Ce qui touche le cœur ✡ Sakura

Les Alphas avaient parlés de chasse et de cueillette, pour préparer l'arrivée des jours les plus froids de l'hiver. Et si une grande chasse se voulait être en préparation, un évènement commun, lui, déjà, avait décidé de mener cette action. Il ne cherchait au travers de cette initiative l'une des places promises, il n'était pas fait pour ça.
Il n'était pas assez jeune, il n'avait pas été formé pour ça. Sa place s'était toujours voulu dans l'ombre, ainsi persisterait-elle.
Mais par l'approche de l'endormissement et de sa mue, par l'inconnue qui subsistait autour de la daté précise de la grande chasse, il avait voulu prendre quelques devants pour ne pas être inutile, et contribuer malgré tout à cet effort.

Au travers des dents de roc, il pouvait trouver tant plantes que gibier à ramener.

Il avait été cueillir ce qui calmait les maux de l'hiver, dépouillant quelques bosquets de thyms et de romarins, cherchant la menthe poivrée devenue rare par la venue du froid, s'en allant cueillir quelques fleurs de génépi, s'il en trouvait du moins. Elle n'était pas des plus fréquentes, à cette altitude, il n'en avait trouvé qu'une fois ici.
Sans doute retournerait-ils dans les monts pour aller la dénicher.
Les Monts.
Début d'obsession
Qui s'oublie à l'effluve d'un mouflon.

Ses oreilles se sont redressées, ses yeux dilatés. Il a aligné sa tête et sa queue avec son dos et s'est mit à poursuivre la trace de l'animal en des foulées amples et rapides, dans la mobilité retrouvée suite aux pattes cassées. Il peut à nouveau franchir les distances, il peut à nouveau courir.
Il se met d'ailleurs à le faire, lorsque surgit soudain l'animal : il a bondit au-dessus d'un buisson épineux et l'a surpris, en quelques pas rapides il saute sur son dos et attrape sa nuque. Il la bloque sous ses crocs, l'empêche de se retourner, de lui donner un coup de cornes.
La mort est rapide.
Il n'est de ceux qui font durer le supplice, il ne perd de temps dans ses exécutions.

Et satisfait, du moins probablement satisfait dans l'incertitude de ses émotions et de ses ressentis, il remporte les plantes et la proie vers le castel.
Jusqu'à ce que ne vienne, une autre effluve qui le fait se stopper.
Par le rang plus important, il s'impose un respect.

Ainsi il salut, silencieux, Sakura ici de passage.

Peut-être n'était-elle pas tant de passage, finalement.
Peut-être le cherchait-elle.
Elle s'est approchée et lui indique sa volonté de lui parler. Il se demande si elle vient en tant que conseillère ou bien en tant qu'amie, ses pensées oscillent entre les deux statues qui n'auraient su changer son écoute.
Il place droites ses oreilles, redresse le museau pour la fixer dans les yeux.

« J'ai du temps. »

Tout le temps qu'il faut, pour la conseillère. Une heure de créneau, pour l'amie.
Le sujet lui semble important, il lui semble même un peu pressant : elle s'en va déjà d'un pas rapide au travers de la forêts de pins des dents de roc, l'incitant de ce fait à le suivre.
Il le fit, à pas rapides pour la rejoindre après avoir disposé sa proie sur le côté et l'avoir recouverte d'une mince couche de terre grattée pour que la charogne n'attire à elle trop de prédateur, souhaitant en faire bénéficier sa meute plus que les lynx et les ours vivant ici.
Une fois à ses côtés, il se cale à son rythme.
Il ne sait pas où ils vont, pour être en privé.

Ce n'est pas la salle des trônes qu'ils s'en vont rejoindre, ni même le castel, ni même le temple d'Aka.
Il glisse vers elle un regard attentif, sans plus un mot.
Il n'attendait plus que les siens.

C'est d'un sujet, dont elle veut lui parler.

Alors Désastre écoute, se veut comprendre le moindre mot qu'elle prononcera. Rien ne doit tomber dans l'oreille sourde, tout se doit d'être entendu, acquis, assimilé.
...Il entend tout, mais il n'assimile rien.
Il ne sait pas ce qu'il doit répondre, aux sentiments qu'elle dit avoir pour lui. Il ne sait pas, ce que ça signifie, que de le dire à quelqu'un.
On ne lui a jamais dis. On ne lui a jamais appris.
Il doit le prendre comme un je t'aime beaucoup, de celui partagé avec Narcisse. Peut-être. Ou bien c'est autre chose, survenue lors de la rencontre avec l'amie licorne : peut-être disposait-elle d'un pouvoir qui les influençaient.
...
Les sentiments, ce n'est pas quelque chose de grave.
De ça, il est au moins certain. C'est une prise de conscience d'un état émotionnel : il l'a lu.
C'est ce qu'il y a entre des amis.
C'est ce qu'il sait. Il a du mal à le ressentir mais il doit en avoir lui aussi, la liaison aux émotions est difficile est cela doit être la raison de pourquoi il y arrive si peu.
On se le dit aussi ainsi ?

S'en retrouve rattaché à cela la compréhension de lui. Comment il va, comment il est.
...
Il se demande, si elle a trouvé : parfois, il ne sait pas lui-même, comment il va, comment il est.
La mission du Nord est évoquée. Il ne sait pas ce qu'elle veut dire, là non plus. L'unique but lui semblait être d'apprendre des autres, elle en a trouvé un autre.
...
Il se force, il s'échauffe, il tente d'assembler les propos. C'est important, qu'il comprenne. Il n'y arrive pas et cela le frustre.
Plus elle parle et plus les sentiments semble revêtir des aspects de maladie qu'il n'aurait su soigner.

C'est un sujet, elle l'a dit.
Mais qu'est-il, ce sujet ?

Encore les sentiments, encore, encore eux. Un point final à poser sur lui, encore lui.
Il la fixe d'un air flou, Désastre.
Et c'est vrai, qu'il n'est pas bavard, qu'il ne sait pas quoi dire à tout cela.
Il la fixe et ça l'embrouille, Désastre.

« Tu...es avec moi, Sakura. »
Elle n'arrive plus à réfléchir, elle l'a dit, c'est une mauvaise chose, ça.
Il ne sait pas à quoi d'autre elle peut penser. Peut-être que c'est de ne pas être avec lui, qui l'aide à réfléchir.
Elle focalise sur lui.
Pourquoi lui ?

Et puis, à la fin...

« Mmh.
Je n'ai pas compris. Le sujet dont-tu voulais me parler. »

Il est mal assuré.
Il lui a semblé important de comprendre, il n'a pas réussi.

Ce n'était pas être avec lui comme ça, mais autrement.
...
Et moins encore, Désastre comprend. Et plus encore, monte cette frustration qu'est-celle de se sentir inadapté en ce moment précis. Pourquoi lui manquait-il tant de données, sur ce qu'elle voulait traiter avec lui ? Il lui avait semblé maitriser assez les autres et les codes sociaux, pour pouvoir s'en sortir.
Il lui semblait aujourd'hui qu'il ne disposait d'aucune ressource suffisante.
...
Alors il la fixe, encore, ne détourne le regard d'elle.
Il cherche sur le visage ou dans les yeux des informations complémentaires, aux mots qu'elle lui dit.

Elle sourit, lui dévoile le sujet.
L'amour.
Il n'a qu'une référence vivante, quelque peu incertaine

« Comme...Alexandrine et Holly...avant ? »

Il visualise à peu près le moment où l'amour les concernait, grâce aux dires de Holly. Elle veut partager ce qui lui semble tenir de l'amitié ou de l'amour, ou peut-être s'est-il toujours trompé, ou peut-être était-ce la même chose.
Elle demande à ce qu'il l'aime. Elle veut être sa compagne et il baisse les oreilles. Ou bien être amie, pour toujours.

Son poids se déporte sur l'arrière de son corps, un recul discret, une perdition certaine.

« Je- »
Il l'avait dit, à Holly.
Quand il avait cru qu'elle attendait de lui des enfants pour le clan, quand il avait juré de n'en avoir que s'il voulait, quand il a promis qu'il en voudrait s'il comprenait comment aimer.
« -ne sais pas aimer. »

Pas comme ça.
Il est certain d'en être incapable.
Pepper a dit qu'il finirait seul, elle devait le pressentir, comme elle-même ne sembla jamais capable d'amour, ni comme une mère, ni comme Holly et Alexandrine ou Anette et Sheina.
Parce qu'il parvient à peine, à différencier entre eux les amis : il sait ceux qui sont plus importants que les autres, mais il ne saurait dire exactement pourquoi sans évoquer autre chose que tout ce qui fut traverser ensemble, et ce qu'ils partageaient en commun. Parce que le fait d'aimer était un mot, une notion qu'il exprimait doucement. Parce qu'il n'est pas foutu de ressentir, de savoir ce qui se passe en lui. Parce qu'il est inapte, ou peut-être réfractaire
ou peut-être juste
Elle est triste, ses yeux brillent. Il le voit, qu'il provoque l'émotion.

Ce moment est inconfortable.

« ...Amie, oui. »

Elle correspond aux critères qu'il pensa établit.
Il n'est plus sûr de rien.

C'est sans doute une erreur, de dire à haute voix qu'il ne peut pas aimer.
Il ne sait pas, du moins ne le remarque pas. Car tout est éteint, du moins peu reconnaissable, car on ne lui a pas dit, ce que l'on devait ressentir lorsque d'amour il y avait. Car Pepper ne l'avait pas aimé et qu'il n'avait jamais appris d'elle, dans un manque renforçant ce qui déjà avait peine à exister.
Dire qu'il ne peut pas est plus évident.
Qu'espérer t-il pouvoir encore comprendre, à l'approche de ses huit ans.

Elle a baissée la tête puis elle n'a plus bouger.
Puis elle lui parle d'avoir infliger.

« Tu ne m'infliges rien. »

Il n'est pas blessé. Il se dit qu'il doit le préciser, pour ne pas que la louve se méprenne sur son état. Il va bien, même si sa tête chauffe, même s'il cherche encore compréhension et apprentissage de cet évènement. Ce n'est pas le meilleur moment, mais celui-ci passe et lui semble redevenir plus stable, avec moins de questions qui se bousculent, seulement restent en suspend.
Il se devrait d'y répondre, un jour.
Pour mieux savoir lui faire face, si cela se reproduisait.
...
Les sentiments des autres sont plus complexes encore que ceux qu'il pourrait se chercher.

Et ses yeux la fixe, mais elle regarde ailleurs.

« D'accord. »

Elle promet quelque chose qu'il ne faut pas promettre, il croit, parce que ce n'est pas comme ça que fonctionne ses autres amitiés. Mais il l'accepte comme étant différente, et n'aurait su la contredire là-aussi.
Puis il hésite un instant, quant à la conduite à tenir.
Il ne sait pas, s'il peut récupérer sa proie et rentrer au castel.
Ou si elle a encore sujet à aborder avec lui.

Elle le fixe et elle pleure.
Il ne sait quoi faire, avec ses émotions. Il ne sait pas quoi dire.
Ce n'est pas tant la tristesse, du moins les pleurs, qui le mette à mal. Il a vu sortir les larmes des yeux d'autres loups et il sut quoi faire, parce...
Il ne sait pas, pourquoi il sut faire avec Pepper et Narcisse et qu'il ne sait pas, avec elle. Il y a quelque chose qu'il manque dans la connaissance qu'il porte à la louve, ou...

« Oui. Durant un temps d'ami. »

Il n'a jamais donné un nom, aux créneaux durant lesquels ils voyaient d'autres loups que ses collègues panseurs, aux créneaux qui n'appartenaient à personne mais que souvent quelqu'un occupait. Un temps d'amis lui semble être un terme adéquat, même s'il y rencontrait parfois des loups qui ne se classaient dans la désignation faite du mot ami.
Il hoche la tête.
Et lorsque la louve s'en va, il prit direction de la proie délaissée près d'un arbre, partant s'en emparer pour la rapporter au castel.