Petite curiosité | Cheza (fini)

Uma était de retour au dédale, où un certain loup ocre lui avait fait bonne impression la dernière fois qu’elle y avait mis les pattes. Cette fois-ci cependant, il ne faisait pas nuit. Elle avait pris son courage à deux pattes afin d’explorer ses environs à la lumière du jour, augmentant donc encore plus ses chances de tomber sur de la compagnie. Chose qu’elle n’était curieusement pas contre l’idée…

La blanche devenait plus à l’aise sur ces terres, commençant à reconnaitre les chemins et ses cachettes, où les meilleures proies se cachaient, où il ne fallait pas aller pour avoir le pelage sale, etc. Elle avait vraiment crût être épanouie dans la solitude, mais parfois, les journées se faisaient longues. À présent au courant que le clan Nakhus n’était pas un groupe agressif et assez accueillant envers les solitaires, elle était bien moins stressée de revenir sur leur territoire. Peut-être allait-elle revoir Jun ?
Elle aperçut l’entrée de la grotte, mais garda une distance très raisonnable, elle ne voulait pas tomber museau à museau avec quelqu’un et lui faire peur (comme la dernière fois). De plus, c’était plus poli de se faire remarquer par autrui en avance et de s’assurer que la personne voulait avoir de la compagnie ou pas.

Faisant semblant de s’intéresser à autre chose que l’entrée des Nakhus, Uma s’occupa à cueillir quelques fleurs pour son plaisir. Elle adorait l’odeur et leur beauté. Peut-être pourrait-elle en mettre dans sa chevelure pour changer un peu de style ? Non, c’était idiot, elle allait ressembler à un buisson…

Agençant sa petite cueillette et les posant en dégradés sur le sol, elle entendit des petits pas légers, un enfant ? Si elle avait continué de seulement apercevoir le nouveau venu du coin de l’œil, elle l’aurait pris pour un gros oiseau. Elle n’avait jamais rien vu de tel, dans son monde à elle, les loups ne ressemblaient pas à ça ! C'était tout simplement fascinant, le nombre de nouveautés qu'elle avait pu voir sur ces terres. À présent ses yeux étaient scotchés sur le mioche, tout mignon avec son ensemble d'hiver. Peut-être que ses plumes n'étaient pas suffisantes pour la température froide ? Elle arrêta de se questionner, car le petit avait parlé, larmes aux yeux.

À la vue de sa sensibilité, elle s’approcha du petiot pour le consoler.

« Oh, elles ne résisteront pas à l’hiver malheureusement, regarde bien. »

Légèrement asséchées, il y avait eu un moment où ces fleurs furent bien plus rayonnantes et en santé. C’était une question de jour avant qu’elles deviennent jaunâtre et qu’elle périsse dans la poudre blanchâtre.

« Mais elles repousseront au printemps, ne t’inquiètes pas. » dit-elle avec un clin d’œil complice.

Uma écouta attentivement le jeune loup coloré, fascinée par la nouveauté qu'il faisait face. Il était si jeune, encore si naïf et adorable. C'était à cet âge-là que les louveteaux devenaient des éponges à informations et qu'ils apprenaient à découvrir leurs passions, leurs forces et faiblesses.

« Car elles sont trop fragiles pour ce climat, mais elle restent dans le sol, elles dorment, en quelques sorte. »

Les petites plantes à fleurs, si jolies, mais si délicates. Comme Uma, comme ce petit loupiot. Elle adorait les enfants, surtout ceux qui étaient calmes et curieux comme le petit plumé. Elle continua son explication.

« Les fleurs se réveillent généralement au printemps, après la disparition du grand froid. »

Sa queue d'ébène remua la neige gentiment, faisant partir quelques flocons au vent. Elle avait effectivement dit généralement, qui sait, peut-être qu'il y avait des fleurs hivernales ? Elle était encore jeune elle aussi, ce monde était aussi nouveau pour elle que pour le petit.

« Je suis Uma, et toi ? », dit-elle finalement, en se pointant elle-même.

Son habitude de parler avec les pattes ne partira jamais. Étant élevé par une louve sourde, les signes étaient sa première langue après tout.

Le petit semblait moins inquiet à présent, soulagé du destin des fleurs. Uma lui rendit le sourire. Elle était contente qu'il n'ait plus les larmes aux yeux, elle ne se pardonnerait jamais de faire pleurer un louveteau ! Il restait plus que ses parents à arriver et elle aurait dû mal à s'expliquer sans se faire chasser du territoire...

« Enchantée cher Cheza. » dit-elle suivit d'une petite révérence.

Nom unique pour un loupiot unique, ça s'accordait bien ! Elle se demandait si elle avait déjà rencontrer un de ses parents lors d'une exploration du territoire, mais elle n'avait pas encore tombé sur un loup au plumage comme le sien.

« ... Dis ...Tu viens d'où ? »

Voilà que Cheza était aussi curieux envers elle, ce qui était mignon.

« De très loin, il n'y a pas vraiment de nom en fait. J'ai voyagé pendant plusieurs lunes pour me rendre ici, ça me plaît comme endroit. Toi tu es né ici, n'est-ce pas ? »

Elle allait soustraire son passé de clan violent, gardant cette version pour un public plus adulte et plus proche. L'important était qu'Umaïma ne faisait plus partie de cette bande et qu'elle pouvait enfin créer son propre futur.

Sa proposition était touchante, petit loupiot qui était encore ignorant des dangers que le monde habitaient.

En espérant qu'il garde cette innocence le plus longtemps possible, pensa t-elle.

« Ah, ne t'inquiètes pas pour moi, j'ai ma propre tanière pas trop loin d'ici. », dit-elle en pointant du museau les montagnes célestes plus loin. « Et puis... ne t'en fais pas Cheza, je suis bien d'accord avec ta mère. De toute façon, les loupiots comme toi ça grandit vite vite vite, comme des mauvaises herbes ! Tu vas pouvoir explorer par toi-même plus vite que tu le penses ! »

Elle lui tapota légèrement la tête, ne voulant pas trop influencer le jeune loup vers une voie de rébellion. Elle avait espoir pour lui, car le petit coloré avait l'air d'être attentif et intelligent. Suite à son mouvement tendre à son égard, un vent frisquet traversa les deux loups, ne surprenant pas trop Uma qui s'était accomodée à la froide température.

« Tu es ok petit bonhomme ? »

La louve ne voulait pas qu'il attrape un rhume ou qu'il ait une engelure, le pauvre, il avait déjà des accessoires pour se garder au chaud après tout ! Au moins, ce qui la rassurait, était que la tanière était juste là au cas-où.

Umaïma accompagna le petit plumeux vers l'entrée de la tanière, par politesse, mais surtout parce qu'elle en avait sincèrement envie. Elle savait qu'à cet age-là, quand les bâillements commençaient, ça prenait que peu de temps avant de se prendre un roupillon ! Il serait dommage qu'il fasse la sieste dans une température aussi inconfortable !

« Au revoir Cheza ! », dit-elle doucement en le voyant s'éloigner.

Elle attendit qu'il entre et qu'il ait l'air d'être bien à l'abris, au bout de quelques instants, elle ne le vit plus car la grotte était si profonde. La louve ignorait si ce terrier était grand, mais elle ne s'inquiétait pas pour le petit, des membres de son clan allait pouvoir lui venir en aide s'il commençait à tourner en rond.

La solitaire soupira, contente de sa rencontre d'aujourd'hui. Elle reprit son chemin, se décida d'aller à la chasse et de ramener son butin chez son propre abris. Elle n'oublia pas aussi de prendre les fleurs qu'elle avait soigneusement cueillit quelques temps auparavant.