Un sourire pour une aventure [PV Vanhir]

Il neigeait sur le refuge. Une couverture fine et douce, blanche et silencieuse. Ted aimait bien cette atmosphère qui y régnait en hiver : un calme que chacun respectait, comme pour laisser la nature se reposer. Les animaux ainsi que les végétaux s'étaient mis en hibernation, ou du moins fonctionnaient au ralenti, et la nourriture était un peu plus difficile à trouver. Heureusement, le frère de trois licornes connaissait assez les plantes pour trouver des racines et des baies complémentant les quelques proies qu'il arrivait à chasser. Le froid mordant était parfois difficile à supporter, même pour le brun et son épais poil d'hiver. Alors, il s'était mis en tête de se faire une cape, comme de nombreux loups avaient au refuge et même à l'extérieur.

Le problème était toujours le même : la bibliothèque était fermée, et Ted n'avait aucun moyen de savoir comment faire. Il pouvait bien deviner : il aurait besoin d'un matériel principal, d'un cuir à attacher, à travailler. Mais la manière de faire exacte, sans se tromper, lui échappait complètement. Il y réfléchissait encore, dans sa tanière embarrassée de papiers qu'il n'avait toujours pas rangé : s'il tuait un animal et gardait sa peau, il était hors de question de gâcher le cuir par manque d'expérience.

La solution lui était venue assez naturellement : demander à quelqu'un ayant déjà une cape. Dans le lot, il y avait ses sœurs, Vanhir, et d'autres solitaires rencontrés. Mais avec cette solution venait un nouveau problème : il fallait sociabiliser. Ted essayait de se motiver à régler ce problèmes depuis maintenant quelques jours, mais quelque soit la manière dont il le tournait dans son crâne, il ne savait pas comment faire. Avec ça venait, évidemment, l'habituelle culpabilité, et frustration d'être bloqué dans ses projets par sa propre timidité. Il avait beau essayer de se motiver, dès qu'un loup à cape se pointait à l'horizon, ses pattes fuyaient bien malgré elles. Il se trouvait toujours quelque chose de mieux à faire -ranger sa tanière, retourner ses pages mouillées de papier, aller chercher de l'eau- et finissait ses journées frustré et amer.

Ce jour là, ses pas l'avaient mené jusqu'aux monts. Un peu nostalgique, il erre presque machinalement vers la tanière partagée avec Fenouil, le temps de couver un œuf. Evidemment, tout à disparu, mais il peut encore s'imaginer les restes à l'endroit où ils étaient restés ensemble si longtemps en silence. Un élan de tristesse sourde le prend : où est-il, Fenouil ? Que fait-il ? Est-il au moins vivant ? Après être resté un peu devant la tanière, il avait repris le chemin vers la Sylve, comptant la longer sans y entrer pour rentrer chez lui, l'âme encore plus mordue de l'envie de partir.

C'est en descendant qu'il aperçoit une silhouette au loin. Une silhouette qu'il a déjà croisée : Vanhir. Son coeur s'accélère alors que l'anxiété le prend, mais également une étrange allégresse. Il est capable d'aller le voir, lui. Et surtout … C'est lui qui lui a proposé de partir en voyage. Qu'est-il devenu depuis ? Ted s'approche, prudent dans la montagne escarpée, avant de saluer le loup d'un simple sourire. Allait-il le reconnaître ? Il allait bien le découvrir.

Vanhir était parti en quête de plantes pour remplir ses petites réserves mais aussi son livre à plantes commencer étant encore apprenti. Ses larges pattes marchaient, le guidant comme le prédateur qu'il était dans un milieu naturel. Il avance, il grimpe, il martèle le sol, renifle. Puis même s'il ne trouvait pas ce qu'il cherchait, le mâle gris était partit aussi à la recherche de proies, pour aider sa chauve-souris à se nourrir d'autre chose que de lui. Ce n'étaient pas les maigres repas qu'il se faisait qu'il arriverait à tenir le coup, surtout avec sa fatigue en plus. Puis elle aussi, avec les années, elle ne voulait presque plus non plus.


Quand il fut dans les monts, le loup poursuit ses recherches. Il sentit des traces de proies, mais... une effluve sortait du lot. Celle d'un loup. Il le savait, car elle lui disait quelque chose. D'ailleurs, à ce moment-là, il vit quelqu'un s'approcher, le forçant à dresser la tête pour se rendre vite compte que l'animal était le petit Ted. Surpris de le voir ici, il le laisse approché. Le laisse le saluer, avant que lui, ne fasse la même chose.


"-Bah alors? On voyage?" Il se crispe sous le froid qui venait de souffler dans leurs pelages, avant de partir au loin, redonnant de la chaleur sous la fourrure de Vanhir. Le loup gris s'assoit, regardant le mâle.


"-C'est un peu énervant, d'avoir une fourrure, de ne jamais tomber malade, mais de ressentir ce fichu froid qui te glace les os!" Il se secoue, entendant son amie dans ses cheveux râler. Roh, de toute façon, en ce moment elle râlait beaucoup donc.. Il hausse les épaules.

-Ted-

Le mâle le salue, rassurant un peu le cœur de Ted : il ne l'avait pas oublié. Il sourit en retour, se recroqueville un peu sous le vent mordant qui vient du Nord : lui n'a pas de cape, pas encore. Mais c'est prévu, sur sa longue liste de préparatifs avant de partir. Le mâle est naturellement angoissé, alors sa liste, il l'a écrite, et chaque jour la rallonge un peu plus tout en cochant ce qu'il effectue. Un jour, il sera fin prêt au voyage, mais pour le moment, il ne s'éloigne pas trop. Alors, il secoue la tête, son sourire ne quittant pas ses babines. Lui aussi a froid, mais moins : son pelage d'hiver est épais, et il fait du sport, ce qui le maintient au chaud. Le soir, il est bien à l'abris dans sa tanière, contrairement à Vanhir qui doit parcourir le monde.


Sa voix couvre à peine le son du ment qui hulule dans la vallée. Il relève les yeux, croise le regard du grand mâle gris. Il aimerait lui parler, mais avec ce vent et ce froid, c'est compliqué. Mais une idée lui vient : ils pourraient s'abriter dans la tanière qu'il a partagée avec Fenouil ! Sa queue s'agite doucement dans son dos, alors qu'il invite l'autre solitaire à le suivre. Ses pas rebrousse le chemin qu'il avait emprunté avant, remontant jusqu'à la tanière, à l'abris du vent. Une fois arrivé, il souffle : le son du vent ne couvre plus ses paroles, et il répond :

-Ted-

Sa grotte a l'air de plaire au loup solitaire, qui la regarde avant de s'asseoir. Il lui fait même quelques compliments, auxquels Ted hoche la tête : oui, elle est bien cette grotte. Trouvée par un très bon ami, qui avait un bon flair en terme de grotte. Surtout quand c'était pour y mettre un oeuf à protéger. Le regret et l'inquiétude pointent dans le coeur du loup brun, qui comme à chaque fois qu'il pense à Fenouil, a d'autant plus envie de partir le chercher, où qu'il soit. Il lance un regard un peu triste à Vanhir, avant de murmurer :


Il se secoue. Le vent s'est calmé, il va enfin pouvoir lui parler. L'étincelle de la curiosité se rallume dans le regard du jeune, et il doit réfréner les questions qui lui viennent. Où en est Vanhir dans sa quête, dans l'écriture de son livre ? Le mâle est le seul écrivain qu'il ai jamais rencontré, et il captive l'apprenti-bibliothécaire qu'il est. Captivé au point d'arriver à juguler sa gêne et sa timidité naturelle, et de lui parler presque normalement :

-Ted-

Le mâle cendré laisse les mots du solitaire glisser en lui avec délice. Il lui compte un peu de ses aventures, de ses projets d'écrivain, lui parle de sa fille que Ted aimerait bien rencontrer à force d'en entendre parler. Et au grand loup dégingandé de se laisser porter par son imagination, voyant Vanhir dans des contrées lointaines, froides ou chaudes, écrivant à la lueur de la lune pour sa fille qui était si loin. Ted sourit : peut-être que pour sa première histoire, il devrait raconter celle de Vanhir. Après tout, s'il arrivait à le transporter et à l'inspirer assez pour qu'il se décide à quitter son refuge et ses petites habitudes, pourquoi pas d'autres ?

Et lui ? Ted s'étire. Il a avancé depuis la dernière fois, a commencé les entraînements avec son père, jusqu'à lui donner des courbatures. Pour le moment, il n'en voyait pas encore les effets sur son corps mais il était patient. Ses yeux pétillent un instant, et il répond :


Car telle était sa première destination : le Nord. Car il ne voyait que là, où Fenouil avait pu partir, et il voulait voir de ses yeux les histoires qu'on lui racontaient sur les dinosaures de là-bas. Peut-être qu'ensuite, il partirait au Sud, mais la présence des Etelkrus ne l'incitaient pas à y aller. Il se souvenait encore de la petite louve effrayante qu'il y avait croisé ... Brrr.

-Ted-

Vanhir sourit, et Ted sourit avec lui. Le Nord, oui, il voyait grand ! Mais plus l'aventurier parlait, plus le sourire de Ted fanait sur ses babines. Le Nord, c'était une destination qu'il avait choisi en toute logique pour essayer de retrouver le loup dinosaure, pensant que ce dernier était parti là-bas pour y trouver des pairs. Mais plus Vanhir parlait, plus Ted réalisait quio n'y connaissait strictement rien. Il savait à peine comment y accéder, n'avait pas de carte de l'endroit, ni de protection...

Il baisse la tête, le rouge lui montant aux joues. Vanhir semblait s'y connaître bien plus que lui, et c'était vrai que habituellement, Ted serait allé s'aider des Nakhus, peuple du Nord et de la bibliothèque, mais sans et accès io se sentait démuni, nu. Il avait bien compris qu'il fallait une cape, mais n'avait aucune idée de comment la fabriquer. Il balbutie, sa timidité revenant au galop :

Je... Euh... Non.....

-Ted-

Le regard fuyant vers le bas, les joues rouges, le mâle est toujours un peu honteux d'avoir pensé pouvoir faire une cape seul, de ne pas s'être assez renseigné. Mais il sent une patte se poser sur sa tête, l'obligeant à relever le regard pour croiser celui de Vanhir, qui le rassure. Apprendre quelque chose … Oui, mais comment ? Il ne savait pas faire, il n'allait pas l'inventer, si ? Il pose ses deux pattes dans ses cheveux, les ébouriffant en un mouvement saccadé et angoissé.


Il prend une grande inspiration. Son papa, peut-être, saurait … Devait-il lui demander ? Et Vanhir, l connaissait lui non ? Mais maintenant il n'osait plus demander, et sa gorge qui se serre, et sa respiration qui siffle, et sa frustration d'être encore et encore bloqué par son corps qui refusait de fonctionner correctement et ...

-Ted-

Le mâle s'enfonce encore dans sn angoisse, avant de sentir un coup de museau remonter ses yeux larmoyants. Vanhir ! ... Vanhir ! Il le rassurait, l'encourageait, lui donner envie de pleurer d gratitude, et parce qu'il était désolé d'être comme ça. Il déglutit, frustré, énervé contre lui-même alors que face à lui le solitaire est si gentil. Il lui propose même de l'aider à la faire, cette cape, à la tester, à l'améliorer. Alors qu'il a sûrement beaucoup d'autre choses plus excitantes à faire que d'apprendre à un pataud comme lui la couture !

Il prend sa tête entre ses pattes, retient son envie de partir en courant dans le froid de la montagne. Il a perdu son calme, comme lorsqu'il était enfant, et son corps a répondu par le mutisme. Il n'ose pas relever les yeux, frottant ses joues pour essayer de se calmer, avant de lâcher difficilement un murmure :

-Ted-

Le mâle recule un peu, lui laissant plus d'espace pour respirer. Ted se poste au sol, couché un peu à la manière d'un chat, le regard relevé tout en évitant celui de Vanhir.Il ne dit rien, mais écoute avec attention. Le solitaire confirme : il l'aiderait à confectionner une cape. Les joues de Ted s'enflamment devant la gentillesse de l'autre, mais il ne dit toujours rien. Il écoute les bonnes idées du mâle, jusqu'à la mention des nakhus qui lui font redresser la tête : mais oui, le peuple du Nord a forcément des idées ou des techniques particulière ! Ted s'était tenu à l'écart de leurs frontières car elles étaient fermées, et car il était trop timide, mais avec Vanhir à ses côtés, l'horizon des possibles s'élargissait.

Et lentement, son cerveau commençait à redémarrer, à surmonter la gêne pour plancher à quelque chose de plus concrêt. Il faudra un animal, à tuer forcément ... Ou bien pourrait-il en faire une de végétaux ? C'était une piste à creuser. Il y avait tout le matériel dont il auraient besoin ensuite à préparer .... Et les nakhus à aller voir. Mais quand ? Comment, où ? Pour les choses utiles à leur donner, Ted séchait un peu : ils avaient tout ce qu'eux avaient du mal à obtenir, plantes, papier, livres ... Peut-être qu'il pourrait consigner quelques informations importantes sur le refuge, sur les alentours et leur offrir ? Ou bien, leur bibliothèque contenait déjà tout ça ? Sinon, quelque chose qu'ils feraient de leurs pattes, un outil peut-être ? Mais qu'est-ce que le clan sophistique n'avait pas ? Il se gratte la tête, l'esprit tant occupé qu'il en oublie un peu sa gêne, et hoche la caboche :


Un petit plat, chaleureusement préparé, cela toucherait peut-être leur coeurs. Il ne connaissait pas grand chose, mais samère et ses soeurs savaient cuisiner (et sans viande, s'il vous plait !)

-Ted-

L'enthousiasme de Vanhir face à son idée le gagne, lui aussi, et sa queue se met à battre timidement dans son dos. Il aimait bien l'idée lui aussi, ça confortait Ted dans l'impression qu'il avait eu des nakhus : des loups érudits, ouverts et curieux. Alors, il leur ferait un livre, avec tout ce qu'il savait sur la Sylve et les alentours du refuge, et les quelques recettes végétariennes qu'il connaissait de ses soeurs. Un sujet jamais mentionné, cela risquait d'être difficile mais ... Il pourrait essayer d'écrire une histoire ou un conte. Une étincelle s'allume dans ses yeux, et il hoche la tête.


Sa voix est un peu plus forte, couvrant enfin le vent de dehors. Un sourire vient doucement tendre ses babines, et il se balance un peu d'avant en arrière, excité à l'idée d'enfin concrétiser son projet. Pas quoi commencer ? Regarder la cape de Vanhir, ou se donner rendez-vous chez les nakhus ?

-Ted-

Pendus aux lèvres de l'aventurier, Ted écoute. Il regrette de ne pas avoir pris sur lui de quoi noter, mais il se sait avoir bonne mémoire : il pourra retenir ce que lui dira Vanhir. Son cerveau est vibrant d'attention, il boit les paroles du mâle et devient de plus en plus enthousiaste. Et avec l'excitation disparaît la timidité, laissant ses pensées courir plus librement. Il fallait des matériaux solides, gardant le froid : du cuir probablement, rembourré de poil animal. Mais était-ce possible de trouver des alternatives végétales ? Il en était sûr, il fallait qu'il se renseigne ... Mais ils ne pourraient probablement pas couper la case cuir. Tant pis : il se promit de faire attention à utiliser le maximum de l'animal tué, comme lors de ses chasses. Le reste sera rendu à la nature, en un cycle sempiternel.

Vanhir se lève, et Ted lui emboite le pas pour sortir au petit trot. Oreilles alertes, il écoute, et demande :


Pour rembourrer avec des plumes, il allait devoir s'y mettre maintenant vu le volume qu'il devait obtenir sans tuer d'animal. Mas il était prêt à le faire.

-Ted-

Un animal assez grand pour que sa peau le recouvre ... Un cerf donc, ou bien un renne. Un bison ferait l'affaire, mais ils étaient plus au Nord. Un sanglier serait trop petit ... Et tant mieux, Ted avait eu son lot de mésaventure avec eux. Son cerveau fonctionne à tout allure : en hiver, trouver les grands animaux près d'ici était faisable, mais ils devraient quitter les montagnes. Les chèvres et autres bouquetins ne feraient pas l'affaire. En remontant près du Refuge, en dépassant la Sylve et en regagnant la plaie du monde, peut-être qu'ils trouveraient sur le chemin une piste ! Non, la plaie était réputée pour son manque de proie : la Sylve alors, il y avait des cerfs il en était certain ... Et des licornes. Il déglutit. Hors de question d'en chasser une pour sa cape.


Il déglutit, a gorge un peu sèche tout en redescendant la montagne. Il aurait un sacré travail.