-Iris-

Maman les a abandonnés. Non, maman l'a abandonnée. Après qu'Iris a fuit du Castel, elle a erré un peu de temps, seule. Dehors, la forêt et les pics de pierre, le chemin vers la plage où elle est déjà allé, accompagnée. Jamais seule. Elle ne veut pas y retourner de peur que les souvenirs la fasse changer d'avis, la fasse revenir dans les pattes de maman, qui n'est d'ailleurs plus sa maman. Non, Iris maintenant, elle était toute seule, même Nirvana et Ibéris sont partis de leur côté, peut-être ensemble même.

La louvarde ne se sent pas prête à rencontrer quelqu'un, surtout pas un adulte qui cherche à la ramener de force au Castel. Alors, elle passe par les bois, les chemins de traverse. Marche dans la forêt, ruminant ce qui s'est passé, agitant le chaudron de ses émotions. Et le temps est incapable de la calmer, au contraire : la colère se change en rage, en feu lui brûlant l'intérieur et dévorant ses entrailles. Est-ce qu'elle va fuir face à l'envahisseur ? Est-ce qu'elle va vraiment rester sans rien faire alors que tout son être brûle d'agir ?

Non.

Alors que la lune se lève et que pour la première nuit, elle n'est ni contre sa mère, ni contre son frère, elle prend une décision. Elle arrangerait ça, à sa manière. Maman était déraisonnable, elle ne comprenait pas, alors Iris ferait ce qu'il faut pour que la crotte solitaire n'entre jamais dans leur vie. Jamais. Elle se met à marcher, à réfléchir : ce truc, c'est quand même un bébé, elle ne peut pas se battre contre lui, ni le tuer. Par contre, elle peut l'amener loin, loin d'ici, à un endroit où jamais on ne le retrouvera. Ou mieux encore : le donner à une autre maman, une qui s'y attachera et qui ne voudra plus le laisser ensuite. Maman alors sera obligée de le laisser, et ça sera gagné !

Sauf que voilà, le bébé, c'est maman qui l'a. Et pour passer maman ... Iris renifle. Ses émotions se sont un peu calmées pour laisser place à sa réflexion, et les larmes ont définitivement cessé de couler sur ses joues pour laisser place à une expression froidement déterminée. Il va falloir qu'elle courre vite, longtemps. Qu'elle soit agile, discrète, et surtout, très forte si maman la repère. Tant d'éléments qu'elle ne peux avoir, son petit corps encore trop jeune pour espérer vaincre. Ha, si seulement elle pouvait grandir d'un coup, devenir ... Devenir forte !

Un éclat lunaire passe dans ses yeux mauve. Elle pourrait aller le voir, lui. Celui dont elle a entendu parler depuis son plus jeune âge, celui dont le rouge auréole les plus forts. Celui qui aurait de quoi lui prêter un peu de force, juste cette nuit ... Sans attendre, elle se met en route vers le temple d'Aka, tout en réfléchissant : les Dieux ne donnaient pas leur force contre rien. Il faudrait qu'elle lui propose un marché, ou bien qu'elle fasse ses preuves d'une manière ou d'une autre. Un combat la désavantagerait clairement, avec son corps d'enfant. D'ailleurs, peut-être même qu'il ne se montrerait même pas, tant elle est faible : c'est un risque à prendre. Alors qu'elle arrive enfin aux abords du temple du Dieu rouge, la lune est haute dans le ciel, et ses tremblements se sont calmés. Seule sa colère reste, et son plan pour enfin l'apaiser.

Iris entre dans le temple la tête haute, consciente de sa faiblesse. Un corps d'enfant, un corps si faible, qui ne demande qu'à grandir encore un peu. Si le doute avait pu l'envahir avant, à présent qu'elle est ici et que se dressent les colonnes, immenses, et la statue du Dieu, elle est déterminée. Déterminée à se battre, avec tout ce qu'elle a, pour que tout redevienne comme avant.


Sa voix est un peu rauque, bien trop fluette. Elle lève les yeux vers la statue pour demander l'impossible. Ses muscles fins contractés, son poil gonflé comme pour donner un peu d'épaisseur à l'enfant.


Une nuit pour une vie. Un emprunt à jamais, qu'Iris devra rembourser lorsqu'elle aura grandi, lorsqu'elle sera devenue elle-même plus forte. Le regard brûlant, douloureusement consciente du marché inéquitable, mais elle serre les crocs, reste debout, reste digne. La vasque est vierge de toute offrande : que pouvait-elle offrir, Iris, à part peut-être son propre sang ? Mais ça n'aurait pas plu au Dieu, non. Seul les faibles voient leur propre sang couler. Il aurait fallu le sang d'un autre, un adversaire. Elle découvre les crocs. Son cœur bat une pulsation puissante dans sa poitrine, métronome de sa colère et de ses désirs.

Donnez moi votre force et je repeindrais votre temple du sang de vos ennemis.
Donnez moi votre force et je vous donnerais ma vie.

Qu'est-ce qu'une vie, pour un enfant en colère ? Qu'est-ce que l'éternité, pour celle qui croit perdre sa mère ? Et surtout, qu'est-ce que la force pour celle qui se pense si faible, à part un moyen d'assouvir tous ses désirs, de devenir invincible, même face à l'autorité de maman ?

-Iris-

Le temple s'empli de la présence forte du Dieu, faisant trembler le feu des torches. Iris se tend, encore plus si c'est possible, s'attendant à quelque chose, à n'importe quoi. Se faire jeter du temple, probablement, pour avoir osé venir demander de la force alors qu'elle n'en a pas. Mais à la place d'une bourrasque ou d'un monstre venu de l'obscurité pour l'attaquer, elle entend sa voix. Une voix puissante, des mots durs. Une demande de preuve. L'éclat du feu se reflète dans les iris violacée de la jeune louve. Une épreuve, pour savoir si elle est digne de la force d'Aka. Et un ordre : frapper.

Soudain derrière elle retentit un cliquètement de griffe. Elle se retourne d'un bond, tendue comme un arc, l'esprit aiguisé par l'adrénaline : ce soir, elle combattra. Ce soir pour la première fois, elle saura si elle est digne d'Aka. En face d'elle, deux yeux s'allument, et sort de l'obscurité un petit félin, aux oreilles pointues. Un lynx, lui souffle sa mémoire gorgée d'histoires de maman. Elle déglutit : l'adversaire n'est pas haut, mais elle non plus. Comment le battre ? Iris fait rapidement une revue de ce qu'elle sait sur les félins : ils sont agiles, en général essayent de rester cachés. Mais celui-ci est envoyé par Aka, il sera hargneux. Probablement plus vif qu'elle, elle peut éventuellement compter sur ses crocs pour ...

Mais pas le temps de réfléchir plus. Le combat se lance, et la jeune louve doit bouger, si elle veut gagner. Essayer d'handicaper l'adversaire, peut-être de neutraliser une patte, ou un œil, c'est son meilleur choix. Alors, comme lors du combat contre son frère, elle s'élance, dégaine ses crocs et attrape une patte avant, mordant du plus fort qu'elle peut. C'est à dire, pas très fort. Elle parvient néanmoins à toucher le lynx, et déverse toute sa colère dans son premier coup, sa première morsure. Car elle sait qu'une blessure bien placée, et l'adversaire sera hors combat.

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'PC - Lutte' :

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'PC FOR - Attaque' :

Le lynx paille, et Iris jubile. Pendant une fraction se seconde, elle se sent forte, plus que son adversaire. Mais déjà, l'autre riposte. Et ses griffes, bien plus aiguisées que celles de l'enfant, pénètrent sa chaire dans son dos, faisant couler pour la première fois son sang. Iris lâche prise sous le coup de la douleur, et laisse échapper un jappement aigüe. Ca fait mal ! Elle sent la douleur pulser dans son dos, et serre les crocs : elle saigne, elle le sent le long de son échine. Sa colère, elle, ne s'est pas calmée devant la douleur, mais son esprit est moins clair. Il faut qu'elle gagne, sinon ...

Sinon elle resterait faible toute sa vie.

Elle découvre ses crocs de nouveau, et bondit. Elle balance sa patte, du côté de la patte déjà blessée du petit lynx, visant l'oeil cette fois-ci. Elle sait qu'il risque d'esquiver, mais se prépare à la suite, du mieux qu'elle peut. Si elle continue de le harceler toujours du même côté, peut-être qu'elle a une chance ! Surtout si elle arrive à l'aveugler.

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'PC - Lutte' :

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'PC FOR - Attaque' :

L'attaque touche, le félin ferme l'œil et le sang perle à sa paupière : Iris a réussi à l'aveugler, au moins pendant un moment. Elle peut alors prendre l'avantage, si elle reste de ce même côté, qu'elle continue d'attaquer. Elle peut même tenter une feinte, faire semblant d'aller de l'autre côté mais se raviser, ou bien ... Ou bien ...

Ou bien essayer d'encaisser la prochaine attaque. Rendre un œil inutilisable n'est pas assez pour mettre le lynx hors jeu, et immédiatement, il se saisit de la patte de la jeune louve pour la mordre, profondément. Cette fois-ci, la douleur est intense, intolérable. Violente brûlure qui lui prend toute la patte, remonte dans son épaule, pulse jusque dans son dos déjà blessé. Iris ne sait pas quelle est l'étendue des dégâts, elle n'y pense même pas. Dès que l'animal la lâche, elle roule au sol, laissant son sang tâcher le sol, et ne se relève pas. Recroquevillée sur elle-même, prise de tremblements, elle se met à sangloter. De douleur, bien sûr, mais aussi de frustration, face à son impuissance. Pourquoi est-elle venue ici, si c'est pour s'humilier devant un Dieu ? Elle se roule un peu plus sur le sol froid et dur, incapable d'affronter le regard du Dieu de la Force. Si seulement ... Si seulement maman était là, tout irait mieux.

Y’a un peu de bordel, dans le temple. Elle le sent avant d’y arriver, elle l’entend et ça l’intrigue. Oh, ça n’est pas rare non ! C’est toujours un peu le bordel dans le temple d’Aka, c’est même un peu leur marque de fabrique à eux les rouges. Mais c’est toujours intéressant de voir ce qu’il se passe, qui s’est rétamé la gueule ou qui vient de foutre la misère aux bestioles que le dieu rouge s’amuse à invoquer contre ses disciples.

Ou ceux qui ne sont pas ses disciples, d’ailleurs. Car lorsqu’elle passe le museau à travers l’ouverture, en toute discrétion, c’est un des chiards d’Holly qu’elle voit. Le p’tit bleu clair, ou la p’tite bleue clair elle sait même plus comment elle s’appelle - pourquoi s’intéresser à des pucerons inutiles.

Mais celui-là il se bat contre un lynx tout de rouge teinté, il répond, il réplique, digne d’un rouge, pas bien malin dans son approche comme on pourrait s’y attendre (quoi qu’il vise les yeux cette petite merde). Et il s’étale, et il perd, et il chiale.

Alexandrine sort de l’ombre et se jette en avant d’un bond puissant.

Elle lui pince la patte, fait claquer sa mâchoire et se tient entre le puceron et le lynx. Son regard se tourne vers le louveteau à terre et sa voix, glaciale, tonne :

Relève toi.

T’es dans le temple d’Aka, ici.

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'PC FOR - Attaque' :

-Iris-

Relève toi.

Elle n'a pas eu le temps de sentir le souffle qui passe au dessus de sa tête, mais la voix résonne, dure et froide dans le temple. Iris relève des yeux humides : une silhouette ailée, puissante et luisante d'une aura rouge s'est interposée entre elle et son adversaire. Une disciple d'Aka. La honte vient rougir les joues d'Iris : elle avait eu un public en plus d'Aka. Et quel spectacle avait-elle donné ! Soudain, le souffle du Dieu emplit le temple, et sa voix résonne, la traitant de fiotte. La jeune louve ne sait pas ce que le mot veut dire, mais le ton est clair : elle a échoué. Plus que ça, elle a échoué, et gisait à présent au sol, incapable de s'acharner.

C'était donc ça, tout ce qu'elle valait ? Un souffle chaud vient enlever la douleur de ses blessures, mais laissant son coeur ouvert et à l'agonie. La honte de la faiblesse dont elle a fait preuve reste cuisante, mais les derniers mots du Dieu résonnent encore : elle pourra revenir, plus forte. Est-ce qu'elle y arrivera, un jour, à être plus forte ? Même le contact d'Aka sur sa tête ne parvient pas à réellement la consoler, ne faisant que renforcer la différence entre elle, au sol, et lui, Dieu de la force. Alors que le Dieu disparaît en un dernier souffle, le silence revient dans le temple, seulement interrompu par les reniflements de la petite louve. Doit-elle vraiment rester sur ça ? Les pattes encore faibles, la jeune louve roule avant de se relever tant bien que mal. Ses blessures ont disparu, ne laissant que la douleur des courbatures à venir. Mais elle garde la tête basse, l'oeil sombre. Elle a échoué, et n'arrive pas vraiment à voir cet échec comme une avancée. Elle allait devoir rentrer, expiquer où elle était à maman, et ...

Et peut-être à cette grande louve, qui la rejoint, et qui doit maintenant la juger. Une disciple d'Aka, ça perdait aussi ? Iris renifle, évitant le regard de la louve. Elle n'avait tout simplement plus envie d'être ici, voulait rentrer dans le sol, abattue par la honte et la fatigue.

Le sang d'Alexandrine bout dans ses veines, alors que son regard carmin passe d'Aka au louveteau, pour revenir au dieu. Sa peau frémit, ses ailes bougent légèrement. Elle secoue la tête. D'un signe, salue son dieu. Son coeur. Puis son regard de nouveau se tourne vers la petite forme étalée au sol, et un mélange de frustration la parcourt. Pourquoi elle pleure. Parce qu'elle a mal ? Le problème semble plus profond que ça. La dragonne gronde, et sa voix claque et résonne de nouveau :

RELEVE TOI !

Elle se penche en avant, recouvre Iris de son ombre.

T'es nulle. C'est ça qui t'emmerde ? D'être nulle ? Parce que tu savais pas que t'étais nulle avant d'venir ici ?

Elle gronde.

Ben c'est pas la révélation du siècle hein. T'as vu ta taille ? C'est normal si t'es toute naze. Tu crois qu'ta mère au sortir du berceau elle claquait des beignes ?

Elle se redresse un peu, et braille au lieu de parler :

ET BEN NON, mais C'EST COMME CA, et c'est pas grave, t'as l'droit d'être nulle, on est tous nulles quelque part, JE SAIS MÊME PAS LIRE MERDE. Est-ce que j'en fais tout un fromage ?

Elle gratte le sol.

L'important c'est d'relever le museau. Et si tu veux plus être nulle kek'part, ben faut t'en donner les moyens. FAUT T'BATTRE !

Alexandrine frappe son torse de sa patte :

Aka, il est dans tes muscles. Mais avant tout, il est dans ton COEUR. Parce que le plus dur, dans un combat, c'est pas d'perdre ou d'gagner. C'est d'y aller. C'est d'y claquer toutes ses tripes. C'est d'y claquer toute son âme. C'est ça Aka. C'est tout affronter de FACE. C'est d'leur montrer, à tous ces rats, à toutes ces merdes, que les meilleurs c'est nous. Parce qu'on a les foies, ouais. Parce qu'on sait qu'on peut caner. Mais qu'on y va quand même.

-Iris-

La disciple d'Aka étend ses ailes membraneuses -des ailes de dragon- pour recouvrir le corps de la louvette de son ombre. Louvette toujours avachie, tremblante et reniflante, à présent un peu effrayée : va-t-elle se faire punir parce qu'elle a échoué à l'épreuve du Dieu de la force ? Ou bien devrait-elle se battre, encore ? Ca au moins, c'était facile : elle n'avait plus de force. Mais à la place d'une épreuve, c'est une tornade de cris qui vient s'abattre sur la petite louve recroquevillée au pattes de la dragonne. Les oreilles couchées en arrière, les yeux écarquillés par la terreur, Iris accuse le coup de la violence des mots et du volume de la voix.

Mais peu à peu, le message passe : il fallait se relever. Il fallait continuer à se battre, toujours, si on voulait être digne d'Aka. Est-ce qu'Iris en était capable ? Elle était nulle, comme avait dit la disciple d'Aka. Mais pourtant, elle avait aussi dit que beaucoup étaient nuls, que ce n'était pas grave, qu'il suffisait de se battre. Aka aussi lui avait soufflé cela, qu'elle manquait d'acharnement. Elle abandonnait facilement, comme la nulle qu'elle était, et qu'elle resterait si elle continuait sur cette voie.

Elle renifle, la morve coulant jusqu'à son menton à présent. Elle n'ose pas s'essuyer, un peu trop effrayée par la louve-dragon qui lui hurle dessus. Mais elle doit se relever maintenant, elle n'a plus le choix. Elle pousse sur ses pattes épuisées, manque de basculer, mais la voilà debout, la gueule ouverte, haletante. Elle ferme sa gueule d'un claquement de crocs, et étouffe un nouveau sanglot. Elle relève la truffe, la face toute mouillée de larmes et de morve, regarde la statue d'Aka. Son estomac est toujours noué, son esprit lui martelant encore et encore à quel point elle était faible, mais au moins elle était debout, et c'était tout ce qui comptait. Peut-être qu'elle ne serait jamais à la hauteur d'Aka, mais elle ne partirait pas d'ici sur les genoux, resterait fière, un peu. C'était le moins qu'elle pouvait faire après la catastrophe qu'avait été cette journée.

Elle gueule, elle gueule et la gosse elle s’écrase encore et encore. Et Alex, ça lui donne encore plus envie de gueuler - elle capte rien, la gosse ? Elle capte rien à rien ? Mais elle vacille, elle plie les genoux ouais. Elle tremble, elle se rassemble, elle a beau pas en donner l’impression elle entend quand même ce qu’elle gueule. Et elle pousse sur ses pattes toutes défoncées, elle vacille mais elle se relève.

Alors Alex ferme un peu sa gueule.

Elle la regarde.

C’est mieux.

Puis elle plisse le museau.

Putain de con, ta mère va me faire le cul quand elle va voir ta gueule, et crois moi pas comme j’aimerais. Allez, on rentre.

Elle s’approche d’un pas, vérifie qu’aucune blessure n’est suffisamment dangereuse pour nécessiter des soins sur place - mais Aka n’était rien d’autre qu’attentionné - et saisit le piot par la nuque pour le porter.

Et rentrer au camp.

-Iris-

Mieux. Pas forcément bien, pas encore assez, mais mieux. Une amélioration qu'Iris ne sentait pas vraiment, peinant à arrêter de pleurer face à la défaite infligée par Aka. Et maintenant, la louve-dragon voulait la retourner à sa mère ? Iris relève la tête, soudain plus vive : elle ne voulait pas y retourner, pas maintenant ! Pas tant qu'elle était encore avec le bébé, pas alors qu'elle était partie en laissant Iris pourrir dans ses émotions bien trop grandes pour elle. Elle n'avait pas envie d'expliquer pourquoi elle s'était battue, d'expliquer surtout qu'elle avait perdu. Mais la disciple rouge ne semble pas de cet avis : elle se saisit de son cou et la soulève, comme un chiot. Iris proteste :


Elle se débat -faiblement- en essayant de s'extirper de la prise de la grande louve. Tout mais pas ça !

Alexandrine gronde et ouvre la gueule pour que le petit paquet tombe au sol - un peu durement peut-être. Elle grommelle :

Si t’as assez d’énergie pour râler, alors t’en as assez pour marcher.

Faut pas déconner.

Pourquoi tu veux pas aller voir ta mère ? Elle t’a cassé les couilles ?

Elle t’a dit qu’elle préférait quelqu’un d’autre, que tes choix ne concordaient pas avec les siens ?

Elle donne une petite tape dans le dos du rejeton :

Allez t’en fais pas va, je suis sûre que ça va passer. T’as qu’à me raconter pendant qu’on rentre.

Après tout tant que le gamin parlait, il râlait pas et n’essayait pas de faire des bêtises, c’était déjà pas mal.

-Iris-

La grande louve-dragon relâche le corps contusionné d'Iris brutalement sur le sol. Elle atterrit en un gémissement, mais se relève aussitôt, encore un peu paniquée. N'entends même pas les gros mots d'Alexandrine -"couille" quand même !- et lui fait face, l'oeil mi-inquiet mi-déterminé. Elle ne voulait pas rentrer ! Elle ne voulait pas se retrouver là, dans la tanière de maman comme une perdante, faible et douloureuse, alors qu'elle apprend qu'elle a une nouvelle sœur avec qui partager l'attention d'Holly. Elle ne veut pas devoir se taire, et ravaler ses larmes, et expliquer à maman, à son frère qu'elle a perdu. Elle n'a juste pas envie. Alors elle proteste, le ton grondant :

Les trois louveteaux déjà la fatiguait beaucoup, certains soirs. Et Iris devait partager son attention avec les autres, ce qu'elle n'appréciait évidemment pas. Elle relève les yeux vers la dragonne : est-ce qu'au moins elle comprenait, ça ? Est-ce qu'elle avait des frères et sœurs, ou alors des enfants ? Peut-être qu'Iris parlait à un mur. La jeune louve se renferme légèrement.

Elle s’attendait à beaucoup de choses… Mais pas à ça. Clairement pas à ça, bien qu’elle ressente physiquement les remontrances d’Iris, au cœur de son âme. Non pas qu’elle ait vécu cette situation, loin de là, jamais elle ne s’était sentie… moins importante aux yeux de ses mères par rapport à leurs responsabilités. Mais parce que ça faisait partie des raisons intrinsèques pour lesquelles elle ne voulait pas de gosses - parce qu’elle craignait de ne pas être à la hauteur, d’être bien trop égoïste par rapport à ses propres ambitions et volontés pour s’occuper correctement d’une demi-portion.

Non pas qu’elle craignait qu’Holly ne soit pas à la hauteur, mais… Elle voulait toujours tout faire, trop fort, et elle perdait parfois de vue ce qu’elle avait sous le museau. A cause de la fatigue, à cause de la pression qui la bouffait de l’intérieur et qu’elle ne parvenait pas toujours à extérioriser, à cause de cette… Ce besoin d’être parfait aux yeux des autres et de ne pas les décevoir, un besoin qu’elle partageait.

Elle reste silencieuse un instant, parce que la question est sérieuse. Importante. Et parce que… Elle ne sait pas trop y répondre. Il y a beaucoup de choses qu’elle ne comprend pas, dans l’équation qui lui est proposée - parce exemple qu’Holly voulait adopter encore un gosse, quelle idée.

Elle inspire à fond et décide de prendre la route la plus safe qu’elle voit :

Elle est un peu comme ça ta mère. Elle veut régler tous les problèmes du monde, surtout quand ces problèmes font moins de trente centimètres au garrot et des yeux de chiot. C’est son cœur qui parle, comme quand t’es tellement en colère que tu viens gueuler chez Aka. Tu peux pas t’en empêcher, et elle non plus.

Elle donne un petit coup de patte à Iris.

Mais elle est pas bête. Ou aveugle.

Loin de là, oh oui.

Et elle vous aime. Si pour l’instant elle est pas capable de voir que, mh, c’est compliqué. Et qu’elle risque de perdre plus que de gagner. Si vous lui expliquez, elle comprendra. Même si, t’avouera, c’est un peu égoïste de dire que vos problèmes actuels sont dus à une présence qui n’est même pas encore là.

Vous, serez toujours devant. Premiers.

Si Alexandrine avait une certitude, c’était bien celle-là.

Mais ta mère, elle te fera toujours passer avant tout le reste. C’est comme ça qu’elle est. Faut lui pardonner ses erreurs, elle est comme tous les autres, elle en fait. Elle apprend. On arrête jamais d’apprendre.

Alexandrine se rend compte qu’elle… dit peut-être un peu trop de choses. Des choses compliquées, qu’Iris n’a probablement pas la maturité de comprendre, pas le recul pour appréhender.

Alors, elle glousse, désigne le temple d’Aka d’une patte :

Pis si ça t’énerve, tu peux toujours venir gueuler chez Aka, il aura toujours une petite bête à t’envoyer. Mais si c’est chez lui que tu viens taper, faut te relever. Te relever à chaque fois. Tant que tu respires, tu te relèves et tu tapes. Et quand tu pourras plus, tu te relève dans ton cœur, et c’est Aka qui te relèvera.

-Iris-

La louve-dragon a l'air embarrassée par la remarque. Peut-être que c'était trop compliqué d'y répondre, ou peut-être qu'elle allait dire la même chose que maman : ils n'étaient que des égoïstes, ils ne comprenaient pas. Mais à la place, la louve lui parle. Et elle écoute, malgré son air renfrogné. La louve lui parle des sentiments de maman, de pourquoi elle a recueilli le petit. Pourtant Iris ne l'avait pas vu, cette émotion. Quand elle était pas contente, elle le disait, le montrait même quand elle ne le voulait pas. Mais maman, c'était moins clair. Dans l'ensemble, elle avait du mal à accepter que maman était une louve comme tout le monde, et pas ... Maman.

La louve continue, lui dit que maman les aimera toujours autant, quoi qu'il arrive. Mais ce qu'elle comprends, c'est qu'ils ne sont pas fous : c'est sûrement une erreur d'adopter un autre petit, et il faut discuter avec elle. Peut-être que s'énerver n'était pas la solution, tout simplement. Iris soupire, avant de regarder le temps d'Aka. Elle ne savait pas encore si elle avait envie de revenir se faire botter les fesses par le Dieu Rouge. Si elle en avait le courage. Finalement, elle relève un regard plus curieux qu'énervé vers Alexandrine :

Si je la connais ?

Bien sûr. C'est

Ma meilleure amie.

Mon amie.

Celle que j'ai aimé.

Que j'aimerais toujours, à ma manière, bien que d'une nouvelle manière.

une de mes amies les plus chères. C'est important de connaître ses amis, de comprendre quand ils vont bien, quand ils vont mal, et pourquoi. Et comment les aider.

Elle laisse son regard traîner sur les pins à l'horizon, ces arbres immenses entre lesquels elle louvoyait depuis sa plus tendre enfance. Terre de défi, terre de jeu, terre de confrontation. Sa maison, autant que la Moere, d'une autre façon.

Elle reporte son attention sur la louvette et la pousse aux fesses avec un petit grondement.

Allez relève toi. T'as besoin de voir un panseur. Chop chop.

Le ton est plus calme, plus las aussi.

-Iris-

Une amie chère.... Mais surtout, "c'était". Iris reste silencieuse, I gérant les multiples informations. Maman et elle étaient amies, aïs à s'était arrêté. Elle fronce le museau, passant une patte sur les marques laissées par le combat. Elle s'en souviendrai, de cette rencontre et de ce qu'Alexandrine lui avait dit. Sa colère s'était calmée en tout cas. Si maman continuait à vouloir le bébé... Elle lui parlerait, et elle resterait calme, enfin essayerait. Elle hoche la tête avant de de relever : il était temps de rentrer.