Le tissu rouge [PV Chima]

-Edessa-

Le voyage du retour a permis à Edessa de bien imprimer le chemin à prendre, lorsqu'on était marqués de l'odeur des readers, pour se rendre chez les nakhus. La bibliothèque était un endroit fabuleux, mais la frisée n'a pas vraiment apprécié le voyage : trop de monde, trop de dangers, partout. Aussi lorsqu'enfin elle aperçut l'île Morne-oeil depuis la plage, elle se sentit étrangement soulagée, comme si un poids venait de s'enlever de sa poitrine. Elle n'aurait plus à s'inquiéter de ces Etels, du moins plus autant. Et puis ces nakhus ... Enfin bref, pas besoin d'y revenir.

Après avoir regagné sa petite tanière humide, Edessa retomba sur un éclat rouge, ce morceau d'étoffe donné par Ann. Vite enfoui par doute, peur de la louve noire, le revoir maintenant lui donne un étrange frisson. Elle se souvient des mots d'Ann comme si c'était hier : elle lui offrait une famille. Et si à l'époque, Edessa avait rejeté cette offre, cette fois-ci elle se sentait prête à faire un autre pas, un petit, vers eux. Vers les readers, et vers une autre famille, peut-être.

Elle se rendit à la carcasse, sûre d'y trouver celui qu'elle cherchait. Le capitaine avait ses habitudes finalement, et lorsqu'il ne partait pas en vadrouille, on pouvait facilement le trouver dans ses endroits favoris. La frisée marcha avec assurance le long de la côte, évitant les morceaux de bois et autre débris qui déjà annonçait la couleur, puis appela :

Chimaera était parti très tôt ce matin-là avec le code de Paquot entre les dents. Des heures durant, il se pétait la tête pour découvrir ce que ces symboles disaient, ceux non encore découvert, ceux pas encore trouvés malgré les indices du machin de la mer. Des heures perdues, en soit, car rien de bien n'en découlait vraiment, et la ce fut terriblement frustrant.


Quand le soleil fut bientôt haut dans le ciel, il prit le chemin du retour. Allant pêcher un peu histoire de manger, et voilà qu'il revint sur la plage de l'île des Raeders. Dans son bateau, se trouvait le parchemin blanc muni d'écritures bleutées, ainsi que de livres ouverts, de cartes, de bout de charbon, de tonneaux long et fin. Un bordel, mais c'était son bordel. Plus loin, le loup tente de grimper le plus haut possible. Et se mit assit, bien droit pour regarder la mer, évitant le plus possible de croiser ce continent merdique.


Perdu dans ses pensées, dans ses réflexions sur ce qui allait se passer, sur comment ils allaient faire.. Une voix l'interrompait. Son nom, encore une fois fut dit. Ses oreilles se dressent, par chance, ce n'était pas Amma. Mais Edessa. De sa place, il s'allonge, croisant les pattes avant sur le bord de son perchoir.


"-En quoi puis je t'aider? Edessa??" Fit le mâle. Avait elle encore une question? Allait elle lui dire qu'elle partait? Il était curieux de savoir pourquoi elle venait le demander.

-Edessa-

Edessa ne mit pas longtemps avant d'apercevoir le capitaine, perché sur un promontoire au dessus de la mer. Il tourna vers elle ses yeux brillants avant de l'interpeller : il avait l'air de bon humeur aujourd'hui, ce qui était assez rarement le cas de ce que la frisée avait vu. Cette dernière tourna la tête, saisissant l'étoffe rouge que lui avait donné Ann il y a plusieurs lunes, avant de le poser sur sa patte au sol. Elle releva les yeux, cherchant une quelconque réaction de la part de Chima. Après tout, de cequ'elle se souvenait, ce tissu rouge était important aux yeux d'Ann ... Puis, elle répondit :


Aussi simple que ça. Pas besoin d'expliquer ses hésitations, ou plutôt son refus initial de la "famille" qui était offerte. Pas besoin d'insister sur sa méfiance, sur le temps qu'elle avait passé à faire ses preuves, à essayer de comprendre comment marchait leur monde, leurs vies. Pas besoin d'avouer qu'elle s'y plaisait, sur cette ile, au point de vouloir y rester et y donner de son énergie pour les autres qu'elle connaissait très peu. Chimaera n'avait pas besoin de savoir, tout ça restait à elle, et rien qu'à elle.

Son regard se pose sur le foulard qu'elle venait de poser sur sa patte. Il ne bronchait toujours pas, restant fixe, le regard neutre, proche du vide. Alors comme ça elle avait eu le foulard par Ann? Et le médaillon? Et la malédiction qui vont avec ce présent? Les avaient-elles eu aussi?  Silencieux, il écoute la suite. Alors elle le fait. Chimaera repose son regard sur le tissu rouge, c'était un signe des pirates.. Devait-il sincèrement la prendre comme une membre de l'équipage maintenant? Il ne se sentait pas tellement prêt, mais...

Voilà qu'il se lève, en silence, le regard perdu dans le vide et trotte, saute, descend de son perchoir pour retomber sur ses pattes, lourdement sur le sol et s'avance vers la louve. Lui faisant face.

Mmh. Il l'observe. Sans bouger.

"-Une nouvelle Raeder..." C'était sortit lentement, comme un souffle, et il se retourne doucement. Peut être comme une confirmation? Il ne savait pas le mâle. "Tu étais venu juste pour le montrer ou... tu cherches autre chose?" Autant demander, c'était plus simple.

Le mâle descendit de son perchoir pour la regarder, sans bouger. Elle soutint son regard sans honte : après tout, elle avait réussi l'énigme de la sorcière, et cela avait eu l'air de la mettre en joie. A moins que tout ça ne fut qu'une grande supercherie ? Ces histoires de famille, tout ça, dans le vent seulement pour la sacrifier ? Mais Edessa n'était pas imprudente. C'est pour ça qu'elle avait passé du temps ici, avec les autres. Elle avait pu voir un peu leur groupe, et ils étaient pour la plupart honnêtes. Parfois étranges, souvent n'avaient pas la langue dans leur poche, mais honnête. Et c'était tout ce qui comptait pour la frisée.

Chimaera souffla quelque chose sous sa barbe, l'appelant Reader pour la première fois. Edessa se redressa légèrement, mais il n'avait pas l'air ravi. Qu'avait dit Ann déjà, que le capitaine devait accepter ? Et ensuite, elle devrait retourner la voir ... Cela ne l'enchantait pas trop à vrai dire, mais foutu pour foutu autant y aller les pattes dans le plat. Elle croisa son regard avant de répondre :


Elle pencha légèrement la tête, un peu défiante. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle était là à présent, aidant ou elle pouvait. Mais c'était vrai qu'elle ne s'était pas vraiment mêlé aux autres ... Elle avait rencontré les petits d'Ann et d'Abysse, ainsi que quelques autres membres. Mais Chimaera, elle ne le connaissait pas tellement. Elle se redressa avant d'ajouter :

La confiance... elle était destinée à des loups que lui même choisissait, ses critères, ses besoins, ses envies, et puis le reste.. Les autres, étaient voués à des épreuves sans cesse. Même son père parfois, il ne lui faisait pas confiance, se faisait il au final confiance à lui-même? Pas toujours. Il fermait les yeux, sur elle, sur ça, sur cette confiance qu'il a tant de mal à donner. Ce n'était pas le moment de jouer en fait, il le comprenait.. Il avait compris, et pour ne plus faire le con, autant laisser aller. C'était bon, elle avait assez fait, Limule aurait dit quoi elle? "Rentre, fait comme chez toi". Sans doute. Oui, il baisse tout. La meute semblait de toute façon l'apprécier, plus encore, s'en faire une amie. C'était lui le problème, pas elle.


"-Si. Je suis convaincu.." Ou presque, c'était pareil non? A la seconde phrase il fit non de la tête. Lentement. Elle avait eu l'épreuve de Ann, elle était restée ici et avait affronté le climat et la vie pendant un lapse de temps, sans doute avait elle été testée par les autres. Il ne voulait pas donner d'épreuve. Ou du moins la seule que lui veut, lui même était incapable de la faire donc..


"-Pas d'épreuves! Prends ce foulard, et porte le..." Un instant il la regarde. Sans doute avait elle autre chose à faire, il ne voulait pas la retenir ici, avec lui. "Tu peux y aller si tu veux! Bien venue...chez les Raeders, Edessa!" Doucement il se retourne encore une fois, et avance, traînant sa queue sur le sol lourdement. "Ah! Si tu aimes faire la fête, y a de l'alcool à volontés, boissons typique de chez nous, la meilleur de tout ce foutu continent!" Ce qu'il rêverait lui de boire toute la nuit un bon coup, de s'amuser avec ses amis, d'avoir ce trou noir et ce réveil difficile. Ca lui manquait.

-Edessa-

Chimaera sembla réfléchir, mais finit par lui dire qu'il était convaincu, refusant une autre épreuve. Cependant, son regard n'avait l'air ni heureux, ni même convaincu. La frisée ne comprenait pas bien : c'était tout du coup ? Un foulard, et on faisait partie de l'équipage ? Il n'y avait pas une histoire de malédiction ? Mais déjà, le capitaine fit demi-tour, regagnant d'un pas lent son navire. Lui proposant de faire la fête, sans s'y joindre. La frisée pencha la tête: elle avait du mal à cerner ceux de cette île. Elle était là pour sa sécurité, et pour celle des autres, mais aussi pour l'aventure, pour la mer, pour les trésors. Mais d'abord, elle devait apprivoiser ceux qui vivaient ici, à commencer par le loup-crocodile. D'une voix un peu plus forte, elle l'interpelle en s'autorisant un sourire plus avenant :

Elle n'a jamais fait la fête, Edessa, mais elle est sûre que ça lui plairait. Et puis surtout, c'est un peu comme un piège : attirer Chimaera dans un lieu plus sociable pour trouver pourquoi il avait une dent contre elle. Oh, parce qu'il en avait une de dent contre elle ! Depuis le premier jour, il ne l'avait pas appréciée. Mais il était le capitaine, et Edessa voulait savoir si ce n'était qu'une histoire d'affinité - après tout, s'il ne l'aimait pas, grand bien lui fasse - ou s'il y avait autre chose ... Peut-être en rapport avec Ann aussi. Elle devait savoir.

Bon finalement elle ne le lâchera pas de si tôt. Sur le coup c'était frustrant qu'elle le colle ainsi, qu'il ne peut pas retourner à ses réflexions sur ce qu'il ferait après, qu'il ne peut pas terminer les cartes de ses trajets pour retrouver ses points de repères pour ses voyages, de ne pas avoir l'espace qu'il souhaite pour faire ses propres affaires. Mais, elle avait raison. Et puis, lui aimait faire la fête. Au moins, elle disait un truc qui lui plaisait. Alors il se retourne, et laissait tout tomber pour trotter dans sa direction.


Lui passant à côté, sans s'arrêter. C'était vrai ça, depuis quand les Raeders n'avait pas fait une putain de fête, boire et bouffer comme des porcs, rire et s'amuser. Tout était devenu si triste. N'étaient ils pas connus aussi pour être les loups bourrés? Les loups fêtards, sans se soucier de rien? Fallait changer ça avant le grand jour funeste, oui.


"-Allé! Bouge-toi alors! JE te préviens, tu as intérêt à savoir supporter l'alcool, car je pense en avoir un de défi pour toi ma jolie!" Il se mit à ricaner. Fallait faire une grande fête, pour tous les nouveaux, même si personne n'était nouveau limite, c'était un petit prétexte, les nouveaux nommés, les bébés, les retour -bien que non, ce n'était pas à fêter, qu'elle aille au diable-. Les épreuves, et tout le reste.


"-Ou va tu le mettre, ton foulard??" Demanda le mâle.

-Edessa-

Le petit sourire de la louve appuya sa proposition. Elle se garda bien d'avouer qu'elle n'avait jamais rien fêté, connaissant seulement le mot de part sa signification globale. mais elle savait qu'il fallait être ensemble pour ça, et que c'était joyeux, alors ça lui suffisait. Et puis elle pourrait le gouter, leur fameuse boisson meilleure que celle du continent entier ! Et surtout, peut-être en apprendre plus sur leurs coutumes, et sur ce fameux capitaine qui passait son temps seul sur son bateau. D'ailleurs, ce dernier sembla tenté par la proposition, et finit par se retourner en la dépassant, riant.

Edessa se retourna, lui rendant un sourire un peu malicieux. Elle ne savait pas ce que "tenir l'alcool" voulait dire, mais elle saurait lui tirer les vers du nez s'il acceptait de venir avec elle. C'était sa chance ! D'un bond, elle le rejoint, ralentit pour nouer son nouveau foulard sur sa tête : il serait parfait pour empêcher ses cheveux de voleter tout le temps dans ses yeux ! Elle répond, vivement, en essayant de rattraper les grandes enjambées du loup-crocodile :


Joyeuse, elle se laissa guider par Chimaera, arpentant la plage comme si déjà elle était chez elle.