My World Is Burning Down Around Me (libre)

My world is burning down around me
My deep despair is what's surrounds me, yeah

C'était la première fois que Susie s'éloignait autant de l'île de Morne-Œil. Pour autant, elle estimait avoir de bonnes raisons de le faire.
La louvarde n'avait toujours pas accepté le choix de ses parents de les envoyer, elle et sa fratrie, loin de la meute des Raeders lorsque celle-ci s'apprêtait à affronter le courroux de Céto. La brune avait vécu l'événement comme un abandon : elle avait été contrainte - elle qui avait horreur qu'on la force à faire quoi que ce soit - à quitter sa maison, sans guère plus d'explication et donc sans visibilité sur ce qui allait se passer. À ses yeux, elle et les autres avaient été bringuebalés d'une patte à une autre avant qu'on ne les installe, sans leur avoir demandé leur avis, en terre libre.
La femelle avait conservé sa rancœur bien au chaud, n'abordant le sujet avec personne : ni membre de sa famille, ni membre de sa meute, ni quelconques autre lupin peuplant ces Terres.
De toutes façons, à quoi bon ? Personne ne l'aimait.

Alors, si on pouvait faire le choix de se débarrasser d'elle, elle aussi pouvait faire le choix de s'éloigner.
Du moins, pour un temps. Susie n'avait pas réellement pris de décision définitive à cet égard.
Mais, quelque-part au fond d'elle, elle ne se sentait plus Raeder...
S'était-elle d'ailleurs jamais accommodé de cette naissance ? Quel avantage y avait-il, à part le rhum, à être cantonné sur un minuscule îlot sous le joug d'un tyran se prenant pour une divinité ?

Les mots prononcés par Edessa lors de leur petit combat "amical" lui revinrent.
Que diraient ses parents ?
Elle n'avait pas demandé à naître, elle. Ils ne pouvaient s'en vouloir qu'à eux-mêmes d'avoir engendré une telle déception.

Susie avait eu confiance en son père. Il avait un don, avec elle comme avec d'autres, de se montrer rassurant, apaisant. Et elle s'était laissée prendre au piège de cette relation filiale. Mais quel rôle avait-il vraiment eu à jouer dans cet exil forcé ?
S'il savait toute la colère qu'elle avait en elle, il se montrerait certainement contrit.
Et la brute lui ferait regretter cet élan de faiblesse. C'était bien là le problème d'Abysse : il misait trop sur sa capacité à amadouer les autres. Il faut dire que cela lui avait bien réussi, jusque-là. Mais la brune ne se laisserait plus facilement manipuler.

Et sa mère ?
C'était elle qui les avait éloigné de la meute, ce soir là. C'était elle qui avait orchestré toute cette affaire.
N'était-ce pas elle, d'ailleurs, qui leur avait fait bâtir de leurs propres pattes le phare qui avait servi à informer les Nakhus qu'il était temps de venir récupérer le colis ?
La louvarde grinça des dents avant de machinalement venir mordre sa babine inférieure, ne notant même plus ni la douleur, ni le goût du sang.
Avait-elle encore réellement envie de vivre avec eux ?
La réponse était un "non" sonore et évident.
Alors, il lui faudrait se trouver un nouveau chez elle. La question était maintenant de savoir où.

Levant le regard, la louvarde vit deux vautours parcourant le ciel, sans doute à la recherche de leur prochain repas.

La jeune exploratrice trouva un abri provisoire sous la forme d'un renfoncement suffisamment accentué pour accueillir sa grande carcasse. Harassée qu'elle était par le soleil, un peu d'ombre serait la bienvenue. Une fois confortablement installée, elle lança prestement une petit roche dans sa gueule, qu'elle entreprit de mâchouiller.
Elle n'avait pas besoin de grand-chose pour faire son bonheur, après tout.

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Susie

Fallait-il qu'il y ait un autre enquiquineur dans sa vie ? Visiblement, oui. Susie reconnut l'odeur des Nakhus, qu'elle ne connaissait que trop bien. Celui-ci avait même commencé à infiltrer son pelage contre son gré, fut une époque. Mâchonnant toujours son caillou, la louvarde sortit de sa cachette pour faire face à l'inconnu. Elle cracha alors sa pierre au sol et afficha un sourire carnassier.
- Yep. Y a moi.

Codage par Libella

Susie

Il avait un air benêt, ce loup. Il ne devait pas encore savoir ce qui lui était tombé dessus.
Oula ! Une alerte retentit dans le crâne de Susie : pin pon pin pon pin pon, alerte psychopathe les enfants ! C'était quoi, ce gogole qui essayait d'appâter les jeunettes dans son refuge en leur promettant à bouffer ? Rien qu'pour ça, il méritait de se faire casser la gueule.
À tous les coups, son air d'imbécile heureux n'était qu'une façade pour gagner la confiance des gamines. Non mais vraiment il s'était vu ?! Il avait l'âge d'être son père, ce gros dégoûtant !

La Brute s'approcha, grondante, avant d'aboyer.
- Hé, mec. J'suis pas dé-bile, j'vais pas t'suivre comme ça, n'importe où, dans ton supposé refuge ! Et puis c'est qui ce "on", d'abord ? Y en a beaucoup, des salauds dans ton genre, qui cherchent de la chair fraiche ? T'en as déjà attrapé beaucoup, des gamines, avec ton air idiot et tes belles promesses ?

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Susie

Plus il se montre ouvert et sympathique, plus la louvarde est méfiante. Il semble à la jeunette qu'il aurait du se contenter de fuir, et non se montrer aussi insistant quant à son prétendu pacifisme.
Certes, les Nakhus étaient un peuple de faibles se cachant derrière leur bonne volonté de faire le bien. Pour autant, s'imaginer qu'il n'y avait pas un·e ou deux détraqué·es parmi ell·eux serait illusoire. Et, visiblement, ce mâle sombre en était la parfaite illustration. Il ignorait même l'accusation de Susie, se cachant derrière la peur enfantine qu'était celle de se faire dévorer par le grand méchant loup.

Les muscles de la louvarde se tendirent alors qu'elle s'apprêtait à sauter à la gorge de ce pauvre type, lorsqu'elle eut une illumination. Et si elle rentrait dans son jeu ? Peut-être que ça lui permettrait d'en savoir plus, de voir s'il y avait bien d'autres loups impliqués et, ce serait l'occasion de faire un carnage.
Après tout, si elle lui cassait la gueule maintenant, rien ne disait que lui ou d'autres ne poursuivraient pas leurs méfaits. Et il y avait des louvardes suffisamment naïves pour tomber dans ce genre de panneau. À l'instar d'Astrid, par exemple.

Bien que conservant un air suspicieux, la femelle fit de son mieux pour paraître se détendre. Elle afficha le seul sourire qui lui était naturel, ce sourire effrayant et carnassier, se racla la gorge avant de se prononcer d'une voix de laquelle perçait l'ironie et le faux semblant.
- Allons voir ton Refuge.

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Susie

Il devait vraiment être teubé ce gars-là. Mais bon, ça arrangeait bien Susie et ses plans de destruction, donc elle le suivit de son pas lourd, conservant tout de même ses distances.
Il ne fallut pas longtemps avant que le paysage ne change, et qu'une petite communauté ne s'offre aux yeux de la louvarde. Grimaçant, elle observa les alentours, ses oreilles changeant d'orientation au moindre son, la truffe aux aguets. Il était hors de question de se laisser surprendre par un éventuel guet-à-pent.
Toutefois, personne ne lui sauta à la gorge. Suspicieuse, la gamine reste méfiante malgré tout. C'était quoi ce bordel ?
- C'est quoi, exactement, ici ?
Ça ne faisait pas sens, son histoire. On n'était pas chez les Nakhus, et pourtant, ça ressemblait bien au territoire d'une meute : les frontières gardées en moins. Et cette histoire de psychopathes pédophiles parvenait de moins en moins à répondre aux questions que pouvaient se poser la jeunette.

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Susie

Alors, c'était vraiment rien que ça ? Un Refuge ? Et il jouait au bon samaritain ?
Susie trouvait ça encore plus perché que s'il avait été un pervers aux fantasmes déviants.
- Mec… T'es au courant que je suis pas une Solitaire, au moins ?
Nan, parce qu'il fallait pas déconner, non plus. Elle avait peut-être fugué, peut-être n'avait-elle pas l'intention de rentrer chez elle… Mais elle n'avait pas une gueule de Solitaire, quand même, si ? Et puis, le bandana, il en faisait quoi ? Il était pas là pour faire joli !
…
Bon, si, peut-être un peu. Mais quand même.

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Susie

Visiblement, non, il n'était pas au courant, vu la gueule qu'il tirait. Et à voir comment il la scrutait, il devait être en train de s'interroger quant à son appartenance clanique.

Et… Mauvaise réponse. Très mauvaise réponse. Susie fit encore plus (si, si, c'était possible) la gueule. Un grondement chercha même à s'échapper de son poitrail, sans grand succès, du fait de son âge encore jeune. La gamine était tellement en colère qu'elle ignora complètement le compliment, et se mit à beugler.
- MAIS N'IMPORTE QUOI ! J'suis une Raeder, moi, une pirate ! Rien à voir avec ces fachistes d'Etelkrus !
Elle en était toute pantelante.

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Susie

De voir un adulte contrits s'excuser face à elle la calma un peu, même si elle n'en laissa rien paraître. Il lui semblait qu'elle pourrait faire ce qu'elle voulait de ce type là - ce que la suite lui confirma, de façon tout à fait littérale. Il lui sembla bien qu'elleé tait tombé sur le type le plus naïf du monde.

La louvarde jaugea le corps balafré du mâle sombre.
- Alors, je veux savoir qui t'a fait toutes ces cicatrices.
Elle marqua une pause, pour le suspens.
- Et surtout, je veux le rencontrer !

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Susie

Purée qu'il avait l'air teubé.
Il ne se méfie même pas un tout petit peu, semble même tout à fait prompt à lui parler de ses aventures et à en partager une nouvelle avec elle. La surprise laisse place à la méfiance dans le crâne de la mioche : peut-être ne faisait-il que semblant, peut-être ne tiendrait-il pas sa promesse… Mais ça valait le coup d'essayer, quand même !
- J'en dis qu'on y va maintenant !
Elle ne savait pas bien où, exactement, mais elle se sentait prête !

Codage par Libella