Peux-tu peindre en milles couleurs l'air du vent ? [Ft Narkhos]

Narkhos

Depuis l’île aux roses il avait longé la côte de Nacre, pas question de retourner sur le territoire glacé au-delà des Nakhus. Il en avait encore des frissons rien que d’y repenser. Ce lieu donnait froid aux pattes. Narkhos piétina dans le sable, les oreilles à l’horizontal, lâchant un soupir en sentant la chaleur. Il était sorti de son territoire tant aimé, à la recherche de nourriture pour commencer, et ensuite à la recherche de plantes jolies, mais pas de chez lui… Narkhos voulait décorer la tomber d’une Etelkrus. Il l’avait enterré il y a un moment de cela… Et il tenait à la décorer de fleurs qui auraint pu pousser sur son territoire, et non sur celui des Lazulis. Mais il crevait de faim, et c’était détourné de sa quête principale.

Au fond, l’enfant de Moiro était quelqu’un de sincère et de gentil. Mais il le cachait, parce que la vie ne s’était pas montrée tendre. Il le savait bien. Il secouait sa longue queue sombre à rythme régulier, les oreilles pointées en avant. Il avait longé les côtes, avant de déboucher dans les plaines. Levant la truffe, lançant un regard aux frontières Etelkrus, il ne pouvait y entrer, quand bien même son désir n’était pas belliqueux. Il fallait qu’il trouve des plantes dans les plaines, c’était la meilleure solution. Mais que pourrait aimer une louve Etelkrus ? Aimaient-elles seulement les fleurs, ces soldates puissantes et fières ? Il pencha la tête avant de se gratter nerveusement derrière l’oreille.

Le mieux était encore de demandé à une concernée mais… Là encore il y avait un problème, c’est que souvent, les concernées… avait plutôt envie de lui arracher la truffe… Ou la langue. Ou bien les deux. Quand finalement, une odeur de cette meute tant redoutée lui effleura la truffe. Il plissa les yeux, tient, cette odeur, il la connaissait mais, elle avait un fumée légèrement différent. Il se décida à la suivre, curieux tout de même, avant de ralentir en voyant une femelle, toute semblable au mâle qui lui était venu en aide dans le canyon.

« Par tout les diables que vous est-il arrivé… »

Murmura-t-il a peine en approchant avant d’entendre la femelle. Oui, c’était bien lui, enfin, elle… Il secoua la tête, avant de s’approcher, venant la contourner pour s’arrêter un bon mètre de distance à ses côtés.

« Narkhos, et vous, quel est votre nom ? Je ne l’ai jamais su au final… »

Ils s’étaient séparés sans se présenter ce jour là. Il était surpris de voir une femelle et non un mâle. Elle avait une odeur particulière, une odeur de jeune mère, comme la belle Serket… oui, comme celle d’une louve qui avait encore suffisamment de lait pour nourrir un petit diable à quatre pattes… Il lui coula un regard, un mâle sans vergogne aurait-il profité de l’étonnante transformation du loup ? Scandale si c’était un solitaire, c’était un goujat, si c’était un Etelkrus, c’était un traitre…

Elle était plutôt belle, la femelle improbable. Mais elle semblait plus froide et sombre que le loup qu’elle avait été. Il l’écouta, les oreilles dressées, un sourire vague effleurant ses lèvres. Les dieux avaient toujours d’étranges manières de malmener leurs enfants. Ils avaient l’art et la manière de tourmenter les vivants. Mais cela les rendaient fascinants, ils avaient tous un caractère qui les rendaient uniques, et fantastique à la fois. Mais un mauvais tour, cela voulait-il dire qu’il n’avait pas fait erreur ? La plus part des loups ne se rendaient pas compte de ce qu’être une femelle impliquait… Cela voulait dire être la proie de tous les autres, tant que personne ne nous aura pris sous son aile avec amour, ou ne nous aura violenté pour ce que l’on est…

Etre dragueur ne signifiait pas être irrespectueux. Etre charmeur non plus. Il fallait la connaissance pour charmer. Il fallait le savoir pour avoir la connaissance. Il remuait calmement sa queue qui se rabattit sur son corps élégant.

« Je vous souhaite que ce mauvais tour ai tout de mêmes eut quelques répercussions qui vous seront douces et agréables. »

Le tour pouvait être mauvais, elle avait pu souffrir. Mais si elle pouvait en tirer du positif a un moment ou un autre. Il l’espérait. Cette louve était quelqu’un de bien. Il s’en souvenait. Croisant son regard de braise, les yeux bleus du loup ne montraient de ses émotions rien d’autre que le vide et le froid, cette solitude glaçante qui le rendait souvent désagréable. A sa question il retourna son regard sur la plaine avant de souffler longuement, humant les embruns sauvages de la plaine.

« Enchanté Tawana. Notre Terre se remet lentement de ses blessures. Mais, la vie y revient lentement, et cela est fort doux à mon cœur. »

Répondit-il avant de sentir une bourrasque de vent du sud s’engouffrer dans son pelage. Il leva son regard vers la louve rester sur son rocher comme une statue de marbre. Noble et belle, imposante et délicate à la fois. Il se rappela alors du sujet de sa venu et haussa vaguement un sourcil.

« Dite moi, quelles fleures pourraient plaire à une louve Etelkrus ? »

Demanda-t-il finalement. Il avait d’abord pensé à trouver des fleurs qui s’épanouissaient dans des conditions extrêmes. Des plantes qu’il voyait alors comme des guerrières. Comme ces louves là. Mais peut être se trompait-il. Et peut être que la louve nouvelle ne pourrait pas lui répondre. Mais il fallait bien essayé. Il n’essayait plus d’obtenir une chose en retour. Pour une fois… Il avait tant réfléchit… Qu’il s’en était donné la migraine. Mais il devait apprendre, à s’ouvrir aux autres, à se rappeler, que tout n’était pas que commerce…

Il l’observe en silence, sa réponse le fit frémir. Un frisson qu’il connait bien, celui des Lazulis qui se pourfendent l’âme à coup de haine, de folie et de détresse. Les cadavres qui s’empilent, qui sentent mauvais, qui se décomposent lentement. Ces proches que l’on imagine ronger par les insectes. Qu’il a préféré dévoré, plutôt que d’imaginer telle horreur. Lui qui aime tant le beau… Il avait donc raison, il le sentait jusque dans ses entrailles. Il mit les oreilles en arrière. Le silence était plus parlant que tout ce qu’il aurait pu dire. Il compatissait en silence. Dire qu’il comprenait était un mensonge. Chacun vivait la douleur à sa façon. Lui en se blindant dans un comportement mauvais, presque vicieux. Elle en devenait forte, presque agressive, mais noble.

Finalement un sourire plus doux éclaire le visage de la louve. Pour qui sont-elles hein ? Il l’ignore. Il sait que c’était une femelle, il sait qu’elle était Etelkrus, et qu’elle était plutôt jolie. Il agita les oreilles en l’écoutant, oui, c’est vrai. Peu s’y intéresse. Il le savait, et quand elle avoua que les Etelkrus n’aimaient pas trop, trouvant cela nié, il haussa les épaules. Tant pis, la morte ne devrait pas s’offusquer de l’attention qu’il portait à sa sépulture.

Il l’écoute, et c’est son propre sourire qui s’éveille. Un sourire doux aussi, quelque chose de rêveur et de nostalgique. Une sensation dans les pattes le dévore et remonte jusque dans son poitrail. Mais il resta stoïque, immobile tout en l’écoutant. Elle s’y connaissait bien oui.

« Je me doutais que les femelles Etelkrus n’y trouvait que peu de sens »

Observa-t-il avant de pencher la tête. Ravi de rencontrer une louve de cette meute qui s’y connaissait. Sans doute était-elle médecin. Les médecins sont de bons herboristes en général. Car aussi insignifiantes puissent-elles paraître, les plantes n’en sont pas moins de grandes guérisseuses, ou de sournoises meurtrières.

« La Jacinthe signifie la peine, alors que la Gentiane est synonyme d’injustice, Jasmin n’est autre que la grâce et l’élégance. La Pensée fait appel aux souvenirs, le Souci au chagrin, et les fleurs de chèvrefeuille sont l’attachement éternel. »

Remarqua-t-il avant de hocher calmement la tête. Il s’y connaissait aussi oui. Il se releva avant de secouer son pelage sombre. Avant de croiser le regard de braise de la louve.

« Les fleurs sont pour une défunte. Je l’ai trouvé alors que je cherchais des orchidées. Je me suis permis de l’enterrer et je souhaiterais décorer la tombe. Je pense que le Sureau et la Bourrache seraient de bonnes plantes, j’avoue ne pas y avoir pensé »

Il observa la femelle, agitant lentement la pointe de sa queue en la fixant. Cherchant quelle plante lui irait bien. La Gentiane car elle avait été maltraité injustement par la vie. Mais ensuite ? Il étira un large sourire quand il trouva enfin.

« La clématite ! »

S’exclama-t-il comme une évidence, le mot ayant échappé à ses babines alors qu’il venait d’y penser. La clématite, la beauté de l’esprit. Oui, c’était parfait pour Tawana. Parce que mâle ou femelle, son esprit était beau, quand bien même il avait pu être torturé par le monde.

Il aime les fleurs, c’est pour ça qu’il est si calé sur le sujet. Disons que c’est son dada. Il ne s’y intéresse pas seulement parce qu’il trouve cela joli. Mais parce qu’elles ont toute un sens particulier pour lui. Il y a passé du temps à les étudier, les chouchouter, les planter, les tailler. Il agita les oreilles en l’entendant. Rare pour un mâle, peut être, il ne sait pas trop en fait, il ne s’est jamais interroger sur le sujet, mais être marginal ne le dérange pas. Il hocha la tête à ses paroles.

« C’est que personnellement, j’adore les fleurs et les plantes. »

Il aimait les plantes et les respectaient. Elles étaient puissantes et fortes à ses yeux. Mais il n’avait sans doute pas un avis très objectif sur le sujet. Il se souvenait d’une certaine louve, douée dans l’art de l’empoisonnement. Lui aussi pourrait sans doute l’être, s’il se mettait à utiliser des plantes à des fins plus sombres. Mais ce n’était ni dans ces désirs, ni dans son caractère de tuer pour le plaisir.

Sa question se fait plus dur, où l’avait-il enterré. Il leva la tête en la direction, prêt à repartir, avant d’entendre la louve le remercier. Il haussa un sourcil, c’était donc désormais son tour de le remercier ? Il étira un vague sourire en secouant la tête.

« Ne me remerciez pas… »

Il ne l’avait pas fait pour qu’on le remercie. Le corps avait été mutilé, personne n’aurait aimé voir un membre de sa famille dans un tel état. C’était juste du respect… Elle était morte, mais ce n’est pas pour ça qu’elle devait rester sous la chaleur du soleil à se faire dévorer. C’était quelque chose qu’il supportait difficilement. Il agita les oreilles.

« Voulez-vous m’accompagner chercher les fleurs, et ensuite aller les déposer sur sa tombe ? Ainsi vous verriez où je l’ai enterré et moi je pourrais finir la tâche de décorer correctement cette sépulture. »

Lui proposa-t-il calmement avant de l’entendre s’interroger sur la clématite. Elle était amusante Tawana, il n’y avait pas à dire elle avait un petit quelque chose de léger. Elle cherchait peut être à se donner des airs de méchante, mais elle ne l’était pas dans le fond. Ça Narkhos le voyait bien, il connaissait la méchanceté à l’état brut, celle qui n’épargne pas et avec laquelle on ne peut pas discuter. Mais elle n’habite pas Tawana, ça il en est convaincu.

« La Clématite n’est pas pour elle, mais pour vous. C’est à mes yeux la fleur qui vous représenterait le mieux. »

Avoua-t-il en remuant la queue. Reculant d’un pas, puis d’un deuxième, avant de se retourner et de s’éloigner de quelques pas. S’arrêtant un peu plus loin pour lancer un regard par-dessus son épaule et voir la femelle. Espérant qu’elle l’accompagnerait. Si elle ne le faisait pas, tant pis. Il irait chercher les fleurs seul. Enfin les bouture. Il voulait planter, pour que la louve vive à travers les plantes qui orneraient sa tombe.

Narkhos était patient, calme, serein, les oreilles dressées vers elle. Il l’observait. Elle ne semblait pas comprendre pourquoi cette fleure. Il étira un vague sourire avant de la voir redevenir sérieuse après avoir été surprise. Agitant les oreilles. Ainsi elle savait où trouver les fleurs qu’ils recherchaient ? Voilà qui était bon à savoir, et utile aussi. C’est qu’elle en avait des connaissances la femelle lycaon. Enfin, il n’en avait jamais douté de toute façon. Il opina calmement de la truffe en la suivant, marchand à ses côtés, considérant qu’ils étaient égaux, bien que lui solitaire, et elle clanique.

Elle ne semblait vraiment pas comprendre son point de vu. Il coula un regard vers elle, avant d’agiter lentement les oreilles.

« Notre vie nous impose des épreuves qui nous font vieillir, mais à mes yeux, les loups ne sont beaux que par les décisions qu’ils prennent. Et j’ai le sentiment, que les votre, de décisions, sont justes et nobles. »

Pour une fois il était franchement sincère. Il ne cherchait ni à la draguer ni à la complimenté. De toute façon cela ne lui apporterait rien. Il s’était promit d’apprendre la bienveillance et l’honnêteté qu’il avait perdu avec l’arrivée du dôme. Il savait qu’au fond il n’était ni un monstre froid, ni un profiteur sans vergogne. Mais il avait apprit à survivre et ne savait plus rien faire d’autres que d’extorquer ce qu’il désirait. Il se sentait misérable et laid, il avait finit par ralentir, avant de s’asseoir dans l’herbe de la lande.

« Tawana… Je crois que… Je suis laid au fond… »

Remarqua-t-il sans crier garde. Il trouvait plus facile, tellement plus facile, de se confier à une étrangère. C’était bizarre, mais c’était comme ça. Il avait ressentit le besoin de le dire, c’était sorti tout seul. Avec tellement de naturel. Elle allait sans doute se foutre de lui, un enfant de Moiro qui se trouve laid ? Quelle idée folle !

Le vent est un compagnon qui rafraîchit les corps sous le soleil estival. Narkhos aime la chaleur, le froid est son ennemi. Il s’est habitué à des températures élevé, à la lourdeur et la moiteur de l’air, à cette sensation d’étouffer à chaque pas. Il ne fait plus attention à sa vie ici, elle coule comme ça, il ne pense pas forcément à demain, il viendra le jour suivant, si la longue nuit ne se pose pas sur lui sans qu’il ne la voit venir. Il n’a pas peur de la mort, elle toute les odeurs et tout les visages, il l’a déjà regardé en face. Diablerie pourquoi l’avait-on sauvé ? A qui était-il nécessaire. Personne à par lui-même, mais l’égoïsme ne fait pas une vie.

Il tourna la tête vers elle en l’entendant. Les Etelkrus des brutes ? Non ils sont juste un petit peu flippants et bourrins. Mais après tout Narkhos croyait en la neutralité de chacun, conscient que les loups étaient ni bon ni mauvais à l’origine que c’était la vie, les actes, et le monde, qui les forgeaient bons ou mauvais. Il l’observa, relevant les yeux vers elle.

« Ce n’est pas une meute qui définit un individu. Et vos choix semblent avoir été juste jusque là. »

Remarqua-t-il avant de la voir se retourner, l’écouta, pourquoi le rassurait-elle ? Pourquoi lui remonter le moral et défendre ses actes alors qu’il en avait fait des bien plus odieux et immondes. Il leva la truffe vers le ciel, le vent caressant son pelage, sa chaîne cliquetant, sa queue s’agitant lentement dans l’herbe haute avant qu’il ne se relève et ne rabaisse son regard vers elle.

« Peut être que je cherche à me racheter une bonne conscience… »

Souligna-t-il à la fois pour elle et pour lui. Il la rejoignit avant de s’arrêter à ses côtés. La détaillant du regard, sentant son odeur, observant son pelage délicat aux reflets parfois roux sous la lumière du soleil. Qu’elle est jolie au fond … Celui qui l’a prise à bien choisi.

« Merci, pour tes paroles bienveillantes. Je crois que ça m’a remonté le moral. »

Et puis elle a grimpé dans son estime aussi. Femelle étrange, ancien mâle étonnant qui l’a fait réfléchis. Est-ce qu’il a grandit en quelques mois, plus qu’il ne l’avait jamais fais en quatre années de vie ? Sans doute.