Cours d'herboristerie ✡ Etelkrus

La tanière des panseurs avaient toujours été comme un autre chez-lui.
Par une vie dévouée à son rang, il y avait passé autant de temps que dans sa propre grotte. Et si l'aspect de ses leçons et son expérience auraient pu faire de lui un Maillon, Désastre se voulait conserver son rôle de Panseur.
C'est un changement qui lui aurait été trop conséquent.
Un changement qu'il ne voulait avoir à subir, bouleversant des habitudes bien trop importantes, pour lui. Des habitudes qu'il perturbait déjà, par l'incapacité que provoquait parfois la raideurs de ses articulations, le contraignait à rester au repos plutôt que d'aller honorer un créneau de panseur.
Il était un loup portant sa vieillesse, les babines blanchissantes et les cheveux ternis.
Il n'en restait pas loin un loup apte à dispenser ses savoirs.

Depuis le retour du printemps, il n'avait manqué son créneau que les jours de pluie.
Rares, dans les terres du Sud.

Il avait profité du retour de ces jours cléments pour cueillir tout ce dont il avait besoin, et qui venait s'additionner aux plantes d'hiver prélevé avant la fin de cette saison. Sur une roche, il avait ainsi tout disposé, à la vue de ceux qui deviendraient élèves en ce jour. Derrière, une succession d'aiguilles, de petites bobines de fils, de mortiers.
Il était important que la jeune génération sache se soigner.
Que ceux n'ayant encore trouvé leur voie, la découvre possiblement dans l'une de ses leçons. Celle-ci, ou l'une des autres ; cela n'avait pas d'importance.

Lorsque les loups, d'un âge avoisinant celui de ses enfants lorsque ce n'était pas l'un de ses enfants lui-même, à peu d'exception prêt, arrivèrent, il les salua tour à tour d'un hochement du museau et d'un geste de la queue, peu disposé à trop parler avant que ne commence cette leçon.
Il avait tout préparer.
Et il semblait déjà suivre le schéma de son cours, celui bien établit et auquel il se tiendrait, profondément ancré dans ce qu'il se fixait comme objectif.
Lorsque les arrivées cessèrent, Désastre commença alors :

« Bonjour et bienvenue dans la tanière des panseurs.
Je vous initierais aujourd'hui aux soins et à l'herboristerie, au travers de plusieurs leçons. Si je tacherais de vous apprendre au mieux, certains sujets ne pourront pas être approfondis : je vous ferais parvenir les ouvrages nécessaires, ou resterais à votre disposition à la suite de ce cours, si vous souhaitez en savoir plus.
De même, les thèmes non abordés pourront l'être à la fin, à votre demande.

Le cours, lui, sera constitué des unités suivantes.
Mmh.
Nous commencerons par une présentation des plantes les plus utiles se trouvant sur notre territoire, entrant en majorité dans nos soins. Je vous montrerais aussi la carte faite avec ma consœur Helga, décédée, pour savoir où se rendre pour trouver certaines plantes.
Avec ses plantes, nous élaborerons ensuite des billes d'argiles, utile pour se soulager en pleine action. C'est ainsi, que l'on peut soigner ou se soigner rapidement en combat.
Enfin, je vous montrerais comment suturer une plaie, pour en contenir le saignement, et y appliquer les premiers secours avant de rentrer à la tanière des panseurs et disposer de soins approfondis. Nous y verrons aussi de rapides diagnostiques, pour avoir une idée de la conduite à tenir face à certaines blessures ou symptômes.»

Il se stoppe, deux secondes.

« Nous allons commencer.»

Désastre n'avait jamais été enclin à perdre trop de temps.
Et c'est donc derrière le rocher contenant les plantes, qu'il se plaça, attendant que s'approche ses élèves du jour.

La présentation des plantes.
C'est par cela, que Désastre commencera.
Ignorant le bac d'argile positionné à côté de celles-ci, et le petit matériel qu'il leur ferait par la suite manipuler, Désastre se focalisa sur la première unité du cours.

« Sans surprise, la plupart de ces plantes ont été récoltés au printemps. C'est une saison importante, lorsqu'on est panseur. Celle où il est important de prévoir ses stocks, surtout pour les bourgeons et les fleurs, qu'il est alors possible de faire sécher pour les conserver. Les racines et l'écorce, elles, ont l'avantage de pouvoir être prélevées durant toutes les saisons, l'hiver et l'automne rendant leur broyage plus aisé de part le repos végétatif, la sève ne coulant plus permettant à l'ingrédient d'être plus sec.»

Les arbres gardaient alors une plaie béante, qui finissait par sécher, parfois, à nécroser. Ce n'est pas un mécanisme auquel il s'était intéressé, n'ayant d'intérêt que pour ce qu'il y prenait.

« La plupart des plantes disposent de propriétés propres, et chaque partie de celle-ci pourra en avoir des différentes. La dose de plante que l'on administre est aussi importantes : si pas assez est inefficace, trop peut devenir un poison.
Une plante pourra être sédative, c'est à dire qu'elle endort, stimulante, qu'elle réveille, vulnéraire, qu'elle aide à la cicatrisation, antiseptique, qu'elle contre les infections, antibiotique, qu'elle bat les bactéries, ou encore anti-inflammatoires, qu'elle combat l'inflammation. Il y a bien d'autres propriétés, découlant de celles-ci, mais retenez ceux-ci comme étant les principales.
...
Des assemblages de plantes, pour obtenir un onguent particulier, est aussi possible. L'action combinée de plusieurs plantes offrent parfois de meilleurs résultats que l'usage d'une plante seule, ou permettent de multiplier les propriétés. Mais il faut prêter attention à ne pas faire de mauvais mélanges, sous peine de causer des effets indésirables. Une plante laxative avec une plante constrictrice pourrait donner un mal de ventre au patient, par exemple. »

Il ne rentrerait dans ce qui tenait de la diurétique, de l'antispasmodique, ou autres propriétés de ce type. En une journée, il lui fallait faire un condensé. Savoir cela leur donnerait un avant goût de la phytothérapie, et ils seraient libres d'approfondir leurs connaissances sur ce sujet par la suite.
En attendant...
Il désigna la première plante, sans plus de transition. Il veilla, toutefois, à ce que ceux prenant des notes cessent d'écrire, avant de poursuivre.

« Le thym. En abondance dans les dents de rocs. L'une des plantes les plus reconnues pour lutter contre les affections respiratoires comme le rhume, la bronchite ou le mal de gorge. Similaire au romarin, on le trouve au-même endroit. Vous le différencierez surtout à l'odeur. Lui est utile pour les rhumatismes, et pour son effet stimulant.
Les feuilles de ronces se trouvent un peu partout sur notre territoire. Ce sont des puissants anti-inflammatoire, elles-aussi.
Dans la rougelande, vous trouverez de la reine des près, utile pour soulager les douleurs. Ce sont ses sommités fleuries, qui sont ici utilisées.
...
La mousse se trouve plus fréquemment au marais, et permet, une fois nettoyée, d'être imprégnée d'un soin et appliquée sur une blessure. En même temps que le sang y est contenu, le soin reste en contact avec la zone à traitée. On pourra, par exemple, l'imprégner de consoude pour soulager une fracture, une entorse ou l’arthrose. La consoude se trouve aux abords de nos points d'eau, ou à l'entrée de la pinède.
La lavande, sur plaie ouverte, se veut anti-infectueux. Cette plante pousse en été aux abords du castel. Sur les falaises littorales, vous trouverez surtout de la bruyère, dont les fleurs agissent sur les troubles urinaires, et contre l'insomnie, mais aussi de l'eucalyptus, ayant une action antivirale et antibiotique.
Le pavot est un sédatif à doser avec parcimonie, mais bon allié pour oublier ses douleurs. Ce sont les cosses, qui nous intéresse le plus.»

Il pourrait encore en citer beaucoup.

« Si ce sont des plantes majoritaires sur notre territoire, ce ne sont qu'un petit fragment de toutes celles qui existent. Elles doivent être plusieurs centaines. Des milliers, peut-être. »

Il se retourne vers une carte, pour mieux la désigner.

« Comme évoqué, ici paraissent les plantes médicinales présentes sur le continent. N'hésitez pas à vous y référer, si vous en chercher une en particulier. »

Il se rassoit, un peu plus loin que la carte.

« Si vous souhaitez en savoir plus sur les plantes médicinales, je vous invite à ouvrir un recueil pour apprendre à leur sujet, car cela pourrait constituer le thème de plusieurs cours sur plusieurs jours. Si vous n'avez pas compris quelque chose, je peux aussi réexpliquer.
Sinon, nous allons pouvoir passer à l'élaboration de bille d'argiles.
...
Mmh.
Parmi les plantes citées, lesquelles seraient les plus pertinentes à utiliser pour un combattant ayant besoin d'un soin immédiat en plein combat ? »

Au-delà de son monologue, il était important qu'il fasse collaborer les loups présents. Il croit.