Remplacement ✡ Helga

Helga

Elle était habituellement en train de travailler avec Perrine, à cette heure. Malheureusement elle avait été prise d’une indigestion alors elle était allée se reposer pour le reste de la journée, en maugréant contre sa propre bêtise d’avoir décidé de manger autant de fruits le jour avant. Helga lui avait apporté une soucoupe d’eau un poil salée et sucrée, pour qu’elle ne se déshydrate pas, et s’affairait maintenant avec Rafale, qui s’était blessé une aile.
Taehyung attendait à coté, un serpent mort attaché à la patte. Ce n’était pas un serpent venimeux, alors ce n’était pas très inquiétant, mais il restait que c’était un peu drôle qu’il n’arrive pas à l’enlever lui-même.

Helga était entrain d’attacher une attelle à l’aile gauche de Rafale avec grand mal lorsque Désastre arriva. Elle tourna la tête depuis sous les plumes de son patient et adressa un grand sourire à son camarade.
Rafale était plus grand qu’elle et bien qu’il fût assis, il n’était pas capable de l’aider pendant qu’elle attachait l’attelle, et elle avait beaucoup de mal à tout tenir en place en même temps qu’elle attachait des bandeaux de tissu pour la maintenir conter l’aile.
« Salut ! Tu tombes à pic ! Est-ce que tu pourrais m’aider avec l’attelle de Rafale, s’il te plait ? » demanda-elle joyeusement à l’autre Panseur.

Ils avaient très peu parlé tous les deux. Même lorsqu’ils avaient travaillé ensemble, ils ne s’étaient pas beaucoup parlé, ayant des travaux simples mais efficaces chacun de leur côté. C’était bizarre comme on pouvait vivre ensemble et travailler ensemble sans se connaître.

Helga

Il vint l’aider sans plus de façons, et proposa d’attacher l’atèle pendant qu’elle la tenait. Efficace mais silencieux, elle n'avait rien à redire.

« Ok » dit-elle, en la soutenant avec ses pattes pour qu’elle reste contre l’aile du loup sombre. Désastre fit un travail rapide, et en quelques minutes, l’atèle était fixé. Helga aida Rafale à rejoindre la sortie -il faisait plus de drama que n’était nécessaire, il avait mal à l’aile pas la patte, mais bon- puis se retourna pour aider Taehyung. Elle se sentit un peu mal à l’aise. Sans dire bonjour, ni demander comment c’était arrivé, il se mit au travail sur l’autre patient. On aurait presque dit qu’il désirait expédier son travail, pour pouvoir finir au plus vite. Elle sourit à leur patient, et lui posa quelques questions, pendant que Désastre détaillait le serpent.

Comment c’était arrivé ? Dans la gorge en bas du camp.

Est-ce qu’il avait mal ? Combien sur 10 ? Un 5, très inconfortable.

Désastre décida d’enlever les crochets, et Helga attendit avec un bout de linge propre, en entamant une conversation avec Taehyung sur sa dernière patrouille, pour le distraire de la douleur qui le prendrait lorsque les crochers bougeaient. Dès que le serpent fut enlevé, la plaie se remit à saigner, et elle posa le linge dessus, et appuya, pour stopper le saignement, en continuant tranquillement sa discussion. Distraire, ça marchait souvent mieux que les calmants. Une petite discussion par-là, une petite anecdote par ici, et la douleur passait au second plan. Elle enleva le linge, et confectionna un bandage autour de sa patte. Elle lui conseilla 2 ou 3 jours sans courir, le temps que ça cicatrise, et de changer son pansement tous les jours, ou de venir les voir pour ça, ou si ça lui faisait mal. Il partit en boitillant avec quelques feuilles à mâcher s’il commençait à avoir mal, et Helga lui fit au-revoir de la patte avant de se retourner vers son camarade.

« Super efficace ! Il n’y a pas grand monde d’autre pour le moment… Mais j’attends Perrine tout à l’heure si elle ne va pas mieux elle passera prendre quelque chose. »

Ses oreilles firent un sursaut vers l’arrière avant de se redresser. Elle avait un mauvais présentiment. Cette indigestion, survenue le matin, tirait sur un symptôme d’une toute autre affliction. Mais son sourire revint rapidement pour faire face à Désastre, en lui tendant la moitié d’un tas de tissu propre, lavé ce matin par ses propres pattes, qui devait être déchiré en bandelettes et repliés pour rentrer sur les étagères.

« Tu fais quoi, d’habitude, les après-midis ? On ne te voit pas souvent de garde. » demanda-elle, en déchirant un morceau de tissu blanchâtre en bandes avec ses pattes rincés à l’eau et à l’alcool.

Helga

Elle pencha la tête et l’écouta avec soin, en déchirant des bandes bien moins identiques. Mais toute bande serait utile, les plus petites pour les enfants, les plus grandes pour les adultes, bien que son travail eût de fait l’air moins milimétriquement maitrisé que celui de Désastre.
Elle fit la moue, ses oreilles retrouvant ce léger sursaut vers l’arrière en parlant de Perrine.

« Mh, je ne pense pas. Elle avait déjà la nausée hier matin, moins prononcé… Ses cheveux sont plus brillants depuis quelques semaines… Non, je la pense enceinte pour tout dire, mais on pourra palper son ventre pour vérifier… Pfu, si seulement on avait encore des loups qui pouvaient sentir les auras, ce serait bien plus aisé. » soupira-elle. Elle espérait cacher sa propre déception derrière celle, moins forte, de ne plus avoir les panseurs avec des pouvoirs pratiques.

Elle n’était pas sûre de pouvoir sentir grand-chose, c’était un peu tôt encore, à son sens. Mais son odeur devrait la trahir, ainsi que celle de ses urines, si elle était enceinte. Elle lui en avait demandé un échantillon, au cas où. C’était drôle que Perrine n’y ait pas encore pensé d’elle-même, à la gestation, mais le soignant pense parfois au pire avant qu’au meilleur, lorsqu’il s’agit de sa propre maladie.

Elle écoute sa journée. Elle semble bien remplie, il semble en effet préférer les blessures de combat, c’est compréhensible. Cela ne saurait faire de lui un panseur moins bon qu’elle, juste un différent, et il faut de tout, chez les panseurs. Elle serait bien moins apte à aller au combat pour soigner, elle l’a bien découvert avec sa sortie avec Holly et ses élèves… Mais peut être, avec un peu d’entrainement pour son pouvoir, pour l’apprivoiser plus… et des recherches, des nouveaux remèdes qui rendraient ses soins plus efficaces, plus précis. Elle y songe tous les jours. Ses oreilles se sont redressés, alors qu’elle écoute Désastre, et qu’elle commence à imiter ses mouvements pour déchirer les bandes, qui se font plus identiques entre elles.

« Oui ! Tu es super efficace et rapide, j’imagine que c’est essentiel sur le champ de bataille… Je suis sure que Tawana est très fier du panseur que tu es devenu ! Tu étais son élève quand on était plus jeunes, non ? »

Elle avait un peu moins de deux ans, quand il était venu au monde. Il n'avait eu que mère, alors qu'elle n'avait que père. Les deux étaient distants, elle pensait qu'elle le comprendrait mieux, ou qu'ils s'entendraient peut être, un jour ... Mais sa mère avait toujours été avec lui, et elle était déjà Nourrice/Panseuse à ce moment là. Elle récupéra ses bandelettes, et les enroula avec ses pattes en discutant.

« Pour ma part c’est moins mon truc la baston, mais c’est quand même une expérience formatrice ! Par contre, c’est dur de se soigner soi même et les autres en même temps, j’ai failli y laisser mon pelage, ma parole. »
Elle les pose dans une boite en bois, et la glisse sur une étagère de pierre, accessible pour même le plus petit des panseurs. Parfois, les plus grands loups, comme Tawana ou Désastre peut être, posent des trucs sur les plus hautes étagères, à son grand désarroi, elle qui doit se mettre sur la pointe de ses pattes arrière pour atteindre à ce moment-là.

Elle sort d’une plusieurs sacs de cuir des brindilles séchés au soleil la semaine passée, qu’il faut attacher ensemble pour faire des petits bouquets, qui serait rangés sur des étagères, ou suspendus à des fils qui tombent du plafond dans la partie la plus fraiche de la tanière. Les petites lanières en fil tressé aussi, elle les sort, et elle propose sans un mot à Désastre cette autre activité de rangement. Ce n’est pas la garde la plus intéressante du siècle, c’est sur.

« Tu vas voir Kiro si souvent ! C’est admirable ! »

Elle penche la tête, curieuse.
"Tu danses ?"
Comment, se demande-elle ?

Elle attache de la menthe séchée, en faisant des tours autour avec du fil.

« Je ne vais voir Dairo qu’une fois par lune, avec une offrande. La nuit de la pleine lune, le plus souvent. J’essaie de lui écrire des vers, ou d’imaginer une histoire avec une morale. Et puis une proie, bien entendu. »

Peut être n’est ce pas clair, elle conte donc sa journée type :

« Je prends les créneaux du matin, ou de l’après-midi. Généralement, trois jours le matin, trois jours l’après-midi, et cetera. Dans le restant de la journée, je vais chercher des herbes et des plantes, dans les montagnes très souvent, c’est ce qui prends le plus de temps, mais toujours chez nous. S’il n’y en a pas besoin, j’allais m’occuper des enfants. J'adore faire ça, leur conter des histoires surtout. Ils se font une idée du monde qui m'échappe, moi, adulte, surement parce que j'en connais trop pour laisser libre cours à mon imagination. C'es auprès d'eux que je me sens la plus proche de Dairo, j'ai l'impression de plus imaginer que quand je suis seule. Du coup, je fais nourrice pour les parents occupés, mais en ce moment, il n’y a pas beaucoup de petits ! Alors je lis l’encyclopédie herboriste -edition 3-, je l’ai emprunté à la bibliothèque des Nakhus. J’ai commencé à le recopier, j’aimerai qu’on en ait un exemplaire chez nous, les nôtres sont pas du tout aussi complets. »


Elle finit d’attacher son dixième bouquet, et le posa dans un récipient en pierre, ayant finit sa besace. Elle montra d’un coup de tête, deux couvertures de cuir qui dépassaient de sa besace, posée dans un coin en dessous des étagères. Elle se redressa et elle en sortit une grande feuille de parchemin enroulée qu’elle déplia avec précaution sur le sol. Dessus, Punk Wolf, dessiné d’une patte un peu hésitante, mais reconnaissable.

«  J’ai commencé à faire une carte des terres que je connais, où je répertorie toutes les plantes qui y sont listés, et celles que nous connaissons. Quand elle sera finie, je pense l’afficher dans la tanière des panseurs. J’ai mis les meilleurs endroits que je connaisse, chez nous, mais pour le reste des terres, je ne suis quasiment jamais sortie, alors je me suis fiée au livre ! »

Elle posa la patte sur les anciennes terres Lazuli. Aucun lieu n’avait de nom, depuis la grande sécheresse, les livres de géographie n’avaient été mis à jour, et elle n’avait certainement jamais voyagé là bas pour pouvoir constater les lieux.

« Mais ici, je ne connais rien. De plus, il y a des rumeurs d’une cave aux plantes étincelantes, et j’adorerai y jeter un coup d’œil. Au hasard, tu en connaitrais un peu, toi ? » demanda-elle, avec un sourire.

Elle avait demandé à Perrine, qui avait fait une moue, et corrigé un truc écrit au charbon dans la Rougelande pour le décaler de trois centimètres à gauche, avant de dire que pour le reste, elle n’en savait fichtrement rien. Perrine n’était pas grande aventurière, et soupirait souvent à la curiosité aventurière de sa collègue, qui s’était pourtant jamais aventurée nulle part.

"Si tu vois des choses à corriger, n'hésite pas !"
Elle avait toujours un bout de charbon sous la patte.

Helga

Elle sourit un peu. Elle ne sait pas si elle irait jusqu’à appeler ça comme ça … Boarf, et encore, c’était vrai. Elle hocha donc la tête.
« Oui. Si j’ai raison, je pourrais te montrer comment bien diagnostiquer une grossesse, si Perrine vient, et si tu veux ? »

Ensuite, elle l’écoute avec grande attention. Il est très humble, Tawana serait fier, mais conscient de ses qualités : c’est nécessaire chez un soignant. Savoir quand se retirer de l’image sans s’accrocher à ‘c’est mon patient’ par hubris et fierté. L’entêtement de soigner là où on ne sait faire, ou là où il serait mieux de ne plus soigner : voilà ce qui pouvait causer bien des maux.

Elle sourit ensuite, lorsqu’il parla de Tawana. Elle aussi, respectait beaucoup le soigneur, qui savait très bien son métier, et qui était très bon à l’écoute autant qu’au soin. Elle avait beaucoup appris aussi, jeune, de lui. Certes, elle n’avait pas été son apprentie, mais le regarder exercer lui avait appris des choses lorsqu’ils travaillent ensemble.
« C’est vrai. Je pense qu’on n’arrêtera jamais d’apprendre … ou au moins, je l’espère : la vie serait bien décourageante s’il n’y avait plus rien à découvrir. » soupira-elle.

Puis, il ne perçoit pas sa curiosité. Avec l’impression qu’il n’est pas forcément réticent à en parler, elle avance timidement :
« Comment tu fais, pour danser ? »

Elle avait vu des images de loups qui dansaient, dans un livre sur les mœurs lupines, mais cela lui paraissait très, très compliqué, comme gesticulation. Surtout que certains livres étaient clairs que danser, ça se faisait à deux. Ca paraissait très intime, comme rituel : est ce que Désastre avait un lien très, très proche avec Kiro ? Ca ne la surprendrait pas de Kiro, mais de Désastre peut être un peu.

Ses yeux s’illuminent, et elle se tourne vers lui.
« Oh ! Waw, je serais ravie de le lire, si tu veux bien me le prêter ! Il parle de quoi ? » demanda-elle, intéressée. Qui avait pu laisser un livre là-bas ? Des loups du passé ? Pourquoi ne pas l’avoir mis à la bibliothèque, là où tous les livres étaient gardés ?

Il regarde ce qu’elle a fait, et à son grand bonheur, il semble intéressé. Son compliment la fait même un peu rougir, et elle repousse ses cheveux de ses yeux vairons en souriant très sincèrement. Elle souriait tout le temps, car elle savait que cela mettait à l’aise, et qu’on lui faisait plus confiance lorsqu’elle paraissait joviale, mais ce n’était pas souvent qu’elle souriait d’être aussi touchée. Elle avait eu peur qu’il trouverait ça bête, elle n’avait rien montré aux autres pour cette raison. Tawana l’avait encouragée à parler à Désastre de son projet, et il avait eu bien raison.
« Oh … c’est dommage, j’aurais aimé voir ce qu’on y trouvait… » soupira-elle.
Il corrige quelques choses et rajoute des inscriptions et elle se penche pour voir avant de hocher la tête. D’accord, c’est très bien, elle note aussi un endroit qu’elle ne connaissait pas, pour la menthe.
Elle se redresse avec un grand sourire, un merci au bord des babines, et soudain un mot l’arrête, et ses oreilles se couchent.
Quetzalcóatl. Ce mot, cette étrange prononciation, ramène en elle des souvenirs. Des souvenirs de sa sœur jumelle, à qui elle ressemble comme une goutte d’eau.

« Quetzal-… serpent ? Qu’est-ce que c’est, un quetzal ? » demande-elle, ses yeux vairons trouvant les siens. Ca devait voler, d’après ce qu’il lui disait.
Coatl. C’était son surnom pour Salazar, surement parce qu’il avait sa vipère de compagnie. Elle, elle avait eu un surnom moins beau. Cacalachin. Cafard. C’est Rowena qui lui revient à l’esprit. Elle était panseuse, avec elle, ça amusait les petits de l’époque, qu’elles se ressemblaient autant. Elle était intelligente, pas de doute là-dessus, mais parfois, elle soufflait des mots incompréhensibles en regardant quelqu’un. Elle avait été élevée par une solitaire, qui lui avait appris une langue qui n’était pas celle des Etelkrus, ni d’autres loups de punk wolf. Alors Helga avait cherché dans les livres sur les langues de la bibliothèque, et elle avait reconnu quelques mots. Elle avait craint cette sœur jumelle, revenue de nulle part, qui murmurait insultes quand elle se pensait seule. Mais elle était partie, avec un autre panseur, et n’était jamais revenue.

Peut être que soudain, à la lumière du glowstick orangé, on remarque à quel point elle est copie conforme. Les mêmes yeux vairons. Les mêmes marquages, que Helga tente de cacher sous des guêtres jaunes pour ses pattes arrière. Les mêmes cheveux. Helga n’est différente que par les accessoires qu’elle a choisis, et sa façon de se coiffer, finalement. Assez pour qu’on ne l’assimile pas à sa sœur. Mais toujours, elle coupe ses cheveux, ne les laissant jamais pousser et ne faisant jamais de tresse, de peur qu’on voit en elle le fantôme du passé.

Elle se reprends. Ses souvenirs s’en vont, doucement, elle se rappelle que sa sœur n’est plus là, mais se demande pourquoi Désastre utilise presque le même mot.

« Merci beaucoup, je serais ravie de ton aide ! Tawana m’avait dit de venir te parler de mon projet, en vérité. Il a fait beaucoup d’éloges de toi ! J’avais peur d’en parler… j’avais peur qu’on trouverait ce projet bête. Merci, si un jour tu avais du temps, j’aimerai beaucoup aller voir où on peut trouver d’autres plantes, avec toi. »

Helga

Elle hoche la tête. Elle lui montrerait donc, dès que possible, si ça pouvait servir.

Puis elle écoute avec curiosité l’histoire de la danse. Ah, c’est donc une danse qui se fait seule. Cela lui paraît particulièrement complexe, mais elle se dit que s’il danse pour son dieu, il doit avoir maitrisé la danse. Elle aurait voulu essayer, elle aussi, la danse. Ça paraît si bien, de bouger en rythme, de danser l’esquive… Mais elle n’esquive pas très bien, alors peut être lui faudrait-il s’entrainer pour l’esquive d’abord !

Elle note dans un coin de sa tête, pour le livre. Elle a très envie de l’ouvrir maintenant, de le feuilleter, mais cela devra attendre. Elle viendra l’embêter dans le futur, peut-être, pour savoir quand elle pourra avoir ce livre.

Elle écoute avec attention. Un dieu d’ailleurs. Elle ne sait pas si elle y croit, qu’il puisse y avoir d’autres dieux que les leurs. Elle penche la tête en y pensait. Un dieu qui ne soit pas loup ? Mais c’était un beau don, celui que Kiro avait donné à Désastre. Elle aurait bien aimé quelque chose comme ça. De moins compliqué. De plus joli.
Elle lui sourit, lorsqu’il dit ça.
« Merci beaucoup »
Elle se doutait qu’il disait ça comme un fait, et pas un compliment, mais c’était quelque chose de gentil à dire, s’il pensait que c’était la vérité.
« Est-ce que tu aurais tu temps ce soir et demain ? Je pense que ça nous prendra un moment pour y aller, puis pour bien chercher le territoire qu’on aura délimité, puis revenir. »

Elle attendit la réponse, puis entendit des bruits de pas. Elle la reconnaissait avec ça. Perrine.
Elle passa sa tête lavande et rose par l’entrée de la grotte, et fit un petit signe aux deux panseurs dans la grotte. Elle avait déjà travaillé avec les deux, elle était connue de tous, Perrine, comme un amour de panseuse, sur qui on pouvait toujours compter.
« Coucou ? Vous aurez un peu de temps ? »
Helga s’avança, certaine que Désastre viendrait aussi.

- Oui bien sur, ça ne va pas mieux ?
- J’ai toujours mal au ventre, c’est que ça ne part pas.
- Je peux y jeter un coup d’œil, à ton ventre ? Désastre aussi ?
- Pfu, oui, pas de soucis !

Helga se pencha dessus et passa rapidement ses pattes sur le ventre de la louve qui venait de s’allonger sur le coté. Elle appuya un peu, comme un félin qui malaxe, mais d’une patte, cherchant des résistances.
-Je cherche si tu as quelque chose dans le ventre qui va pas…
Puise elle tâta les mamelons de la louve, et pointa ses oreilles en avant.
-C’est un peu dur par ici, tu l’avais senti ?
Perrine fait des yeux ronds en regardant son ventre, sachant immédiatement ce que ca voulait dire. Helga lui posa une patte sur l'épaule en souriant. Au fond de sa gorge, un triste noeud se formait.
- Félicitations ! Est ce que Désastre peut voir aussi ?

Helga désigna les mamelons de la louve, qui s’étaient endurcis un peu, signe d’une grossesse, pour que Désastre puisse vérifier lui aussi. Elle n’était sans doute pas a un stade assez avancé pour qu’on sente les bébés dans son ventre, mais on pouvait quand même vérifier. La perte d'appétit aussi, c'était un signe de grossesse chez une louve, parfois accompagné de nausées.

- Sapristi ... Je vais être maman soufflait Perrine.