The Moss (ft. Joaquin)

On n'allait pas se mentir : le coin était clairement plus sympa que la dernière fois qu'il était venu dans les parages.
Et s'il lui était difficile d'imaginer comment ce qui quelques années plus tôt à peine était encore une forêt — morte, certes, desséchée jusqu'à la moelle, mais toujours hérissée de mille et un troncs qui se fendaient en d'innombrables branchages, multitude de pics biscornus et bigarrés, comme autant de doigts d'honneurs adressés à un ciel qui ne voulait plus d'eux et qui perduraient en dépit de tout – avait pu se retrouver aussi vite englouti par la terre et rayé de la carte pour laisser place à une immense plaine, il ne pouvait que reconnaître que parfois, les bizarreries du coin avaient du bon. Il ne se prenait même plus la tête à essayer de comprendre comment : essayer de cerner les mécaniques surnaturelles qui animaient la région n'était bon qu'à lui coller la migraine, aussi s'efforçait-il désormais d'accueillir les changements avec un calme résigné, à défaut d'un enthousiasme débordant. Même si aujourd'hui, on tirait justement peut-être plus sur la deuxième option que la première.

Il ne savait pas trop ce qui le poussait à effectuer ainsi ce petit pèlerinage en ex-terres Lazuli, à présent qu'il s'était fixé un objectif : peut-être juste un résultat de son incapacité des dernières années à aller en ligne droite, peut-être la possibilité que ce soit la dernière fois qu'il en ait la possibilité. S'il demeurait toujours confiant en ses capacités de survie, malgré le récent acharnement de la vie à tenter de l'en faire douter, il n'en était pas naïf pour autant : ce périple qu'il entreprenait pouvait très bien être son dernier.
Comme à chaque fois, songeait-il parfois, pour tenter de se rassurer, un peu.
Mais non. Pas comme à chaque fois. Cette fois-ci, il le savait, ce serait beaucoup plus compliqué.
Surtout s'il n'avait personne à ses côtés.

En fin de compte, c'était peut-être pour ça qu'il avait dévidé de son usuel circuit de plus en plus prolongé vers le Nord, pour se consacrer aujourd'hui à l'ouest. Ca lui permettait de s'aérer les idées. Ca n'était sans doute pas de refus.
Il parcourait ainsi cette désormais plaine qui regorgeait de champignons, qu'il ne reconnaissait bien entendu pas la plupart du temps, mais dont il se demandait si certains pouvaient avoir les mêmes propriétés que certains hallucinogènes de son pays, réputés pour l'intensité des expériences qu'ils procuraient et leur capacité à faire perdre la raison à qui n'était pas bien préparé. Ceux-là même que ses ancêtres avaient utilisé jadis lors de rituels qui lui paraissaient bien obscurs mais qu'il ne pouvait pour autant s'empêcher d'aborder comme un héritage dont il se devait de cultiver la mémoire.
Il n'aurait pas essayé de les boulotter pour autant. Pas envie de crever empoisonné comme un connard : d'autant plus que les gros rouges à poids blancs qu'il croisait régulièrement ne lui disaient franchement rien qui vaille. Ceux-là, il y en avait aussi chez lui, mais dans les forêts, au Sud, pendant la saison des pluies.
Il était occupé à en observer un particulièrement d'un air perplexe quand une légère brise venue de l'Est lui amena l'odeur d'une congénère. Solitaire. Inconnue. Estimant qu'il n'y avait rien à perdre à aller jeter un oeil, et qu'une compagnie lupine quelle qu'elle soit serait toujours plus sympathique que celle de cette énorme amanite, il se remit au pas, avalant tranquillement la distance qui le séparait de celle qui s'avéra être une jeune louve claire, qui avait, parce qu'il le fallait bien, la sympathique idée d'arborer une paire de petites cornes et une longue queue fourchue. Mauve. Ce qui était beau c'était l'éternelle nouveauté dans les attributs absurdes des spécimens locaux. Il ne tombait jamais deux fois sur le même délire. Les possibilités étaient infinies.
Il était une époque où il se serait sans doute offensé de voir une louve aussi différente — il aurait même alors plutôt dit difforme –, mais aujourd'hui, il avait vu tellement pire, tellement plus inconvenant, que c'est à peine s'il le remarqua.

— Je mangerais pas celui-là à ta place, fit-il en baissant les yeux sur le champignon aux pattes de la femelle, qui avait selon lui vraiment une sale gueule, justement parce qu'il était tout joli, tout coloré, tout séduisant à regarder, comme un fruit qui appelait le passant à oser, oser tenter de croquer dedans, juste pour voir, juste pour tester.

Il plissa les yeux en entendant la question de la petite louve — quel âge avait-elle, un an, tout au plus ? –, sa langue passant distraitement sur ses lèvres tandis qu'il réfléchissait. On ne pouvait pas franchement dire que Joaquín avait l'habitude de se mettre à la place des autres, à part peut-être lorsqu'en une époque révolue, il avait parfois eu à réfléchir comme les brigands auxquels son propre groupe de malfrats avait été confronté, et on était là bien loin de l'esprit d'une gamine à l'allure plutôt naïve. Eh puis merde, ne pouvait-elle juste pas prendre son conseil pour ce qu'il était, et ne pas chercher plus loin ?

— Moi je ne mangerais juste pas ça du tout, à moins de crever vraiment de faim.

Et de préférer prendre le risque de taper une fin d'Into The Wild ou de manière plus sympa un petit trip hallucinogène, voire sans doute les deux.
Il balaya les alentours du regard, avisant cette étendue d'herbe grasse qui semblait ne jamais en finir. On voyait par endroits des mottes de terres soulevées, des galeries creusées. Des tas de rochers légèrement souillés.

— Si tu as faim tu ferais mieux d'attraper un lapin.

Il y avait fort à parier que ces derniers devaient particulièrement bien prospérer dans les parages. Rares étaient les buissons et arbres pour venir offrir une couverture aux grands prédateurs comme eux, mais il devait au final y en avoir tellement qu'avec un peu d'effort et de stratégie, attraper une proie ne devait pas s'avérer bien difficile. Et vu la qualité de la végétation, il y avait fort à parier que ces derniers devaient être bien gras. Cette seule idée suffit à lui faire monter l'eau à la bouche : cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis la patte sur un lapin, ou même un lemming. Une marmotte. Toutes ces petites bestioles grassouillettes et fondantes sous la dent qui différaient bien des quelques lièvres rachitiques et secs qui osaient fouler la terre brûlée de la Passe Ventue. Qu'il ne prenait généralement même pas la peine de tenter d'attraper, préférant se rabattre sur les coyotes lorsqu'il en avait la possibilité.
Il jaugea avec un peu plus d'attention la louvarde. On ne voyait pas ses côtes mais elle n'était pas bien grosse quand même. En même temps à essayer de bouffer ces conneries de champignons...

— Je ne mange pas de viande.

Joaquín, qui s'était presque par réflexe mis à scruter les environs à l'énonciation du mot lapin dans l'espoir de peut-être en voir un baroudant avec insouciance dans les environs, darda sur la petite louve un regard surpris. Estomaqué. A la limite de l'outré.
Un discret tic nerveux agita le dessous de sa paupière, tandis qu'il contemplait l'énormité que venait de lui lâcher la gamine, et envisageait qu'il s'agisse là d'une blague. Elle paraissait on ne peut plus sérieuse. Elle paraissait bien maigrichonne, aussi. Il demeura immobile à la fixer un long moment, écopant d'une question quant à la potentielle nature animale des champignons dans la foulée — un nouveau soufflet d'absurdité en travers de sa gueule, comme ça, gratuitement, merci – avant de lâcher sur un ton incrédule, un peu sec :

— Ca n'a pas de sens.

Et de la regarder encore quelques longues secondes comme un daron désabusé aurait vu sa gamine revenir un beau jour avec le crâne rasé, des piercings plein la gueule et un tatouage en travers de l'avant-bras. Il fronça les sourcils.

— Je ne sais pas si ta famille te laissait faire mais si tu veux survivre seule il faut arrêter la crise d'adolescence. Les loups mangent viande. Même les loups à cornes et avec queue de diablo, ajouta-t-il en désignant d'un petit signe de museau l'étrange queue fourchue de la louvarde.

Il en avait entendu et vu des conneries depuis qu'il était ici, mais ça, ça dépassait de très loin l'entendement.

En cet instant présent, à écouter la gamine proférer beaucoup trop d'inepties pour laisser sa patience intacte, Joaquín réalisa qu'il était extrêmement peu probable qu'il fonde jamais une famille.
Non pas parce qu'il se faisait vieux, et qu'aucune des — généralement – maigres relations qu'il entretenait avec les gens du coin ne semblait susceptible d'aboutir à quelque chose du genre. De sitôt.
Non pas parce qu'il possédait très probablement le charme d'une huître enduite de sauce tabasco, et que si ce genre de chose n'était en aucun cas un problème par chez lui — puisque tous les mâles de son coin de Canyon ne valaient guère mieux –, il doutait fort que qui que ce soit dans les parages ne puisse voire dans un vieux mec bougon, crasseux et à l'ouverture d'esprit très relative un potentiel père pour engendrer ses enfants. Et un compagnon avec qui partager le reste de ses jours, accessoirement.
Mais plutôt parce qu'en cet instant précis, à échanger avec quelqu'un de jeune, de visiblement assez innocent, et qui en termes d'âge aurait sans le moindre problème pu être sa fille, il réalisait qu'il était remarquablement incapable de se foutre à la place d'un autre, de tordre ne serait-ce que légèrement sa pensée afin d'épouser les courbes de celle de son interlocutrice, parce qu'il ne comprenait pas et qu'au lieu de le reconnaître humblement et de l'accepter, ça menaçait de le mettre en colère, parce qu'il avait soudain très envie de lui aboyer à la gueule que c'était comme ça et pas autrement, maintenant tu arrêtes de discuter et tu acceptes les règles, merde. Et parce que tout ça faisait de lui exactement ce qu'il avait rejeté dans certaines figures parentales que lui avait offert sa propre famille, lorsqu'il était tout jeune.
Ca faisait de lui un connard impatient à l'empathie bien trop réduite, et ça aurait fait de lui un père strict, autoritaire, médiocre.
Toxique.
Comme tous les mâles de chez lui, encore.
La première chose qui lui venait à l'esprit était que si cette gamine avait été chez lui, à poser toutes ses questions idiotes, elle aurait pris la raclée de sa vie. Et puis une autre, s'il le fallait. Et une autre, jusqu'à ce qu'elle cesse de venir demander et rentre dans le rang, comme toutes, comme tous.
Et son instinct premier c'était ça : raclée. Ca criait dans un petit coin de sa tête. Un instinct enfoui, une graine déposée là par une éducation bien particulière, prête à germer le moment venu. Prête à faire de lui ce qu'il détestait, même s'il s'était juré, gosse, que jamais ça n'arriverait.
Il ne valait guère mieux que tous ces connards d'ivrognes.
Fonder une famille aurait été une terrible idée, pour un mec comme lui.
Et c'était vraiment triste, pour un type qui au final ne demandait que ça. Parce que chez lui, même si elle était imparfaite, et bien souvent toxique, la famille était plus importante que tout. Et c'était ce à quoi tous se destinaient.
Et voilà que le seul véritable objectif qu'il aurait pu se fixer dans sa vie lui échappait. Et qu'il le réalisait. A cause d'une putain de gamine qui se demandait si elle pouvait manger des champignons parce qu'elle était végétarienne.

Toute envie de rugir furieusement s'évanouit en un instant et ses épaules s'affaissèrent légèrement de dépit.

— Certains remèdes à bases d'herbes de chez moi utilisent aussi des champignons. Je suppose que ça veut dire que tu peux les manger, souffla-t-il avec amertume.

Puis d'ajouter avec un léger haussement de sourcils :

— Et elles te servent à quoi, les cornes et la queue de diablo ? Si tu acceptes de ne pas manger viande en échange, il doit y avoir utilité.

Pourquoi sinon s'encombrer d'un tel handicap dans un monde déjà si difficile ? Cela devait relever d'autre chose que de la simple apparence. Il devait y avoir un avantage quelconque à en tirer. La contrepartie était trop élevée, sinon.

— Joaquín.

Et maintenant elle se mettait à déterrer le putain de champignon. Le champignon qui n'avait vraiment pas une tête mangeable. Sans déconner.

Avant que Joaquín n'ait le temps de réitérer sa mise en garde — n'avait-il pas été suffisamment clair, en lui déconseillant de manger celui-là, tout à l'heure ? –, la maigrichonne lui répondit. Il en oublia temporairement ce qu'il allait dire, déportant la totalité de son attention sur ce qu'elle lui racontait. Fronçant les sourcils avec une moue contrite lorsqu'elle mentionna des commandements.
Eh bien, on était là en terrain connu.
A croire que les Dieux ne pouvaient s'exprimer que sous la forme de commandements. Généralement au nombre de dix, parce qu'après tout pourquoi pas.
Il se demanda si le peuple de l'autre solitaire était aussi enclin que les bons catholiques qui avaient colonisé son pays à oublier les commandements en question lorsque cela les arrangeait. Ou à les modifier un peu, selon leur convenance.
Si les disciples de celui qu'elle appelait Osamodas pouvaient ne pas rechigner un instant à tuer leur prochain sans pour autant être foutus de tordre le cou à un putain de lapin.
La dernière question qu'elle lui posa l'horrifia, et il écarquilla légèrement les yeux avant de secouer vivement la tête. Le prenait-elle pour un connard du coin ? Avait-il l'air d'un connard du coin ???

— ¿Yo? ¡¡¡No!!! s'exclama-t-il avec indignation. J'ai une tête à croire à ces conneries ?!

Ses croyances personnelles étaient bien plus terre-à-terre et palpables que quelques obscures excentricités soit-disant déclamées par quelque tout aussi obscure entité supérieure. Même s'il devait bien reconnaître que cette histoire de corne et de queue était bluffante. Il croyait en ce qu'il voyait. Ce qu'il entendait, sentait. Il croyait en ses proches. Ses soeurs. Ses ancêtres. La culture de son pays.
Et il croyait en lui. Seul être à même d'influencer son propre avenir. Par ses actions. Et par ses choix.

— Et ne mange pas lui je t'ai dit ! Il a l'air toxique ! maugréa-t-il en balayant d'un vif revers de patte le champignon qu'elle avait déterré un peu plus tôt. Et puis quel cheptel, d'abord ? Tu n'as pas de moutons avec toi, que je sache ?

Ca n'avait. Aucun. Putain. De sens.

Bouftons, tofus, dragonnets... Une bien belle brochette de mots qui ne trouvaient aucun écho dans sa mémoire, et ce quelle que soit la langue choisie. Joaquín observa la gamine énumérer ces possibles animaux comme s'il s'était agi de la faune la plus commune du monde, visiblement perdue dans son petit univers, qui paraissait bien différent de celui dans lequel elle se trouvait à présent. Et bien différent de celui qu'il avait quitté lorsqu'il était jeune.
Pourquoi était-elle venue ici ?
Avait-elle décidé de quitter ses terres natales pour partir à l'aventure, voir le monde ? Avait-elle été chassée, privée à jamais du droit de fouler à nouveau de ses pattes le sol qui l'avait vu naître ? L'avait-elle fait pour quelqu'un ? A cause de quelqu'un ?
Avait-elle eu le choix ?

Bien loin d'exprimer à voix haute ces questions qui se bousculaient dans sa tête, il eut une moue perplexe, les babines légèrement pincées, continuant de darder sur elle un regard jaune et circonspect.

— Mais à quoi ça vous sert de les élever si vous ne les mangez pas ? Vous buvez le lait ? Mangez les oeufs ?

Pourquoi Diable gaspiller de précieuses ressources, qu'il se soit agi de denrées alimentaires ou de terres d'élevage à défendre, s'il n'y avait pas de rétribution derrière ?
Les quelques rares éleveurs de son pays se faisaient mener la vie dure, à essuyer encore et encore les raids des malfrats reconvertis voleurs de bétail le temps d'un soir ou d'un deal. Les plus aisés — et c'était là un bien grand mot – pouvaient se permettre de louer les services de gros bras pour repousser les assaillants. Il arrivait que les gros bras d'un soir soient d'ailleurs les voleurs du lendemain, pour peu que les fonds nécessaires à leur rémunération s'amenuisent.
C'était un éternel défilé où les mêmes têtes de succédaient encore et encore, mais dans des costumes différents à chaque fois.

Songeant à la réflexion qu'elle lui avait faite un peu plus tôt, il ajouta :

— Ici les disciples des Dieux portent des petits tubes qui brillent. Ils appellent ça glowsticks. C'est comme ça que tu peux les reconnaître.

Ils bouffaient au moins un minimum de protéines. Pas la moindre idée de comment il pouvaient faire pour se défendre en cas d'attaque — à moins que leurs dragonnets n'aient été un peu plus balèzes que ce que leur nom laissait supposer – ou pour survire à l'hiver, cela dit. Joaquín supposait qu'ils pouvaient compter sur les autres pour les entretenir et subvenir à leurs besoins pendant les périodes difficiles.
C'était à ça que ça servait, la famille.

Ses pensées se dirigèrent inconsciemment vers l'oiseau qu'il avait recueilli lorsqu'elle parla de potentiels compagnons pour la vie. Ca, il pouvait comprendre. Lui-même était fréquemment surpris de la complicité qu'il pouvait parfois éprouver à l'égard du petit volatile, qui s'était somme toute foutrement bien adapté à sa manière de vivre.
Et n'avait jamais cherché à partir. Etait toujours resté avec lui.
Il lui arrivait de se demander s'il se réveillerait un jour et ne trouverait plus de trace d'Ixcanul, que ce soit dans sa grotte, ou dans le Canyon, dans les parages. C'était une hypothèse fondée, il le savait : un oiseau n'avait rien à faire avec un loup, et il avait le clair sentiment que son oiseau en particulier était un migrateur. Il s'était les premiers mois attendu à le voir prendre son envol un jour pour ne plus jamais revenir. Avait été surpris de le retrouver chaque matin, chaque soir, à ses côtés.
S'y était habitué.
Y avait même pris goût.
Ca lui faisait mal de l'avouer, mais à présent que tous deux avaient une routine bien ancrée, perdre son oiseau, de quelque manière que ce soit, lui aurait fait un mal de chien. Et il était bien heureux que ce dernier ait pris l'habitude de dormir loti dans l'épais poil de son encolure lorsqu'il n'était pas sagement perché hors d'atteinte pour la nuit : cela lui permettait de se reposer l'esprit tranquille, sans avoir peur que quelque stupide prédateur ne vienne s'en prendre à lui lorsqu'il avait l'oeil fermé.
Oui, les animaux de compagnie, Joaquín comprenait.
Parce que cet oiseau, c'était bien la seule famille qu'il avait.

La louve parut hésiter quelques secondes, puis finit par prendre congé d'une manière bien plus élégante que ce qu'il avait jadis pu expérimenter chez lui, où la politesse n'était bien qu'un concept abstrait la plupart du temps. Il esquissa un discret sourire amusé, qui se figea lorsqu'elle vint frotter sa corne lorsque son épaule. Cette gosse était décidément bien bizarre.

Le message était néanmoins passé et il lui adressa un petit signe de tête.

— Hm... également, fit-il de manière un peu gauche, avant de darder un regard assassin sur le champignon qu'il trouvait toujours aussi douteux à ses pattes. Vraiment, ne mange pas celui-là.

Et c'est sans un mot de plus qu'il se releva tranquillement et s'éloigna, reprenant sa route, allant probablement quelque part, sans pour autant savoir où, exactement.