Rouge l Libre

D'un coup d'ailes puissant, Miru vira sur la gauche. Puis sur la droite. Ou l'autre droite.

Attends moiiii-

Le ton était lourd, lascif, un peu endormi. Miru plissa les yeux et piailla, agitant ses pattes avant dans le vide pour grabby grab quelque chose qu'elle était seule à distinguer. Elle grommela et se laissa tomber de quelques mètres avant de penser de nouveau à battre des ailes, esquivant un arbre de peu. Ouf ! Un jour ou l'autre, vraiment, elle s'endormirait en plein vol. A cette pensée, elle gloussa avant de perdre encore de l'altitude et se poser au sol.

Ouuuh, les herbes remontaient haut et ici tout était rouge. Si rouge. Elle laissa tomber son arrière train au sol et roula sur le flanc.

Agita ses pattes.

T'es oùùùù.

Elle miaule un appel, curieux son modulé du fond de sa gorge. Le petit lutin au chapeau bleu tapote ses lunettes, puis le verre.

Tu vois rien avec ces trucs, faudrait vraiment les changer !
Oh la la, mais t'imagines même pas ce que ce serait sans ! Je vois ! Mh. Les poules, comme des oranges géantes, des oranges qui bougent, elles roulent pas tu vois elles flottent, et quand elles s'envolent les oranges ont des ailes. Qui retombent. Des oranges qui tombent.
Et qui volent.

Miru s'arrête un instant pour réfléchir. Elle repose ses pattes par terre.

Et qui volent.

Oui.

Elle grogne.

Il fait chaud ici, c'est fou. J'ai trop de cheveux. Faudrait les couper. Tu me les couperais ?

Non. Non, j'peux pas, ils sont blancs. Tu sais bien.

Ah, oui. C'est vrai.

Elle se redresse.

Faut que je demande. A quelqu'un d'autre.

Sujet: Re: Rouge l Libre Mar 14 Sep 2021, 23:44

Mais il n'y a personne. Non ! Il n'y a personne. A part... A part des poissons-loups. Oh. Il y en a tellement ! Et ils sont partout.

C'est un peu comme un océan, mais un océan sur la terre, qui bouge et qui fait des vagues avec des nez d'écume pointus. Tu sais comme si la mer avait mangé la terre. Ou la grignotait un peu tous les jours. Flux et reflux, elle respire !
Comme un gros champignon.
Exactement comme un gros champignon.

Elle fait quelques pas et les herbes hautes lui chatouillent la truffe, Miru éternue violemment puis éclate de rire en laissant tomber son arrière-main par terre.

Ils ont des herbes rigolotes ici. Pas aussi rigolotes que les champignons de la forêt.

Elle se relève et fend les herbes.

Un pas à gauche.

Un pas à droite.

Sujet: Re: Rouge l Libre Mer 15 Sep 2021, 22:38

Rouge

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Ça ne serait qu'un passage rapide, pour voir si elle était là, Sakura.
Oui. Quelque chose qui durerait pas longtemps, juste un regard, comme ça. Si elle était là, tant mieux. Sinon, j'insisterais pas.
Ça faisait toujours plaisir, de la voir, c'était mon amie, la seule vivante que je supportais près de moi en dehors de ma famille.
Et ça faisait un temps, quand même, qu'on s'était pas vu.
'fin, après, j'insisterais pas non plus, comme dit ça serait juste un regard. C'était dangereux, d'aller près des frontières, j'préferais éviter. Puis j'aimais pas le concept, ça me gavait, cette entrave à la liberté.
Et dieu qu'tout les peuples étaient comme ça. Tous des cons qui forgent leur propre cage. J'comprends pas, comment on peut vouloir joindre ce système de merde.
Ah. Pour pas être seul, oui, sans doute.

J'préfère être seule, moi.
Une solo'. Une.Putain.De.Vraie.Solo'.
La compagnie des autres, c'est que ça me gave. Puis c'est risqué, toujours, avec c'foutu sang de licorne. Mourir pour un gus, bof mon tripe, alors j'préfère encore fréquenter personne que d'stresser pour que dalle.
Je baille, à m'en décrocher la mâchoire.
Papillonne des yeux, pour en chasser les deux larmes à cette suite.

Quelques battements au-dessus de ma tête me font lever celle-ci, et avec un sourire je m'apprête à accueillir la vision d'un oiseau. Eux, je les kiffe : aussi, c'est une déception terrible, en voyant qu'c'est pas un d'entre eux mais une louve qu'à la chance d'avoir des ailes.
Une louve dont l'effluve n'est pas celle de la frontière derrière laquelle elle se pose.
Vous ai-je déjà dis, que les autres me gavent ?
Parce que c'est toujours risqué, d'être avec eux, parce que si il meurt je meurs aussi ?
Elle, elle fait partie des gens qui me gavent, parce que de la voir, de prendre conscience de sa situation, ça m'oblige à l'aider car à partir de maintenant, c'est à la vie à la mort.

Sik.

« Psst, PSST ! »

D'une patte, je tape frénétiquement sur cette frontière définie par les odeurs de ce peuple y vivant, après m'y être précipité. Elle, elle marche, tranquille, comme ça, alors que d'une seconde à l'autre ils peuvent débouler et la tuer.
M'faut la sortir de cette situation avant qu'il soit trop tard.

« PSST, la cul-bénie, t'es sur le territoires des fachos, sors de là ! »

Putain t'as rien à foutre là, viens ici, j'déconne pas.

Sujet: Re: Rouge l Libre Mer 15 Sep 2021, 23:45

Oh, elle ne l'a pas vue arriver. Elle ne l'a pas entendue arriver, même quand elle tapait par terre, jusqu'à ce qu'elle l'appelle. Qu'elle fasse des petits bruits, comme un gros serpent, un serpent qui appelle. Un serpent rouge et menthe, un serpent géant. Géant, oui, ohlala. Mon dieu. Mon dieu. Mais qu'elle est-

Grande !

Ebahie, Miru s'approche. C'est plus à son instinct qu'à l'injonction qu'elle répond, et elle ne passe pas la frontière (non, pas encore). Elle danse sur cette dernière comme si elle ne la voyait pas, elle penche d'un côté puis de l'autre, inconsciente de son jeu.

Tu es si grande - tu ne trouves pas qu'elle est grande ?
Autant que toi, Mimi. Autant que toi !
Mais on ne voit jamais personne d'aussi grand. Enfin y'a nous, y'a Momon et papa, tout ça. Mais grand comme ça, et pas nous, tu viens pas de nous n'est-ce pas ? Tu n'es pas nous.

Son attention se porte tour à tour sur un point précis près de son épaule et sur la femelle qui lui fait face, fonction de ses questions et attentions. Ses paroles font sens, pour elle, se suivent et se poursuivent.

Est-ce que toi aussi, tu touches les nuages des fois ? Comme tu es si grande.

Elle fronce les sourcils.

Maman m'a dit qu'on pouvait tous toucher les nuages. Le brouillard. Mais le brouillard, c'est pour les Brownies. Ils se cachent dedans, et ils nous jouent des tours. L'autre jour, ils ont mangé Paillou.

Se tourne vers l'inconnue :

Paillou, il était orange. Orange tout clair, presque jaune, et il n'aimait pas les petits pois. Tu aimes les petits pois, toi ?

Puis vers le point au-dessus de son épaule :

Oui je sais, tu l'aimais pas trop Paillou. Mais c'était drôle, de lui jeter des petits pois.
... Je n'ai rien dit.

Sujet: Re: Rouge l Libre Ven 17 Sep 2021, 23:16

Rouge

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P'tain. P'TAIN.
Elle s'est rapprochée, la cul-bénie, mais elle n'a toujours pas franchie la frontière. Elle reste du mauvais côté, comme si ça l'éclate d'être en infraction et de menacer de se faire retourner par un soldat-facho. Je serre les dents, lui adresse un sourire crispé alors qu'elle s'extasie devant ma taille.
Ok, c'est cool.
Elle a vue que j'étais grande. C'est vrai, que je l'étais. Et si elle l'était aussi, n'en restait pas moins qu'elle tenait plus de l'oiseau que du cheval, quand on comparait nos deux morphologies.
Je hoche la tête.

« Oui, j'suis grande. Et non, j'viens pas d'vous, j'viens..de la savane et des montagnes. »

Je coupe les ponts avec l'espèce lupine, me voilà fille de la Nature.
Je sais pas à qui elle parle, je me dis qu'elle doit même être droguée. A se retourner vers un ami imaginaire, à avoir des propos sans cohérence et…
J'ai envie de lui dire.
Que le chanvre qui pousse sur les terres arables des Nakhus, c'est pour faire des fringues ou des totebag et pas des oinjs'.
Qu'elle partage, aussi. Ça a l'air d'être de la bonne, putain !
Mais ça serait un affront envers mon éducation, alors j'allais m'abstenir. Papa et Maman m'avait pas élevé comme ça, fallait être compréhensive envers toutes les vies, même celles vache' perchées.

« Seulement si je me lève sur mes pattes arrières. »

Que je touche les nuages.
Du reste…

« J'comprends pas tout c'qu'tu me dis, meuf. Mais j'ai rien contre les p'tits pois, même si j'préfère les courgettes avec une tartinade. Et, euh... RIP Paillou ? »

Ce qu'elle dit... Ça n'a pas de sens et ce n'est même pas poétique. Ça me fait juste mal au crâne, et j'ai déjà plus envie de faire des efforts pour l'écouter.
Je crois qu'elle est un peu conne, cette cul-bénie, ou alors vraiment simplette. Ou vraiment, vraiment gentille... J'vais finir par me dire qu'ils le sont tous un peu.

« ...Eh, tu veux pas venir voir si y a du brouillard vers là-bas ? »

Je lui montre un endroit, un peu plus loin. En dehors des frontières, là, en me décalant un peu pour l'inciter à suivre mon mouvement.
Priorité : la mettre en sécurité avant qu'un maboule déboule.

Sujet: Re: Rouge l Libre Lun 20 Sep 2021, 12:52

La savane et les montagnes. Elle plisse les yeux un instant et réfléchit - elle avait vu des cartes, c’était au sud ça. Au sud pour la savane, à l’est pour les montagnes : ça ne réduisait que très peu le champ des possibles tout ça. Peut-être était-elle nomade, ou née dans une famille de nomades ? Miru se penche en avant pour inspirer sa fragrance, mais n’en tire pas grand chose.

C’est vrai que tu viens de partout, c’est rigolo, tu as toute la carte sur ton pelage !

Et des odeurs qui ne lui faisaient penser à aucun endroit de la carte. A l’hommage à Paillou, Miru hoche gravement la tête :

Oui, rip. Il était vraiment gentil. Pas comme Dan-
Ah non tu ne vas pas recommencer !

Elle se coupe et glousse. Ce qu’il pouvait être tatillon.

Bon, les courgettes, et les tartinades. D’accord. Y’en a, au jardin, mais pas ici. Non, y’a pas grand chose ici à part des grandes herbes rouges, ouais ouais ouais.

A la mention du brouillard elle plisse les yeux très fort et observe dans la direction indiquée par la grande louve. Elle ôte ses lunettes, les frotte délicatement sur son pelage, les chausse de nouveau - peut-être qu’elle sont sales ? - et observe.

Et observe.

Et observe très fort, sans bouger.

Puis dévisage la louve violette avec une attention polie.

Y’a pas de brouillard. Tu as besoin de lunettes ? Si tu veux, on sait faire des lunettes chez les Nakhus. Moi, sans lunette, je vois rien du tout. Je pourrais même voir du brouillard, là-bas, moi-aussi.

Elle glousse.

Ca pourrait être drôle.

Mais, lorsque la louve s’éloigne, elle la suit docilement sans avoir besoin de plus d’invitation. Les voilà hors des terres Etels.

Sujet: Re: Rouge l Libre Dim 03 Oct 2021, 17:13

Rouge

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Les babines crispées sur un sourire mitigé, j'hoche la tête à la suite de ses mots. Au fait que je porte, si je la comprends bien, les odeurs de tout Punk Wolf sur mon pelage : c'qui n'est pas faut, puisque je suis solitaire itinérante, à l'inverse de l'odeur de béni-oui-oui qu'elle portait elle sur son poil.
La droguée glousse ensuite pour rien, parce du fait qu'il y a des courgettes au jardin. Elle évoque sans doute celui des Nakhus, et j'hoche les épaules en roulant des yeux. J'en avais rien à foutre, de ce jardin : seul comptait pour moi celui de mes vieux' et celui du Refuge. Elle ne divagua pas là-dessus, par chance, préférant observer el famoso brouillard évoqué.

J'espérais qu'avec son regard de shooté, elle saurait l'apprécier.
C'que j'avais pas pensé, c'était qu'elle prenne autant de temps à observer ce qui n'était pas. A nettoyer ses lunettes, à regarder encore et encore. Je restais à ses côtés, jetais parfois un regard par dessus son épaule pour surveiller la venue d'un facho.
Par contre, ils semblaient tous être au repos, aujourd'hui...

Et enfin, ENFIN
Elle parle, constatant l'absence du brouillard.

« P't'être bien oui, que j'ai besoin de lunettes. »
J'me mets en route.
« Mais ça ira, j'veux rien de ta meute. »
Parce que vous pigiez rien aux solitaires, vous faisiez juste genre bande de connards de culs-bénis hypocrites.
J'aurais pu ajouter ça, te le cracher un peu.
Mais j'm'abstins, on allait pas faire polémique. C'était pas très Licorne, et t'aurais sans doute envie d'me contrarier en repartant gambader sur les terres des fachos.
Là, tu m'suis, et c'est très bien.
T'es un peu con, mais j'suis responsable de toi jusqu'à ta mise en sécurité.

A une centaine de mètres de la frontières des fachos, je m'arrête et tourne la tête vers toi.

« Tu sais comment rentrer chez toi, à partir de là, ou t'as besoin que j't'y raccompagne miss lunaire ? »

Vraiment perchée, celle-là.

Elle s’arrête pour pencher la tête en avant, plongée vers le sol, et observer hardiment un brin d’herbe rouge. Elle le cueille, le fait tourner entre ses griffes, le hume. C’est un brin d’herbe rouge. Comme son voisin, comme sa voisine, mais Miru lui accorde toute son attention, avant de le présenter à sa comparse du jour :

Est-ce que tu ne trouves pas que ce brin à quelque chose de… magique en lui ? Je pense qu’il pourrait guérir, associés aux bons produits. Il vibre dans mon âme comme un cataplasme.

Elle sourit et, sans attendre de réponse, range le brin d’herbe dans son sac en cuir en le glissant entre deux plaquette pour ne pas le perdre.

Si tu as besoin de lunettes, tu devrais en mettre. C’est comme… découvrir un nouveau monde, celui derrière le voile. Peut-être alors que tu verrais les brins d’herbe rouge magiques, qui sait.

Puis, sans préavis, elle se laisse tomber par terre en baillant, roule sur le dos et agite ses pattes dans le vide.

Oui, oui. Je suis arrivée le soleil dans le dos, il me suffit de voler vers lui pour rentrer.

Un point de repère solide, sans ambiguïtés.

Rouge

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S'en devenait insupportable, vraiment.
Je n'éprouvais pour cette droguée la moindre sympathie, ni même un soupçon d'empathie. Et plus le temps passait (cela faisait peu de temps écoulé depuis le début, certes, mais c'était déjà trop), plus elle se voulait taper sur mon système. Elle était le genre de louve que j'aurais voulu secouer, tant...
Tant elle servait à rien, putain, qu'est-ce qu'elle faisait là ?!
Elle se tapait un fixe sur un brin d'herbe.
...

« Super. »

Trop bien de le sentir vibrer, tu devrais te le foutre où je pense.
Elle s'empara du brin d'herbe et l'empaqueta avec soin, convaincue de ses conneries, insistant même pour que je porte des lunettes histoire de mieux les voir.

« Qui sait, ouais. Même si les arracher, c'est sans doute les tuer. Triste pour eux. »

J'hausse les épaules, réfléchissant à comment me débarrasser de façon sécure de cette meuf. Fallait pas qu'elle retourne chez les fachos, mais bien chez les culs-bénits. Et sans s'faire bouffer par un préda, si possible.
Elle aurait été du genre à aller compter leurs dents, j'le sens.
En attendant, elle se roule et s'agite sur le sol.
...
Faut pt'être que je vérifie si elle fait pas une overdose, ou bien une crise d'épilepsie.
Je fronce les sourcils, l'observe baragouiner.

« Tu devrais le faire immédiatement, ça. »

Tu devrais même aller le toucher, le soleil, et ne pas revenir avant d'avoir réussi cet exploit.
La condescendance devenait mon nouveau crédo.
...
En espérant qu'elle rentre bien à son bercail, en procédant ainsi : sinon, ça allait s'retourner contre moi.

La remarque de la louve poney lui fait plisser les yeux. Elle fouille de nouveau sa besace, pour en ressortir les brins d’herbe cette fois. Elle les observe longuement.

Longuement.

Longuement, de nouveau, comme si elle avait tout le temps du monde. En réfléchissant. Elle finit par reporter son attention sur la louve bordeaux (comme le vin honch honch honch) :

Mais si on ne peut plus consommer les plantes pour ne pas qu’elles meurent. Qu’est-ce qu’on mange ?

Ben oui.

Qu’est-ce qu’on mange ?

Elle secoue la tête :

Oh ! Je ne vais pas rentrer tout de suite. Je viens tout juste d’arriver.

Ce serait si dommage.

Rouge

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Pourquoi.
P o u r q u o i j'avais dis ça, moi.
Le sourire est absent. S'il avait été là, autant dire qu'il aurait été crispé.
J'observais la cul-bénit contemplait ses brins d'herbes, d'une façon bien trop longue pour que je ne considère pas ce temps plus gâché encore. C'est comme si tout ce qu'elle entreprenait de faire n'était là que pour me faire chiée.
J'avais envie de hurler.
...
Je craignais de le faire parce qu'elle aurait sans doute hurler avec moi, sans même comprendre pourquoi.

Un soupir ébranle mon corps.

« C'vrai. On doit au moins pouvoir manger ça. »
Je lui aurais bien dit de la nourriture cosmique, mais ça aurait été à coup sûr me planter un couteau dans la patte.

Quoi qu'il en soit, cette meuf veut pas rentrer chez elle et ça m'exaspère.

« Dommage. J'aurais bien visité ton chez-toi, mais j'peux pas y aller seule. »

J'avais pas envie, d'aller chez les culs-bénits. Parce qu'ils avaient fermés les frontières, parce que depuis mon dernier passage chez eux j'avais peur du feu, parce que ça n'était qu'une belle bande d'hypocrites qui allait encore vouloir me faire croire que oui oui oui, ils étaient ouverts sur le monde.
Belle bande de connards ouais.
Autant que les fachos.

Sujet: Re: Rouge l Libre Dim 02 Jan 2022, 22:24

Elle change d'avis.

Elle changeait beaucoup d'avis, cette louve. Déjà le brouillard. Maintenant les herbes. Miru hausse les épaules et finit par ranger les herbes là où elle les avait reprises. Au fond de sa besace, bien précautionneusement. Elle reporte ensuite son attention sur sa comparse. Puis sur un point à sa droite.

On ne sait toujours pas comment elle s'appelle, non ? Ou j'ai oublié. Sully, est-ce que tu te souviens ?

Elle s'appelle Grandejatte. Elle l'a dit, à son arrivée.

Grandejatte ? Allons, non, c'est impossible. Je m'en souviendrais. Peut-être ?

Elle s'adresse à la louve :

Tu ne t'appelles pas Grandejatte... N'est-ce pas ?

Le ton est hésitant. Elle se relève, enfin.

C'est plus sympa, pour discuter, de savoir nos noms. Oh ! Moi c'est Miru. Si tu veux visiter chez nous on peut rentrer, oui, comme ça on fera les tartinades !

Elle glousse, se fait soudainement présente, regarde à droite. A gauche.

Baisse le ton.

En vrai, t'as pas le droit de venir. C'est la règle ? Les autres hurlaient tellement. Qu'il y avait eu des morts. Tout ça.

Reprend une intonation normale.

Mais maman arrête pas de râler que c'est de l'ob-scu-ran-tisme. Et si t'es avec moi, ils te disputeront pas. Je pense. Tu veux voir quoi, chez nous ? Il y a du brouillard, dans les champs. L'Eden, qui sent toutes les odeurs du monde - encore plus que toi. Enfin, comme toi. Comme toi en différent.

Elle hoche la tête, plisse le museau. C'est si compliqué à expliquer. Les lutins, au moins, pas besoin de mots compliqués, de phrases compliquées, ils se contentaient de ce qu'il y avait devant eux. Et sinon...

C'était jamais si grave que ça.

Sujet: Re: Rouge l Libre Mar 25 Jan 2022, 23:49

Rouge

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« Si c'est bien Grandejatte. »

Elle me brise tellement les ovaires, cette cul-bénit, qu'elle peut bien m’appeler comme elle veut : j'en ai plus rien à foutre. Présentement, mon seul objectif était de me débarrasser d'elle de façon safe et secure pour ma petite vie de Licorne, ce qui consistait à la larguer sur ces terres pour que le psy' de sa meute la reprenne en charge.

« Enchanté[i], Miru. Ça tombe bien parce que j'adore les tartinades en plus, j'mangerais que ça. »

Ça, c'était vrai, pour une fois ! Enfant déjà, je me régalais de ce que l'on appelais [i]tartinade, mot plus classe pour une purée de légumes étalée sur un autre légume. C'qui ne voulait pas dire que j'irais en manquer une chez elle : à coup sûr, ça allait être de la space tartinade.

Miru, c'était clairement le genre de meuf à assaisonner tous ses plats avec la même herbe.

J’frissonne à l'évocation des morts. Y en avait eu, vraiment ? Est-ce que c'était lié à l'incendie ? Les flammes me hantent le soir et j'ai peur du feu, c'est con. L'odeur même du brûlé fait battre mon cœur plus fort, de façon désagréable, trop rapide. Ça m'énerve.
Je veux être le genre de filles qui dansent autour du feu. Pas de celle qui panique face à l'étincelle qui pourrait en allumer un, putain.
Un peu pitoyable, Gathou.
Au moins cette louve avait ça en plus : elle avait peur de rien.

« Montre-moi, oui, comment c'est chez toi. »

J'n'y suis pas retourné, depuis la fermeture de leurs frontières de merdes.
Et l'idée de les franchir ne m'emballe pas. J'veux pas qu'on me tombe dessus et qu'on me prive de liberté. J'veux pas rapprocher du lieu du feu. J'veux gueuler que je suis contre cette fermeture jusqu'à ce qu'elle se transforme en réouverture, rien d'plus.
C'est pour les autres, que je veux ça.

Mais je la laisse me guider jusqu'à chez elle, allez, en espérant qu'elle prenne le chemin le plus rapide.
Et après, elle et moi, ça sera même pas un adieu.

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