Lamentations d'un cœur meurtri l Calypso - Abysse

Abysse marchait le long de la plage, la langue pendant de sa gueule, pour ensuite revenir vers le coeur de l'île. Il cherchait sa compagne, Ann, pour lui proposer une balade maritime. Une petite séance tranquille de nage et de papotage rien que lui et elle. Mais sans pouvoir la trouvée, il tombait sur quelque chose d'intéressant. Un coquillage, bien rond. Amusé par l'idée qui germait, voilà qu'il tape dedans avec ses pattes et se mit à jouer avec longuement. Pourquoi il le faisait, parce que c'était drôle de faire rouler quelque chose sur le sable, c'était amusant de chercher après, et de recommencer ensuite. De longues minutes le vieux mâle s'amusait, et fini par laisser son jouet de côté.


Jamais il n'aurait cru la scène suivante se produire. Une voix.. Qu'il ne connaissait pas, fit dresser ses oreilles pointues vers le ciel. Attentif, soudain sur ses gardes, le mâle reste droit en cherchant la source de ce bruit inconnu. Plus qu'une simple voix, ce fut un contact qui se produisait ensuite. Sa crête se dresse brusquement, dans l'inquiétude de se faire attraper et tuer par quelqu'un. L'angoisse le submerge brutalement, la voix revient. Elle ne lui dit rien. Figé, elle s'éloigne, ce qui semblait être une femelle.


Elle raconte, ça mentionne papa,, maman, Écume. Et Abysse baisse les oreilles doucement. Comme si c'était un coup mortel que le destin lui donnait, "repense à ton fils mort, ta compagne dépressive décédée, et ta fille envolée." C'était qui ça? Un mirage? Un démon des océans venu pour le tourmenter? Le mâle recule, baisse la tête. Jamais il ne se dirait que c'était sa fille, l'odeur n'était pas celle qu'il avait dans sa mémoire, la voix n'était pas la même. Et le pire, il ne savait même pas si c'était elle en face. Juste, cette forme trop grande, plus large que celle de sa petite fille disparue.


"-Toi....toi être qui?" Fit Abysse doucement, sur la méfiance. Sa faisait mal dans sa poitrine, son coeur battait si vite.

Il avait des frissons Abysse. Comme des fourmis dans tout le corps aussi. Elle mentionnait encore le mot de fille. Elle connaissait le nom de sa princesse. La tête du mâle pivote à gauche, puis à droite, lentement dans l'unique espoir que quelqu'un vienne l'aider, mais il était seul, seul avec la femelle en face de lui. Seul avec sa douleur vive qui venait de renaître.


Ses babines tremblent, ses queues se laissent tomber le long de ses pattes. C'était dur de résister à l'idée que ce n'était peut-être pas elle, qu'il se faisait avoir par une fausse Calypso. Mais... Abysse était Abysse, même s'il était naif, c'était plus fort que lui de laisser passer ça. Et les larmes coulent le long de ses joues. Par pur instinct, ses narines s'ouvrent en grand, il renifle l'odeur, il retient la voix. Tout ça, portant le nom de la nouvelle Calypso.


Son coeur battait si vite, son esprit enveloppé d'un nuage gris. Doucement il s'approche, allant renifler ses cheveux, sa nuque, allant toucher son dos, son museau. Et il la serrait contre lui avec sa tête. Pour lui, c'était sa fille. L'océan lui aurait il rendu sa petite? Ce n'était donc pas une punition mais un cadeau? Allé savoir, pour l'heure, il était heureux et tellement déboussolé.

Le geste de la femelle se fit sentir par le mâle vert. C'était une étreinte mutuelle. Sa fille lui était revenue, saine et sauf. Et même s'il se demandait pourquoi elle avait disparu ainsi, s'il se mettait à douter soudainement sur sa propre part de responsabilité dans tout ça, il ne pouvait qu'être heureux à cet instant. En vrai, toutes les mauvaises, ou les choses tristes qui pesaient au dessus de lui, tombaient, fondaient comme neige au soleil. C'était sa fille.


Ses oreilles se baissent, se couchant sur son crâne avant qu'il ne brise ce contact, remuant timidement le bout de ses deux queues. Si seulement il pouvait la voir, voir son expression, voir comment sa princesse était devenue après tout ça. Si seulement, sa maman était encore là, pour la voir, pour la lui décrire, et ainsi partager ce moment tant inespéré.


Au-delà de savoirs, pourquoi elle était partie, une question lui trottait dans la tête à présent.


"-Toi, reste avec nous pour toujours maintenant? Ou toi vouloir juste venir, et repartir?" C'était une question sincère, savoir si ce n'était qu'une retrouvaille éphémère.. ou s'il pouvait espérer pouvoir vivre avec ses deux premiers enfants à ses côtés.