[Event Raeders] La convalescence du Script

ANN
▒ 6 ans+ ▒
F A E I

Elle dormait peu, la sorcière. Tout d'abord, parce qu'il avait fallu surveiller l'invertébré des abysses, sa santé, mais aussi son confort dans un monde qui n'était pas le sien. Quand il avait été stabilisé, la noiraude avait laissé son patient en garde du loup en qui elle ne pouvait qu'avoir la confiance la plus absolue : son compagnon. Elle était partie retrouver les petits, leur quatre adorables monstres marins en devenir, pour leur expliquer, leur aménager une tanière digne de ce nom pour les prochaines nuitées, en espérant toutefois que cette situation ne s'éterniserait pas. L'île étant dangereuse. Bientôt reparaitrait le Capitaine et l'équipage parti dans les tréfonds du monde. Du moins c'est ce qu'elle priait l'Océan de rendre possible. Elle revint bien plus tard, son sac et son cœur plus alourdit que d'ordinaire. Quitter les moussaillons en leur promettant qu'ils pourraient bientôt rentrer lui avait déchiré l'âme : elle n'était pas louve de mensonge, mais ne pouvait assurer que bientôt était une réalité. Quand à sa besace, elle était pleine de chose en tout genre récupérée à droite et à gauche avec les enfants. Elle gravit la colline, exténuée mais satisfaite de voir Paquot debout. Elle salua les deux mâles dans un sourire, avant de venir se glisser contre le flanc d'Abysse, de sortir de son sac un bouquet de maquereau fraichement pêché, puis de poser la tête sur ses pattes, dans une volonté d'un court repos.

« L'énergie te reviens. C'est bon signe. »

Souffla-t-elle simplement pour commencer.

[Vu avec le MJ pour la permission d'intervenir dès maintenant ~ ]

Trois jours passés.
Trois jours de trop.
Pris dans les affres d'événements qui les avaient tous dépassés, l'Oracle Nakhu n'avait pu qu'à l'aube du troisième jour depuis que le phare s'était allumé prendre la direction de la côte. Maintenant que sa famille était au courant, que son nouvellement nommé collègue Lestat et que sa douce Couturière Kerguelen l'étaient également, il pouvait s'en aller. S'en aller d'un endroit pour arriver ici.

Il avait parcouru à larges foulées la distance qui séparait les terres Nakhus de la mer. Habitué aux longues routes, le corps encore endruant malgré l'âge qui commençait à se faire ressentir, ce furent d'avantage ses poumons que ses muscles qui 'lobligèrent à s'arrêter à mi-chemin. Il ne s'était pas encore complètement remis des conséquences qu'avait eu l'incendie - une petite voix au fond de ses pensées lui murmurait que, peut-être, il ne s'en remettrait jamais. Il s'arrêta alors que le soleil grimpait dans le ciel pour reprendre son souffle, et contempla en silence la moitié du continent qui restait encore à parcourir devant lui. La lumière du matin, vierge de nuages, le baigne de ses couleurs pastels. Lorsque sa respiration fut redevenue régulière et silencieuse, il se remit en route. Et ce fut d'un trot élastique qu'il parvint sur les Côtes de Nacre.

Il ralentit un peu l'allure pour jauger où le bras de mer était le moins profond avant de jeter sa lourde carcasse à l'eau. A coups de pattes puissants, la tête et les épaules juste au-dessus de la surface, il avançait à bonne allure. Les embruns et les éclaboussures eurent tôt fait d'inscrire sur sa langue et dans sa truffe l'odeur et le goût de la mer. Comme un louveteau, il sortit sa langue pour en laper quelques gorgées, puisque pour lui ce n'était ni nocif ni désagréable. L'image était cocasse, mais il n'en avait cure. Ses griffes finirent par frôler le fond, lui indiquant qu'il pouvait reprendre pied. Et il sortit de la mer sur cette plage ô combien familière.

Il s'ébroua vigoureusement et parcourut les alentours du regard. Il n'y avait personne d'immédiatement visible, alors il prit un pas prudent et signala sa présence d'un hurlement grave, aisément reconnaissable pour qui avait déjà entendu sa voix. Une crainte sourde l'habitait, qu'il gardait bien enfermée dans les murs de son esprit : celle que personne ne lui réponde car il serait arrivé trop tard.