Maman, Mimi et Marcel - Libre

Une seule personne svp !

C’était pas le moment de repasser à la maison, vite fait ?
Sa maison, ce sera toujours les plaines savanes, à moins qu’elle se pose un jour. Mais, puisqu’elle était actuellement voyageuse, et bien décidée à le rester, Onyx n’avait pas jugé utile d’investir une grotte, un terrier ou n’importe quelle autre habitation pour en faire son foyer à elle.
Ça lui convenait bien, que le seul endroit qu’elle associé à ce mot, maison, soit cette tanière ou ses sœurs et elles avaient grandi, enveloppées par l’amour de leurs vieux darons.

Ca romontait, tout ça. Pourtant pas si vieille, du haut de ses cinq ans, Onyx en était presque nostalgique.
Enfin, le merdier arrivé récemment n’y était pas pour rien, hein ?

Ils remontaient, les temps d’insouciance ou elle faisait la sieste, le ventre à l’air, dans cette tanière ou coursait la grande ‘Gathou pour lui piquer sa queue… quand elle la changeait pas en queue de petit cochon, sous le regard amusé de Prudy.
Oh ! Lui revenait en mémoire la journée ou elles avaient peint la queue de papa et que celui ci s’était laissé faire, toujours beaucoup trop gentil et dévoué. C’était vraiment drôle et Maman s’était beaucoup amusée de cette situation, avant d’avoir à subir leur prochain plan diabolique de gosses inventives…

En parlant de Maman… Elle lui manquait vachement.
Ça faisait combien de temps, qu’elles s’étaient brouillées, toutes les deux ? Depuis le retour de Miraj, puisqu’Onyx lui avait tout raconté de ses conneries, mais combien de mois, du coup ? Le temps passait si vite, c’en était vertigineux.
Elle était pas toute jeune, en plus, sa mère, ça s’voyait de plus en plus, et si il lui arrivait quelque chose, Onyx avait pas spécialement (pas du tout) envie d’être séparée d’elle en étant en mauvais termes. Elle pouvait, cependant, comprendre, la colère de la licorne à son encontre, c’était qu’elle avait sacrément merdé, à soutenir Isrâ dans ses recherches malsaines. Maintenant, Onyx savait très bien c’qu’elle attendait d’elle : Qu’elle lâche l’affaire.
Sûrement, qu’elle soit plus raisonnable et se mette pas en danger. C’était le souhait de son daron, aussi, même si celui ci lui faisait pas la tête.

Elle aurait aimé les satisfaire, de ce côté là, ne pas les inquiéter puisqu’ils avaient clairement pas besoin de ça, après avoir tant vécu mais… Mais c’était de sa responsabilité, maintenant, que de veiller sur Miraj.
Plus que ça, elle l’aimait, cette gosse, s’y était beaucoup attachée lorsqu’elle l’avait vue, à l’Atoll.

C’était vraiment la merde, ouais.
En plus de ça, Onyx aurait voulu qu’sa mère la comprenne : Ce qui était pas trop le cas, actuellement, du moins, c’était pas vraiment l’impression qu’elle renvoyait. Elles étaient toutes les deux butées, telle mère telle fille et surtout, deux dignes disiciples de la dragonne aux caractères bien trempés.
Jusqu’à maintenant, aucune d’entre elles ne voulait céder.

C’était même pas une histoire d’ego, juste de principes et de sentiments : Onyx savait l’admettre lorsqu’elle avait tort et elle savait, évidemment, qu’elle avait merdé et s’était impliquée dans cette histoire qui, à la base, ne la concernait pas vraiment, juste pour voir Isrâ heureux•se un peu, avec sa gosse, sans se douter, conne qu’elle était, de tout ce que ça entraînerait.
Ces pensées là revenaient souvent, une obsession… Non, un objectif, ce p’tit quelque chose qui la pousserait à n’pas lâcher malgré toutes les difficultés rencontrées.

Pourtant, certaines discussions, notamment celle eue avec son pote Vio’, faisait echo dans sa p’tite tête : p’tet qu’elle pouvait admettre, sans se laver de tout, n’être pas si horrible que ce qu’elle avait pensé. Ouais, évidemment, y’avait plein de choses qui auraient pu la faire capter que des gens allaient mourir et qu’elle aurait mieux fait de stoper Isrâ dans ses recherches au lieu de l’encourager et de l’aider mais… Mais elle le sentait aussi, au fond d’elle, que ça n’aurait pas stoppé c’parent qui ne parvenait pas à faire de le deuil de son enfant.

Les recherches se seraient faites, avec ou sans elle et si c’était pas elle, qui s’était trouvée dans la bibliothèque, ça aurait ptet même été un autre gus’ qui se serait senti aussi mal qu’elle l’était actuellement vis à vis de cette histoire.
Elle avait merdé, au niveau des recherches, ça avait été sacrément con d’penser à jouer avec la vie, comme ça, à n’pas laisser les morts là où ils étaient, mais, au moins, et c’était encore une chose qu’elle s’accordait, Onyx n’avait tranché la gorge de personne.
Elle n’avait même pas voulu que les choses se passent comme ça.

Forcément, c’était pas un monstre. Et Isrâ non plus, d’ailleurs, elle refusait toujours de lea voir comme ça. C’était juste quelqu’un de désespéré et d’abominablement seul. Iel avait été oublié•e des siens qui ne s’étaient visiblement, vraiment, soucié•e d’iel seulement après sa mort.
Quelle tristesse, quel gâchis.
Elle, regrettait toujours de ne pas avoir pu l’aider plus efficacement. C’était pourtant pas faute d’avoir essayé, en demandant à l’autre con aux larmes de crocodiles de prendre soin de son adelphe.
Pour finalement recevoir, pour réponse, un «Non » ferme et un regard noir. Ah, putain, elle était pas prête de l’oublier, c’moment. Il avait pourtant l’air si gentil, Méridor, lorsqu’elle l’avait croisé à plusieurs reprises en dehors des terres Etelkrus. Ca l’avait foutue un peu mal à l’aise de voir que l’on pouvait donner l’air d’être une bonne personne, sensible et inquiète pour ses proches, puis devenir une pourriture dès qu’un p’tit peu d’investissement devenait nécessaire.
C’était clairement pas elle qui aurait réagi ainsi si l’une de ses sœurs, ou même son p’tit frère Ted, s’était trouvé dans la panade.

Onyx, aujourd’hui encore, se demandait ce qu’il avait cherché, ce jour là, en chialant devant elle dans la bibliothèque. Qu’elle lui dise qu’il était pas fautif, et c’était tout ? Pouvoir se faire plaindre, sans autre solution ?
Quel gros fragile, sérieux.
Ca faisait un moment qu’elle l’avait pas vu et c’était sûrement mieux pour lui, par ce que ça aurait pas été avec douceur et tendresse qu’elle lui aurait balancé à la gueule qu’Isrâ était mort•e, si il voulait une bonne raison de chialer, maintenant.

Enfin, valait mieux pas s’attarder sur sa p’tite personne. Ca changerait rien, et ce serait même lui accorder trop d’importance.
Elle avait, actuellement, bien d’autres trucs à gérer.

Onyx resta un instant à l’intérieur de la tanière familiale, pensive, observant, le regard vague, Marcel mener sa p’tite vie de merle.
Elle finit par se coucher et tapoter sa patte sur le sol, pour l’attirer. Il vint se blottir contre elle et, de ses doigts, elle caressa son plumage doux et lisse.
P’tet que Maman finirait par passer à la maison et qu’elle ferait mieux de l’attendre ici, afin qu’elles puissent discuter, toutes les deux. C’était évident, qu’elles pouvaient pas rester en froid ! Elle lui manquait, sa p’tite maman, et elle l’aimait… Elle lui avait apporté tant de choses, quand Onyx était encore môme, ne serait-ce que sa foi pour Ao.
C’était dommage, d’en arriver là.

Onyx roula sur le dos, le regard posé sur le plafond.

Qu’est ce qu’elle était censée faire, maintenant. Ou plutôt, qu’est ce qu’elle allait faire ? Par ce que, clairement, c’était pas du tout son genre d’attendre que les choses se fassent en se lamentant sur son triste sort. C’était évident, qu’sa p’tite maman lui manquait beaucoup et tout aussi évident qu’elle était fâchée après elle. Mais l’amour qu’elles avaient l’une envers l’autre, il était toujours là, non ? Maman, elle lui avait dit qu’elle était pas digne d’être une licorne, et ça c’était ok, Onyx était d’accord avec cette remarque (Et ptet qu’elle avait pas non plus envie d’être une licorne, mais c’était un autre sujet, encore) mais pas indigne d’être sa fille.

Elle était pas capable d’être une bonne fille et d’abandonner Miraj, maintenant. Y’avait eu des promesses de faites, à ce sujet, même si plus personne n’était là pour les entendre et l’accuser d’être une menteuse. Onyx mettait, cependant, un point d’honneur à terminer ce qu’elle avait commencé. Puis voilà, comme dit, elle l’aimait, Miraj et pourrait pas être tranquille, reprendre sa vie sans ciller, en ayant conscience du danger qui planait sur la p’tite.
Y’avait encore trop de choses qui la dérangeaient.

Mais Maman, elle était importante pour elle aussi, tellement importante. Ça faisait longtemps qu’elles s’étaient pas parlées, toutes les deux, et p’tet que les choses s’étaient un peu tassées pour Leikn aussi, ptet qu’elle lui en voulait moins, p’tet qu’elles pourraient discuter calmement et que la vieille louve pourrait comprendre ce qu’elle ressentait, en cet instant T.
Y’avait qu’un moyen de le savoir : il fallait qu’elle lui parle, qu’elle la trouve pour ça… En espérant que sa mère soit pas trop de mauvaises humeur, au risque que les choses s’enveniment.

C’était quand même un sacré dragon, sa mère, quand elle s’y mettait.
Onyx eut un sourire un peu triste, à cette pensée.

Elle attendit, un moment, longtemps, mais sa mère ne vint pas.
La licorne décida de se redresser, prit le p’tit Marcel qui trouva place sur ses épaules et fit quelques pas à l’extérieur pour profiter de la chaleur de la savane.
‘Finirait bien par la croiser, sa mère, de toutes manières.

Curieuse, Onyx leva le nez en l'air lorsqu'elle sentit une odeur inconnue, celle d'une femelle sans-tribu qui marchait vers elle.
La licorne lui offrit un sourire avenant, bien moins élégante et civilisée que ne l'était l'étrangère. Qu'importe, ce n'était pas comme si elle se souciait vraiment de ce que les autres pouvaient penser d'elle.
De par ce statut de Solitaire, presque porté avec fierté, Cloud suscita instantanément chez elle de la la sympathie.

- Salut ! C'est c'qu'on fait beaucoup par ici. Enchantée, camarade Solitaire.

Camarade Solitaire, quel paradoxe.

- J'm'appelle Onyx et ça fait déjà quelques années que j'parcours ces terres. J'peux peut-être t'aider ? Oh, et j'te présente Marcel le merle, peu bavard mais d'agréable compagnie ~

Peu bavard de mots, mais généreux de son chant d'oiseau qu'elle aimait entendre.

Onyx plissa les yeux, taquine.

- Attention, tu vas l'vexer !

Il n'avait rien à voir avec les gros corbeaux qu'elle apercevait parfois, aux croassements lugubres, lui... lui, il était plus beau, son p'tit Marcel chéri.
D'un doigt, elle caressa doucement la tête de son petit merle.
Le regard de la licorne s'illumina.

- Bien sûr ! Une chose est sûre : Ce sera pas ici, la savane c'est pas le lieu idéal pour trouver des végétaux comestibles. En forêt, tu peux trouver des racines intéressantes eeet avec d'autres Solitaires on construit un refuge et on y a justement planté de quoi manger ! Tu pourras, sans soucis, aller t'approvisionner là bas.

Elle inspira et reprit la parole.

- On avait aussi parlé d'un relais d'cultures avec ma frangine ! Mais bon, ça a été un peu l'bordel dernièrement pour moi alors ça s'est pas fait mais ça reste dans un coin d'ma tête : p'tet que tu pourrais nous aider ? Comme ça, ce sera plus simple encore, de se nourrir, pour ceux qui mangent pas de bidoche !

Son sourire s'élargit.

- Oh mais ! T'as ptet faim, là, maintenant ? Tu veux des fruits ?

Elle en avait toujours, sur elle, et sortit donc une pomme de son petit sac pour la proposer à la louve.

Le sourire de la petite louve s’élargit.

- Ce sera un plaisir de t’y voir !

Elle aimait faire de nouvelles rencontres, Onyx, et, plus encore, s’en faire de nouveaux amis.
Elle laissa la louve manger tranquillement.

- J’peux t’y emmener maintenant, au refuge, si tu veux. La route est longue mais on pourra toujours faire des arrêts, si t’es fatiguée, ou pour la nuit. J’pourrai nous dégoter à manger aussi, comme ça.

Un long voyage qui n’était, honnêtement, pas très impressionnant pour la voyageuse qu’était Onyx : Elle passait sa vie sur les chemins, passant sans cesse du Nord au Sud du pays. Elle pouvait, cependant, comprendre que ça puisse être plus éprouvant pour Cloud… Qui n’était, en plus, pas bien épaisse.