Liliandr!l » Accro'
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| Sujet: Cours Lympha, cours | défi | LIBRE Dim 20 Sep 2020, 18:09 | |
| Lymphalème Il faisait chaud. Il faisait trop chaud.
Il pensait qu'à ce moment dans l'année ce serait un peu moins étouffant que ça. Il perdait son pelage. C'était peut être pas plus mal, il espérait que sous cette couche de poils fins qui tombaient vers le sol, quelque chose qui avait l'air moins mal soigné pousserait. Il était devenu si pâle. Ses tâches blanches et grises pâles avaient grandi, et l'avaient transformé en un espèce de fantôme du lui de son passé. Il marchait sur les pierres. Les souvenirs de lui et Pepper, jeunes, montant ce même sentier, l'attaquaient bien plus que a chaleur dévorante. Il avait beau faire tout son possible pour l'oublier, il ne pouvait pas. C'était si frustrant, de vouloir passer à autre chose. Il savait qu'elle, elle l'avait fait. Elle ne lui accordait plus même une seconde... Mais lui...
Il soupira et se secoua la tête, comme si ce mouvement allait chasser des pensées qu'il n'arrivait pas à faire partir. Il commença à trottiner, ses pattes trouvant avec difficulté un caillou pour s’appuyer à temps. Sa rapidité n'était plus celle d'avant, même si il s'améliorait. Déjà, trottiner dans les montagnes n'était plus autant un challenge que lorsqu'il était revenu. La pente était raide, et fatiguant, mais chercher l'endroit où poser la prochaine patte l'occupait, et le distrayait, dans un espèce de jeu idiot.
Mais soudain, un bruit attira son attention, et il s’immobilisa, pour écouter.
C'était une bête qui devait faire à peu près son poids, et qui marchait lentement. Il pointa ses oreilles vers la source du bruit, puis commença à se déplacer silencieusement, posant avec délicatesse ses coussinets sur les rochers, passant avec attention son poids d'une patte à l'autre. Il aperçut la source enter deux troncs de pins. Un chamois, un jeune mâle probablement. Le gris plissa ses yeux en le regardant. Il vaudrait presque l'effort de la chasse, il était plutôt musclé. Mais il était bien plus agile que lui, la chasse serait bien courte. Toutefois, il le considérait toujours de son regard doré. Si ils descendaient la pente ou qu'ils montaient, le chamois avait le dessus. Il y avait peut être moyen de l'avoir quand même. Alors le gris se tapit. Il utilisait ses muscles, il les contractait, il essayait d'estimer la force qu'il aurait, la longueur du bond qu'il pourrait faire, l'avance qu'il aurait grâce à l'effet de surprise. Il sentait les cailloux sous ses pattes, et il savait qu'il ferait un bruit monstre lorsqu'il bondirait. Le froid contre ses coussinets était un contact avec la réalité. Un appui d'où commencer une course. Somme toute, c'était pas un mauvais endroit pour commencer quelque chose.
Il bondit, avec un bruit de pattes sur des cailloux meubles, et le chamois tourna la tête d'un coup et bondit hors de portée des griffes du prédateur. Ses jambes fines se rassemblèrent d'un coup pour sauter d'un rocher à l'autre, montant le flanc de la montagne pour être hors de portée du loup fou qui pensait pouvoir l'avoir sur son propre terrain de jeu. Lymphalème le suivit, son regard essayant de se diviser entre là où il devait poser ses pattes et les fesses de sa proie qui déguerpissait. Il grognait contre lui même, et cette faiblesse qui l'empêchait de bondir comme le cabri devant son museau, qui prenait des mètres d'avance pendant qu'il essayait de ne pas tomber. Enfin, ses pattes trouvèrent un terrain terreux, où il n'était plus question de poser ses pattes sur le bon cailloux. Il appuya fort dans la terre, ses griffes s'enfonçant un peu, et prit la suite de la bestiole. Ses pattes s'allongeait devant lui aussi loin qu'il pouvait, l'air sifflait à travers ses oreilles. Il essayait de maitriser sa respiration au mieux, une inspiration une expiration pour toutes les deux foulés ? Non, trop. Toutes les 3 ? Mieux. Il poussait sur ses pattes, il respirait profondément. L'air lui attaquait les narines avec un tas de petites lames invisibles. Il commença à repriser par la gueule, sa langue pendante. Ah, il faisait chaud ! Il n'arrivait pas à rattraper le chamois, mais celui-ci n'arrivait pas non plus à complètement le distancer. Il arpentait entre les arbres, l'air de la course le refroidissant pas autant que l'effort le réchauffait. Pénible. Il sentait déjà qu'il avait mal dans les pattes. Il savait bien que c'était pas idéal, mais il se laissait bercer par l'idée que cela préjugeait que son entraînement à la course faisait son effet. Ses pas étaient devenus réguliers, comme les battements de son cœur. Son regard était planté sur sa cible qui maintenait sans difficulté la distance entre eux, jetant un coup d’œil en arrière de temps en temps pour vérifier qu'il était toujours là.
Mais soudain, il tomba. C'était de ce rare événement ou un chamois perds patte dans la montagne.
Les yeux d'or du loup gris pâle s’agrandirent d'un coup, et il poussa de toutes ses forces sur ses pattes endolories. Aha ! Il était à terre ! Mais voilà qu'il se redressait, qu'il voyait avec horreur le loup fou qui lui fonçait dessus, et qu'il repartait en bondissant sur une falaise pentue. Lymphalème se sentait faiblir. Il avait fait une erreur, en voulant aller aussi vite d'un coup. Un poignard invisible c'était planté sous ses cotes, à gauche, et ce point de côté finit par avoir raison de lui, le faisant ralentir, puis s'arrêter, pour se laisser tomber sur le sol, en haletant. Le chamois disparut, au loin, vainqueur attendu du jeu de course dans la montagne.
Le gris respirait profondément, et se redressa sur ses pattes tremblantes, pour marcher en rond quelques instants, le temps de réussir à remplir ses poumons. Il n'avait pas couru comme ça depuis une éternité. Il sentait dans ses pattes l'épuisement qui présentait des grosses courbatures le lendemain. Il laissa l'air lui remplir les poumons, en haletant, pour essayer de se refroidir. Punaise, ce qu'il avait chaud ! Il redressa la tête, enfin, mais le chamois était loin et hors de vue.
Il souffla, et malgré cet échec, qui n'était pas inattendu, une pointe de fierté le traversa, en voyant jusqu'où il était arrivé. Il était bien plus haut que là où il avait vu le chamois la première fois, et il avait quand même réussi à lui mettre une sacré frousse. Il sourit un sourire de crocs au vide et au silence de la montagne. Il avait pas réussi grand chose, mais il avait réussi quelque chose d'inattendu, aujourd'hui. Il avait couru, comme lorsqu’il courrait avec sa mentor, Bamboo.
Il souffla encore, puis s'étira et prit le chemin pour descendre la montagne.
Que pouvait-il tirer de son expérience ? Il ne fallait pas commencer trop vite, sinon on s'épuisait rapidement. Il fallait accélérer sur la longueur, et pas d'un coup, sinon on perdait sa respiration. C'était des leçons apprises il y a longtemps, mais oubliés, et non-utilisées depuis des lunes. Elles lui revenaient, comme d'un rêve. Comme d'une vie passée. Des bouts de souvenirs du sourire de son amie et mentor, des courbatures qui lui avaient fait découvrir des muscles qu'il n'avait pas soupçonné auparavant. Quand il était petit, il avait roulé les yeux face aux petits qui allaient faire du sport, courir, chasser entre eux. Pourquoi faire ça alors qu'on pouvait être installé à lire un livre sympa ? Lorsqu'ils faisaient des équipes de course ou de chasse, il était toujours le dernier à être choisi. Il avait toujours 'mieux' à faire. Des livres à lire. Des trucs à observer... Mais maintenant il appréciait mieux l'idée d'un corps sain, et de faire cet effort. Pour devenir plus fort et plus endurant.
Il avait voulu le faire une première fois pour protéger celle qu'il aimait. Celle qu'il aimait n'avait plus besoin d'aucune protection. A par peut être de se protéger d'elle même. Mais seule Anette saurait lui offrir cette protection là. A présent, si il faisait ça, c'était pour lui, et pas pour elle. Il serait fort pour lui. Il lèverait la tête fièrement pour lui.
Il passait entre les arbres, se dirigeant vers le sentier en contrebas, qui le mènerait au camp Etelkrus. Il ne savait plus si il allait rester, si il serait de nouveau, un jour, vraiment chez lui, chez les Etelkrus. Il n'avait pas eu l'impression d'être lui même, ces derniers mois, car sa raison d'être lui avait échappé d'entre les pattes. Mais il lui restait des raisons de se reconstruire. Lui. Il allait se reconstruire pour lui même. Et le jour ou il serait reconstruit, il deviendrait alors ce qu'il voulait devenir. Peut être même qu'un jour, la tristesse de sa perte se noierai parmi ses souvenirs, et de la jolie louve bleue aux yeux d'étoile, il ne resterait que des vagues souvenirs bercés de nostalgie. Elle arrivait au terme de son temps, mais lui arrivait au début du sien.
Ses pattes trouvèrent le sentier, et il redressa ses oreilles en humant l'air, ses pattes toujours endolories. Le jour s’annonçait de chaleur de de fatigue, mais déjà, il avait fait un pas vers le futur. Un pas non négligeable. Et peut être qu'un jour, il serait un loup non négligeable. -1528 mots- |
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