Un peu plus près des étoiles (Ibéris)

Iberis n'avait pas prévu une activité particulière, aujourd'hui.
Cependant, comme bien souvent, puisqu'il n'avait aucun impératif en tant que Coeur Etelkru, le jeune mâle s'était permis de passer, une fois de plus, discrètement les frontières pour le plaisir d'une petite promenade en terres libres. Le temps était doux et le souffle d'un vent léger, dans ses cheveux, plutôt agréable.

Ses pas le menèrent vers l'Atoll, par habitude puisque c'était une destination qu'il avait rejointe à plusieurs reprises. Ce n'était pas non plus pour le déranger : Il aimait la plage et l'océan et s'apprêtait d'ailleurs à se coucher là, pour se réchauffer tranquillement, avant qu'une odeur familière ne vienne à son museau.
Il sourit et se redressa pour reprendre sa marche, vers elle.

- Bonjour Astrid. Quel plaisir de te voir.

Leur dernière entrevue avait été, quelque peu, rocambolesque. Il espérait que les choses seraient plus paisibles, aujourd'hui.
Iberis se rapprocha un peu et il ne lui fallut peu de temps pour tiquer sur la posture de la louve.

- Que t'arrive t-il ?

Il ne lui fallut que peu de temps, pour deviner qu'elle mentait.
L'on ne pouvait cacher des blessures à un loup qui avait comme rare talent, celui du pistage. Astrid possédait une odeur d'animal blessé.
Il pouvait, cependant, comprendre sa volonté de cacher ce genre de choses : En terres libres, mieux valait encore ne pas montrer que l'on était faible et il se dit que, peut-être, il ne possédait pas la confiance de son amie sombre.
Après tout, il était Etelkru, et elle Raeder.

- Tu mens.

Il n'y avait, pour cette fois, pas de colère dans son regard bleu.

- As-tu pu voir un panseur ?

Dans sa voix grave, transparaissait l'inquiétude.
Il ne savait comment agir, pour cette amie visiblement mal en point puisqu'il n'était, lui-même, pas panseur. Et si elle était faible, ne risquait-elle pas d'attirer les prédateurs ?

- Ne pleure pas.

Elle était, tout comme lui, issue de loups importants et se devait, pour les honorer, de rester droite et forte : malgré les remarques qu'elle devait essuyer -Et les siennes n'étaient pas malintentionnées- et malgré la douleur.
Toujours paraitre assurée, même lorsque ce n'était pas le cas.

- Je vois.

Il s'approcha d'elle.

- Sois prudente, tout de même : Avec de telles blessures tu pourrais attirer les prédateurs.

Et à quoi bon rester ici, si elle souffrait ?

- Je peux te raccompagner, si tu le désires. Ainsi, j'éloignerai tout assaillant.

- Je comprend.

Lui-même peinait à rester sagement sur les terres Etelkrus. Alors, oui, il comprenait que son amie soit lassée de Morne-Oeil, après sa convalescence...
Hein, l'on l'avait attaquée ? Le poil du jeune mâle se hérissa.

- Quel genre de brute à osé s'en prendre à toi ? Est-ce un prédateur ?

Cela pouvait arriver, parfois.
Une pensée le traversa.

- Est-ce l'un des miens...?

Ceux qui n'aimaient pas les Raeder et pourraient se montrer agressifs envers Astrid seulement par ce qu'elle portait leur odeur...

- Je resterai volontiers à tes côtés jusqu'au retour de ton frère.

Iberis s'indigna un peu plus.

- Ce n'est point de ta faute, ne t'abaisse pas à dire cela, lorsque tu étais dans ton droit, en cueillant ces plantes. Je suis déçu et révolté d'apprendre que certains puissent se montrer si rustres.

Cette situation l'agaçait : Autant de savoir que son amie avait été malmenée que de constater qu'elle pensait mériter ce qu'il lui était arrivé.
Il serra les crocs.

- Règle lui son compte, la prochaine fois.