Traque — Iberis

À défaut de chasser paisiblement, voilà qu’il se trouvait avec un marmot dans les pattes. Combien de temps avant qu’il lui arrive un truc à ce petiot ? Ils avaient l’air si fragiles avec leurs petites pattes et leurs grands yeux écarquillés à la moindre mouche qui venaient voler autour d’eux…
Le museau s’approche du sol. Hum… plusieurs pistes… avançant de quelques pas (laissant le Phénix s’assurer que le p’tit suivait), il parvint à trouver trois pistes plus nettes. Le disciple de Kiro se redressa, marquant une pause, pointant le sol du bout d’une griffe.

« — Qu’est-ce que tu sens ? »

Pourrait-il faire le lien entre ce qu’il avait pu manger et les odeurs au sol ? Aurait-il la concentration nécessaire ?

Ohlala, il marchait super vite le monsieur.
Mais bon, Iberis il avait décidé de le mettre dans le petit panier des "gentils" par ce qu'il avait accepté de l'emmener à la chasse. C'était le tout premier qui faisait ça -Maman elle y pensait jamais et puis Anita elle lui avait jamais proposé- et lui il était trop content par ce que, enfin, il allait faire comme les grands et aura plein d'histoires à raconter quand ce sera l'heure de rentrer à la maison.

Lorsque Narcisse posa sa truffe au sol, pour le renifler, Iberis l'imita. C'était rigolo, de faire ça, il sentait plein d'odeurs ! Y'avait celle des autres loups qui passaient ici, il lui semblait même sentir celle de sa maman, mais aussi, et c'était sûrement ce que son professeur du jour attendait de lui...

- Une proie ! Mais je sais pas ce que c'est, c'est difficile. Pas une souris.

Des souris, y'en avait parfois dans le Castel et elles sentaient pas comme ça. De ça, il en était certain !

Bon ce gosse-ci semblait pas trop pénible… Au moins il ne causait pas inutilement. Narcisse observa le petit loup bleu. Ah oui… c’est sûr que si il était habituée qu’aux souris, ça allait être un changement radical pour lui.

« — Un lapin. »

Le genre de petite proie qui conviendrait à un petit insecte dans son genre.

« — Les autres sont celles d’un renard et d’un chevreuil… mais t’es encore trop jeune pour ça. »

Puis c’était rare de chasser le renard… surtout que Dairo faisait parti des divinités Etelkrus. Narcisse continua de fixer Iberis.

« — Maintenant suis la piste. Concentres-toi uniquement sur cette odeur. Si ça peut t’aider fermes les yeux… mais restes quand même vigilant à ce qui t’entoures. »

Un lapin.
Ok, c'était bon le lapin, même si lui il préférait le chevreuil à manger. Mais bon, si il était trop jeune pour ça.. eh ben il avait plus qu'à attendre. Puis quand il sera grand, il en ramènera plein plein plein.
La truffe au sol et les yeux fermés comme le lui avait conseillé son mentor du jour -mais c'était pas lui qu'il voulait en vrai mentor, il préférait Anita par ce qu'elle faisait des beaux sourires et était gentille et Alpha aussi- il entreprit de suivre la piste du petit animal, sourit lorsqu'il la sentit plus présente, au fil des pas.

Il rouvrit les yeux et chuchota.

- Comment on le tue, le lapin ?

La queue féline se balança dans le vide alors qu’il étudiait la posture du gamin. À la question, il haussa un sourcil.

« — En lui brisant la nuque, c’est le meilleur moyen pour ne pas le faire souffrir. »

Il marqua une pause.

« — Encore faut-il l’attraper. T’as déjà de grandes pattes pour ton âge, tu vas devoir t’en servir, en prenant bien appuie sur tes pattes arrières quand tu cours. »

Ce n’était pas dit qu’il parvienne à attraper un lapin à son âge, mais qui sait…

Les oreilles dressées sur son petit crâne, Iberis se montrait attentif.
C'était la première fois qu'il avait l'occasion de faire quelque chose d'un peu intéressant, alors autant en profiter : Il était bien décidé à impressionner ce mentor provisoire.
Il hocha la tête, quand bien même il craignait, un peu, de ne pas avoir la force nécessaire dans la mâchoire pour briser la nuque du lapin d'un coup sec. C'était quelque chose qu'il parvenait à faire sur des petits rongeurs, comme les souris mais là... Là, c'était tout de même plus gros, un lapin, et lui était encore petit.

Mais soit : il n'était pas question de se dégonfler.

- D'accord.

Il continua de suivre la piste, le plus silencieusement possible et, lorsqu'il se sentit assez proche du petit animal, s'élança en avant pour essayer de l'attraper.
Ses crocs se refermèrent sur la nuque de sa proie qui n'eut le temps que de glapir avant qu'il ne l'achève proprement. Très fier de lui, il se tourna vers Narcisse.

- J'ai réussi !

Narcisse suivait, silencieux, il était telle une ombre. Par moment, il corrigeait la posture du gamin pendant qu’il suivait la piste, pour permettre un meilleur équilibre. La proie fut rapidement trouvée et abattue. Un travail rapidement et proprement effectué.

« — J’ai vu ça. »

Il hocha la tête en guise de félicitations.

« — Tu peux partager ta prise avec ta famille ou la mettre sur la pile de gibier pour que tout le monde puisse voir ton exploit. »

D’un mouvement, il incite Iberis à le suivre pour retourner au Castel. Il avait tenu parole en l’emmenant chasser.