A l'aventure ! | ft. Désiré

Ce n'était pas la première fois que Désiré partait en expédition avec son papa, ça, pour sûr ! Celles-ci s'étaient multipliées depuis leur première, et à mesure qu'il grandissait, le Cœur avait appris à mieux connaître la Rougelande. Maintenant, il savait parfaitement s'y repérer et s'y orienter ! Il faut dire qu'il s'en sortait bien mieux depuis que sa tête dépassait les hautes herbes et qu'il pouvait y voir plus loin que le bout de sa patte.
Mais aujourd'hui était un jour particulier, puisqu'un vent de nouveauté soufflait sur cette nouvelle sortie père-fils. Et Désiré s'en trouvait encore plus excité que d'habitude.
Il avait suivi les recommandations de Zen à la lettre. Il lui avait tout d'abord été difficile de trouver le sommeil, tant il était pressé de vivre cette nouvelle aventure. Mais il avait finalement sombré, et son père avait eu à le secouer - avec  sa douceur et sa tendresse habituelle - pour le réveiller. C'était donc content et confiant mais avec le crâne dans un étau que Désiré se tenait face à son père.
- Es-tu prêt, champion ?
Désiré opina vivement, tant et si bien que son geste aurait pu s'accompagner du "woosh woosh" de l'air se déplaçant autour de lui.

Désiré, comme à son habitude, avait tenu à imiter son père. Il l'avait donc observé préparer un sac et en avait fait de même, s'appropriant l'un de ceux de son père et y fourrant toutes ses petites affaires, dignes d'un grand chasseur de trésor : de jolies pierres, une branche et quelques feuilles mortes. Il avait choisi de laisser ses fleurs séchées à la tanière, ne voulant pas les abîmer.
Un bardas qui ne serait pas nécessairement utile, mais qui lui avait permis de jouer à faire comme papa.
 
- Nous allons marcher un peu, j'espère que tu n'es pas trop fatigué !
Désiré se mit à trottiner sur place, se cambrant de façon exagérée et bombant son torse, de sorte à illustrer sa réponse.
"Moi ?! Jamais !"
Il trépignait d'impatience.

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Il ne faisait pas encore nuit lorsque les deux loups entamèrent le trajet aller, de sorte à ce que Désiré pu contempler le soleil se coucher doucement et le ciel s'assombrir. Comme à son habitude, il était subjugué de la beauté résidant dans chaque chose, et pour lui, observer la nuit s'établir était un spectacle d'une valeur incommensurable. Il était d'autant plus heureux de partager ce moment avec son père, qu'il ne lâchait pas d'une semelle.

Une fois sur place, le chant des grillons et la lumière des étoiles vinrent apporter une nouvelle touche de magie à la scène.
À la première bourrasque de vent, le jeune frissonna, se faisant la réflexion qu'il aurait du emmener une peau dans son petit bardas. Son poil était ras, et bien que cela ne lui posait pas de problème en temps normal, la tombée de la nuit et la mauvaise saison œuvraient à une baisse de la température.
Mais le Cœur ne se plaindrait pas. Il commençait à être grand, maintenant, et ce n'était pas l'idée d'un simple rhume qui l'effrayait.

- Nous sommes arrivés.
Désiré imita son père, déposant son sac au sol - bien qu'avec un peu plus de difficulté. Il l'aurait bien gardé sur lui, mais se trimballer des cailloux - aussi jolis soient-ils - avait le désavantage certain d'un poids supplémentaire à porter. Et, bien que le mâle fut jeune, vif et débordant d'énergie, s'imposer ce fardeau n'était sans doute pas le plus intelligent ni le plus pertinent.
- Dis-moi ce que tu vois autour de nous, Désiré !
La consigne très ouverte aurait pu le rendre anxieux, si ce n'était son père qui l'avait énoncée. Il prit toutefois le temps d'observer les alentours et de réfléchir à sa réponse.
Encore une fois, ce n'était pas la première fois que lui et son père se rendaient en ces lieux, et la question portait très certainement davantage sur ce qu'il pouvait remarquer de différent. Il se racla la gorge, puis sa voix craqua. Dernièrement, celle-ci commençait gentiment à osciller entre son timbre aigu d'enfant et celui plus grave de l'adolescent qu'il serait.
"Forcément on voit moins bien que d'habitude et surtout moins loin. On voit quand même que les herbes ont perdu leur rouge et les herbivores couchés là-bas - des gazelles je crois. Sinon il n'y a que nous et des rochers..."
Il espérait que son père trouverait sa réponse pertinente, bien qu'il sache qu'il serait toujours fier de lui, quoi qu'il en soit.

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- Oui ! Effectivement, il y a des proies potentielles au loin !
Désiré se dandina, comme à son habitude lorsqu'il était fier - ce qui arrivait très fréquemment. Il faut dire qu'il avait été à bonne école, et que son père avait renforcé cet aspect de sa personnalité. Il fallait savoir apprécié les choses bien faites, surtout lorsqu'elles venaient de sa propre personne.

- Tu sais, Désiré, tu peux voir avec tes oreilles.
Le jeune se fit la réflexion qu'il n'avait en effet pas pensé à utiliser ses autres sens. Mais la leçon serait maintenant bien apprise, et il s'assurerait d'également se reposer sur eux.
Lorsque son père se leva, Désiré fit de même. Il adressa un au revoir silencieux à ses affaires, déjà pressé de retrouver ses précieux trésors alors même qu'il ne les avait pas encore quittés.

Malgré ses courbes si bien dessinées, le Cœur fit l'effort d'imiter Zen, ce qui lui demanda notamment un gigantesque effort de canalisation de son énergie, de concentration et de discrétion. Ses mouvements étaient encore maladroit et il en fallut de peu pour qu'il ne se fasse repérer par les herbivores desquels les deux loups s'approchaient.

- La nuit, notre vue est moins efficace. Je ne te l'apprends pas !
Le louveteau opina doucement, retenant presque son souffle de peur d'être entendu.

- Nous devons toujours utiliser tous nos sens. Tes oreilles, elles bougeront automatiquement suivant les sons aux alentours. Il faut écouter, et pas seulement entendre. Ton nez te sera également d'une grande aide pour sentir où tu te situes : près de la mer, ça pique, dans les plaines, la terre a une odeur ...
Désiré absorbait les conseils de son géniteur, en faisant l'expérience alors même qu'il s'abreuvait de ses paroles. Il prit soudainement conscience du mouvement de ses oreilles, actuellement rivées vers le loup blanc, puis renifla discrètement pour constater qu'il y avait une odeur de poussière, d'herbacées, la sienne, celle de son père et enfin des proies. Tout un nouveau monde d'odeurs s'offraient à ses narines.

- ... Tes poils aussi peuvent te guider. Tes vibrisses vont pousser d'avantage, sur ton museau, tes pattes, tes oreilles et tes yeux. Fais-leur confiance. Tu es encore très jeune, tes sens ne sont pas tous adaptés pour la chasse ou la fuite, mais je te promets que bientôt, tu pourras ressentir autant la nature qu'un grand baroudeur !
Le louveteau sentit ses joues s'embraser. Il était plus fier que jamais, c'était dire ! Et découvrir de nouvelles choses le ravissait au plus haut point.

- Et maintenant papa, qu'est-ce qu'on fait ? chuchota-t-il aussi doucement que faire se peut.
Allaient-ils chasser ? Ce serait la première fois que son père le laisserait s'attaquer à du gibier aussi gros !

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Son papa se rapprocha davantage de lui, le collant. Désiré vint se reposer sur lui le temps de cette courte étreinte.
- Cherche le plus petit du troupeau, le plus isolé.
Ses yeux noisette parcoururent le troupeau face à lui alors que le jeune se pliait à la consigne. Il lui fallut un peu de temps, ses sens semblant irrémédiablement attirés par les animaux les plus gros. Toutefois, il finit finalement par identifier la gazelle que son père avait d'ores et déjà repéré et qui, naïvement, se tenait à l'écart du troupeau. Elle était donc une proie facile sur plusieurs points et, pas de doute, ses congénères préféreraient sauver leur propre vie plutôt que celle de ce membre. Le louvard ne s'attarda pas sur ce triste constat, mais s'efforça d'approcher discrètement de sa nouvelle proie.

- Attaque.
Et c'est ce qu'il fit. Et le plan se déroula sans accroc majeur. Usant de sa vitesse, le petit parvint à immobiliser la gazelle alors que le reste du troupeau se dispersait. Il s'empressa alors de croquer le cou du cervidé, maladroitement toutefois.

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