la pensée immiscée d'un autre.
Serpent à plumes est sensible à cette Mort, lui, il est capable de prouesse face à celle-ci mais il ne le sait pas encore. Désastre ne la craint pas mais respecte davantage cette vie nouvelle, petit être de tâches et de bruns qui boit le premier lait.
Ensemble ils agissent.
Il prend dans la tanière un linge blanc, s'approche d'un pas lent, ignore encore les autres. Ils n'existent pas encore, pour lui, ils sont dans un plan à part vers lequel il se tournera plus tard. Ceux qui prononce excuses et pardon en arrivant, ceux qui peut-être seront désolé de cette situation...
Mais qui pouvaient-ils, hein.
Le sort se scelle parfois bien tôt, et l'on ne peut y faire quelque chose. Il sait qu'en tournant la tête, il verrait sur les visages la tristesse et la colère, les corps qui se tendent à la vision du drame ; il ne prend pas cette peine.
Alors il s'approche, oui.
Serpents à plume en partie survient, ailes rouges qui ne sont celles du don inné sortent et s'avance au-delà de ses épaules.

Quand son front touche celui de Tawana, de la même façon qu'un jour elle l'avait ainsi touché, quand il lui avait demandé de l'aide, les ailes elles masquent leurs visages et le corps du petit défunt.
Il souffle.
Quelque chose de doux, un peu.

« Laisse-moi m'en occuper, Tawana. »

A ses pattes il y a le linge blanc, dont il entourerait le petit corps qui crée ces états et le cacherait à la vue de tous. De la mère éplorée, de l'apprenti qui regrette, de la louve qui stress déjà trop et voit un nouveau drame.
Il ne fallait pas rester focaliser là-dessus, il pense.
Parce que tous pleurait le mort et non la vie nouvelle.
Ce n'était pas bon, pour celle-ci.

Il laisserait le temps à Tawana, il ne le précipiterait pas. Il ajoute pourtant.

« Il ne sera pas oublié, nous l'avons vu et il sera honoré. Maintenant il faut regarder la petite vie.
...
Regarde comme elle est jolie. »

Qu'elle le laisse se faire cortège funeste du mort-né, qu'elle le laisse l'emmener à Horus pour qu'il l'enterre dans une si petite tombe, sur laquelle on planterait un arbuste qui grandirait comme il l'aurait fait.
A ce moment précis, il en était le seul capable.

Ceci fait, si elle acceptait... Il lui reviendrait et prendrait appui contre un mur, les yeux observateurs.

J'aurais dû être là

Laisse-moi m'en occuper Tawana.

« _...Prends en soins s'il te plaît Désastre. »

Regarde cette Vie là.

Tu te tournes pour voir ta Fille.
Elle est en bonne santé, elle mange à sa faim.
Tu ne dis rien, mais elle ressemble à son père.

« _Bienvenue parmi les Etelkrus petit Être. »

Elles furent bientôt rejointes par deux autres loups, Saqqarah et Désastre.
Le premier semblait, à peu de choses près, aussi affecté qu'elle. Le second, plus terre à terre, pris les choses en charge avec professionnalisme. C'était quelque chose qu'elle admirait et respectait, chez Désastre, cette capacité à prendre le recul nécessaire pour analyser les choses correctement, prononcer les paroles adaptées.
C'était quelque chose dont elle n'était pas capable.
Par ce qu'elle avait ce sentiment de se retrouver en plein cauchemar et qu'elle ne savait pas quand cette série de drame s'arrêterait.

D'ailleurs, c'était à lui, à Désastre, que l'on se remettait.
Heureusement qu'il était là.

La louve bleue se redressa, se tourna vers la jeune mère, son regard croisant brièvement le sien.

- Je te laisse te reposer. On se voit plus tard.

Elle était entre de bonnes pattes.
Elle n'avait pas besoin d'elle, qui ne savait rien faire d'autre que rester plantée là.
Alors, sans attendre une réponse de la louve lycaon, Holly fit quelques pas, mouvements erratiques, le regard perdu dans le flou. Quelques pas, et elle gagnait l'air libre, se mettant à courir une fois hors de la vue des loups présents.
Elle traversa le Castel sans se soucier des loups, de ceux qui pourraient l'appeler, la regarder. De l'air, il lui fallait de l'air !

Elle ne le savait pas encore, mais ses pattes la mèneraient jusqu'à la vasque de la lune ou elle retrouverait son courage auprès de l'être aimé.

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