Carnivores parmi les Licornes ♖ Ted [Refuge]

-Ted-

Le projet du refuge avançait à bon train. Une fois qu'Onyx eut lancé la chose, tous les loups solitaires ou voulant aider ont peu à peu mit la patte à la pâte, lui y compris. Pourtant, ça le gênait un peu Ted, tout le monde qu'il y avait soudain chez lui. Heureusement que sa tanière n'était pas non plus envahie par tous ces inconnus. D'ailleurs, cette tanière, il y passait de moins en moins de temps, pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'il fallait bien sortir un peu la tête de ses livres, et qu'avec l'incendie il n'avait pas pu en emprunter de nouveau. Ensuite, parce que ses parchemins commençaient à manquer, et qu'il n'avait pas trouvé de moyen d'en fabriquer de nouveaux : il ne pouvait même plus écrire ce qu'il trouvait. Et enfin parce que mine de rien, tout ce monde, ça lui donnait envie d'explorer au grand Ted ! De rencontrer d'autres gens, de découvrir d'autres choses. Il avait toujours été un peu trop curieux.

Le projet du refuge était donc le moment parfait. Il avait commencé à se renseigner pour deux de ses tâches : celle de construire un séchoir à plantes, et celle du poulailler. La première avait été la plus intéressante pour le jeune loup qui appréciait beaucoup l'étude des végétaux, aussi il s'y était concentré en négligeant un peu la construction du poulailler. Surtout qu'il y avait une responsabilité de plus pour celle-ci : fallait pas que tout s'écroule sur la tête des poules dedans. Finalement, il avait appris qu'il ferait la mission avec son papa, ce qui le rassura un peu. Au moins, pas d'inconnu chelou à devoir gérer. Et puis, il était fort son papa, il aurait sûrement des idées. Il y était allé avec entrain, rejoignant Teddy au point de rendez-vous.

Ce dernier l'attendait déjà, et immédiatement, son sourire vint détendre Ted (qui était un peu stressé quand même par la construction). Le loup se laissa faire alors que son papa le saluait : ça faisait un bout de temps maintenant que Ted n'avait pas eu de problèmes avec ses soeurs ou sa maman lorsqu'il mangeait. Il était devenu bien plus indépendant après tout. Il sourit, le museau un peu bas, sa fidèle sacoche toujours en bandoulière, et répondit :


Cette fois-ci, pas de plans, juste quelques idées. Il n'avait même pas eu assez de parchemin pour les dessiner. Il regarda un peu autour de lui : i lfaudrait d'abord aller chercher des pierres ... Mais aussi trouver un mur sur lequel s'appuyer. Car il n'avait pas beaucoup d'espoir quant à la survie d'un édifice construit à deux s'il ne s'appuyait simplement sur rien.

Il est sympa, papa. Il sait tout de suite mettre à l'aise son grand dadais de fils, trop timide pour parler comme il le voudrait, surtout lorsqu'il a l'impression de ne pas avoir bien fait ses devoirs. Ted se détend alors, et il écoute son papa le rassurer d'abord, puis avoir une idée : une poulailler inspiré de la nature au lieu d'une grosse construction, ça c'est du génie ! Soudain plus enthousiaste, une lueur s'allume dans les yeux doux de Ted, et elle ne signifie qu'une seule chose : sa curiosité intellectuelle a prit le dessus sur sa timidité maladive.

Alors, il se met à réfléchir, à mettre ses cellules grises au service de leur projet. Un truc en totale liberté, ça veut dire convaincre les oiseaux de venir s'y installer alors qu'on leur vole leurs oeufs. Dans une zone qui sent autant le loup, c'est peut-être compliqué : il faudra probablement s'excentrer un peu. Les poules pondent des oeufs souvent, mais si elles sont sauvages, un coq viendra aussi, et les oeufs seront fertilisés ... Un beau cycle de la vie qui se déroulera ici sous leurs yeux, s'ils y arrivent. Il regard les yeux pétillants de son papa, et en est certain : ils vont y arriver. D'une voix toujours douce, mais plus bavard cette fois, il répond :


Si un loup peut y accéder, alors un renard aussi. Et si l'odeur des loups éloigne les renards, elle éloigne aussi les poules. Un casse-tête un peu complexe, mais ils peuvent miser sur l'absence d'autres grands prédateurs dans la zone. Alors, ne reste plus que le problème de hauteur : ça peut grimper un loup ? Ted trouve alors une solution partielle :

Laisser le choix aux animaux, qui savent sûrement mieux qu'eux ce qu'ils veulent, oui c'est une solution  qui plaira aux licornes. Alors, Ted sourit. Même si les deux mâles sont différents de maman et des sœurs, ils ont un peu les mêmes principes finalement.

-Ted-

Teddy soulève un bon point : les rapaces, ils vivent ici depuis des années ! Le visage de Ted s'éclaire : il a raison oui, en éloignant un chouilla le "poulailler", ils auraient plus de chance que les poules pondent, mais avec un peu de chance, elles ne sentiraient rien. Ted sourit, les oreilles qui s'agitent doucement sous les compliments qui pleuvent de la gueule de son papa. Ils fonctionnent bien ensemble, tous les deux. Et leur projet lui plait bien plus qu'un simple poulailler : des poules sauvages, pas enfermées, pas chassées ... Bon, on leur volait quand même leurs oeufs, leurs enfants finalement. Mais Ted était un peu réaliste : il fallait bien manger.

D'un geste, le papa de Ted lui intime de le suivre. Le grand loup se met en branle, curieux et boosté par la discussion : avec Teddy, il se sent presque invincible. Et surtout, ne voit pas les poils blancs qui parsèment le pelage de son papa, de son corps qui a traversé les âges. Comment son père pourrait-il mourir ? Il avance joyeusement jusqu'au tas de bois coupé, et écoute les conseils : vers l'avant pour porter des charges. Il écoute, s'imprègne, imite. Se saisit du bois pour le placer sur son dos, et réponds, la voix déliée en présence du paternel qui le connait si bien :


Il désigne du museau une sorte de clairière un peu plus loin -enfin, pas vraiment, car les arbres sont déjà clairsemés. Ils sont déjà assez loin du refuge, mais l'odeur lupine est encore forte.

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-Ted-

Plus loin alors ce sera ! Ted sourit timidement, avant de suivre son papa avec entrain, transportant comme il le pouvait les planches de bois nécessaires à leur ouvrage. La queue battant lentement dans son dos, il s'arrête aux côté de Teddy, se décharge de son butin. Ensuite, il faudrait assembler les planches. Mais comment faire ? Avec des clous ? Alors que Ted y réfléchit, son papa lui se met à fabriquer des petites pièces en bois. Curieux, il le regarde faire, le regarde lui montrer : on fit des petites pièces, puis on perce des trous, et si le tout est à la bonne taille alors ça tiens tout seul !

Ted hoche la tête, et sourit. Son papa utilise son pouvoir pour façonner quelques outils, que Ted empoigne. Il se met alors au travail, appliqué et patient. Un trou, deux trous, dix trous. Dix petits "bâtons" à mettre dedans, et hop, un début d'abris ! Le grand Ted continue à travailler, et avec le travail, son esprit se met à vagabonder. Il fixe une deuxième planche, sous la première, pour former un semblant de boite. Ha, il faut faire l'entrée aussi ... D'une voix distraite, il demande :

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-Ted-

Le regard toujours fixé sur son œuvre, le mâle use de ses pattes délicates malgré leur taille pour mettre en place la boite qu'il termine. Un coup de patte pour fixer les rivets de bois, et voilà qu'elle tiens : son père a vraiment eu une bonne idée. Il passe ensuite à la suivante, un peu plus lent. Il faudra percer un trou dans celle-ci, peut-être un tout petit, pour les passereaux. Non ... Ils essayent d'attirer les poules, pas n'importe quels oiseaux. Le mâle est déconcentré. Alors, il préfère s'arrêter pour demander d'une voix hésitante, sans relever le regard :


Pour longtemps. Il était resté près de ses parents si longtemps, depuis qu'il avait été trouvé dans le terrier, à vrai dire. Bien sûr, il avait fait sa vie, mais revenait toujours au bout de quelques jours. Après avoir parlé à Prudence cela dit ... Il avait eu envie de partir, de découvrir le monde de ses propres yeux. D'écrire sa propre histoire. Mais ses parents ? Le corps toujours occupé par la fabrication, il se saisit de trois planches et décide d'en découper une en bandes un peu plus fines, pour en faire une sorte de plateforme. L'ouvrage est assez facile, il n'a qu'à les nouer avec des cordes pour la constituer. Faire une petite échelle pourrait être sympathique, aussi, alors il s'y attelle, piochant dans un tas de bois rustique et plus petit pour constituer les barreaux.

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-Ted-

Le silence s'installe, et un instant, Ted craint d'avoir rendu son papa en colère. Mais un rapide regard vers lui le rassure : il prend son temps, c'est tout. Alors lui aussi le prend, continuant lentement son oeuvre sur un perchoir. Mais son attention est toute tournée vers Teddy, qui relève la tête pour lui sourire. Le mâle brun sombre croise son regard, et immédiatement se sent rassuré. Pudique, il baisse de nouveau les yeux, mais la chaleur dans son ventre reste. Son papa serait content qu'il parte.

Il se sent soudain plus léger, rassuré. Peut-être qu'il avait besoin de ça, lui, à trois ans révolu. Avoir le pouce vert de son père pour partir. Il laisse son père le toucher, sourit même au contact, tout en restant à moitié concentré sur sa tâche. Mais ses oreilles sont tournées vers les paroles de Teddy. C'est seulement lorsque son papa le secoue un peu qu'il relève les yeux, un regard rieur. Son oeuvre, elle, est laissée à l'abandon : il y a plus important.


Avant de partir, un petit cours intensif avec son père, histoire de se sentir prêt et de partager un peu de sa vie. Pour ne jamais regretter d'être parti. Il sourit, n'en dit pas plus : c'est un silencieux. Mais ses yeux brillent d'une émotion non dissimulée. Il est heureux, soulagé et excité à l'idée de partir en voyage, comme Prudence le lui a conseillé.

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-Ted-

Son papa sourit, de son sourire si particulier, de celui qui réchauffe le cœur de Ted. Même si le futur était incertain, au moins il savait que son vieux père le supportait toujours, serait toujours là pour lui. Enfin, toujours ... Ted baisse la tête, souriant, en laissant son père lui ébouriffer les cheveux. Il aurait le droit à un enseignement spécial pour le préparer à partir, cela lui laisserait le temps de se préparer pour son voyage. Il repousse plus loin les questions qui le taraudent, celles sur ses parents, sur l'inconnu, et se concentre sur le contact et la confiance que Teddy lui inspire. Il relève les yeux, et hoche la tête, convaincu : demain, ils commenceront.


C'était vrai. Passer du temps avec son père, dans un environnement sécure et connu, avant de partir. Il avait hâte, et plus que ça : il en avait besoin. Il sourit : demain, ils commenceront. En attendant, il fallait bien terminer leur travail : Ted reprend pour terminer son échelle. Il la termine avec application, l'esprit bien plus léger qu'avant. C'est plus facile de travailler avec entrain alors qu'il savait maintenant que son père était d'accord avec son projet. Ted enchaine ensuite avec une dernière maison, avant que son père lui propose de les accrocher. Ted se redresse : ils en avaient fait bien assez ! Il hoche la tête, avant d'avoir une dernière idée. Fait signe à son papa d'attendre un peu, avant de regrouper les branchages qui lui restaient. Il constitue de ses pattes, avec le plus de délicatesse possible, une sorte de couronne de branchages d'automne, qu'il attache à la plus grande des maisonnettes. Une jolies décoration, pour l'aider à se fondre dans le décor et à la rendre jolie. Il se sent d'humeur aujourd'hui à rendre les choses plus belles, peut-être est-ce l'aura du disciple de Moiro qui l'accompagne.


Il se redresse, presque rayonnant dans la pudeur qui le caractérise. Il se saisit de l'abri réalisé, et se met à la grimpette. Son agilité s'est bien améliorée depuis le temps : il n'est plus le grand loup pataud au pattes qui avaient grandi trop vite. Plus assuré, plus fort aussi, il prend l'abri dans sa gueule, et d'une impulsion forte grimpe sur une branche. En équilibre, il s'attelle à l'attacher, au moins pour faciliter la tâche à son père. Il redescend ensuite, et continue son manège pour attacher les autres.

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-Ted-

Papa vient lui donner un petit coup d'épaule, et Ted baisse les yeux en souriant. Si le disciple rose lui disait que c'était beau, alors il le croyait. Satisfait, il recule pour admirer son œuvre alors que Teddy l'enlace de sa patte. Ils avaient bien travaillé, et Ted était impatient de voir les oiseaux venir peupler les maisonnettes. En espérant qu'effectivement ils le fassent ... Il sourit, alors que son père proposait de rentrer pour se reposer. C'est vrai qu'il ne cracherait pas sur une sieste ou un morceau à manger. Alors, il se relève pour suivre son père. Il avait intérêt à prendre du repos, car demain serait le début d'un nouveau travail !